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Le bilan et enseignement des Législatives en Algérie

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  • Le bilan et enseignement des Législatives en Algérie

    Il faut reconnaitre une relative transparence dans les élections législatives en Algérie par rapport aux années passées, ce qui rend cette présente analyse proche de la réalité.

    Pourtant, la participation citoyenne très faible implique un sursaut national urgent pour briser le statu quo et l'immobilisme. C'est l'objet de cette mo-deste contribution. En effet, le taux de participation, selon l'officiel, est approximativement de 35%, soit un taux d'abstention de près de 65%, avec les plus grandes villes d'Algérie comme Tizi-Ouzou 16%, Béjaïa 17%, Alger 18%, Boumerdès 24%, Blida 26%, Jijel 27%, Oran 31%.

    Les bulletins nuls représentent plus de 960.000, soit 5% des inscrits et près de 13% des votants, donnant ainsi une participation partisane de 22%, le 1/5ème des inscrits. Pour les membres de la coalition gouvernementale, par rapport au nombre d'inscrits, le FLN représente 7,5%, le RND 3,1% et le MSP 2,1%, soit un total de 12,7%. Par rapport au nombre de votants, exclus les bulletins blancs, le FLN a 23%, le RND 10% et le MSP 9%, soit au total 41%, cela par rapport au nombre de voix partisanes et non de sièges, où ils sont majoritaires (64%). Par rapport à 2002, le FLN passe pour le nombre de sièges de 51% à 35%, le RND de 12% à 16% et le MSP de près de 10% à 13%, et par rapport au nombre de voix exprimées, les partis de la coalition perdent plus de 34% de voix. Deux partis de l'opposition émergent en 2007, le Parti des travailleurs (PT), qui a, par rapport au nombre d'inscrits, 1,5%, et le RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie) 1%, et par rapport au total des voix partisanes exprimées, 5,5% et 3,1%, taux inférieurs pour les deux partis par rapport aux indépendants qui ont 3 et 9%.

    Ainsi, sur les 22 partis qui ont eu des sièges, la majorité entre 4 et 1, si l'on soustrait les Indépendants avec une petite percée du FNA (3,3% des sièges avec 13 députés), 6 partis seulement arrivent à s'imposer par rapport au nombre de votants.

    Il faut d'abord revoir en urgence la carte électorale. Ensuite, il faut méditer ce faible taux de participation qui, cumulé avec le vote protestataire (PT notamment) et le nombre de bulletins nuls, est inquiétant pour le devenir de la Nation.

    Cela est d'autant plus inquiétant que le taux de participation des 35% a concerné essentiellement les proches des candidats et les tranches d'âge supérieures à 45 ans, pour des raisons de sécurité, la jeunesse ayant majoritairement boudé les urnes alors qu'elle constitue l'espoir de demain.

    En fait, il faut se poser la question: le fait d'avoir mis en tête de liste des ministres tous partis confondus et des dirigeants des partis politiques avec parfois des parrainages maladroits, n'a-t-il pas agi comme repoussoir ? L'autre leçon, cela se constate à travers le poids des Indépendants et certaines têtes de listes des formations, tant des partis dominants que de la périphérie, c'est la baisse progressive du poids des tribus, de certaines confréries, de certaines organisations syndicales (ces dernières mobilisant uniquement pour des revendications sociales et non pour des actions politiques), du fait de la mutation rapide de la société algérienne et des discours en déphasage par rapport aux nouvelles réalités mondiale et locales.

    D'où l'urgence d'un renouveau politique et d'une véritable efficacité gouvernementale afin de corriger ce divorce Etat-citoyens afin d'enclencher un mouvement consensuel autour de la réforme globale.

    La comparaison avec certains pays développés, comme nous le verrons par la suite, doit être nuancée (devant nous comparer au comparable). Car, pour les pays qui ont réussi leur développement, nous avons deux cas. Le premier est l'harmonie de la démocratie politique et économique grâce à l'alternance politique et au renouveau du personnel politique. Le fort taux de participation récent en France doit être médité. Le souci essentiel de la nouvelle équipe dirigeante de ce pays (5ème puissance économique mondiale) est de s'attaquer à l'immobilisme qui la menace. Et cela n'est pas propre à ce pays puisque toute Nation qui n'avance pas recule en cette ère de bouleversements rapides. Qu'en est-il pour notre pays avec le risque de statu quo ?

    Le deuxième cas concerne surtout les pays émergents (les cas de la Chine et de l'Inde avec des modèles différents, qui sont des continents, devant nous comparer au comparable) anciennement sous-développés: c'est une politique volontariste de l'Etat à travers des dictatures éclairées, mais qui ont fondé leur pouvoir sur des réseaux qui sont les couches moyennes et une bourgeoisie naissante, même si elle est issue de la technostructure des différents segments de l'Etat: cas de la Corée du Sud, de certains pays latino-américains, (ces couches moyennes ayant poussé pour ces pays récemment à la démocratie tenant compte de leur anthropologie culturelle ). Et plus près de nous, la Tunisie et le Maroc qui, avec de faibles moyens financiers, avancent plus sûrement dans les réformes de seconde génération, alors que les potentialités de notre pays sont énormes pour en faire un pays pivot au niveau de la région. Et le développement tant dans les pays développés que dans ces pays émergents sont la conséquence de ces réseaux créateurs de valeur ajoutée qui irriguent et mobilisent toute la société.

    Or en Algérie, on est loin des deux cas précédents puisque la couche moyenne a été laminée et nous avons paradoxalement une couche moyenne rentière qui monnaye son soutien politique mais est destructrice de richesses à moyen et long terme. Quant à la bourgeoisie entrepreneuriale, elle est presque inexistante, certains «privés» se cantonnant dans la sphère spéculative pour le commerce, d'autres utilisant l'argent des banques publiques sans risquer leurs fonds propres, ayant pour souci le drainage d'une fraction de la rente pétrolière et gazière. Le résultat final, avec le poids excessif de la bureaucratie qui paralyse les énergies créatrices, la mauvaise gestion où certains responsables sont mus par la dépense monétaire et des ouvrages mal faits, la concentration excessive du revenu national via la rente, source d'injustice sociale avec ces signes extérieurs de richesses narguant la majorité de la population, où cohabitent des taudis et des villas de plusieurs milliards de centimes, face à un système fiscal désuet et injuste, nous avons une accumulation bloquée et des révoltes permanentes.

    Cette situation sous les pressions populistes donne une politique sociale donnant le primat à une paix sociale fictive grâce à la rente, comme en témoignent les 10% du PIB en 2006 consacrés aux transferts sociaux, mais souvent mal ciblés.

    Et si demain il n'y avait plus de pétrole et de gaz ? Pour preuve, il a suffi de quelques incidents au niveau du secteur des hydrocarbures pour que le taux de croissance passe de 5% en 2005 à moins de 3% en 2006. Alors que, selon l'avis unanime des experts internationaux, il faudrait 7-8% de taux de croissance hors hydrocarbures tenant compte de la révolution écologique sur 10 années (la vocation de Sonatrach étant d'être une banque primaire, la pétrochimie étant embryonnaire) pour juguler la demande annuelle d'emplois utiles (et non l'assistanat) d'environ 450.000/500.000 personnes et réduire sensiblement le taux de chômage et la pauvreté.

    En effet, sur le plan politique, le fondement de la démarche doit être d'asseoir la démocratie et l'Etat de droit tenant compte de notre anthropologie culturelle, une réforme profonde de la justice et de l'Etat impliquant la liberté au sens large, dont la liberté de la presse et l'ouverture du champ audiovisuel, la moralité des institutions par le respect du contrat et le renouveau politique par la participation, le dialogue social permanent des citoyens pour la gestion de la cité.

    Sur le plan social, il s'agit accorder une importance capitale à la lutte contre la corruption, qui devient socialisée, à la cohésion et à une profonde justice sociale, à l'égalité des chances par la récompense du travail et du mérite pour tous, loin de la distribution passive de la rente pétrolière et gazière, propriété de tous les Algériens, de toute forme d'égalitarisme, source d'injustice sociale, l'Etat régulateur ayant un rôle stratégique à jouer durant cette transition difficile d'une économie dirigée vers une économie de marché concurrentielle, loin de toute forme de monopole qui ne peut qu'entraîner la médiocrité à tous les niveaux.

    Enfin, sur le plan économique, l'action concrète doit porter sur l'efficacité économique par la libération de toutes les énergies créatrices, tenant compte de l'adaptation nécessaire aux mutations mondiales et du nouveau défi écologique, dont la richesse permanente (production et exportation hors hydrocarbures, actuellement moins de 3% des exportations totales) et donc la lutte efficace contre le chômage et la pauvreté, repose avant tout sur l'entreprise libérée des contraintes bureaucratiques au sein d'un univers qui sera de plus en plus ouvert (espaces euro-maghrébin, arabo-africain et euro-méditerranéen, espace naturel de l'Algérie), avec la prise en compte du nouveau mode d'accumulation au XXIème siècle reposant sur le savoir, d'où l'importance stratégique de l'éducation rénovée (la gestion des ressources humaines) qui doit être la priorité des priorités par la revalorisation urgente des compétences.

    Les infrastructures ne sont qu'un moyen, et seules l'émergence d'entreprises compétitives dans un univers dominé par la concurrence internationale (mondialisation), la concertation sociale permanente (d'où l'importance d'un véritable contrat social) et le primat du savoir peuvent permettre à l'Algérie de s'insérer harmonieusement dans le concert des Nations.


    Par le Quotidien d'Oran
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