Quand la Covid-19 pose la question de l’État
Après un an de pandémie mondiale, l’urgence est de reprendre la parole en tant que citoyens. La parole, nous l’avons largement donnée aux professionnels de la santé, à leurs débats souvent contradictoires – et tant mieux ! –, et personne parmi les profanes que nous sommes n’a prétendu se substituer à leurs analyses. Car l’avis de citoyens se doit d’être éclairé.
Mais indépendamment des débats médicaux devant se poser légitimement dans le respect des Lumières, la Covid-19 a été un test pour les régimes politiques, dont nous détenons tous une part de souveraineté. Raison de plus pour, un an après, juger les arbres à leurs fruits.
Au niveau mondial, il y a eu fondamentalement trois archétypes de réponses à cette crise sanitaire :
Pour commencer, des États affichant leur volontarisme mais impuissants, dont le nôtre au premier chef. La direction macronienne, vantée comme une équipe de techniciens, a pourtant collectionné les fiascos avec les masques, les tests et aujourd’hui les vaccins. Pays de longue tradition étatique et interventionniste mais victime empressée d’une perte suicidaire de souveraineté au profit des États-Unis et de l’Union européenne, la France ne pouvait, dans ces conditions, qu’exprimer tragiquement cette impossibilité d’exister dont elle souffre depuis longtemps. On peut même à bon droit se demander si le statut de « young leaders (jeunes chefs) » de la French-American Foundation des principaux responsables de la politique sanitaire Emmanuel Macron, Édouard Philippe et Olivier Véran, c’est-à-dire le fait qu’ils soient en quelque sorte des agents de l’étranger, n’a pas joué un rôle décisif dans cette mise à genoux de notre pays, celui de Louis Pasteur pourtant, tourné en ridicule et désormais condamné à attendre le vaccin Pfizer comme le messie.
A contrario, on a vu des États désengagés ayant sciemment minimisé la pandémie, où le sordide (l’immunité collective planifiée sur le dos – et la mort – des plus faibles et des plus pauvres) le disputait au grotesque (négationnistes de la maladie contaminés eux-mêmes). Ces clowns tristes ont montré sans vergogne le mépris de la vie humaine dont le capitalisme ultra-individualiste – dans sa version anglo-saxonne ou son variant bolsonaresque – se montre toujours capable. Il en est de même désormais de la Suède que certains ont donné en modèle, en oubliant que le pays d’Olof Palme a cédé la place à un modèle ultralibéral nordique et que les dirigeants actuels sont contraints par les chiffres d’opérer un virage sur l’aile en matière de “laisser faire, laisser mourir”. Rappelons que ce mépris de la vie humaine dans ces contrées n’est pas nouveau : c’est le modèle eugéniste anglo-saxon, très pratiqué également par la Suède durant la dernière guerre mondiale, qui a influencé Hitler, cet élève, hélas très doué, de la « white supremacy » (suprématie blanche) et du social-darwinisme. Nietzsche, véritable précurseur du fascisme euro-mondialisé, déçu de la politique bismarckienne pourtant très timide en matière de protection sociale, se tournait déjà, admiratif, vers l’Angleterre victorienne. Dans L’Antéchrist, Nietzsche demandait déjà « que périssent les faibles et qu’on les aide à mourir ». On sait sur quoi cela a débouché. En tout cas, contrairement à toute analyse superficielle, ces réactions des Trump et des Johnson ne sont pas dues uniquement à leur loufoquerie pas drôle mais peuvent et doivent s’expliquer dans le temps long. Le moins que puissent faire des progressistes et des amis des Lumières est non seulement d’écarter de tels thèses et comportements, mais aussi de les fustiger au nom de l’égale dignité de tous les humains et du devoir de solidarité des “forts”, des bien-portants, des triomphants et des étoffés, envers les “faibles”, les malades, les porteurs de “co-morbidité” et autres victimes des inégalités sociales.
Enfin, à l’autre bout du monde ou plutôt de notre monde, on a vu des États ayant procuré soins et vaccins à leur population tout en ayant enrayé l’épidémie. Pays qui, malgré leurs différences, comme Cuba, la Chine et le Vietnam, ont le point commun d’être des pays socialistes et d’avoir connu une révolution durable accompagnée d’une guerre de libération. S’ils ne nous ont pas tous envoyé des médecins (comme ont eu le mérite de le faire les Cubains en Martinique ou les Chinois en Italie du Nord), ils nous ont tous donné une leçon d’humanisme et de prométhéisme bien compris : le progrès technique, le feu du savoir, cela vaut la peine quand ils sont mis au service du collectif humain.
Alors que cette pandémie n’est pas un éclair dans un ciel serein mais s’inscrit dans un contexte de crise systémique de long terme (pandémies, voire syndémies croissantes, sur fond d’anarchie financière et de menaces de guerres impérialistes), cette réponse des États n’est pas anecdotique ou conjoncturelle : elle constitue un test pour le futur, voire le futur immédiat. Choisir son mode de production, socialisme ou capitalisme, pourra bientôt être une question de vie ou de mort : voilà une question qui devrait davantage nous occuper tous que celle de savoir s’il faut ou non respecter scrupuleusement les mesures barrières élémentaires quand il y va de la santé et de la mort de milliers de concitoyens
La réponse est le confinement mais quelle était la question ?
On a glosé en France à l’infini – et parfois jusqu’à l’indécence – sur la quantification du risque sanitaire. On nous présente aujourd’hui le bilan. Il est lourd : 10% (60 000 morts) de plus par rapport à la mortalité (600 000) annuelle, et ce malgré deux confinements. Et que ceux qui contestent ces chiffres se reportent aux études faites sur notre site, non pas sur la base des chiffres gouvernementaux, mais sur la base des relevés statistiques de l’INSEE : à moins que l’INSEE, qui part des décès signalés quotidiennement par les 30 000 communes de France, ne mente aussi ?
Mais à ce drame s’ajoute une érosion inadmissible de nos libertés publiques, la stratégie de Macron ayant été, après une minimisation scandaleuse de la pandémie, de donner une réponse davantage autoritaire que médicale, une solution médiévale, tout sauf éclairée, à la crise. C’est ainsi que la crise sanitaire a servi et sert toujours de prétexte à la limitation du droit à manifester, de circuler et d’exercer son métier pour ceux qui en ont encore un : une véritable vengeance de classe, particulièrement sadique, contre les gilets jaunes. Contre toutes ces atteintes voulues aux libertés démocratiques, le PRCF n’aura cessé de s’élever, ne confondant jamais la gravité de la maladie elle-même et l’usage pervers, capitaliste, fascisant, qu’en a fait le pouvoir.
Or, pas plus que l’on n’a pu avoir accès au vaccin cubain dépourvu de ce fameux ARN-messager générateur de surprofit, l’on aura eu droit à un débat sur la façon dont on organise les réponses sanitaires, et surtout pas sur la possibilité d’une réponse socialiste où la gestion de la crise eût été « l’œuvre vivante des masses » comme aurait dit Lénine. Le seul débat possible était : faut-il tout bloquer ou laisser faire ? Laissez mourir sous cloche dans la peur ou laissez faire la pandémie dans l’insouciance égoïste ? Laisser survivre ou laisser crever ? C’est un véritable deuxième tour à perpétuité qu’on nous a médiatiquement imposé, la fausse alternance droite libérale/extrême droite sur tous les sujets, et ce pour écarter toute alternative. Là aussi le PRCF n’est pas tombé dans le piège de ces alternatives duelles, antidialectiques, puisqu’il a à la fois souligné, contre l’idéologie négationniste de Trump, la réalité du danger et la nécessité des mesures barrières réclamées par les soignants, et refusé de manière répétée dans ses motions toute mise en cause du droit de manifester ou de se réunir, les mesures barrières étant dûment appliquées par les organisateurs.
(...) -(l'article est encore long)-
Source : initiative communiste (France)
25 janvier 2021
Après un an de pandémie mondiale, l’urgence est de reprendre la parole en tant que citoyens. La parole, nous l’avons largement donnée aux professionnels de la santé, à leurs débats souvent contradictoires – et tant mieux ! –, et personne parmi les profanes que nous sommes n’a prétendu se substituer à leurs analyses. Car l’avis de citoyens se doit d’être éclairé.
Mais indépendamment des débats médicaux devant se poser légitimement dans le respect des Lumières, la Covid-19 a été un test pour les régimes politiques, dont nous détenons tous une part de souveraineté. Raison de plus pour, un an après, juger les arbres à leurs fruits.
Au niveau mondial, il y a eu fondamentalement trois archétypes de réponses à cette crise sanitaire :
Pour commencer, des États affichant leur volontarisme mais impuissants, dont le nôtre au premier chef. La direction macronienne, vantée comme une équipe de techniciens, a pourtant collectionné les fiascos avec les masques, les tests et aujourd’hui les vaccins. Pays de longue tradition étatique et interventionniste mais victime empressée d’une perte suicidaire de souveraineté au profit des États-Unis et de l’Union européenne, la France ne pouvait, dans ces conditions, qu’exprimer tragiquement cette impossibilité d’exister dont elle souffre depuis longtemps. On peut même à bon droit se demander si le statut de « young leaders (jeunes chefs) » de la French-American Foundation des principaux responsables de la politique sanitaire Emmanuel Macron, Édouard Philippe et Olivier Véran, c’est-à-dire le fait qu’ils soient en quelque sorte des agents de l’étranger, n’a pas joué un rôle décisif dans cette mise à genoux de notre pays, celui de Louis Pasteur pourtant, tourné en ridicule et désormais condamné à attendre le vaccin Pfizer comme le messie.
A contrario, on a vu des États désengagés ayant sciemment minimisé la pandémie, où le sordide (l’immunité collective planifiée sur le dos – et la mort – des plus faibles et des plus pauvres) le disputait au grotesque (négationnistes de la maladie contaminés eux-mêmes). Ces clowns tristes ont montré sans vergogne le mépris de la vie humaine dont le capitalisme ultra-individualiste – dans sa version anglo-saxonne ou son variant bolsonaresque – se montre toujours capable. Il en est de même désormais de la Suède que certains ont donné en modèle, en oubliant que le pays d’Olof Palme a cédé la place à un modèle ultralibéral nordique et que les dirigeants actuels sont contraints par les chiffres d’opérer un virage sur l’aile en matière de “laisser faire, laisser mourir”. Rappelons que ce mépris de la vie humaine dans ces contrées n’est pas nouveau : c’est le modèle eugéniste anglo-saxon, très pratiqué également par la Suède durant la dernière guerre mondiale, qui a influencé Hitler, cet élève, hélas très doué, de la « white supremacy » (suprématie blanche) et du social-darwinisme. Nietzsche, véritable précurseur du fascisme euro-mondialisé, déçu de la politique bismarckienne pourtant très timide en matière de protection sociale, se tournait déjà, admiratif, vers l’Angleterre victorienne. Dans L’Antéchrist, Nietzsche demandait déjà « que périssent les faibles et qu’on les aide à mourir ». On sait sur quoi cela a débouché. En tout cas, contrairement à toute analyse superficielle, ces réactions des Trump et des Johnson ne sont pas dues uniquement à leur loufoquerie pas drôle mais peuvent et doivent s’expliquer dans le temps long. Le moins que puissent faire des progressistes et des amis des Lumières est non seulement d’écarter de tels thèses et comportements, mais aussi de les fustiger au nom de l’égale dignité de tous les humains et du devoir de solidarité des “forts”, des bien-portants, des triomphants et des étoffés, envers les “faibles”, les malades, les porteurs de “co-morbidité” et autres victimes des inégalités sociales.
Enfin, à l’autre bout du monde ou plutôt de notre monde, on a vu des États ayant procuré soins et vaccins à leur population tout en ayant enrayé l’épidémie. Pays qui, malgré leurs différences, comme Cuba, la Chine et le Vietnam, ont le point commun d’être des pays socialistes et d’avoir connu une révolution durable accompagnée d’une guerre de libération. S’ils ne nous ont pas tous envoyé des médecins (comme ont eu le mérite de le faire les Cubains en Martinique ou les Chinois en Italie du Nord), ils nous ont tous donné une leçon d’humanisme et de prométhéisme bien compris : le progrès technique, le feu du savoir, cela vaut la peine quand ils sont mis au service du collectif humain.
Alors que cette pandémie n’est pas un éclair dans un ciel serein mais s’inscrit dans un contexte de crise systémique de long terme (pandémies, voire syndémies croissantes, sur fond d’anarchie financière et de menaces de guerres impérialistes), cette réponse des États n’est pas anecdotique ou conjoncturelle : elle constitue un test pour le futur, voire le futur immédiat. Choisir son mode de production, socialisme ou capitalisme, pourra bientôt être une question de vie ou de mort : voilà une question qui devrait davantage nous occuper tous que celle de savoir s’il faut ou non respecter scrupuleusement les mesures barrières élémentaires quand il y va de la santé et de la mort de milliers de concitoyens
La réponse est le confinement mais quelle était la question ?
On a glosé en France à l’infini – et parfois jusqu’à l’indécence – sur la quantification du risque sanitaire. On nous présente aujourd’hui le bilan. Il est lourd : 10% (60 000 morts) de plus par rapport à la mortalité (600 000) annuelle, et ce malgré deux confinements. Et que ceux qui contestent ces chiffres se reportent aux études faites sur notre site, non pas sur la base des chiffres gouvernementaux, mais sur la base des relevés statistiques de l’INSEE : à moins que l’INSEE, qui part des décès signalés quotidiennement par les 30 000 communes de France, ne mente aussi ?
Mais à ce drame s’ajoute une érosion inadmissible de nos libertés publiques, la stratégie de Macron ayant été, après une minimisation scandaleuse de la pandémie, de donner une réponse davantage autoritaire que médicale, une solution médiévale, tout sauf éclairée, à la crise. C’est ainsi que la crise sanitaire a servi et sert toujours de prétexte à la limitation du droit à manifester, de circuler et d’exercer son métier pour ceux qui en ont encore un : une véritable vengeance de classe, particulièrement sadique, contre les gilets jaunes. Contre toutes ces atteintes voulues aux libertés démocratiques, le PRCF n’aura cessé de s’élever, ne confondant jamais la gravité de la maladie elle-même et l’usage pervers, capitaliste, fascisant, qu’en a fait le pouvoir.
Or, pas plus que l’on n’a pu avoir accès au vaccin cubain dépourvu de ce fameux ARN-messager générateur de surprofit, l’on aura eu droit à un débat sur la façon dont on organise les réponses sanitaires, et surtout pas sur la possibilité d’une réponse socialiste où la gestion de la crise eût été « l’œuvre vivante des masses » comme aurait dit Lénine. Le seul débat possible était : faut-il tout bloquer ou laisser faire ? Laissez mourir sous cloche dans la peur ou laissez faire la pandémie dans l’insouciance égoïste ? Laisser survivre ou laisser crever ? C’est un véritable deuxième tour à perpétuité qu’on nous a médiatiquement imposé, la fausse alternance droite libérale/extrême droite sur tous les sujets, et ce pour écarter toute alternative. Là aussi le PRCF n’est pas tombé dans le piège de ces alternatives duelles, antidialectiques, puisqu’il a à la fois souligné, contre l’idéologie négationniste de Trump, la réalité du danger et la nécessité des mesures barrières réclamées par les soignants, et refusé de manière répétée dans ses motions toute mise en cause du droit de manifester ou de se réunir, les mesures barrières étant dûment appliquées par les organisateurs.
(...) -(l'article est encore long)-
Source : initiative communiste (France)
25 janvier 2021
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