Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La croissance de retour en France

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La croissance de retour en France

    Il y a ceux qui ont la "baraka" et les autres. Jacques Chirac avait inauguré son quinquennat, en 2002, avec un retournement conjoncturel à l'origine d'une forte poussée du chômage et d'une très nette détérioration des finances publiques. Nicolas Sarkozy bénéficie d'une conjoncture autrement plus favorable. Le gouvernement de François Fillon, qui pourrait être constitué dès le 18 mai, devrait avoir des marges de manœuvre inespérées, qui l'aideront à financer les promesses du nouveau président de la République.

    L'Insee (Institut national de la statistique et des études économiques) rendra publique, demain, son évaluation de la croissance au premier trimestre 2007. Elle devrait être supérieure aux prévisions initiales de "croissance douce", pour ne pas dire molle – aux alentours de 2 % en rythme annuel – faites par le même Insee en mars. L'horizon s'est, depuis, éclairci et la progression du PIB au premier trimestre, telle qu'elle ressort des comptes nationaux trimestriels, pourrait finalement atteindre 0,6 voire 0,7 point. De quoi espérer une croissance d'au moins 2,3 à 2,4%, (selon l'OFCE, le Crédit Lyonnais…), voire de 2,4% à 2,6% (selon BNP Paribas).

    "Les contraintes pesant sur l'économie française vont se lever, analyse Eric Heyer, l'un des directeurs adjoints de l'Observatoire des conjonctures économiques (OFCE). Les prix du pétrole d'un côté, le niveau de l'euro face au dollar de l'autre, semblent devoir se stabiliser. L'environnement international est plutôt bon, avec une croissance dynamique dans la zone euro. Tout est donc en place pour qu'il y ait une croissance plus soutenue".

    L'OFCE rend indirectement hommage augouvernement sortant, en soulignant "les efforts d'ajustement menés en 2005 et 2006, qui ont coûté respectivement 0,7 point et 0,5 point de croissance", mais permettent d'envisager de "desserrer la contrainte budgétaire en 2007 et en 2008." Même un ralentissement plus marqué de la croissance américaine, que pourrait provoquer un éclatement de la bulle immobilière aux Etats-Unis, ne devrait pas changer la donne en France, estime l'OFCE, compte tenu du découplage des cycles économiques européen et américain.

    Le climat des affaires en France est très bien orienté depuis le début de l'année. La plupart des économistes pensaient que l'augmentation de trois points de la TVA en Allemagne aurait un effet dépressif dans ce pays et chez ses principaux partenaires, dont la France est au premier rang. Or il n'en a rien été : les enquêtes de conjoncture témoignent au contraire d'un regain de confiance des chefs d'entreprise et des ménages. En France, sur un an, la production industrielle a progressé de 1,2%, la production manufacturière (biens intermédiaires, d'équipement, de consommation, automobile), ayant, à elle seule, augmenté de 2,1 % au cours de douze derniers mois.

    "La liaison stable entre l'évolution trimestrielle de la production industrielle et du PIB permet d'imaginer une croissance de 3,2% en taux annualisé sur le premier trimestre, analyse Philippe Waechter, directeur des études de Natexis Asset Management. Même si l'on conserve un scénario modéré pour le reste de l'année, ce bon point de départ permet d'imaginer une croissance entre 2,4 % et 2,6 % en 2007, dans un environnement européen très porteur. La croissance française va enfin dépasser sa tendance de long terme. Cela sera dès lors favorable pour l'emploi." Economiste au Crédit Agricole, Olivier Bizimana a aussi révisé à la hausse ses prévisions de croissance. Il note la "vigueur des intentions d'embauche des entreprises en 2007 [et] l'accroissement du taux d'utilisation des capacités de production", deux facteurs favorables non seulement à l'emploi, mais aussi aux investissementss et à la consommation. "La demande intérieure française, qu'elle émane des entreprises ou des ménages, est très dynamique, relève l'économiste. La demande extérieure est bien orientée, ce qu'atteste la réduction du déficit commercial [ramené à 1,23 milliard d'euros en mars]. Nous sommes donc plutôt optimistes, tout en étant conscients du fait que l'Allemagne tire l'ensemble de la zone euro."

    Reste une inconnue : le niveau très élevé de l'euro, qui commence à être critiqué aussi Outre-Rhin. S'il table, lui aussi, sur une croissance de l'ordre de 2,3% en 2007, Nicolas Bouzou (Asterès) pense que les problèmes structurels de l'industrie française demeurent. Il s'inquiète, tout comme Alexander Law, économiste chez Xerfi, des conséquences de l'euro fort, qui dégrade la compétitivité française et accroît les risques de délocalisation.

    Par Le Monde
Chargement...
X