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«Hirak Edechra», la sortie polémique de Bengrina : Stigmatisation gratuite et vocabulaire qui divise

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    «Hirak Edechra», la sortie polémique de Bengrina : Stigmatisation gratuite et vocabulaire qui divise



    elwatan.com
    MUSTAPHA BENFODIL
    25 FÉVRIER 2021 À 10 H 46 MIN

    M. Bengrina suggère que le «hirak originel» a été détourné au profit d’une «secte tribale» sans la nommer. Dans sa diatribe, l’orateur est revenu à la charge en proclamant que «le hirak des millions, le hirak authentique, est un hirak politique et n’a jamais été un mouvement social».

    Lorsqu’un responsable, dans un poste, représente l’Etat et incarne la confiance placée en lui par le président de la République ou le Premier ministre ou le ministre (de tutelle) ou autre, il ne représente pas la ‘‘dechra’’ (le village, ndlr). Quand un responsable représente sa dechra, nomme 20 cadres ou plus dans son ministère ou dans sa circonscription, tous issus de son patelin, de sa wilaya, au détriment des autres wilayas du pays, c’est ça la catastrophe. Et nous avons alerté contre cette attitude en toute franchise, et même lors de notre rencontre avec le président de la République, nous avons dénoncé ces responsables qui représentent davantage la dechra et ne représentent pas la patrie, tout comme (nous dénonçons) ceux qui ont voulu transformer le hirak des millions en hirak d’une coterie, en hirak d’une catégorie, en un hirak de dechra et non le hirak de 1541 communes.» Cette déclaration a été faite par Abdelkader Bengrina, président du mouvement El Bina, lors d’un meeting qu’il a animé mardi dernier à Oran.

    Ainsi, M. Bengrina suggère que le «hirak originel» a été détourné au profit d’une «secte tribale» sans la nommer. Dans sa diatribe, l’orateur est revenu à la charge en proclamant que «le hirak des millions, le hirak authentique, est un hirak politique et n’a jamais été un mouvement social. C’est un hirak contre ceux qui ont voulu l’opposer aux constantes nationales, contre ceux qui ont voulu le réduire à un hirak villageois après avoir été le hirak d’une nation, et contre ceux qui ont voulu exploiter le hirak et l’instrumentaliser pour briser l’unité nationale».

    Et de renchérir : «Le hirak authentique s’est élevé contre ceux qui ont voulu le détourner à des fins personnelles ou partisanes ou régionales ou servir un agenda étranger, et contre ceux qui ont voulu l’utiliser pour arriver au pouvoir.»

    La sortie publique de M. Bengrina n’a pas tardé à faire réagir. Sur les réseaux sociaux, la formule «hirak edechra» passe mal. La petite phrase malheureuse est vécue comme une provocation, «un grave dérapage», comme l’ont qualifiée nombre d’internautes. L’historien Amar Mohand-Amer s’interroge, via sa page Facebook : «Les propos de Bengrina ne portent-ils pas atteinte à l’unité nationale ?» L’universitaire écrit dans un autre post : «Le hirak est dans une logique d’unité. Les lièvres du régime, dans la division. Vive l’Algérie plurielle et unie !» L’écrivain Lazhari Labter commente de son côté : «Bengrina est l’un des nombreux pitres du système, utilisés pour faire diversion. Gardons le cap sur l’essentiel : le changement du système.» Il y a eu, par ailleurs, de nombreux appels à ester en justice le candidat malheureux à l’élection du «12/12».


    Un facebooker exige l’application à son encontre de la «loi 20-05 du 28 avril 2020 relative à la prévention et à la lutte contre la discrimination et le discours de haine». Un utilisateur de Twitter abonde dans le même sens : «Si les responsables de ce pays et la justice ne réagissent pas après les graves déclarations du dénommé Bengrina, on peut considérer cela comme une forme de complicité de leur part. Vous pourrez alors dire que le pays est fichu et que nous entrerons dans une profonde discorde.»

    Notre consœur Kenza Khatto a posté ce message ironique sur Facebook : «A-t-on demandé à Bengrina de prendre le siège de Naïma Salhi dans la prochaine APN ?» De fait, les arguties du leader d’El Bina ne sont pas sans rappeler les billevesées hallucinantes de la députée, qui s’est fait une spécialité d’accabler les hirakistes en ciblant tout particulièrement ceux qu’elle qualifie de «zouaves». Cela lui avait valu d’ailleurs, elle aussi, une plainte pour «incitation à la haine raciale».

    Si M. Bengrina s’était donné la peine de faire un tour ce 22 février dans les rues des villes où les citoyens sont sortis, il aurait pu prendre la mesure, sans avoir à déployer un outillage sociologique très sophistiqué, de la formidable diversité qui a caractérisé les marches populaires. Une diversité dont le hirak ne s’est jamais départi, depuis le premier jour. Il aurait alors constaté de lui-même qu’il n’y a ni MAK, ni Rachad, ni Mossad, ni Daech, ni aucune officine obscure qui aurait fait main basse sur le mouvement.

    Et s’il avait pris le soin de discuter avec quelques citoyennes et citoyens pris au hasard, il aurait tout de suite compris que ceux qui se seraient avisés de détourner le hirak à des fins sectaires ou pour servir des desseins machiavéliques ou un agenda étranger, en seraient pour leurs frais, pour la simple raison que les gens n’ont pas besoin qu’on les tire par l’oreille pour crier leur indignation et exiger un peu de respect de la part de ceux qui tiennent les rênes de ce magnifique pays.

    Au demeurant, et au cas où M. Bengrina ne serait pas au courant, lui qui suit visiblement le hirak via les écrans de télévision des chaînes «entravées», le tsunami populaire a balayé tous les sigles. Le mouvement a toujours été jaloux de son autonomie et il y a fort à parier qu’il le restera longtemps encore.

    En nous entretenant avec de nombreux manifestants assidus à propos de la structuration du hirak, d’aucuns font remarquer que l’absence d’organisation est, pour eux, la meilleure façon de l’immuniser contre toute velléité de récupération. Bref, le complotisme aux relents racistes que nous a servis Bengrina, c’est très exactement le genre de querelles dont on se serait bien passés en ces temps moroses où les Algériens ont surtout besoin de se serrer les coudes.

  • #2
    combien qu'il a eu de voix, le Bengrina aux dernières présidentielles?

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    • #3
      @Bachi

      Moins du quart de ceux de sa "dachra" ... Héhéhé
      "L'armée ne doit être que le bras de la nation, jamais sa tête" [Pio Baroja, L'apprenti conspirateur, 1913]

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