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  • Esteban Silva, sociologue et analyste international à La Patrie News : « Que l’ONU assume son rôle sur le Sahara

    15 février 2021

    Esteban Silva, sociologue et analyste international à La Patrie News : « Que l’ONU assume sans ambigüité son rôle sur le Sahara Occidental »

    Militant au long cours, « allediste » convaincu, ami des Algériens et de l’Algérie, Eesteban Silva parle avec passion et flamme de la Palestine et du Sahara Occidental. Convaincu que tous les peuples qui se battent pour leur droit et leur liberté, il garde une foi inébranlable en l’issue victorieuse des combats homériques des peuples palestinien et sahraoui. Ils ont des amis sûrs et très puissants de l’autre côté de la planète au Chili, aux Caraïbes, en Amérique Latine partout ailleurs dans le monde. L’issue de ces combats ne fait guère de doute pour lui. Ecoutons-le plutôt…

    Propos recueillis par Mohamed Abdoun

    La Patrie News : Sur le plan bilatéral, et au regard de la densité passée qui caractérisait les relations entre nos deux pays, pensez-vous qu’actuellement celles-ci pourraient être jugées conformes à ce qui pourrait en être attendu ? sont-elles perfectibles ?

    Esteban Silva : Le Chili et l’Algérie ont entretenu par le passé une relation profonde et dynamique et particulièrement construite à partir de la société, de la diplomatie des peuples.Le peuple chilien et ses organisations ont été très actifs et solidaires du peuple algérien dans sa guerre de libération pour l’indépendance.

    Dans les années 1970, sous les gouvernements des présidents Allende et Boumediene, il y avait un grand consensus et des visions communes concernant la lutte pour un nouvel ordre mondial et pour la conquête de la souveraineté sur nos ressources naturelles et stratégiques. Ensemble, au cours de cette période, nous avons travaillé activement pour un programme commun au sein du mouvement des pays non alignés.

    Après le coup d’État contre Allende, le peuple algérien et son gouvernement étaient solidaires du peuple chilien et de sa lutte et ont accueilli des milliers d’exilés. Enfin, lorsque le Chili a retrouvé sa démocratie, le gouvernement algérien a proposé au Chili, entre autres, un important programme de coopération dans le domaine du gaz et de l’énergie. Un agenda qui doit être repris et projeté dans le présent.

    Le Chili traverse actuellement un processus de changement très important. Nous sommes dans un processus de refondation constitutionnelle qui permettrait d’avoir une nouvelle Constitution, de nouvelles institutions et de nouvelles autorités. Dans ce nouveau contexte historique, nous pouvons et devons projeter une nouvelle relation et un nouvel agenda de coopération dans les domaines économique, commercial, technologique et construire un nouveau partenariat entre les entreprises publiques et également entre les petites et moyennes entreprises de nos pays.

    Nous devons développer la coopération sur de multiples questions, par exemple : l’énergie, la pêche, la sécurité sociale, la sécurité intérieure et les échanges culturels. Nous devons construire aussi des visions et des actions communes dans la politique internationale pour assurer en ce 21e siècle et dans le post-Covid-19 un nouvel ordre plus juste pour les peuples du monde.

    Il faut construire un multilatéralisme nouveau et réel fondé sur le respect du droit international et l’autodétermination et la souveraineté économique pour le juste développement de nos peuples.

    En Bref, pour le Chili, l’approfondissement des relations bilatérales avec l’Algérie a un énorme potentiel en soi et constitue également une porte et un point d’appui solide pour l’avenir dans la perspective de renforcer les relations politico-culturelles, économiques, industrielles et commerciales avec l’Afrique.

    A l’échelle continentale, l’on assiste une résurgence des différents courants de gauche. A quoi cela est-il dû ? Et est-ce que ce phénomène politique pourrait être une chance pour l’Amérique Latine, et même pour le restant de la planète ?

    En Amérique latine et dans les Caraïbes, malgré la contre-offensive conservatrice et néolibérale de la droite – avec des coups d’État parlementaires, judiciaires, médiatiques et même militaires – la résistance des peuples contre le néolibéralisme s’est poursuivie ferme et a grandi.

    Et aujourd’hui, la possibilité d’avancer pour construire des alternatives démocratiques au capitalisme sauvage s’ouvre à nouveau.

    Les forces de gauche et progressistes ont remporté d’importantes victoires électorales au Mexique, avec Andrés Manuel LópezObrador (2017), en Argentine, avec Alberto Fernández (2018) et en Bolivie avec Luis Arce (2020). Récemment en février 2021, avec le triomphe d’Andrés Arauz en Equateur, et je crois qu’Arauz remportera la présidence dans le deuxième tour en avril prochain.

    En 2019 et 2020, diverses mobilisations populaires se sont intensifiées, comme la grande mobilisation et rébellion sociale du 18 octobre 2019 au Chili, qui a remis en cause le modèle néolibéral dominant, une mobilisation et protestation qui déclenche le processus de changement de la Constitution. Des progrès importants ont également été réalisés en matière de mobilisation sociale et de résistance populaire au Brésil, en Colombie, Guatemala, Honduras, Salvador, en Haïti et Pérou.

    Malgré l’agression économique et médiatique brutale et la menace militaire permanente de Trump et des États-Unis contre le Venezuela, le gouvernement du président Nicolás Maduro a été renforcé avec la tenue des élections de l’Assemblée nationale et la victoire démocratique de son Parti Socialiste Uni du Venezuela (PSUV).

    Cuba, malgré l’intensification du blocus et les mesures coercitives unilatérales promues par L’impérialisme nord-américain réalisé de grandes performances dans la région dans la lutte contre le COVID-19, et c’est le seul pays de la région qui avance dans la production d’un vaccin tel que Soberana 01 et Soberana 02. Et ses brigades médicales «Henry Reeve» sont déployés en solidarité dans le monde entier pour aider aux soins des patients atteints de coronavirus.

    Cette pandémie a mis à nue la totale absence de morale et d’humanisme chez les grands groupes financiers et industriels. Cette prise de conscience a servi de gifle pour toute l’humanité, qui se voyait mourir au moment où « big pharma « ne pensait qu’à son profit et ses intérêts ? Est-il enfin temps de réformer de fonds en comble le système financier et économique mondial ?

    En premier lieu, il faut dire que la pandémie mondiale a démontré la nécessité urgente de garantir la santé en tant que droit des peuples et de garantir un système de santé universel et public.

    Les États doivent garantir le droit universel à la santé publique et l’accès réel et effectif de la population. Et par conséquent, les États doivent garantir la production de vaccins et de médicaments et leur production ne peut dépendre des critères du marché et ni des grandes sociétés pharmaceutiques privées.

    L’année 2021 a commencé avec la résurgence de la pandémie au niveau mondial, mais surtout dans les pays du nord capitaliste comme l’Union Européenne et les États-unis. L’économie mondiale traverse une crise profonde. Est épuisé, le modèle néo-libéral, ce qui impose la financiarisation de l’économie. Le néolibéralisme sape les droits sociaux et continus de la privatisation de l’économie et de la vie, mais il n’a pas été en mesure de répondre à la crise, aggravée par la crise sanitaire.

    La crise actuelle mondiale nous présente de grandes possibilités pour une lutte à l’échelle mondiale, de sorte qu’il devient impératif de transformer profondément le Système des Nations Unies, afin d’assurer, par exemple, une nouvelle composition et rôle du Conseil de sécurité. Une nouvelle approche pour l’OMS, l’UNICEF, et la FAO, etc.

    Nous devons nous battre pour surmonter l’architecture globale du capitalisme et de garantir la souveraineté alimentaire des peuples. Il faut construire de nouvelles relations économiques, dans le commerce et pour les investissements et qui nous permettent de briser la dépendance et de subordination entre les pays du nord capitalistes à l’égard de nos pays périphériques du sud. Nous avons besoin de révision et abrogation des accords de libre-échange pour s’assurer que les nouvelles règles sont plus justes et complémentaires dépassant le schéma injuste actuel de l’Organisation Mondiale du Commerce.

    Nous avons besoin de construire de nouvelles alliances afin de s’assurer la coopération sud-sud entre nos pays. Il est nécessaire construire un monde multipolaire sans impérialisme, sans le colonialisme, ou néocolonialismes de toute nature.

    Nous devons assurer la fin de sanctions unilatérales et d’agression imposée par l’impérialisme contre l’autodétermination et à la souveraineté de nos peuples.

    Aujourd’hui, la solidarité mondiale avec la conquête de l’indépendance des peuples soumis au milieu du siècle XXIe siècle par l’oppression du colonialisme comme la Palestine, le Sahara occidental et Puerto Rico en Amérique latine doit être une priorité.

    Comment appréhendez-vous l’évolution du conflit au Sahara Occidental, à la lumière de la reprise du conflit armé, et de l’annonce du désormais ex-président américain sur la prétendue « marocanité du Sahara Occidental ?

    Le soutien de Donald Trump à la soi-disant «souveraineté» du Maroc dans le Sahara Occidental comme un échange pour la «normalisation» des relations entre Israël et le Maroc, il doit être catégoriquement rejeté et condamné par tous les peuples libres, et souverains du monde.

    Dans le but de se conformer à son rôle de gardien des intérêts colonialistes et expansionnistes d’Israël, Trump ignore le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple sahraoui. Trump a violé la charte de l’organisation des Nations Unies et les résolutions de l’Assemblée Générale de l’ONU, dont il est clairement établi que le Sahara Occidental est un territoire dans l’attente de la décolonisation.

    Comme le souligne le Front Polisario : «La décision de Trump, ne change rien à la nature juridique de la question du Sahara, car la communauté internationale ne reconnaît pas la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental, car il reste la propriété exclusive du peuple sahraoui».

    À ce sujet, il me semble très important de rappeler la position adoptée à l’unanimité par les partis et mouvements de gauche et progressistes de l’ensemble de l’Amérique latine et les Caraïbes, réunis fans le Forum de Sao Paulo le 30 janvier 2021 lorsque nous avons fait remarquer dans notre déclaration publique :

    «La solution à ce conflit politique et militaire exige que l’ONU assume sans ambiguïté et sans subordination aux grandes puissances son rôle pour assurer le respect du droit international afin de garantir la décolonisation et la paix durable au Sahara occidental et d’assurer la réalisation immédiate du référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui.»

    Déclaration qui se termine par un appel international :

    «Nous appelons les peuples du monde, les forces politiques de gauche, les mouvements progressistes et sociaux et populaires d’Amérique latine et des Caraïbes, et en particulier le CELAC et l’ALBA, l’Union africaine et le Mouvement des pays non alignés à assumer une solidarité claire et active avec la lutte contre le colonialisme et le droit inaliénable à l’autodétermination du peuple sahraoui menée par son seul et légitime représentant, le Front Polisario.»

    Un mot sur le conflit palestinien, et la persistance d’Israël à ignorer le droit international….

    La situation d’oppression du peuple palestinien par Israël a été encore aggravée par le mal nommé « Accord du siècle » que Trump a tenté d’imposer avec Netanyahu. Les réactions de rejet du plan américain par la communauté internationale et l’ONU elle-même étaient très faibles.

    Nous sommes en présence d’un plan visant à rendre complètement invisible le peuple palestinien. Un plan colonialiste criminel par essence, destiné à générer une structure juridique, politique, militaire, avec la complicité de la collaboration de gouvernements corrompus de la région, destinés à enterrer toutes les aspirations d’autodétermination de la Palestine.

    Les peuples du monde ne peuvent pas garder le silence face aux crimes qui sont commis contre des millions d’hommes et de femmes palestiniens.

    La solidarité avec la Palestine doit remobiliser les forces progressistes du monde. La situation palestinienne actuelle devrait être examinée en 2021 lors d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies.

    Bio express

    Esteban Silva Cuadra, sociologue et analyste international.

    Directeur exécutif de la Fundación Constituent XXI du Chili. Porte-parole de la plate-forme des organisations Chili mieux sans TLC.

    Il est directeur de l’Association d’amitié chilienne avec le RASD.

    Sur le plan politique, il fait partie de la direction nationale du mouvement socialiste allendiste chilien et membre du Forum de Sao Paulo.

    M.A
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