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La grande panne de la diplomatie algérienne en Afrique subsaharienne

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  • La grande panne de la diplomatie algérienne en Afrique subsaharienne

    By Francis Sahel -13 février 2021



    Le 34 è Sommet de l’Union africaine a consacré l’éviction de l’Algérie du poste de Commissaire Paix et sécurité qu’elle occupait depuis 2003. Ce revers s’inscrit dans une longue série noire pour la diplomatie algérienne.

    Une chronique de Francis Sahel

    Pour la première fois depuis l’installation, en 2003 à Maputo au Mozambique, de la Commission de l’Union africaine, le commissaire Paix et sécurité n’est pas un diplomate algérien. Après ses compatriotes Said Djinit, Ramtane Lamamra, Smail Chergui aura donc été le dernier algérien à occuper ce poste stratégique à l’UA, qui fait de son titulaire le numéro 2 de l’organisation panafricaine, après le président de la Commission. C’est le Nigérian Bankolé Adoye qui aura pour les 4 prochaines années la haute main sur la gestion de nombreuses crises africaines, avec des prérogatives renforcées par la fusion du département Paix et sécurité et celui des Affaires politiques.

    S’il est vrai que la fin de la mainmise ininterrompue depuis 17 ans de l’Algérie sur le département Paix et sécurité était attendue suite à la fronde des autres pays africains, il n’en demeure pas moins qu’elle constitue un grave revers. Elle traduit en effet la pente descendante entamée par la diplomatie algérienne en Afrique subsaharienne. Alger a assisté ces dernières années avec impuissance au recul du nombre des pays africains qui reconnaissent la République arabe saharaouie démocratique (RASD). La cause de l’indépendance de l’ancienne colonie espagnole ne reçoit désormais d’échos favorables qu’en Afrique du Sud, au Nigeria et en Angola. Mais, le signe incontestable du crépuscule de la diplomatie algérienne en Afrique au Sud du Sahara aura été le retour en janvier 2017 du Maroc à l’Union africaine. L’Algérie avait battu le rappel de ses soutiens africains pour retarder ce retour mais elle s’est retrouvée en minorité lors du débat organisé à Addis-Abeba, en présence du Roi Mohamed VI.

    Le Maroc en embuscade
    Le recul indiscutable de l’influence diplomatique de l’Algérie est la conséquence de ses choix pour les moins hasardeux sur de nombreuses questions continentales. A l’heure des réseaux sociaux, les arrestations brutales et massives des migrants originaires d’Afrique subsaharienne dans des villes algériennes ont été largement diffusées, provoquant l’incompréhension des gouvernements et la colère des opinions publiques. L’abandon de ces migrants, quelles que soient leurs nationalités, dans le désert sur la frontière nigéro-algérienne a provoqué une onde de choc qui s’est propagée de Dakar à Addis-Abeba, de Niamey à Durban. Pendant ce temps, le Maroc procédait de son côté à la régularisation des milliers de migrants subsahariens vivant sur son sol, en attendant de continuer leur chemin vers l’Europe. Mieux que cela, pour marquer sa différence d’avec l’Algérie, le Maroc procède depuis deux années au recrutement des stewards et d’hôtesses de l’air sénégalais pour travailler sur les vols de sa compagnie nationale, Royal Air Maroc. De milliers de jeunes diplômés subsahariens obtiennent également des permis pour rester travailler dans le royaume après leur formation.

    L’Algérie paye par ailleurs son manque d’engagement à la hauteur des attentes dans la résolution des crises sur le continent, à commencer par celles qui touchent la Libye et le Mali ses deux voisins immédiats. Au Mali, la diplomatie algérienne a assuré le « minimum syndical » en accueillant les pourparlers inter-maliens de 2015. Elle n’a pas en revanche usé de l’influence des services algériens sur les groupes armés pour contribuer à la lutte contre le terrorisme. En Libye, l’Algérie a même fait beaucoup moins, laissant des puissances lointaines comme la Turquie, l’Arabie saoudite et les Emirats-arabes unies interférer dans la crise libyenne.

    Il est vraiment loin le temps où Alger était le point de ralliement de tous «les révolutionnaires » d’Afrique subsaharienne et « l’Algérie tiers-mondiste » le carrefour des mouvements de libération nationale africains, dont certains dirigeants bénéficiaient du passeport algérien.
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