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Est il nécessaire de changer le mode de scrutin en Algérie?

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  • Est il nécessaire de changer le mode de scrutin en Algérie?

    A chaque rendez-vous électoral, il y a des sujets précis qui surgissent d'une façon distinguée, à côté de bien d'autres sujets qui servent de moyen de propagande ou de support au marketing politique auquel se livrent sans merci les différents acteurs politiques au jeu électoral.

    Ces sujets-là, bien qu'ils soient perçus et utilisés de façons différentes marquent tout au moins une position réelle de l'opinion publique vis-à-vis d'une question dont l'importance est évidente.

    Le sujet le plus important de cette élection ou du moins de la période de précampagne était bel et bien celui du mode de scrutin adopté dans le régime électoral algérien tant au niveau des élections générales auxquelles nous nous apprêtons, qu'au niveau des locales dont l'échéance est imminente.

    Il n'est pas inutile de rappeler que les modes de scrutin, s'ils ne font pas une élection à eux seuls, ils y contribuent d'une façon significative, voire déterminante, car c'est à travers eux que la composition des Assemblées à quelque niveau que ce soit est dessinée. Théoriquement, il est recommandé de ne procéder à l'évaluation d'un mode de scrutin qu'après plusieurs élections, ce qui permettrait de se prononcer - avec une marge d'erreur aussi réduite que possible - sur la fiabilité de ce mode de scrutin. Dans notre pays, cette condition de temps n'est pas encore présente, car le mode de la proportionnelle de liste n'a été adopté par l'ordonnance 97-07 (1) qu'à la veille des élections législatives du 05 juin 1997, après de longues péripéties politiques et sécuritaires qui ont marqué les années 1990. Se livrer donc à une réflexion sur le mode de scrutin semble relever de l'exercice intellectuel inutile, seulement le discours ayant prévalu durant la période de précampagne, que ce soit de la part de certaines personnalités ou de leaders de partis, donne tout son sens à l'opportunité d'une telle réflexion. Les propos tenus par les uns et les autres convergent, à quelques différences près, vers un désir de révision ou du moins une insatisfaction, ou carrément décrier ce monde de scrutin, à qui on a attribué toutes les tares de la pratique de la démocratie représentative dans notre pays.

    L'évaluation de l'impact du mode de scrutin doit passer par une analyse rétrospective ou historique des modes de scrutin adoptés depuis l'avènement du pluralisme politique et même avant. Cela permet de situer la critique dans son contexte et d'émettre les idées qui se rapprochent le maximum possible de l'objectivité scientifique.

    Tous les auteurs et les spécialistes sont unanimes autour du fait que l'élection dans un système pratiquant le monocratisme partisan est dépourvue de sens et de substance, à partir du moment où elle n'a d'autres objectifs que de légitimer le pouvoir en place à travers des Assemblées élues ou désignées. Même conçues pour servir de moyen de mobilisation populaire et d'intégration sociale autour du projet socialiste, les Assemblées algériennes (APN, APC et APW) étaient le produit d'une élection dont le contenu ne nous intéresse pas, mais plutôt les modalités qui y étaient appliquées, afin de voir si le système algérien appartient plus à la famille dite de majoritaristes (pays où c'est le système majoritaire qui a dominé la pratique électorale), ou à la famille des proportionnalistes (la vague de pays emportés par les idées novatrices de la proportionnelle). C'est la loi 80-08 (2) du 25.10.1980 dans son article 66 qui introduit la liste (qui est une liste unique en fait en raison du système partisan), mais en la combinant au système majoritaire quant à l'attribution des voix au sein de la même liste. Cela permet d'affirmer - toutes proportions gardées - que le scrutin de liste n'est pas une trouvaille ni une invention dictée par le pluralisme politique, et que le système majoritaire n'a pas pour autant été absent même dans un espace aussi réduit qu'offre le système du parti unique; une première conclusion même provisoire nous permet de dire que les premiers signes ne renseignaient guère sur ce qu'allait être la tendance du système algérien, par rapport au deux familles de systèmes électoraux. Ça n'est qu'avec le pluralisme que les choses ont eu tendance à se démarquer.

    C'est la loi 89-13 du 07.08.1989 portant loi électorale, qui est venue concrétiser les tendances au pluralisme introduites par la Constitution de 1989 dans son article 40, et que seule la loi électorale est capable de mettre en oeuvre. C'est ainsi que le mode de scrutin mixte proportionnel de liste a été adopté (3), mais avec une prime à la majorité à un tour. La mixité de ce système est accentuée avec la formule contenue dans l'alinéa 2 du même article et qui fixe le scrutin majoritaire uninominal à un tour pour les circonscriptions à un seul siège. Cette disposition a tout de suite été remise en question avant même qu'elle ne connaisse la moindre application, car les circonstances politiques de l'époque ont amené le législateur à apporter une première modification par le biais de la loi 90-06 (4) qui avait diminué cette tendance accrue à la majorité à un tour. Le résultat des courses sous cette vision donnerait un nombre proportionnel au pourcentage des voix obtenues, au lieu de la totalité des sièges à l'Assemblée pour la liste qui obtient la majorité absolue des voix, tel que prévu par la mouture initiale du texte.

    Vint par la suite la loi 91-06 (5), et qui a procédé à la généralisation du scrutin majoritaire uninominal à deux tours. Cette démarche serait encouragée par les effets théoriques de ce mode de scrutin, avec lesquels les circonstances politiques de l'époque offraient toutes les garanties de s'y accommoder. La suite des événements n'a vraisemblablement pas conforté cette vision, car les effets théoriques - surtout celui de l'amplification de la victoire des voix en sièges - ont plutôt joué à contresens, en permettant l'émergence d'une mouvance politique dont les retombées se sont fait ressentir pour une assez longue période. Le pouvoir politique d'alors, en voulant s'ingénier à tirer les dividendes politiques d'une ingénierie électorale, avait subi un revers qui a conduit à une révision des choses et surtout à une reconsidération des instruments électoraux. Ceci a permis par ailleurs aux décideurs tout comme aux acteurs politiques de connaître l'état de l'opinion et des rapports de forces que pratiquement tout le monde ignorait, surtout à cette période cruciale de mutation sociale et politique. Tirant les enseignements de cette mésaventure, les pouvoirs publics étaient donc avertis, et même sous la pression des acteurs politiques, la modification des règles n'a pas poussé vers un changement irréfléchi, mais plutôt à l'introduction d'un mode de scrutin proportionnel de liste qui présente à son tour des spécificités dans l'application.

    Le système adopté actuellement par l'article 101 de la loi organique 97-07 est un système proportionnel de liste dit approché (6), sans aucune mixité ou dose de majorité empruntée au scrutin majoritaire. Toutefois, de toutes les variantes qui existent, le modèle algérien peut être considéré comme le plus simple, compte tenu de la méthode adoptée pour le calcul du quotidien électoral et de la répartition des restes, dont la variété et la diversité ne sauraient être exposées dans cet article.

  • #2
    Mais le plus important, c'est de s'interroger sur la raison qui a motivé le choix du législateur. A priori, et d'après les avantages reconnus au mode de scrutin proportionnel, l'élargissement de la représentation de toutes les sensibilités politiques seraient un parfait motif, qui est d'ailleurs le cheval de bataille des précurseurs de ce système (7), contre lequel l'émiettement de l'opposition servirait de contre-exemple et justifierait le contraire. D'autant plus que c'est le système des plus forts restes qui est utilisé dans la répartition des restes.

    Cette méthode par opposition à la méthode de la plus forte moyenne qui a des effets majoritaires et peut provoquer un bouleversement dans les résultats, chose que le paysage politique algérien ne pourrait supporter après avoir été stigmatisé par l'expérience du système politique de 1991. Loin des détails techniques de la proportionnelle de liste adoptée en Algérie, il est unanimement admis par les spécialistes du droit électoral et même de la science politique que la proportionnelle de liste fermée - en retirant à l'électeur toute liberté de choix - renforce le pouvoir des partis sur la compétition politique, car ce sont eux qui imposent les listes et même l'ordre des candidats (phénomène des têtes de listes qui est souvent derrière le marchandage que connaissent certains partis), chose que le vote préférentiel permet d'éviter. Les spécialistes disent aussi à cet égard que la proportionnelle contribue par ses effets didactiques à la formation du système partisan qui n'a toujours pas vu le jour chez nous, car le spécialiste le plus averti serait incapable de ranger la situation partisane en Algérie dans un des modèles de système de partis connus dans la théorie.

    Il faut noter d'abord que le législateur a unifié les modes de scrutin pour les Assemblées élues au suffrage universel (8). Chose qu'on ne retrouve pas dans la pratique électorale à travers le monde où à chaque niveau d'élection est prévu un mode de scrutin différent, en raison justement de la différence des enjeux de chaque élection. Cette différence d'enjeu ne semble pas retenir l'intérêt du législateur, ce qui pourrait prêter à croire faussement qu'il s'agirait de la même chose, or la dimension nationale d'un côté et la nature du fonctionnement des institutions algériennes de l'autre remettraient vite en cause cette vision. De cette différence naturelle entre les élections locales et nationales, la réponse doit être puisée pour esquisser une réflexion de changement du mode de scrutin dans le système algérien. Les élections locales sont qualifiées d'élections administratives dont le rôle est moins de concrétiser la démocratie politique que d'impliquer le citoyen dans la gestion des affaires locales et le bon fonctionnement des services locaux. A contrario les élections nationales posent la question de la démocratie participative dans toute sa dimension, ce qui justifie donc pleinement le fait de nuancer la réponse au changement du mode de scrutin.

    Au niveau local, l'application de la proportionnelle de liste n'a pas épargné l'opinion publique de ses méfaits, car quand ce n'est pas un retrait de confiance d'un groupe au président de l'Assemblée, c'est carrément la paralysie de l'instance délibérante. Cela est dû tout naturellement à la mosaïque de la formation dont est responsable la proportionnelle de liste, à laquelle on prête l'encouragement et le maintien du multipartisme existant. Le scrutin majoritaire uninominal permettrait donc d'éviter ce genre d'impasse, et surtout de restituer à l'électeur son pouvoir de sanction aux prochaines élections, grâce au choix personnalisé que lui offre le scrutin majoritaire, et que la proportionnel offre très généreusement aux états-majors des partis qui imposent aux électeurs des candidats en mal de clientèle politique au moyen justement de cette astuce dite tête de liste.

    La stabilité des Assemblées locales ne pourrait être obtenue avec la proportionnelle de liste. De plus, la responsabilisation politique des élus au terme de chaque mandat serait aisée, car ça ne sera plus le parti mais c'est l'élu lui-même qui répondra de ses actes devant ses électeurs. Au niveau national les choses ne se présentent pas de la même façon, en raison d'abord du caractère national du mandat parlementaire, et en raison du fonctionnement institutionnel. Le caractère national du mandat, bien qu'il ne rompt pas le lien de l'élu avec son électeur au niveau local, donne au mandat électif une portée nationale tel qu'il est affirmé par la Constitution de 1996 (9), ce qui hypotrophie partiellement le lien entre électeur et élu au profit d'autres considérations. La nécessité de garantir une large représentation des sensibilités politiques dans la société (10) ne peut être assurée qu'à travers la proportionnelle de liste qui en même temps participe à un apprentissage du jeu politique par les acteurs de l'élection.

    Enfin, la plus grande vertu reconnue au scrutin majoritaire uninominal, qui est la stabilité gouvernementale, ne pourrait être avancée comme argument pour plaider l'instauration de ce mode de scrutin à ce niveau. La raison est que le mode de fonctionnement institutionnel donne un sens tout à fait différent à la question lancinante: est-ce le système électoral qui fait le système politique ou c'est le contraire ? Dans le type de l'architecture institutionnelle actuelle, le système électoral est loin de façonner le système politique, en raison du présidentialisme prononcé et renforcé par le suffrage universel au niveau de la clé de voûte du système politique.

    Il est donc aisée de conclure à la nécessité de la refonte du mode de scrutin au niveau local, au moment où le maintien du même mode de scrutin au niveau des législatives est souhaitable, tant que le système électoral n'a pas d'effets ou plutôt neutralisé par rapport au fonctionnement du régime, en tout cas on est encore loin de la situation où c'est le jeu de la majorité parlementaire qui décide le sort des choses. En attendant, contentons-nous et profitons des acquis actuels du pluralisme politique, car la démocratie politique ne s'importe pas, parce que à chaque société ses spécificités, et ce qui marche ailleurs comme une parfaite mécanique d'un moteur à quatre temps risque de gripper chez nous, non pas parce que nous en sommes incapables, mais tout simplement parce que les conditions objectives ne s'y prêtent pas encore. Ne dit-on pas que les grandes choses viennent par petites doses ?

    Notes:
    1- Voir l'ordonnance 07-97 du 06 mars 1997, portant loi organique relative au régime électoral JORADP n°12 du 06 mars 1997.

    2- La loi 80-08 du 25 octobre 1980 portant code électoral JORADP n°44 du 28.10.1988.

    3- Voir l'article 84 de la loi 89-13 du 07 août 1989 portant loi électorale.

    4- La loi 90-06 du 27 mars 1990 JORADP n°13 du 28.03.1990.

    5- La loi 91-06 du 02 avril 1991 JORADP n°14 du 10.04.1991.

    6- Le système de la proportionnelle approché signifie la répartition des sièges au niveau des circonscriptions électorales qui forment le territoire d'un Etat, par opposition au système de la proportionnelle intégrale où tout le territoire constitue une seule circonscription.

    7- Ce système est né en Belgique en 1899, après avoir été revendiqué par Victor Considérant en 1842. Sa naissance réelle est l'oeuvre d'un professeur de droit civil féru des mathématiques Victor D'Hondt, à qui le ministre des Finances a demandé de proposer une loi électorale sur une base proportionnelle. S'ensuivit après une expansion spectaculaire de ce mode dans le monde, elle fut adoptée en Angleterre en 1910, Cuba 1901, Suède 1907, Bulgarie 1908, Portugal 1911. Elle a connu son véritable essor après la 2e Guerre mondiale.

    8- Le mode de scrutin appliqué pour le Conseil de la nation est le scrutin plurinominal majoritaire à un tour.

    Art 122 de la loi 97-07.

    9- L'article 105 de la Constitution du 28 novembre 1996.

    10- Il suffit de savoir que grâce à la proportionnelle de liste, dix formations politiques siègent au Parlement élu le 30 mai 2002 et onze dans celui élu le 05 juin 1997.

    Par Abdelmoumen Abdelouaheb: Juriste - Chercheur, Le quotidien d'Oran

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    • #3
      Le mode du scrutin dites-vous!
      Les algériens qui, à l'image des autres pays arabes, participent volontiers à l'élection du Chef, du Zaïim ou du Prince (s'il y avait vote). Donc le faible taux de participation du 17 mai était prévisible, car pour le peuple "arabo-musulman" il n'y a que le Zaïm qui dirige, qui fait et défait. Faire comme les occidentaux c'est bien, mais est-ce faisable!
      Si l'Algérie veut copier les occidentaux (et pourquoi pas), il fallait y penser avant, juste après l'indépendance où le cerveau des algériens n'était pas encore imbibé d'eau bénite.

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      • #4
        Tariqir : "Si l'Algérie veut copier les occidentaux (et pourquoi pas), il fallait y penser avant, juste après l'indépendance où le cerveau des algériens n'était pas encore imbibé d'eau bénite."

        Réponse :

        C'est aussi ce qui me semble, et ça n'est pas du tout méprisant de le dire. Tant que les pays musulmans n'auront pas fait leur révolution culturelle, inutile de parler de mode de scrutin.
        Tant que les musulmans n'auront pas fait la distinction entre le royaume de Dieu et celui de César, ils feront du surplace.

        La vraie transition démocratique, c'est le Maroc qui la fait.

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        • #5
          Tant que les musulmans n'auront pas fait la distinction entre le royaume de Dieu et celui de César, ils feront du surplace.

          La vraie transition démocratique, c'est le Maroc qui la fait.
          Peut etre parce que Cesar, au Maroc, est immuable.

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          • #6
            Jawzia. Le premier pays a avoir commencé la transition démocratique est la Turquie, avec un pouvoir fort et s'identifiant à l'intérêt national. Attaturk a accouché la Turquie aux forceps, et c'est loin d'être gagné. Attaturk survit à travers l'armée. Au Maroc, il y a un roi, que je qualifierai de remarquable. En Algérie, la bonne volonté de Boutef est méritoire, mais sufit-elle ?

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            • #7
              Joan,
              Que le Roi du MAroc soit remarquable est une chose, affirmer que :
              Tant que les musulmans n'auront pas fait la distinction entre le royaume de Dieu et celui de César, ils feront du surplace.

              La vraie transition démocratique, c'est le Maroc qui la fait
              en est une autre.

              J'ai du mal à trouver la corrélation, d'autant que le Cesar Marocain est non seulement immuable et qu'en plus de diriger son royaume, il s'autoproclame "représentant exclusif" des croyants. Il est donc l'incarnation de la juxtaposition du royaume de Dieu et de celui de Cesar.

              qu'il soit remarquable et sympa .... est une autre histoire.

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              • #8
                pour la constitution marocaine le Roi est inviolable et sacré

                Difficile de faire plus fort pour un "gouverneur".

                Mais jaonmilan, doit plus fréquenter des hotels pas cher au maroc que les arcanes "démocratiques" marocaines.

                Commentaire


                • #9
                  et les gars vous savez tres bien que les législatives au maroc est un rendez vous democratique avec 60% de participation et une vraie transparence.maintenant si vous voulez attaquer le roi je dis que vous etes hors sujet.depuis l'ouverturre démocratique en 1996 aucun parti n'a vraiment gagné les elections ,les voix sont eparpillés entre plusieurs partis ayant des visions differentes des choses c'est pour cela que le roi conserve un grand pouvoir(il profite de la division du parlement pour trancher).mais ce n'est pas de sa faute.le jour ou un parti marocain aura plus de 50% des siege au parlement et bien il gouvernera le maroc.par pitié ne parlez pas de ce qe vous ne savez pas.c'est pas parce que les elections en algerie ont foiré qu'il faut denigré le maroc.essayez plutot d'avancez et de tourner la page.

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                  • #10
                    Je reviens au thème

                    J'aimerais dire au juriste Abdelmoumen Abdelouaheb, que ça aurait été gentil d'alléger son style quand on ne s'adresse pas à des spécialistes

                    Comme c'était interessant, je me suis accroché et j'ai un peu "traduit", le forum n'autorisant que 11000 caractères, j'ai tronqué les citations.

                    Il n'est pas inutile de rappeler que les modes de scrutin, s'ils ne font pas une élection à eux seuls, ils y contribuent d'une façon significative, voire déterminante, car c'est à travers eux que la composition des Assemblées à quelque niveau que ce soit est dessinée. Rappel utile en effet, le mode de scrutin a une importance déterminante.

                    On règle son sort à la dictature, une élection présuppose bien entendu le pluralisme : "Tous les auteurs et les spécialistes sont unanimes autour du fait que l'élection dans un système pratiquant le monocratisme partisan est dépourvue de sens et de substance, à partir du moment où elle n'a d'autres objectifs que de légitimer le pouvoir en place à travers des Assemblées élues ou désignées."

                    Théoriquement, il est recommandé de ne procéder à l'évaluation d'un mode de scrutin qu'après plusieurs élections, ce qui permettrait de se prononcer [...] sur la fiabilité de ce mode de scrutin. […] vers un désir de révision ou du moins une insatisfaction, ou carrément décrier ce monde de scrutin, à qui on a attribué toutes les tares de la pratique de la démocratie représentative dans notre pays.. Certains veulent réformer le mode de scrutin mais il faut remarquer que nous n'avons pas beaucoup de recul pour évaluer ce qui conviendrait à l'Algérie.

                    Même conçues pour servir de moyen de mobilisation populaire et d'intégration sociale autour du projet socialiste, les Assemblées algériennes (APN, APC et APW) étaient le produit d'une élection dont le contenu ne nous intéresse pas, mais plutôt les modalités qui y étaient appliquées, afin de voir si le système algérien appartient plus à la famille dite de majoritaristes (pays où c'est le système majoritaire qui a dominé la pratique électorale), ou à la famille des proportionnalistes [...] . Entre les deux familles de systèmes électoraux : proportionnelle ou majoritaire, qu'est ce qui prévaut en Algérie ?

                    C'est la loi 80-08 (2) du 25.10.1980 dans son article 66 qui introduit la liste (qui est une liste unique en fait en raison du système partisan), mais en la combinant au système majoritaire quant à l'attribution des voix au sein de la même liste. […] Ça n'est qu'avec le pluralisme que les choses ont eu tendance à se démarquer.. Malgré que le scrutin de liste ait été introduit en 1980 ainsi que le système majoritaire, on ne peut rien en déduire sur la famille du système électoral algérien. C'est le pluralisme récent qui va permettre de préciser les choses.

                    L'auteur ensuite passe en revue les divers modes de scrutin qui se sont succédés (il ne précise pas quelle élections) :

                    - scrutin mixte : proportionnel de liste avec une prime à la majorité à un tour
                    - scrutin majoritaire uninominal à un tour pour les circonscriptions à un seul siège
                    - généralisation du scrutin majoritaire uninominal à deux tours. Et là : boum ! Et dans une magnifique prose de prudent juriste : La suite des événements n'a vraisemblablement pas conforté cette vision, car les effets théoriques - surtout celui de l'amplification de la victoire des voix en sièges - ont plutôt joué à contresens, en permettant l'émergence d'une mouvance politique dont les retombées se sont fait ressentir pour une assez longue période. Le pouvoir politique d'alors, en voulant s'ingénier à tirer les dividendes politiques d'une ingénierie électorale, avait subi un revers qui a conduit à une révision des choses et surtout à une reconsidération des instruments électoraux. Traduction : malgré ses savants calculs, contrairement aux prévision, avec scrutin majoritaire uninominal à deux tours, le parti unique s'est vu dépassé par le vote islamiste …

                    … Parce qu'il n'avait pas mesuré l'opinion réelle des électeurs (ces étranges créatures des abysses ) : Ceci a permis par ailleurs aux décideurs tout comme aux acteurs politiques de connaître l'état de l'opinion et des rapports de forces que pratiquement tout le monde ignorait, surtout à cette période cruciale de mutation sociale et politique.

                    Tirant les enseignements de cette mésaventure, les pouvoirs publics étaient donc avertis, et même sous la pression des acteurs politiques, la modification des règles n'a pas poussé vers un changement irréfléchi, mais plutôt à l'introduction d'un mode de scrutin proportionnel de liste qui présente à son tour des spécificités dans l'application. "Mesaventure", est quand même un sacré euphémisme. Donc scrutin de liste mais avec une dose de proportionnelle "approchée" (approchée car le prorata est fait au niveau régional pas national).

                    il est unanimement admis par les spécialistes [...] que la proportionnelle de liste fermée - en retirant à l'électeur toute liberté de choix - renforce le pouvoir des partis sur la compétition politique, car ce sont eux qui imposent les listes et même l'ordre des candidats (phénomène des têtes de listes qui est souvent derrière le marchandage que connaissent certains partis), chose que le vote préférentiel permet d'éviter. La liste fixe même proportionnelle (suivez bien) favorise le pouvoir des partis au détriment des individus, par contre la proportionnalité favorise l'émergence d'une opinion politique affirmée au sein d'un "système partisan" : Les spécialistes disent aussi à cet égard que la proportionnelle contribue par ses effets didactiques à la formation du système partisan qui n'a toujours pas vu le jour chez nous, car le spécialiste le plus averti serait incapable de ranger la situation partisane en Algérie dans un des modèles de système de partis connus dans la théorie. . Autrement dit l'Algérie actuelle n'a pas, selon l'auteur, de typologie politique claire.

                    Cela dit, un seul mode de scrutin ne peut convenir, il doit être lié à l'enjeu, or selon l'auteur, le législateur a hâtivement généralisé un même mode de scrutin : Il faut noter d'abord que le législateur a unifié les modes de scrutin pour les Assemblées élues au suffrage universel. Chose qu'on ne retrouve pas dans la pratique électorale à travers le monde où à chaque niveau d'élection est prévu un mode de scrutin différent, en raison justement de la différence des enjeux de chaque élection. Cette différence d'enjeu ne semble pas retenir l'intérêt du législateur, ce qui pourrait prêter à croire faussement qu'il s'agirait de la même chose, or la dimension nationale d'un côté et la nature du fonctionnement des institutions algériennes de l'autre remettraient vite en cause cette vision.

                    Dans les élections locales, les élections sont "administratives", la proportionnelle de liste ne marche pas car elle paralyse "l'instance délibérante" en créant des mosaïques, le pluralisme a ici un effet négatif : Au niveau local, l'application de la proportionnelle de liste n'a pas épargné l'opinion publique de ses méfaits, car quand ce n'est pas un retrait de confiance d'un groupe au président de l'Assemblée, c'est carrément la paralysie de l'instance délibérante. Cela est dû tout naturellement à la mosaïque de la formation dont est responsable la proportionnelle de liste, à laquelle on prête l'encouragement et le maintien du multipartisme existant.

                    Le "scrutin majoritaire uninominal" redonne un vrai pouvoir local à l'électeur et ôte aux partis la possibilité de glisser leurs poulains dans une liste. : Le scrutin majoritaire uninominal permettrait donc d'éviter ce genre d'impasse, et surtout de restituer à l'électeur son pouvoir de sanction aux prochaines élections, grâce au choix personnalisé que lui offre le scrutin majoritaire, et que la proportionnel offre très généreusement aux états-majors des partis qui imposent aux électeurs des candidats en mal de clientèle politique au moyen justement de cette astuce dite tête de liste.

                    Au niveau national, l'auteur est par contre favorable au scrutin de liste proportionnel, car d'une part il a une bonne représentativité et d'autre part il favorise l'apprentissage du jeu politique par tous. Au niveau national les choses ne se présentent pas de la même façon, en raison d'abord du caractère national du mandat parlementaire, et en raison du fonctionnement institutionnel. Le caractère national du mandat, bien qu'il ne rompt pas le lien de l'élu avec son électeur au niveau local, donne au mandat électif une portée nationale tel qu'il est affirmé par la Constitution de 1996, ce qui hypotrophie partiellement le lien entre électeur et élu au profit d'autres considérations. La nécessité de garantir une large représentation des sensibilités politiques dans la société ne peut être assurée qu'à travers la proportionnelle de liste qui en même temps participe à un apprentissage du jeu politique par les acteurs de l'élection.

                    Au niveau national, il ne veut pas de système majoritaire uninominal, qui est incapable de véritablement relayer le souhait des électeurs, et favorise le présidentialisme. Enfin, la plus grande vertu reconnue au scrutin majoritaire uninominal, qui est la stabilité gouvernementale, ne pourrait être avancée comme argument pour plaider l'instauration de ce mode de scrutin à ce niveau. La raison est que le mode de fonctionnement institutionnel donne un sens tout à fait différent à la question lancinante: est-ce le système électoral qui fait le système politique ou c'est le contraire ? Dans le type de l'architecture institutionnelle actuelle, le système électoral est loin de façonner le système politique, en raison du présidentialisme prononcé et renforcé par le suffrage universel au niveau de la clé de voûte du système politique.

                    Il est donc aisée de conclure à la nécessité de la refonte du mode de scrutin au niveau local, au moment où le maintien du même mode de scrutin au niveau des législatives est souhaitable

                    L'Algérie doit trouver son propre système électoral, au sein du pluralisme. Systèmes qui ne sont pas transposables automatiquement par imitation : En attendant, contentons-nous et profitons des acquis actuels du pluralisme politique, car la démocratie politique ne s'importe pas, parce que à chaque société ses spécificités, et ce qui marche ailleurs comme une parfaite mécanique d'un moteur à quatre temps risque de gripper chez nous, non pas parce que nous en sommes incapables, mais tout simplement parce que les conditions objectives ne s'y prêtent pas encore. Ne dit-on pas que les grandes choses viennent par petites doses ?
                    Dernière modification par Alain, 19 mai 2007, 13h08.

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                    • #11
                      Ah mon avis, la réponse est simple : pas de démocratie politique dans une société de rareté, ou il n'y a pas de démocratie économique : pleine liberté d'entreprendre.

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                      • #12
                        Ah mon avis, la réponse est simple : pas de démocratie politique dans une société de rareté, ou il n'y a pas de démocratie économique : pleine liberté d'entreprendre.
                        Que racontes-tu joan mon ami ?
                        Une société de rareté ? Rareté de quoi ?
                        pas de démocratie politique
                        est ce une sentence ou un constat ?
                        Pour la pleine liberté d'entreprendre, je te renvoie au dernier rapport de KPMG. Il explicite toute la reglementation du travail, fiscale, sur l'investissement, le commerce ...
                        C'est vrai que c'est un long rapport, mais j'aimerai savoir en quoi il est fait entrave à la liberté d'entreprendre ?
                        Voici le lien :http://www.algeria.kpmg.com/fr/Documents/Guide07.pdf (Bonne lecture).

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                        • #13
                          salut tlm

                          salut morjane
                          tu m'excusera je n'ai pas lu ton article , mais je me permet juste une remarque , lorsqu'on expliquera a mes compatriotes la signification exact de ce petit bulletin qu'il tient entre ses doigts , la signification exact de cette boite ou il va mettre son bulletin
                          et qu'il me certifie qu'il a compris alors on pensera a discuter ensemble des modalites du scrutin

                          permettez moi de vous racontez cette histoire cela vous permettra de comprendre ce que j'essaye de dire , a l'epoque du president boumedienne il y avait beacoup d'emission de propagande , concernant la revolution agraire , les villages agricoles et la soit disons satisfaction du fellah , des reporteurs etaient parti au fin fond du sahara dans l'arriere pays et ils interveiw en direct , ses reporters ne savaient pas ce que ce fellah allait dire c'etait un reportage en direct ,

                          les instructions etaient de prendre les reactions a vif du bedouin , ce qui est sincère emouve le telespectateur ,le slogan de l'epoque

                          alors le journaliste lui dit ouech el hadj tu est satisfait de ton gouvernement voila la reponse integralement passé sur l'ecran de television algerienne , le vieux nomade qu'il venait de faire sortir de sa tante lui dit " el hamdoullah ya oueldi kima ebgha degaul rana kamline" traduction "nous rendons grace a dieu mon fils, comme il voudra Degaull nous accepterons son choix"

                          le vieux ne savait meme pas qu'on avait eu notre independance et on etait dans les années 1976 ou 1975 , si quelqu'un a des amis a l'ENTV d'un certains age, ils pourrons lui confirmé ses propos

                          on nous parle de scrutin , parlons d'abord de notre independance , je ne vois rien , je n'ai rien vu , et je n'ai pas espoir de me voir libre et independant ,

                          mais juste une marionnette qui execute des acrobaties que le regime m'ordonne de faire quand il a choisie que je les fasse , et apres les avoir faits comme un debile j'attend , ce dictateur vient me voir et me demande qu'est-ce que j'attend , et m'ordonne de circuler il n'y a rien a voir et rien a esperer

                          mais m'informe qu'a la prochaine representation theatrale (d'autre elections) il fera appel a moi pour faire le figurant pour son spectateur de la communauté internatioanle , car ce gouvernement a plus de respect pour son public que pour ses figurants (peuple)

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                          • #14
                            Jawzia "Que racontes-tu joan mon ami ?
                            Une société de rareté ? Rareté de quoi ?"

                            Réponse :

                            Si je comprends bien les pateras risquent leur vie pour se faire un peu peur tant ils s'ennuient dans le luxe. L'eau intermittente au robinet, la faiblesse du pouvoir d'achat seraient des mensonges colportés par les pays capitalistes pour dénigrer les pays socialistes.

                            Jawzia : "Pour la pleine liberté d'entreprendre, je te renvoie au dernier rapport de KPMG. Il explicite toute la reglementation du travail, fiscale, sur l'investissement, le commerce ..."

                            Réponse :

                            Ce qu'oublie KPMG, c'est le droit informel de cracher au bassinet, de se faire racketter, l'instabilité, la complexité de la société algérienne. L'économie algérienne est une économie de cueillette qui repose essentiellement sur la manne pétrolière et sur sa redistribution. Il n'y a pas une classe entrepreneuriale, et un esprit d'ouverture sur le monde.

                            L'enjeu des élections, ce n'est pas de travailler plus, mais de partager plus sans ne rien changer. Donc pas de choix de société.

                            Entre la classe politique et les masses populaires il ya un vaste espace intermédiaire vide.

                            Ce sont les classes intermédaires qui jouent le rôle d'aiguillon économique et de transformation sociale et culturelle dans les démocraties occidentales. Ce sont elles qui veulent marier les PD, et dévoiler les femmes
                            Exemple de catégories intermédiaires Rachida, Sarko etc. et moi et moi et moi...et six cents millions de chinois qui veulent le devenir.

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                            • #15
                              j'adhere completement a ton point de vue joandemilan.

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