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Warren Buffett fascine toujours

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  • Warren Buffett fascine toujours

    Dans une atmosphère étouffante, une pluie d'orage s'abat sur Omaha, dans l'État du Nebraska. Un avis de tornade a été émis pour la soirée. Il en faudrait davantage pour décourager les centaines de personnes qui patientent déjà devant les portes du palais des congrès. Ils sont près de 27 000 à avoir fait le voyage jusqu'à cette petite ville de l'Amérique profonde, dans un seul but : assister à l'assemblée générale de Berkshire Hathaway, la société du milliardaire Warren Buffett.

    Au premier rang, Mike trépigne d'impatience. Encore une heure à attendre. « C'est comme ça tous les ans, s'amuse son voisin. Il arrive à quatre heures du matin pour être le premier à entrer. Il a acheté des actions en 1982. Il est riche maintenant ! »

    Il faut dire que depuis sa première cotation à la Bourse de New York en 1965 le cours principal de l'action Berkshire a été multiplié par... 9 000 ! Il dépasse aujourd'hui les 100 000 dollars. Parmi les petits porteurs venus à Omaha, aucun milliardaire - déclaré du moins. La plupart indiquent posséder des actions B, qui valent un trentième de l'action principale, soit tout de même plus de 3 000 dollars. Bill, venu de New York avec femme et enfant, a acheté une action B uniquement pour avoir « le privilège d'assister à l'assemblée ». Étudiants, retraités, gérants de fonds, employés... les participants viennent de tout le pays, mais aussi d'Australie, de Chine ou d'Europe. Leur point commun ? Une admiration sans bornes pour l'Oracle d'Omaha qui, sans jamais quitter sa ville natale, s'est constitué en cinquante ans la deuxième fortune mondiale - plus de 50 milliards de dollars - grâce à son génie de l'investissement.

    Woodstock pour capitalistes

    Entre pèlerinage et foire commerciale, ce « Woodstock pour capitalistes », comme Buffett lui-même l'a surnommé, est à l'image de son promoteur : fascinant et excentrique. Berkshire, qui regroupe plus de 70 sociétés et participations, dont Coca-Cola ou American Express, a réalisé l'an dernier 11 milliards de dollars de bénéfices et son président se dit à nouveau prêt à réaliser l'acquisition « d'une grande entreprise ».

    L'assemblée est l'occasion d'afficher cet empire, à travers des stands aussi nombreux que variés. Assurances, confiseries, yachts, sous-vêtements... les actionnaires peuvent tout acheter, et ne s'en privent pas. Les symboles de la « Buffettmania », du tee-shirt aux cartes à jouer à l'effigie du maître, remportent le plus vif succès.

    À 76 ans, le génie de la finance n'a pourtant rien d'impressionnant. Grosses lunettes démodées, costume et cravate sombres, il semble bien petit sur la modeste estrade qu'il partage avec son vice-président et complice de toujours, Charlie Munger, 83 ans. Au premier rang du public, Bill Gates, patron de Microsoft et membre du conseil d'administration de Berkshire, est venu en ami.

    Dès le début de l'assemblée, le ton est donné. « Si vous souhaitez quitter la salle, faites-le pendant que Charlie parle », lance Buffett d'un ton badin. Durant six heures, le PDG de Berkshire va alterner réflexions économiques et humour potache devant une salle comble qui boit ses paroles en engloutissant du pop-corn. Son engagement contre les fonds spéculatifs et les rémunérations exorbitantes des dirigeants, son avis sur la croissance mondiale, la baisse du dollar ou le réchauffement climatique, mais aussi ses secrets pour faire fortune : le « sage » prend le temps de répondre à tout et à chacun. Le bon sens et l'autodérision ne l'empêchent pas de répéter inlassablement sa philosophie d'investissement : choisir des sociétés bien gérées, dont l'activité est aisément compréhensible et la croissance assurée.

    Mais les admirateurs de Buffett ne viennent pas que pour s'enrichir. Rencontrer d'autres « adeptes » semble presque aussi important que d'entendre leur modèle. « C'est avant tout notre appartenance à un groupe qui nous rend fiers, explique Mary, dont c'est la quatrième assemblée. D'ailleurs, Warren non plus ne fait pas cela pour l'argent. » De fait, en juin dernier, le milliardaire a annoncé faire don de 85 % de sa fortune à des organismes caritatifs. Il recherche également un successeur. Le nouveau Warren Buffett existe-t-il ? Ses actionnaires veulent le croire : « Il a créé une solide culture d'entreprise, qui perdurera même après sa mort », assure David, jeune médecin londonien. Une chose est sûre : l'idole disparue, le Woodstock des capitalistes n'aura plus la même saveur.

    source : le Figaro
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