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Le point sur l'hypertension

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  • Le point sur l'hypertension

    L'HYPERTENSION artérielle est reconnue de longue date comme un facteur de risque des accidents cardio-vasculaires. Pendant des années, un traitement était considéré comme nécessaire, dès que les chiffres tensionnels étaient égaux ou supérieurs à 16/9. Depuis une quinzaine d'années, une prise en charge médicamenteuse à vie est recommandée pour des chiffres tensionnels supérieurs à 14/8.

    Il y a quelques mois des médecins américains ont publié une étude dans le New England Journal of Medicine (NEJM) suggérant qu'en traitant la pré-hypertension, c'est-à-dire des niveaux de tension entre 13/8 et 14/9, il était possible de limiter un tant soit peu, le risque de devenir hypertendu. Cette publication a semé la zizanie dans la communauté des cardiologues américains, qui se battent depuis six mois sur ce sujet par le biais d'articles scientifiques interposés.

    L'étude Trophy du NEJM porte sur 809 patients, ayant une tension artérielle comprise entre 13/8 et 14/9, la moitié recevant pendant quatre ans, un placebo, c'est-à-dire une substance inactive, l'autre moitié traitée pendant deux ans par un antihypertenseur le candesartan et pendant deux ans ensuite par un placebo. Tous bénéficiaient de conseils hygiéno-diététiques (perte de poids si nécessaire, régime peu salé, réduction de la consommation d'alcool et exercice physique).

    À la fin de l'étude, au bout de quatre ans, on recense 10 % d'hypertendus en moins dans le groupe ayant reçu le médicament deux ans auparavant. Ces résultats incitent à penser que l'on pourrait dans un petit nombre de cas, enrayer le risque de devenir hypertendu par le traitement de la préhypertension. D'où la tentation pour certains experts de proposer une thérapeutique pour une durée limitée, dès ces niveaux de tension considérés jusqu'à présent comme normaux.

    Un tir croisé de médecins américains estiment que la méthode utilisée pour cette étude est complètement biaisée parce que notamment, elle ne tient pas compte des variations physiologiques d'un jour à l'autre de la tension artérielle. Un autre expert estime que tout ce travail réanalysé par un groupe de statisticiens indépendants pourrait aboutir à des résultats différents. Le docteur Stephen Persell (Feinberg school of medicine, Nortwestern university) considère dans The American Journal of Hypertension qu'il y a aux États-Unis, des millions de personnes souffrant d'hypertension réelle, ayant besoin elles d'un traitement efficace et qui pourtant ne sont pas soignées.

    Des bénéfices surtout commerciaux

    La première chose à faire serait selon lui de prescrire ces médicaments aux malades qui en ont vraiment besoin. « Par ailleurs, déplorent certains experts, pour évaluer l'effet d'une stratégie thérapeutique de la préhypertension, il faudrait aussi avoir une évaluation à long terme du risque de complications (infarctus, accident vasculaire cérébral), ce qui n'a pas été fait. »

    La revue Prescrire, dans un article publié il y a quelques semaines, estime que « la baisse artificielle des seuils de normalité de la pression artérielle sans preuve d'un bénéfice clinique apportée par une intervention accroît le nombre de personnes étiquetées malades ou à risque, pour des bénéfices qui semblent surtout commerciaux. Cette attitude est susceptible d'exposer un grand nombre de personnes bien portantes aux effets indésirables des interventions, notamment médicamenteuses ».

    Plus indulgent, le professeur Xavier Girerd (hôpital Pitié-Salpétrière), estimait récemment dans la revue HTA-info que : « Les résultats de l'essai Trophy, aussi intéressants soient-ils, ne doivent pas nous égarer pour autant. Ils ne permettent pas de conclure qu'un traitement médicamenteux pour les sujets ayant plus de 13/9 de tension soit nécessaire. »

    Selon le professeur Jean-Michel Mallion, président de la Fondation de recherche sur l'hypertension artérielle, les dernières recommandations de la Haute Autorité de santé considèrent que c'est à partir de 14/9 qu'un traitement médicamenteux doit être discuté, sauf cas particulier (diabète, insuffisance rénale). « L'étude historique de Framingham a montré que le risque d'accident vasculaire cérébral augmentait de manière linéaire avec le niveau de la tension artérielle », explique-t-il.

    Selon le docteur Yves Benacin, cardiologue à Paris, le traitement doit bien sûr être modulé aussi en fonction du terrain. « Quand le niveau tensionnel est limite, aux alentours de 14-15, sans facteur de risque majeur, on peut se donner trois mois avant de prendre une décision de traitement, souligne-t-il. L'objectif est de mettre ce temps à profit pour tenter d'équilibrer la tension, par un régime alimentaire, l'exercice physique, la réduction de la consommation de sel et d'alcool ».

    source : le Figaro
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