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Le groupe automobile allemand DaimlerChrysler a annoncé, lundi 14 mai, dans un communiqué, la vente de 80,1 % de sa filiale américaine Chrysler au fonds Cerberus Capital Management, pour 5,5 milliards d'euros.
Après deux mois de réflexion sur l'avenir de sa filiale en difficulté, Daimler fait donc un choix radical en confiant son sort à un fonds d'investissements. L'équipementier canadien Magna, allié à la société d'investissements Onex, qui faisait, ces derniers jours, figure de favori a finalement été écarté, de même que le consortium de fonds associant Blackstone et Centerbridge.
La nouvelle société, pilotée par Cerberus, mais dans laquelle Daimler garde une participation, devrait assumer le financement des 18 milliards de dollars (13,3 milliards d'euros) du fonds de retraite et d'assurance-santé de Chrysler. A l'instar de ses deux principaux concurrents américains, General Motors (GM) et Ford, les coûts de production de Chrysler sont plombés par ces engagements sociaux. Le surcoût par rapport à la plupart des constructeurs étrangers et notamment asiatiques, qui n'ont pas les mêmes conventions collectives que les constructeurs américains, est évalué à environ 30 dollars de l'heure.
Le patron actuel de Chrysler, Tom LaSorda, devrait continuer à piloter le constructeur, selon le Wall Street Journal. Mais Wolfgang Bernhard, l'ancien patron de la marque allemande Volkswagen et ex-numéro deux de Chrysler, qui conseille Cerberus dans cette transaction, pourrait jouer un rôle important, notamment en obtenant un siège au conseil d'administration.
La reprise de Chrysler par Cerberus risque de faire des vagues à Detroit (Michigan), le berceau de l'industrie automobile américaine. Le fonds a la réputation de mener des restructurations musclées. Le puissant syndicat de l'automobile UAW avait d'ailleurs récemment affiché son opposition à la vente de Chrysler à un fonds d'investissement.
CERBERUS CONTRE UAW
Cerberus fait d'autant plus figure d'épouvantail auprès de l'UAW, qu'il existe un lourd contentieux entre les deux parties. En 2006, Cerberus avait pris la tête d'un consortium pour reprendre Delphi, le premier équipementier automobile américain, alors en faillite. Le fonds avait fini par claquer la porte après le refus de l'UAW d'accéder à ses demandes en termes de réduction de coûts et de sacrifices sur les avantages sociaux.
Lâchés par Daimler, les salariés de Chrysler savent qu'ils doivent se préparer à des lendemains difficiles. Le constructeur américain a affiché une perte de 1,1 milliard de dollars en 2006. La suppression de 13 000 emplois, annoncée en 2006, pourrait être insuffisante pour assurer sa survie.
Les négociations triennales sur les contrats de travail, qui débutent cet été à Detroit, s'annoncent délicates. L'enjeu consiste à savoir jusqu'où Cerberus pourra aller dans la remise à plat du système social défendu par l'UAW.
Avec 23,5 milliards de dollars d'actifs sous gestion, Cerberus a clairement les moyens de restructurer Chrysler. Le fonds peut s'appuyer sur GMAC, la très rentable filiale financière de GM, dont il contrôle 51 %. En la rapprochant de celle de Chrysler, Cerberus pourrait dégager de substantielles synergies.
Sur la partie industrielle proprement dite, Daimler devrait rester très présent. Neuf ans après la fusion entre Mercedes et Chrysler, les deux constructeurs ont tissé des liens intimes en matière de partage de composants. Le fait que les Allemands gardent une participation au capital montre qu'ils ont la volonté de poursuivre les développements communs en cours.
Daimler aura perdu beaucoup d'argent dans cette affaire. Alors que le groupe allemand a englouti 36 milliards de dollars dans ce qui devait être le "mariage du siècle", Chrysler est aujourd'hui valorisée à un peu plus de 5 milliards de dollars.
Cette vente intervient au moment où le ralentissement de la croissance américaine se profile. Clairement, 2007 s'annonce comme une année décisive pour l'industrie automobile américaine.
Chronologie:
1925 : création de Chrysler.
1978 : vente des activités européennes au français PSA Peugeot-Citroën, qui rebaptise la marque sous le nom de Talbot.
1998 : annonce de la fusion avec l'allemand Daimler.
2001 : la fusion ne donne pas les résultats escomptés ; Daimler confie à Dieter Zetsche la responsabilité de mener à bien la restructuration. 26 000 emplois sont supprimés.
2007 : lassé des pertes récurrentes de sa filiale américaine, Daimler annonce que toute les options sont ouvertes pour l'avenir de Chrysler, y compris la vente.
Par Le Monde
Après deux mois de réflexion sur l'avenir de sa filiale en difficulté, Daimler fait donc un choix radical en confiant son sort à un fonds d'investissements. L'équipementier canadien Magna, allié à la société d'investissements Onex, qui faisait, ces derniers jours, figure de favori a finalement été écarté, de même que le consortium de fonds associant Blackstone et Centerbridge.
La nouvelle société, pilotée par Cerberus, mais dans laquelle Daimler garde une participation, devrait assumer le financement des 18 milliards de dollars (13,3 milliards d'euros) du fonds de retraite et d'assurance-santé de Chrysler. A l'instar de ses deux principaux concurrents américains, General Motors (GM) et Ford, les coûts de production de Chrysler sont plombés par ces engagements sociaux. Le surcoût par rapport à la plupart des constructeurs étrangers et notamment asiatiques, qui n'ont pas les mêmes conventions collectives que les constructeurs américains, est évalué à environ 30 dollars de l'heure.
Le patron actuel de Chrysler, Tom LaSorda, devrait continuer à piloter le constructeur, selon le Wall Street Journal. Mais Wolfgang Bernhard, l'ancien patron de la marque allemande Volkswagen et ex-numéro deux de Chrysler, qui conseille Cerberus dans cette transaction, pourrait jouer un rôle important, notamment en obtenant un siège au conseil d'administration.
La reprise de Chrysler par Cerberus risque de faire des vagues à Detroit (Michigan), le berceau de l'industrie automobile américaine. Le fonds a la réputation de mener des restructurations musclées. Le puissant syndicat de l'automobile UAW avait d'ailleurs récemment affiché son opposition à la vente de Chrysler à un fonds d'investissement.
CERBERUS CONTRE UAW
Cerberus fait d'autant plus figure d'épouvantail auprès de l'UAW, qu'il existe un lourd contentieux entre les deux parties. En 2006, Cerberus avait pris la tête d'un consortium pour reprendre Delphi, le premier équipementier automobile américain, alors en faillite. Le fonds avait fini par claquer la porte après le refus de l'UAW d'accéder à ses demandes en termes de réduction de coûts et de sacrifices sur les avantages sociaux.
Lâchés par Daimler, les salariés de Chrysler savent qu'ils doivent se préparer à des lendemains difficiles. Le constructeur américain a affiché une perte de 1,1 milliard de dollars en 2006. La suppression de 13 000 emplois, annoncée en 2006, pourrait être insuffisante pour assurer sa survie.
Les négociations triennales sur les contrats de travail, qui débutent cet été à Detroit, s'annoncent délicates. L'enjeu consiste à savoir jusqu'où Cerberus pourra aller dans la remise à plat du système social défendu par l'UAW.
Avec 23,5 milliards de dollars d'actifs sous gestion, Cerberus a clairement les moyens de restructurer Chrysler. Le fonds peut s'appuyer sur GMAC, la très rentable filiale financière de GM, dont il contrôle 51 %. En la rapprochant de celle de Chrysler, Cerberus pourrait dégager de substantielles synergies.
Sur la partie industrielle proprement dite, Daimler devrait rester très présent. Neuf ans après la fusion entre Mercedes et Chrysler, les deux constructeurs ont tissé des liens intimes en matière de partage de composants. Le fait que les Allemands gardent une participation au capital montre qu'ils ont la volonté de poursuivre les développements communs en cours.
Daimler aura perdu beaucoup d'argent dans cette affaire. Alors que le groupe allemand a englouti 36 milliards de dollars dans ce qui devait être le "mariage du siècle", Chrysler est aujourd'hui valorisée à un peu plus de 5 milliards de dollars.
Cette vente intervient au moment où le ralentissement de la croissance américaine se profile. Clairement, 2007 s'annonce comme une année décisive pour l'industrie automobile américaine.
Chronologie:
1925 : création de Chrysler.
1978 : vente des activités européennes au français PSA Peugeot-Citroën, qui rebaptise la marque sous le nom de Talbot.
1998 : annonce de la fusion avec l'allemand Daimler.
2001 : la fusion ne donne pas les résultats escomptés ; Daimler confie à Dieter Zetsche la responsabilité de mener à bien la restructuration. 26 000 emplois sont supprimés.
2007 : lassé des pertes récurrentes de sa filiale américaine, Daimler annonce que toute les options sont ouvertes pour l'avenir de Chrysler, y compris la vente.
Par Le Monde
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