Entretien croisé de Doc Gynéco et Christine Angot par David Reinharc
15 mai 2007 - dans le dernier Israel Magazine
"Le rap, c'est le bras armé du djihad" ; "Quand les jeunes de banlieue voient des fours et des charniers, ils adorent cela!" …. : Doc Gynéco ne tait rien de ce qu'il a envie de dire. Pour lui, né justement à la périphérie de Paris, les "jeunes de banlieue ont besoin de tuer en vrai. De voir le sang" tandis que pour Christine Angot , "nous sommes encore dans la France du Chagrin et de la Pitié".
Après le meurtre d'Ilan Halimi, la vague d'antisémitisme, l'opprobre jeté au visage de la petite nation israélienne, il paraît clair que le monde, après lecture de cet entretien, a déclaré la guerre aux Juifs.
Et chacun va devoir choisir son camp, le refus de choisir étant lui-même un engagement.
Sartre disait qu' "on n'avait jamais été aussi libre que sous l'Occupation".
On peut lire ces propos dérangeants avec détachement ou alors se dire : et si c'était vrai ? On n'a jamais été aussi libre. Non?
David Reinharc : Le rap est-il devenu un instrument de propagande ?
Doc Gynéco : En réalité, il ne milite plus ni pour le hip hop ni pour le public : le rap s’est aujourd’hui islamisé. Akhenaton est musulman, comme de plus en plus de rappeurs. Ils sont en guerre : le rap, c’est un peu le bras musical armé du djihad.
Christine Angot : Quand des gens prennent la parole, certains peuvent s’imaginer que le fait de dénoncer les met hors du processus violent …
D.G. : Ils gardent le sentiment d’être des artistes, mêmes’ils sont manipulés. Ils se sentent tous communistes, éducateurs du peuple, professeurs des jeunes de banlieue. Ils ne savent pas ce que parler veut dire. Ils portent un tee-shirt du GIA ou de Ben Laden comme on porte un tee-shirt du Che. Par contre les rappeurs qui s’en sont sortis ont conscience de cette manipulation.
D.R. : Diams, on a le plutôt le sentiment que ce qu’elle pense est en adéquation avec ce qu’elle chante….
D.G. : Oui, elle y croit. Elle ne se rend pas compte de ce qu’elle dit. Mais I AM , il sait ce qu’il fait. Pourtant, ils font un art entièrement inspiré des Noirs Américains. Mais ça ne les intéresse plus depuis dix ans. Ils sont manipulés par la violence, par les films d’action, mais c’est une violence organisée et structurée de kamikazes, pas une violence de vrai révolutionnaire. Je baise la France : tous les rappeurs de Marseille à Paris chantent ça comme un seul homme.
D.R. : Se faire dynamiter s’apparente à de la résistance : le groupe de rap Sniper…
D.G. : Vous citez une phrase plutôt gentille. Ca me rend triste.
Je suis contre l’islamisation du rap.
D.R. : Il existe malgré tout des groupes, doués et militants, qui savent très bien ce qu’ils font : Médine, l’album Jihad, Kamelancien, Keny Arkana, qui vient de l’extrême-gauche, instrumentalisent le rap à des fins de propagande politique…
D.G. : Moi, le terrorisme, j’ai fini d’y croire quand une bombe a explosé à Tati Barbès.
D.R. : Parce qu’avant, vous y croyiez ?
D.G. : Je pouvais croire, oui, à une forme de révolte par les armes.
D.R. : Contre qui ?
D.G. : Jean Moulin ! Vichy. « Pour plus de justice » etc.
Mais l’attentat à Barbès m’a profondément heurté : des arabes tuaient des arabes. Ceux d’Algérie d’il y a pas longtemps. Je peux comprendre l’attentat de Port-Royal, même la prise d’otage des Juifs par les Palestiniens mais la bombe à Tati Barbès, là, je ne saisis plus.
D.R. : Des « victimes innocentes » ?
D.G. : On peut dire ça comme cela…On ne comprend plus leur combat.
C.A. ans un propos artistique, la question de la complaisance se pose toujours, mais je ne pense pas que les textes des artistes soient responsables des actes réels. Même la musique militaire n’est pas responsable des guerres.
D.R. : J’ai posé une allumette prés d’une flaque d’essence mais ce n’est pas moi qui ai mis le feu…?
D.G. : Médine, c’est pourtant le genre de personne qui poserait une bombe à Tati Barbès. L’Histoire, contrairement aux jeunes, il la connaît. Il sait, lui, ce que veut dire Jihad, pas les jeunes. Il utilise des moments essentiels pour les islamistes et il les met en musique. Cela a un impact latent, vicieux, sournois.
C.A. : Avoir un propos sur une réalité violente, c’est intéressant. En revanche, esthétiser cette réalité, ce n’est intéressant ni pour la société ni pour l’art.
D.G. : Sous couvert des idées communistes, le rap met en musique l’islamisme et les actions d’Al Qaïda.
D.R. : Dans le rap, on trouve le vocabulaire de l’Islam contre l’Occident et aussi, paradoxalement, le culte de la société de consommation…
D.G. : C’est là qu’ils sont de droite. Ils ont oublié ce qu’est le rap américain.
Mais c’est vrai que la tendance, dans le rap, est la conversion à l’islam. On se convertit à l’Islam pour entrer dans le rap. Ce qu’ils aiment toujours, dans le rap des Noirs Américains, c’est la flambe et les femmes. Mais le message de paix s’est effacé. Le rap intello, ça n’existe pas.
D.R. : A l’exception d’Abd Al Malik – soufi, et qui n’est donc pas salafiste…
D.G. : Oui, lui je l’aime bien mais il est arrivé en 2007.
D.R. : Vous-même, faîtes vous un « rap de droite » ?
D.G. : Ce qui fait dire que tu es de droite quand tu es rappeur, c’est la façon dont tu vas gérer ton argent.
Ne pas oublier qu’on n’en a jamais eu. On a donc un rapport avec l’argent lié à la flambe.
C.A. :Oui, mais la flambe ce n’est pas une attitude bourgeoise…
D.G. : Les nouveaux rappeurs ont tous les codes des gens de droite : le cigare, le champagne, la bagnole…
D.R. : On trouve dans les textes de rap – Kmelancien, I AM, Sniper… - beaucoup de textes haineux contre Israël et les Juifs.
Avec aussi un clip qui met en scène une liquidation d’Américains…
D.G. : On est en train de rendre les jeunes de banlieue complètement fous.
Scorcese, les Affranchis, etc. ça pouvait se situer dans une esthétique qu’on n’aime pas, mais il y avait au moins des valeurs.
C.A. :Est-ce que c’est l’apanage du rap ? C’est l’ensemble de la société qui est concerné par l’antisémitisme.
D.R. : Mais pourquoi le rap est-il venu se cristalliser sur la question juive ?
15 mai 2007 - dans le dernier Israel Magazine
"Le rap, c'est le bras armé du djihad" ; "Quand les jeunes de banlieue voient des fours et des charniers, ils adorent cela!" …. : Doc Gynéco ne tait rien de ce qu'il a envie de dire. Pour lui, né justement à la périphérie de Paris, les "jeunes de banlieue ont besoin de tuer en vrai. De voir le sang" tandis que pour Christine Angot , "nous sommes encore dans la France du Chagrin et de la Pitié".
Après le meurtre d'Ilan Halimi, la vague d'antisémitisme, l'opprobre jeté au visage de la petite nation israélienne, il paraît clair que le monde, après lecture de cet entretien, a déclaré la guerre aux Juifs.
Et chacun va devoir choisir son camp, le refus de choisir étant lui-même un engagement.
Sartre disait qu' "on n'avait jamais été aussi libre que sous l'Occupation".
On peut lire ces propos dérangeants avec détachement ou alors se dire : et si c'était vrai ? On n'a jamais été aussi libre. Non?
David Reinharc : Le rap est-il devenu un instrument de propagande ?
Doc Gynéco : En réalité, il ne milite plus ni pour le hip hop ni pour le public : le rap s’est aujourd’hui islamisé. Akhenaton est musulman, comme de plus en plus de rappeurs. Ils sont en guerre : le rap, c’est un peu le bras musical armé du djihad.
Christine Angot : Quand des gens prennent la parole, certains peuvent s’imaginer que le fait de dénoncer les met hors du processus violent …
D.G. : Ils gardent le sentiment d’être des artistes, mêmes’ils sont manipulés. Ils se sentent tous communistes, éducateurs du peuple, professeurs des jeunes de banlieue. Ils ne savent pas ce que parler veut dire. Ils portent un tee-shirt du GIA ou de Ben Laden comme on porte un tee-shirt du Che. Par contre les rappeurs qui s’en sont sortis ont conscience de cette manipulation.
D.R. : Diams, on a le plutôt le sentiment que ce qu’elle pense est en adéquation avec ce qu’elle chante….
D.G. : Oui, elle y croit. Elle ne se rend pas compte de ce qu’elle dit. Mais I AM , il sait ce qu’il fait. Pourtant, ils font un art entièrement inspiré des Noirs Américains. Mais ça ne les intéresse plus depuis dix ans. Ils sont manipulés par la violence, par les films d’action, mais c’est une violence organisée et structurée de kamikazes, pas une violence de vrai révolutionnaire. Je baise la France : tous les rappeurs de Marseille à Paris chantent ça comme un seul homme.
D.R. : Se faire dynamiter s’apparente à de la résistance : le groupe de rap Sniper…
D.G. : Vous citez une phrase plutôt gentille. Ca me rend triste.
Je suis contre l’islamisation du rap.
D.R. : Il existe malgré tout des groupes, doués et militants, qui savent très bien ce qu’ils font : Médine, l’album Jihad, Kamelancien, Keny Arkana, qui vient de l’extrême-gauche, instrumentalisent le rap à des fins de propagande politique…
D.G. : Moi, le terrorisme, j’ai fini d’y croire quand une bombe a explosé à Tati Barbès.
D.R. : Parce qu’avant, vous y croyiez ?
D.G. : Je pouvais croire, oui, à une forme de révolte par les armes.
D.R. : Contre qui ?
D.G. : Jean Moulin ! Vichy. « Pour plus de justice » etc.
Mais l’attentat à Barbès m’a profondément heurté : des arabes tuaient des arabes. Ceux d’Algérie d’il y a pas longtemps. Je peux comprendre l’attentat de Port-Royal, même la prise d’otage des Juifs par les Palestiniens mais la bombe à Tati Barbès, là, je ne saisis plus.
D.R. : Des « victimes innocentes » ?
D.G. : On peut dire ça comme cela…On ne comprend plus leur combat.
C.A. ans un propos artistique, la question de la complaisance se pose toujours, mais je ne pense pas que les textes des artistes soient responsables des actes réels. Même la musique militaire n’est pas responsable des guerres.
D.R. : J’ai posé une allumette prés d’une flaque d’essence mais ce n’est pas moi qui ai mis le feu…?
D.G. : Médine, c’est pourtant le genre de personne qui poserait une bombe à Tati Barbès. L’Histoire, contrairement aux jeunes, il la connaît. Il sait, lui, ce que veut dire Jihad, pas les jeunes. Il utilise des moments essentiels pour les islamistes et il les met en musique. Cela a un impact latent, vicieux, sournois.
C.A. : Avoir un propos sur une réalité violente, c’est intéressant. En revanche, esthétiser cette réalité, ce n’est intéressant ni pour la société ni pour l’art.
D.G. : Sous couvert des idées communistes, le rap met en musique l’islamisme et les actions d’Al Qaïda.
D.R. : Dans le rap, on trouve le vocabulaire de l’Islam contre l’Occident et aussi, paradoxalement, le culte de la société de consommation…
D.G. : C’est là qu’ils sont de droite. Ils ont oublié ce qu’est le rap américain.
Mais c’est vrai que la tendance, dans le rap, est la conversion à l’islam. On se convertit à l’Islam pour entrer dans le rap. Ce qu’ils aiment toujours, dans le rap des Noirs Américains, c’est la flambe et les femmes. Mais le message de paix s’est effacé. Le rap intello, ça n’existe pas.
D.R. : A l’exception d’Abd Al Malik – soufi, et qui n’est donc pas salafiste…
D.G. : Oui, lui je l’aime bien mais il est arrivé en 2007.
D.R. : Vous-même, faîtes vous un « rap de droite » ?
D.G. : Ce qui fait dire que tu es de droite quand tu es rappeur, c’est la façon dont tu vas gérer ton argent.
Ne pas oublier qu’on n’en a jamais eu. On a donc un rapport avec l’argent lié à la flambe.
C.A. :Oui, mais la flambe ce n’est pas une attitude bourgeoise…
D.G. : Les nouveaux rappeurs ont tous les codes des gens de droite : le cigare, le champagne, la bagnole…
D.R. : On trouve dans les textes de rap – Kmelancien, I AM, Sniper… - beaucoup de textes haineux contre Israël et les Juifs.
Avec aussi un clip qui met en scène une liquidation d’Américains…
D.G. : On est en train de rendre les jeunes de banlieue complètement fous.
Scorcese, les Affranchis, etc. ça pouvait se situer dans une esthétique qu’on n’aime pas, mais il y avait au moins des valeurs.
C.A. :Est-ce que c’est l’apanage du rap ? C’est l’ensemble de la société qui est concerné par l’antisémitisme.
D.R. : Mais pourquoi le rap est-il venu se cristalliser sur la question juive ?
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