Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La démocratie en RDA

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La démocratie en RDA

    La démocratie en RDA (seconde partie)

    30 Janvier 2013

    Plus fondamentalement, le régime était basé sur la dictature du prolétariat, c’est-à-dire que les grandes décisions, même erronées ou discutables, s’appuyaient sur les besoins du peuple et ne relevaient pas des desiderata d’une oligarchie (l’élite du pays, la nomenklatura était très loin d’en constituer une).

    Pour revenir au système électoral, Il ne faut pas s’arrêter au jour du scrutin proprement dit qui ressemble plus à une cérémonie civique, et il faut le dire à un acte d’allégeance au régime. Ce qui se passe en amont est important ainsi des possibilités d’expression existent lors des réunions pré-électorales qui donnent « des sueurs froides à plus d’un candidat. »4 Plus précisément « le caractère démocratique des élections se manifeste déjà lors de l’établissement des listes de candidats. Les partis et organisations populaires réunis au sein du Front national de l’Allemagne démocratique dressent des listes communes pour les élections à la Chambre du peuple et aux représentations populaires locales. Au cours de conférences d’électeurs, de réunions dans les entreprises et les coopératives, dans les institutions et les quartiers, les candidats qui sont issus de toutes les couches de la population sont présentés, rendent compte de leurs activités et avancent des propositions sur leur travail futur. Les électeurs jugent les futurs députés, adoptent des mandats électoraux, leur posent des questions et refusent les candidatures qui ne sont pas recevables. Ce sont donc les électeurs qui décident des candidatures qui représenteront leurs intérêts. »6

    Quel que soit le pays, son régime est aussi tributaire de la situation géopolitique et des choix idéologiques.

    De ce point de vue, il ne faut pas considérer l’absence de séparation comme une tare, elle était même revendiquée et expliquée par les intéressés : « Par suite du caractère de l’Etat socialiste, de l’unité politique et morale du peuple, on trouve une interpénétration entre les pouvoirs législatif, exécutif et judicaire. L’objectif du pouvoir est la construction du socialisme dans l’intérêt de tous les citoyens. »6. En revanche la bourgeoisie se sert de la « séparation des pouvoirs » pour masquer sa mainmise sur le pouvoir.

    La RDA avait rejoint le camp socialiste et était très lié à son allié soviétique, dans le même temps elle était sur la « ligne de front » face au bloc capitaliste et à un de ses plus puissants représentants la RFA. Cette implication, cette contrainte géopolitique a malheureusement conduit les autorités est-allemandes à rendre très difficiles les remises en cause des grandes orientations découlant de cette imbrication. On peut cependant regretter que les dirigeants aient parfois élargi outrageusement le périmètre des décisions stratégiques. On remarquera que dans les pays européens capitalistes, il était -et il est- aussi quasiment impossible de sortir réellement de ce régime économique et de sa « branche militaire », l’alliance atlantique…

    Enfin, les citoyens est-allemands faisaient vivre la démocratie socialiste de différentes manières.

    Beaucoup de domaines d’activité étaient démocratisés dans le sens que l’Etat veillait à ce que tous les citoyens aient accès à l’éducation, à la culture, au sport, etc. Dans ces domaines, la massification s’accompagnait d’une grande exigence quant à la qualité des activités proposées.

    On notera que les citoyens n’étaient pas seulement représentés dans les assemblées politiques mais également dans des organismes ou des institutions relevant de la gestion des affaires publiques. « 400 000 hommes, femmes et jeunes gens [participaient] au travail des commissions permanentes populaires locales ; 49 000 citoyens [étaient] assesseurs, dont 42 % de femmes ; 190 000 citoyens [participaient] au travail de 21 000 commissions de conflit et 55 000 au travail de commissions d’arbitrage.

    Les requêtes orales ou écrites que chaque citoyen [avait] la possibilité d’adresser à tout organisme, à toute institution publique et à toute entreprise socialiste [constituaient] une forme importante d’expression de la volonté des citoyens. »7

    On ne doit pas oublier d’autres lieux où pouvaient s’exprimer la démocratie :

    - les collectifs de production et les brigades de travail (qui amène certains auteurs à se poser des questions existentielles : « (…) dans cette interaction complexe entre le pouvoir politique et les individus ou les groupes sociaux vaut-il mieux parler de "limites de la dictature" ou de "dictature des limites" ? »8 ;

    - de la FDJ au BEK (Bund der Evangelischen Kirchen in der DDR - Fédération des Églises évangéliques de la RDA) en passant par les différentes amicales consacrées à l’environnement : toutes ces nombreuses associations ou regroupements de personnes ont aussi participé à la vitalité de la RDA, avec comme dynamique cette interaction, cette contradiction entre la volonté des autorités de faire adhérer les citoyens au projet collectif et les revendications personnelles, collectives, communautaires des individus.

    Sources :

    4. L’histoire de l’Allemagne contemporaine, tome 2, Gilbert Badia (dir.), Messidor-éditions sociales, 1987, p. 598.

    5. La République démocratique allemande, 300 questions, 300 réponses, ouvr. coll., éd. Zeit im bild, 1968, pp. 64-65.

    6. La République démocratique allemande, 300 questions, 300 réponses, ouvr. coll., éd. Zeit im bild, 1968, p.53.

    7. En ce qui concerne la pratique de la pétition individuelle ou collective (Eingaben), je renvoie le lecteur à l’amusante introduction de la thèse de doctorat de Jay Rowel intitulée « L’Etat totalitaire en action, les politiques du logement en RDA (1945-1989) ».

    Une Allemagne socialiste

  • #2
    Le propriétaire du blog "une Allemagne sicialiste" n'est pas un marxiste léniniste (communiste)

    Commentaire

    Chargement...
    X