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Changement climatique: une menace à la sécurité internationale

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  • Changement climatique: une menace à la sécurité internationale

    Vers la moitié du débat qui se tenait le 17 avril dernier au Conseil de sécurité des Nations unies, le délégué congolais a déclaré: «Ce ne sera pas la première fois que les hommes se battent pour l'accès aux terres, à l'eau ou aux ressources naturelles. Mais cette fois, le combat se fera à une échelle qui éclipse les conflits du passé.»

    Le délégué français parla lui de «menace numéro 1 pour l'avenir de l'humanité». Pour le délégué belge, faire face à cette menace impliquait que nous devions radicalement changer notre façon de penser à propos de notre sécurité. Nous ne pouvions nous permettre de commettre la même erreur que celle qui avait coûté si cher au monde à travers l'histoire et qui présumait que le futur serait à l'image du passé. Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, déclara quant à lui que les scénarios qui nous attendent étaient très alarmants.

    Quel était le sujet de cette inquiétude ? Le changement climatique. Notre climat de plus en plus instable n'est plus considéré uniquement comme un problème essentiellement environnemental ou comme une question d'ordre économique. Au cours des deux dernières années, la menace à laquelle nous devons faire face a augmenté et se précise. Les preuves apportées encore récemment par les scientifiques ont renforcé, voire dépassé, nos pires craintes quant aux conséquences qui nous menacent. Il est dès lors devenu évident que le changement climatique a des conséquences qui vont jusqu'à toucher notre sécurité même.

    Inondations, maladies et famines provoquant des migrations à une échelle jamais vue auparavant et dans des régions déjà sous haute tension. Sécheresse et mauvaises récoltes ayant comme résultat une compétition intensifiée pour la nourriture, l'eau et l'énergie dans des régions où les ressources sont déjà extrêmement limitées.

    Perturbations économiques dont la gravité a été estimée l'année passée dans le rapport Stern et que nous n'avons plus connues à une telle échelle depuis la Deuxième Guerre mondiale. Ceci n'est pas une question de sécurité nationale - mais une question de sécurité collective dans un monde fragile et de plus en plus interdépendant. Et ce qui est tragique, c'est qu'une fois de plus ce sont ceux qui sont les plus vulnérables et les moins bien armés pour faire face à ce défi qui en seront les premières victimes. Il n'y a pas de choix à faire entre le combat pour la stabilité du climat et le combat contre la pauvreté. Les deux combats sont intimement liés.

    Tous ceux qui veulent faire le lien entre ce que la science nous dit sur les conséquences physiques du changement climatique et l'impact de ce dernier sur notre sécurité feraient bien de lire un rapport étonnant qui fut publié le 16 avril par le Military Advisory Board, une association regroupant les plus respectés des amiraux et généraux américains à la retraite. Au long de leurs carrières, ils ont été confrontés à beaucoup de menaces différentes: comme celle représentée par la force de dissuasion nucléaire soviétique durant la Guerre froide ou comme celle plus récente du terrorisme et de l'extrémisme.

    Ils ne répondent pas du tout au stéréotype des militants pro-environnement. Pourtant dans leur rapport ils écrivent, de façon très catégorique, que le changement climatique annoncé pose une menace sérieuse à la sécurité nationale des Etats-Unis.

    Le changement climatique est, selon eux, "'un facteur multiplicateur d'instabilité dans certaines régions parmi les plus explosives au monde". Autrement dit, un climat instable donnera lieu à une augmentation et à une intensification des tensions et des conflits dont le Conseil de sécurité a à traiter chaque jour.

    Ce sont ces considérations qui ont amené le Royaume-Uni à utiliser sa présidence du Conseil de sécurité pour organiser le débat sans précédent qui s'y est tenu sur le changement climatique le 17 avril dernier. Et ce sont également ces considérations qui ont incité 53 pays - un chiffre rarement atteint dans des réunions de ce genre - à s'exprimer et à prendre part aux discussions.

    Amener le débat sur la table du Conseil de sécurité n'exclut pas bien entendu d'autres actions dans le cadre des Nations unies ou à travers la communauté internationale.

    Menant les négociations au nom du Royaume-Uni au sein de la Convention-cadre des Nations unies sur le changement climatique pour les cinq années à venir, je suis bien la dernière personne à souhaiter négliger d'autres efforts multilatéraux indispensables. Mais, ayant pour charge le maintien de la paix et de la sécurité internationale, le Conseil de sécurité peut contribuer de manière unique à la construction d'une compréhension mutuelle de ce qu'un climat instable peut représenter pour notre sécurité individuelle et collective. Et les décisions et les actions que nous prendrons - quelle que soit leur forme - en faveur d'une économie mondiale faible en émission de carbone seront meilleures, plus fortes et plus efficaces parce qu'éclairées par la meilleure compréhension possible de toutes les implications du changement climatique - y inclus celles en matière de sécurité.

    Le 17 avril a été une journée charnière. Elle a marqué la reconnaissance du changement climatique comme étant au coeur des questions de sécurité. Elle a démontré que la vaste majorité de la communauté internationale voit un climat instable comme une menace sans précédent que nous devons contrer avec davantage d'urgence et d'ambition. Si nous réussissons dans cette démarche collective, les perspectives en terme de sécurité seront meilleures pour tous. Le changement climatique est une menace qui peut nous rapprocher si nous savons faire preuve de sagesse et l'empêcher de nous diviser.


    Par Le Quotidien d'Oran
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