Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La voie pour une nation libérée

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La voie pour une nation libérée

    CONTRIBUTION







    Par : FATMA OUSSEDIK
    SOCIOLOGUE

    L’Algérie, Nation et société, est au creux de la vague. La crise est multiforme : sanitaire, elle est aussi économique, mais aussi politique et idéologique. Nous sommes sans gouvernail et la peur de la répression ne peut suffire à gérer une population. Le déploiement de forces de sécurité dans la capitale, les récits hallucinants des prisonniers, les procès à grand spectacle ne peuvent faire fonction de projet politique. Pourtant, nous devons faire Nation, nous devons nous reconnaître, toutes et tous, dans un pacte social. Nous devons, 60 ans après notre indépendance, nous doter d’un État qui, au-delà de la légalité, soit légitime ; c’est-à-dire en mesure d’incarner politiquement les intérêts d’un ensemble d’individus formant une Nation.
    Comment donner du sens à un tel pacte alors que, comme je l’ai écrit, nous sommes encore et toujours une société que l’on gère en la plaçant “en guerre contre elle-même”. En effet, on observe encore et toujours les mêmes projections politiques, les mêmes manipulations en termes de Kabyles/Arabes, francophones/arabophones, musulmans/laïcs/islamistes… Par ces pratiques, le résultat ne peut être que la fragmentation de la Nation.
    Il semblerait, pourtant, que la société résiste aux nombreuses provocations qu’elle subit. Elle l’a démontré en se mobilisant massivement dans un mouvement riche de sa diversité. Les Algériennes et les Algériens ont montré leur volonté et leur capacité à faire encore Nation. Ils et elles ont exprimé leur exigence d’un État de droit, fondé sur le principe d’égalité juridique et sociale. Leur attente, qui dure depuis 60 ans, se heurte à présent, nous pouvons nous l’avouer, au fait qu’il n’y ait plus de gouvernance.

    Le pouvoir doit céder la place à l’État
    De qui est composé le pouvoir et qui représente-t-il ? Il a rarement été aussi opaque. Et, le premier constat, pour toute Algérienne ou tout Algérien préoccupé de la vie politique de son pays, reste qu’il existe des cercles de pouvoir, des clans, des réseaux et que peu de décisions prises sont à mettre en lien avec une pratique gouvernementale, institutionnelle. Le juge ne juge pas, il reçoit des instructions. L’école publique ne forme que les enfants du peuple. La santé ne soigne que la population dépourvue de moyens. Les différentes commissions installées et présentées à la télévision se soumettent à des figures imposées, tournant le dos à la demande sociale. Une mesure prise prend toujours son sens dans l’analyse “d’intérêts occultes”. La preuve que ce pouvoir peut se passer de la population qu’il ignore est que, à chaque crise, un de ses membres nous invite à quitter le pays si nous ne sommes pas satisfaits de son fonctionnement !
    Il est opaque parce qu’il est informel, comme tout un pan de l’économie. Il y a donc, ici, une conjonction d’intérêts qui peut nous renseigner. N’incarnent à présent le monde du travail que les fonctionnaires qui fonctionnent et qui font la queue devant les guichets de la poste pour avoir accès à leur CCP. Les ouvriers, les artisans, les paysans sont relégués dans l’ombre quand, en bout de parcours, ils ne dorment pas sous les portes cochères des villes. Les chômeurs tentent de se faire entendre, leur porte-parole est en prison. Comme les institutions politiques, éducatives, les institutions économiques sont en piteux état.
    Ce pouvoir est opaque parce que, précisément, il ne s’incarne pas dans des institutions légitimes. Les impôts ne sont pas perçus, le change se fait sur une place publique… Cela est le fruit d’un lent processus de dévitalisation de la société. Les meilleurs éléments sont soit partis, soit se sont trouvés décrédibilisés par leur soumission à un pouvoir qui, dans le même temps, leur interdisait toute initiative. Un petit nombre a choisi son camp : celui d’une population sans perspectives. Ayant, ainsi, épuisé le personnel civil susceptible d’occuper la scène politique et de créer des liens avec le reste de la société, le pouvoir a placé l’armée au premier front. Et, à présent, il ne se présente à la population que dans sa capacité répressive ou défensive en instillant en chacune et chacun le sentiment d’un danger extérieur, une hostilité du reste du monde à notre égard. Cette stratégie qui fait référence à la fois à des “cyberattaques”, aux agressions “terroristes”, à l’intérieur de nos frontières et “au danger extérieur”, crée chez toutes et tous le sentiment d’être une population assiégée, qui n’a pour recours que les forces de sécurité, et qui connaît des troubles psychiques collectifs que l’on désigne par fièvre “obsidionale”. Il s’agit, d’abord, de refouler les débats sur la politique intérieure.
    Dans les faits, lorsque j’en réfère à la capacité répressive de l’État, la nausée me prend. Cette nausée m’avait déjà envahie à la lecture du témoignage de Bachir Hadj Ali, à l’occasion de ceux de 1988, en écoutant les nouvelles victimes de cette abomination. Un jeune homme ne devrait pas être torturé pour s’être exprimé sur le sort de son pays. Cela est immoral. Un État ne peut offrir que ce visage à son peuple. Il n’est alors qu’un État national. Il doit la justice, l’égalité devant la loi, le respect de la dignité humaine. Le pouvoir doit changer et céder la place à un État. C’est alors qu’il pourra percevoir ce que le Hirak lui offre de perspectives pour une refondation.

    Le Hirak a fait la démonstration d’un peuple aspirant au statut de Nation...
    Des collectifs du Hirak restent vivants. Dans ces coordinations, associations, mouvements, les Algériennes et les Algériens se parlent. Ils font penser aux comités de villages qui existent, fonctionnent, mais qui n’apparaissent pas dans l’organigramme d’une construction étatique inachevée. Ce qui les caractérise, c’est la concertation entre mini-publics, organisés autour d’objectifs précis : l’université, la santé publique, le chômage, le gaz de schiste, les détenus, le quartier…. Nul ne les écoute. Opposition et pouvoir restent occupés à se “dégager” des représentants.
    Il s'agit, dans ces divers comités, de délibérer, dans une position d’égalité entre tous les membres réunis, sur une question d’ordre publique. Si cette forme de délibération permet aux décisions prises d’être légitimes et légales, du point de vue de ceux qui les ont prises, cela est le fait du caractère restreint du public. Mais elles ne parviennent pas à être appliquées tant la distance avec ceux qui disposent de la décision est grande.
    Nous pouvons aussi observer que le mouvement s’est structuré en particulier autour d’organisations socioprofessionnelles : les médecins, les avocats, les universitaires, les artistes. Mais est alors exclu l’ensemble de ceux qui sont précisément exclus du travail, tels que les chômeurs — en majorité des jeunes — et des personnes de sexe féminin. Des regroupements sont censés représenter ces forces : des mouvements de jeunes dirigés par des universitaires et des associations de femmes, formées par des éléments de la petite bourgeoisie urbaine qui doivent disposer des moyens d’élargir leurs actions à l’ensemble de la société. Aussi, devons-nous affiner notre approche : sont donc exclus, du point de vue organisationnel susceptible de permettre une représentation lors de négociations, les jeunes chômeurs sans qualification mais scolarisés et les femmes sans revenu. Ils doivent être integrés au mouvement car ils se sont identifiés au Hirak. Les femmes, dites “au foyer”, y participaient de différentes façons : elles fournissaient de l’eau aux marcheurs, envoyaient de la nourriture et parfois marchaient aussi. L’espace public, comme le montrent les enquêtes sociologiques, ne leur est plus fermé. Les jeunes chômeurs, pleins d’espoir puisqu’ils avaient suspendu la harga dans de nombreux cas, étaient là, avec leurs chants, se revendiquant de leurs quartiers, de leur équipe de football. Ils avaient l’espoir fou de pouvoir vivre et être heureux dans leur pays.
    Le Hirak peut-il devenir la seule propriété de ceux qui sont déjà intégrés au système, par la rente et l’emploi (encore qu’une discussion doit nourrir notre approche de ces deux catégories), et qui se sont, dans de nombreux cas, donnés comme représentants ceux que les médias ont placés dans la lumière ?
    Les comités de quartier ont constitué la forme d’organisation la plus réprimée car elle est la plus subversive. Ces organisations ont, en effet, la possibilité de poser la question de la citoyenneté en interpellant l’édifice institutionnel qui les ignore ou souhaite les manipuler sans les intégrer. Elles interrogent les formes structurelles de la domination.
    La maturité de la jeunesse a surpris la population, consciente de sa clairvoyance et qui observe attentivement des positions. Tous furent surpris par cette nouvelle génération dépourvue d’ambition immédiate. Ils et elles ont porté des revendications qui correspondent à l’avènement d’une Nation qui n’est pas une fermeture sur soi, mais une possibilité de s’ouvrir enfin aux autres, dans la dignité. Une Nation qui permet à chacun et à chacune l’expression de ses convictions, de ses qualités, de ses talents. L’Algérie sera la seule gagnante de ce projet dans lequel les institutions, devenues légitimes, fonctionneraient sans ignorer la population.
    Nous avons été nombreux à observer que le Hirak a montré sa méfiance vis-à-vis d’une démocratie représentative : à chaque échéance électorale comme à chaque fois qu’ont émergé des représentants auto-proclamés du mouvement. De cette forte demande de changement structurel, donc, les acteurs politiques, pouvoir et opposition refusent de prendre acte.
    Nous retiendrons, toutefois, de ce qui précède la critique suivante, selon laquelle les promoteurs de cette forme d’exercice politique “se contentent d’énoncer la nécessité d’étendre le paradigme délibératif à la société tout entière sans proposer une synthèse théorique qui prendrait en compte les rapports de pouvoir et les effets structurels de domination”. La question des formes de domination est peu présente dans le Hirak. Il lui a été préféré un unanimisme de façade nécessaire à l’inscription du mouvement dans la durée. Seul un mouvement, issu de la jeunesse étudiante, le “mouvement de la Jeunesse éveillée”, a fait une proposition au Hirak, qui interroge l’édifice institutionnel, avec la revendication d’une “démocratie délibérative”. Dans un communiqué en date du 16 août 2019, ce mouvement Jeunesse éveillée s’y réfère comme à une délibération publique de citoyens égaux, développée par John Rawls et Jürgen Habermas. “Ces dispositifs… sont avant tout des instruments permettant à des mini-publics de discuter de façon raisonnée.”
    La tâche est grande, mais elle est d’importance : la demande ultime du Hirak a été celle d’une redéfinition des institutions.

  • #2
    les mêmes manipulations en termes de Kabyles/Arabes, francophones/arabophones, musulmans/laïcs/islamistes
    D'abord nous sommes des algériens. La manipulation ne vienne pas des ''Arabes'', des ''Kabyles'', ''des chaouiya'' et ceux du sud algérien.
    Il faut revoir votre histoire, les Arabes sont passés pour étendre la nouvelle religion Islam ou la majorité des habitants sont devenues des musulmans. L'Arabe est une langue parlée par la majorité des algériens. Non les berbères ne sont pas des arabes. Je parle l'arabe mais je suis un berbère.
    Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,

    Commentaire


    • #3
      Je parle l'arabe mais je suis un berbère.
      Il faut dire simplement :
      <je suis un kabyle avec un passeport algérien>
      C'est plus simple que tout ce que tu racontes et qu'on connait tous.

      Commentaire


      • #4
        <je suis un kabyle avec un passeport algérien>
        parfois ,il faut se taire quand on a rien à dire .
        el hour1 est de l'ouest algérien à ma connaissance .
        ارحم من في الارض يرحمك من في السماء
        On se fatigue de voir la bêtise triompher sans combat.(Albert Camus)

        Commentaire


        • #5
          Si tu parles de moi xénon,je n'ai fait que traduire le charabia de lehrour en language compréhensible par l'homme.

          Commentaire


          • #6
            Si tu parles de moi xénon,je n'ai fait que traduire le charabia de lehrour en language compréhensible par l'homme.
            Vous pouvez écrire ce que vous voulez mais vous êtes un Traîte.
            Votre capacité de réflexion est celle d'un gamin qui se répète continuellement.
            Le traité de Fès, nommé traité conclu entre la France et le Maroc le 30 mars 1912, pour l'organisation du protectorat français dans l'Empire chérifien,

            Commentaire


            • #7
              La voie pour une nation libérée
              En lisant ce titre posté par un marocain, je me suis dit, tiens les marocains ont décidé de se libérer du royaume archaïque dirigé par un demi-dieu présent dans toutes les organisations et dans toutes les entreprises marocaines pour une république démocratique libre et populaire. Mais non, encore un marocain altruiste qui veut libérer les autres nations tout en restant lui sous la domination d’un roi archaïque omni présent.

              Commentaire


              • #8
                Elbrioi,
                A part le com sur ma personne qui ne t'a rien demandé,as tu quelques choses à dire à propos de la contribution de ta compatriote,la dénommée FATMA..?

                Commentaire


                • #9
                  Elle a bien raison la dame, l'Algérie dans sa configuration géographique doit se construire en un État Nation...

                  Hélas ce qui devient de plus en plus difficile de par la détérioration avancée de tous ses segments organiques. Et plus on tarde, plus ce projet devient ardu, plus le cheminement sociétal décline vers un effritement aux conséquences imprévisibles non dénuées de risques ...
                  Dernière modification par infinite1, 15 février 2021, 19h56.

                  Commentaire

                  Chargement...
                  X