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2e anniversaire du Hirak : Vers un probable retour des grandes manifestations populaires

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    2e anniversaire du Hirak : Vers un probable retour des grandes manifestations populaires




    algerie-eco
    Par Nordine Grim
    21 février 2021


    2e anniversaire du Hirak: Vers un probable retour des grandes manifestations populaires
    La révolution populaire du 22 février 2019, communément appelée Hirak, fêtera son deuxième anniversaire lundi prochain, sans doute en marquant l’événement par un retour aux manifestations grandioses qu’elle drainait jusqu’en mars 2020, avant que la pandémie de coronavirus ne la force à les suspendre.



    Pacifique, parfaitement discipliné et porteur de revendications conformes à la constitution, le Hirak se verra pourtant refuser par le régime incarné par l’état major militaire, toutes ses doléances, excepté celle du limogeage d’Abdelaziz Bouteflika et de poursuites judiciaires à l’encontre de certains dirigeants politiques et hommes d’affaires, mouillés dans des faits de corruption.

    Le hirak avait donc de bonnes raisons d’intensifier ses actions de rue pour obtenir gain de cause, mais la pandémie de coronavirus qui avait déjà fait des centaines de victimes, le contraignit à suspendre de son propre gré les marches et rassemblements. Depuis près d’une année, le Hirak a en effet considérablement réduit les actions de rues, sans toutefois mettre fin aux activités politiques, dont les plus médiatisées furent les actions des collectifs d’avocats qui se battirent vaillamment pour assurer la défense de centaines d’activistes, victimes d’une campagne de répression sans précédent. Certaines villes (dans les wilayas de Béjaia, Tizi-Ouzou, Bouira et Sétif) ont toutefois continué à maintenir la flamme du Hirak en manifestant, comme par le passé, pratiquement chaque vendredi.

    A quelques jours de la date anniversaire de l’enclenchement de l’insurrection nationale, un certain vendredi 22 février 2019, les algériens ont renoué avec les manifestations grandioses, en commençant par Kherrata d’où est parti, une semaine auparavant, cette lame de fond qui déferlera sur l’ensemble du territoire algérien.

    La ville de Khenchela qui abrita la seconde grande manifestation annonciatrice du Hirak en fera de même trois jours après. Ces deux manifestations commémoratives ont apporté la preuve que le Hirak a gardé intacte sa capacité de mobilisation et son pouvoir de résurrection au gré des événements politiques.

    Ces deux manifestations commémoratives qui seront relayées par une marche de la diaspora algérienne demain à Paris, donnent la mesure de ce que sera le retour du Hirak à travers tout le territoire national lundi prochain, à l’occasion du deuxième anniversaire du soulèvement populaire du 22 février 2019.

    Un soulèvement populaire qui, faut-il le rappeler, est dû à l’obstination de la haute hiérarchie militaire et de quelques oligarques, à reconduire pour cinq années encore un chef d’État grabataire.

    Un entêtement très mal vécu par les algériens qui avaient commencé à dénoncer cette imposture bien avant l’entame de la campagne électorale d’avril 2019.

    Rien de positif dans son bilan ne plaidait en effet pour le maintien d’Abdelaziz Bouteflika et ce qui rendit cette idée encore plus saugrenue, ce sont toutes les maladresses commises par ses soutiens, à commencer par l’exhibition publique de cadres à l’effigie de ce potentat moribond. Cette façon de faire campagne pour un candidat qui voulait se succéder à lui-même, passait très mal auprès de l’opinion publique, de surcroît, quand s’ajoutait à ces démonstrations burlesques, une propagande basée sur le mensonge, la falsification de bilans et les promesses impossibles à tenir.

    Ce sont toutes ces maladresses qui ont fait déborder la déprime collective et convaincu les algériens de sortir crier haut et fort leur mal être, dans la rue.

    Les affaires de corruption constituaient également l’essentiel des griefs portés au régime de Bouteflika. Des malversations de tous ordres qui prendront une ampleur considérable lorsque le président physiquement mal en point, sera contraint de confier la direction du pays à son frère cadet et à quelques acteurs politiques et hommes d’affaires véreux.

    L’amertume contre la corruption et l’impunité, était telle, qu’elle constitua un des principaux moteurs de l’insurrection.

    A tous ces reproches qui rendront la candidature de Bouteflika indésirable, s’ajoutera une série de maladresses commises par son entourage immédiat et ses soutiens, qui avaient excellé dans l’art de la flagornerie, de la démesure et de la provocation.

    Les maladresses de militants zélés, interprétées comme des provocations à l’adresse d’un peuple outrageusement infantilisé, n’ont effectivement pas manqué.

    On peut citer comme exemple cette image insolite d’élus d’une commune de Djelfa, offrant un cheval de race à un portrait du chef de l’Etat ou, celle d’un microphone tendu par un partisan zélé à un poster de l’ex président, comme si par magie il arriverait à le faire parler.

    A ces images qui suscitèrent bien des moqueries sur les réseaux sociaux et les plateaux de télévisions du monde entier, s’ajoutera une autre encore plus choquante, qui nous parvint le 9 février 2019 d’une des plus grandes salles de spectacles algéroises (La coupole du 5 juillet) où étaient réunies des centaines de personnes, ramenées gratuitement par bus de diverses contrées du pays et gratifiées d’un casse-croûte au pâté de viande (cachir), qui deviendra depuis cet événement le symbole de l’allégeance au régime de Bouteflika.

    Les manifestants hostiles au cinquième mandat qualifieront désormais ces soutiens zélés au 5é mandat, de « Cachiristes ».

    A l’instar de ce qui s’était passé dans ce lieu emblématique de propagande, la campagne électorale pour le cinquième mandat peut, par ailleurs, être qualifiée de calamiteuse et contre-productive pour l’image de marque déjà bien ternie, du candidat au cinquième mandat.

    Confiée pour la seconde fois à l’ex premier ministre Abdelmalek Sellal, connu pour ses bourdes et dérapages verbaux, qui irritèrent bien souvent l’opinion publique, cette campagne sera ponctuée de maladresses qui dresseront définitivement le peuple contre Bouteflika et ceux qui le soutiennent.

    Le divorce était pour ainsi dire consommé. La rupture entre le peuple et ses dirigeants honnis, ne tarda pas à éclater, d’abord dans les stades, puis dans les rues de diverses villes d’Algérie.

    A tous ces faits malencontreux qui affectèrent le moral des algériens viendront s’ajouter les dérives mafieuses des hiérarques et hommes d’affaires proches du cercle présidentiel qui creusaient chaque jour un peu plus, le fossé qui sépare le peuple de ses gouvernants.

    La gravité des faits reprochés à cette oligarchie rendue coupable de tous les maux, a en effet beaucoup affecté le moral des algériens. Les signaux de cette rupture se déclinaient on ne peut plus clairement, dans les slogans et les paroles des chants entonnés par des milliers de supporters, notamment à l’occasion des grands derbys.

    Leur colère à l’égard des dirigeants politiques était telle que ces derniers n’osaient plus s’aventurer dans les stades où les supporters des deux camps ne manquaient jamais de les accueillir avec des chants provocateurs spécialement écrits à leur l’intention.

    Ces chants à connotations politiques ont certes de tout temps fusés des tribunes des stades de football, mais d’aucuns ont remarqué que depuis quelques mois, le comportement des supporters et les contenus de leurs chants, ont franchement virés à la provocation. Une provocation qui ciblait précisément l’ex président Bouteflika et sa fratrie, ainsi que certains hauts responsables mêlés à des affaires de corruption..

    Les supporters de toutes les grandes équipes algéroises brillaient par ces chants collectifs volontairement provocateurs, mais la palme revient à ceux du Mouloudia Club d’Alger (MCA) qui, avec leur célèbre « Aam Said », dénoncent sans retenue le système judiciaire algérien et les agissements du frère cadet de l’ex président Bouteflika.

    Ceux de l’Union Sportive de la Médina d’El Harrach (USMH) se feront également connaître par leur célèbre « Chkoun sbebna » qui fustige le régime de Bouteflika désigné à la vindicte populaire comme responsable de la détresse de la jeunesse algérienne.

    Dans ce foisonnement de chants à connotations politiques, c’est évidemment l’USMA et sa bien inspirée association Ouled El-Bahdja, qui enrichira le plus le répertoire des chants critiques à l’égard du pouvoir. Le pamphlet « Quilouna » ( Foutez-nous la paix ), qui dénonce la corruption au sein du pouvoir, suivie de « Babour ellouh » (Barque de bois) évoquant le phénomène de l’émigration clandestine et surtout « la casa d’El Mouradia » qui résume ce que pense la majorité des jeunes, des « cleptomanes » du régime, avaient déjà pulvérisé des records d’audimat deux années auparavant, avant de connaître un succès fulgurant auprès des millions de manifestants du Hirak.

    Entamée successivement à Bordj Bou Arreridj, Kherrata et Khenchela, cette colère portée à son paroxysme lors des matchs de football, finira par déborder un certain vendredi 22 février dans pratiquement toutes les villes du pays.

    Le Hirak était ainsi né pour porter pacifiquement tous les vendredis et mardis ( depuis que les étudiants ont décidé d’appuyer le Hirak par une seconde manifestation hebdomadaire) dans les rues des grandes agglomérations urbaines et dans certaines villes d’Europe et d’Amérique du nord où vivent nos émigrés, des revendications exclusivement politiques.

    Toute une série de revendications à caractère politique mais jamais sociale, sont en effet clamées haut et fort deux fois par semaine par des millions d’algériens exigeant le départ de tous les dirigeants (Itnehaw gaa) et l’édification d’une nouvelle république. Y adhèrent pratiquement toutes les wilayas du pays avec un cumul de manifestant estimé à environ 24 millions de personnes au plus haut de la mobilisation enregistré un certain 8 mars 2019.

    Des slogans qui avaient fusés des manifestations d’Alger et d’autres contrées d’Algérie, on a retenu un très fort désir d’alternance politique qui s’exprime à travers le refus d’un mandat de plus au président Bouteflika « Bouteflika Ya el marouki makanch ouhda khamsa », l’exigence de sanctions contre les corrompus « klitou lebled ya sarakines », le souhait de mettre fin aux fonctions de tous les responsables qui ont collaborés avec Bouteflika (Yetnehaw gââ) et l’organisation par des personnes mandatées par les manifestants d’un scrutin présidentiel honnête et transparent « mada 7,8, solta lichaab », « makach el vote maa el Issabates ». Des revendications, faut-il le rappeler, tout à fait conformes à la constitution algérienne

    Il n’était évidemment pas facile d’émettre des pronostics sur l’avenir politique du pays, du fait que la protesta exigea d’emblée de grandes ruptures systémiques et d’importants changements au niveau de la gouvernance du pays, sachant que le pouvoir ne sera jamais disposé à satisfaire pareilles revendications. Cela reviendrait à scier la branche sur laquelle il est assis.

    Incarné par le haut commandement militaire, le pouvoir n’accorda effectivement rien aux revendications du Hirak qui, à son tour, ne cédera rien à sa détermination à aller jusqu’au bout de son combat.

    Le commandement militaire se contente d’appliquer de manière têtue sa feuille de route qui lui a déjà permis de faire élire un président de la République et une nouvelle constitution, en attendant la prochaine étape des élections législatives et communales.

    Le bras de fer entre les manifestants et l’état major militaire en est de ce fait à sa deuxième année et tout porte à croire qu’il va se prolonger, eu égard à l’entêtement du régime à maintenir coûte que coûte le système politique en place.
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