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Big Babouchka, Big Brother à Moscou

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  • Big Babouchka, Big Brother à Moscou

    La municipalité de Moscou a commencé à installer des caméras de surveillance dans les halls d'entrée des immeubles. Les équipes de surveillance sont, pour l'essentiel, composées de femmes d'un certain âge – des babouchkas. Le quotidien Moscow Times s'en amuse.

    Avez-vous parfois l'impression d'être espionné ? Avez-vous le sentiment qu'une vieille dame vous observe depuis la cage d'escalier en pensant que vous auriez pu vous donner un coup de peigne ou au moins vous raser ? Rassurez-vous, vous n'êtes pas en train de devenir parano. Une personne est bel et bien en train d'épier vos moindres faits et gestes, à la différence près qu'elle n'est pas dans l'escalier mais derrière un écran, à quelques kilomètres de là. Alors, n'oubliez pas de vous raser et attention à ne pas être trop bruyant.

    La mairie de Moscou vient d'installer des caméras de vidéosurveillance en circuit fermé dans tous les halls d'entrée des immeubles municipaux situés en centre-ville, soit plus de 8 600 caméras. La municipalité a d'ailleurs l'intention, à terme, d‘équiper tous les immeubles de la capitale.

    Big Brother is watching you ? Non. Moscou n'a pas encore atteint le niveau de vidéosurveillance de certaines villes européennes, et il s'agirait plutôt en l'occurrence de "Big Babouchka". Les équipes de surveillance sont en effet composées de femmes d'un certain âge réparties dans des centres d'information pour chacun des dix arrondissements du centre-ville. Elles sont la version moderne des babouchkas – bienveillantes ou non – postées sur des bancs, qui surveillaient autrefois la population pour le compte du régime communiste. La surveillance a lieu vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept. Les opératrices se tiennent prêtes à appeler les services d'urgence au moindre mouvement suspect.

    "C'est très intéressant", estime Galina Borodulian, une femme souriante de 52 ans qui surveille quarante-huit entrées sur trois écrans. "Dans certains immeubles, on livre des fleurs régulièrement ; dans d'autres, il y a des mariages."

    Les attentats de 1999 au sud de Moscou, qui ont entraîné la mort de plus de 300 personnes, ont convaincu la municipalité de s'équiper de caméras de surveillance, explique Viktor Muravyov, qui dirige le centre du quartier Baumansky. La vidéosurveillance a commencé en 2001 dans l'arrondissement de Tverskoï. Les autres quartiers ont rapidement suivi, et le dernier arrondissement a été équipé en janvier dernier.

    Chacune des vingt femmes en uniforme bleu du centre de l'arrondissement de Basmanny est responsable de trois écrans surveillant chacun seize entrées. Les caméras sont sensibles au mouvement, et dès que quelque chose bouge, un voyant rouge se met immédiatement à clignoter sur l'écran.

    Chaque centre envoie une moyenne de quinze signaux d'alerte par jour aux services d'urgence, explique Yekaterina Zolotaryova, porte-parole des services de police, et les caméras ont permis de réduire la délinquance, affirme-t-elle. La police demande souvent les enregistrements pour ses enquêtes, mais les centres ne conservent pas d'archives. Après deux semaines, les bandes sont effacées des ordinateurs, explique Stanislav Yegorov, directeur du marketing de Panir B, l'entreprise qui gère le centre de Baumansky.

    Le meurtrier de la journaliste Anna Politkovskaïa [abattue le 7 octobre dernier] a été filmé par la caméra de surveillance de l'immeuble où elle a été tuée, tout comme un homme soupçonné d'avoir commis quatre homicides dans la région de Moscou, fin avril. Malheureusement, la qualité de l'enregistrement est souvent médiocre et il est difficile de distinguer les traits des visages. "Nous devrions bientôt être équipés de caméras plus sophistiquées", explique le porte-parole de la police municipale.

    Les opératrices du centre de Baumansky prennent leur travail très au sérieux, peut-être même un peu trop. Ainsi, Nadezhda Deyeva, 50 ans, n'hésite pas à appeler la police si quelqu'un fait trop de bruit. "Ils dérangent leurs voisins." Elle sonne également l'alarme si elle voit quelqu'un boire de l'alcool. Et si les opératrices surprennent des gens à transporter des paquets volumineux dans l'escalier, la police ne tarde pas à intervenir.

    Par Kevin O’Flynn ,The Moscow Times- Courrier International
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