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Situation sociale et politique : fausses réponses à de vrais problèmes

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  • Situation sociale et politique : fausses réponses à de vrais problèmes

    Marasme économique, grogne sociale et crise politique. Le tableau de la situation du pays n’est pas très reluisant et le gouvernement, quand il agit, ne le fait pas avec efficacité et n’apporte pas toujours les réponses que la société est en droit d’attendre. Faute de ressources, c’est certain, de vision et de stratégie, probablement.

    Depuis quelques semaines, le front social ne cesse de gronder. Dans le Sud où les chômeurs se sont remis à gronder, en Kabylie et d’autres régions du pays, où les fermetures de routes reviennent en force, dans les campus qui voient monter la colère estudiantine.


    Les longues marches de groupes de mécontents vers la capitale sont une nouvelle forme de protestation qui est en train de se généraliser. On en a signalé plusieurs ces derniers jours à partir de villes de l’Ouest et du Sud.

    Le passif est trop lourd, faut-il le reconnaître. Les nouvelles revendications ne font que se greffer sur de vieilles doléances que le pays a omis de prendre en charge pendant les fastes années du pétrole cher.

    Les travailleurs d’entreprises publiques sont bien en droit de réclamer des fonds ou une nouvelle politique, en tout cas une solution, pour préserver leur gagne-pain, les mal-logés de vouloir un toit, les chômeurs de rêver d’un travail et les étudiants d’exiger de meilleures conditions d’étude et de vie.

    La grogne qui agite l’université depuis le décès tragique d’une étudiante, contrainte de recourir à la bonbonne de gaz pour pallier aux déficits de chauffage et de restauration dans les cités universitaires, et la réponse du ministère de tutelle, illustre parfaitement la situation qui prévaut dans tout le pays.

    Il suffit d’une étincelle pour raviver la flamme de la contestation dans tout un secteur et, pour l’éteindre, le gouvernement n’a rien à offrir en dehors du sacrifice de quelques responsables de rang subalterne. Quand il ne sert pas la vieille rengaine du complot de la main étrangère.

    Avec les revendications politiques jamais mises en veille et exacerbées elles aussi par des réponses inadéquates depuis près de deux ans, la situation risque d’être difficilement gérable.

    Absence du président et rumeurs de remaniement

    Pendant que les problèmes, les déficits et les mécontentements s’accumulent, les autorités ne semblent pas savoir où donner de la tête ni par quel bout prendre ce malaise social et politique.

    Le gouvernement donne même l’impression d’être tétanisé par l’ampleur de la crise et par cet hypothétique remaniement gouvernemental. Hypothétique, car nul ne sait dans quelles proportions sera revue la composante de l’Exécutif ni même si le changement aura lieu.

    À ce stade, tout ce qui se dit tient de la spéculation et de la rumeur, sinon de l’interprétation faite d’une phrase lâchée par le président Abdelmadjid Tebboune avant son départ pour un deuxième séjour en Allemagne, le 10 janvier, lorsqu’il a laissé entendre qu’il y avait « des aspects positifs et d’autres négatifs » dans l’action du gouvernement.

    Une situation qui ne manque pas de rappeler la gestion de la scène politique par les « rumeurs de remaniement », en vogue durant le quatrième mandat de Bouteflika.

    Cela dit, si remaniement il y aura, il aura été entièrement justifié ne serait-ce que par l’inquiétant immobilisme constaté ces derniers mois dans plusieurs secteurs et sur de nombreux dossiers frappés pourtant du sceau de l’urgence.

    Hormis sur les questions liées à la gestion de la crise sanitaire – et là aussi il a fallu un coup de pression du président comme, par exemple, pour l’acquisition des vaccins et le début de la campagne de vaccination -, les membres du gouvernement et l’administration ne semblent pas pressés d’agir, dans une situation politique tendue, une conjoncture économique difficile et un front social bouillonnant.

    Une telle conjonction d’épreuves ne tolère guère l’attentisme, mais elle ne semble pas inquiéter outre mesure.

    Il est vrai que l’absence du président a influé sur le rythme de la marche des affaires de l’État, avec un seul Conseil des ministres tenu en trois mois, mais force est de constater que même sur des questions très techniques et ne nécessitant pas l’aval à un tel niveau de la hiérarchie de l’État, on est toujours dans la tergiversation et l’irrésolution.

    La réforme de l’économie attend toujours

    En presque une année, le Conseil des ministres s’est tenu avec une régularité inhabituelle, des décisions ont été prises, des orientations sociales et économiques arrêtées et des instructions données pour gérer au mieux cette conjoncture difficile et faire en sorte qu’elle ne s’éternise pas en jetant dès maintenant les jalons de la relance de l’économie.

    Sur le terrain, les choses ne semblent pas bouger au rythme souhaité et qu’appelle la conjoncture. Des décisions tranchées depuis plusieurs mois attendent toujours leur mise en œuvre effective.

    Et il n’y a pas que le retard très médiatisé dans la relance de l’importation des véhicules neufs. Ce dossier occulte presque le principal grief qui peut être retenu contre le premier gouvernement du président Tebboune et qui est son manque d’empressement à mettre en œuvre les réformes économiques promises, l’amélioration du climat des affaires et l’encouragement de l’investissement national et étranger.

    Devant la chute brutale des prix de pétrole et la fonte des réserves de change, la diversification de l’économie s’impose pourtant comme l’unique voie de salut pour le pays, de surcroît maintenant que même un baril cher risque de ne pas être d’une grande utilité avec la baisse inexorable de la production d’hydrocarbures, conjuguée à une consommation domestique d’énergie sans cesse croissante.

    La faute aussi dans ce recul de la production de la principale ressource de l’Algérie à une faible attractivité du marché aux IDE, malgré une nouvelle loi sur les hydrocarbures votée dans l’urgence contre l’avis d’une partie de la société et présentée comme un mal nécessaire pour attirer de nouveaux capitaux.

    Plus d’une année après l’adoption du texte –qui n’est toujours pas appliqué faute de textes d’application – les analystes mondiaux pointent toujours du doigt, et pas seulement dans le secteur pétrolier, les lenteurs bureaucratiques, une législation volatile et une illisibilité de la situation politique.
    TSA
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