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Bendida Othmane, le "Gaucher" de charme

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  • Bendida Othmane, le "Gaucher" de charme

    Pour bon nombre d'Oranais, plusieurs générations confondues, le vaste terrain «Eddara» a vu défiler de grands talents. Pour Bendida Othmane, scolarisé à l'école Paul Langevin, mitoyenne de cette vaste plaine, la tentation était très forte dès sa plus tendre enfance.

    Mais un vrai ballon étant hors de prix et réservé aux grandes personnes, Othmane et ses petits camarades ont souvent fabriqué eux-mêmes les objets difformes qui n'avaient qu'une vague ressemblance avec un ballon. Avec du papier et de la ficelle, on se débrouille pour lui donner la forme la plus arrondie possible afin d'engager des parties qui duraient jusqu'à la tombée de la nuit. «Dans les périodes les plus fastes, on se cotisait et on achetait une pelote de tennis», dira Bendida en guise de préambule à sa carrière de footballeur. En tous cas, c'est sans doute ces difficultés qui ont «forgé» la technique de gaucher... adroit. Une telle petite perle ne pouvait être confinée dans l'anonymat.

    Et c'est tout naturellement que c'est son aîné Larbi Ould Ali, collègue et ami de Viciano à la mairie, qui l'orienta vers l'ASE (Eckmühl) où, après avoir accédé en cadet deuxième année, il bénéficia d'un double surclassement afin d'opérer en équipe senior. Les débuts furent fracassants, le jeune Othmane, nullement dépaysé, inscrira quatre buts sur les six obtenus par son club face au CO Sénia. La suite s'enchaîna merveilleusement jusqu'à la directive émanant du FLN qui a organisé son propre championnat pour les jeunes Algériens.

    Ce furent d'homériques rencontres au niveau élevé contre les formations telles celles du KSO des Fréha, Hamida, Benyamina, Haouzi et Kada entres autres, El-Kahla, El-Beïda d'El-Hamri et de Zamalek d'Eckmühl. A l'indépendance, Bendida signera tout naturellement à l'ASMO, son père étant un ancien dirigeant. C'est un peu la chance du club de Medina Djadida, car en 1961, par l'entremise de Mahi (Rennes), il avait été sollicité par le club d'Orange (France) où toutes les garanties étaient réunies. Le destin a décidé qu'il effectuera toute sa carrière chez les «Vert et Blanc» jusqu'à la retraite sportive, en 1975. «Une seule saison j'ai évolué à la CAS Oran, club de mon organisme employeur», précisera-t-il.

    Il aurait sans doute aimé engager une carrière d'entraîneur, mais son travail de responsable au sein de la Caisse l'a empêché de s'aventurer dans cette fonction qui est, personne ne l'ignore, des plus aléatoire. Tout le monde sait, en revanche, que dans le domaine des entraîneurs, il y a beaucoup d'appelés pour peu d'élus. En tous cas, la situation où se trouve son club de toujours, l'ASMO, le chagrine au plus haut point. «Je souhaite que toutes les parties s'unissent et laissent de côté les faux problèmes qui nuisent tant au club. Que ces gens-là prennent conscience de ce qui se passe et cessent de s'entre-déchirer. Je félicite l'OMA et l'USMO pour leur accession. Je dis vive l'ASMO mais je me sens supporter de tous les clubs d'Oran sans exception. D'ailleurs, je vais souvent aux stades. Un footballeur reste un footballeur. Par ailleurs je tiens à remercier toutes les personnes qui ont contribué à la réussite de mon jubilé et plus particulièrment Bentabet, Bekadja, Hansal, Tasfaout Hamida et Bekhloufi», dira-t-il en conclusion.

    Un jour, à Rio-Salado...

    Contrairement à ce que les jeunes d'aujourd'hui pourraient croire, ce n'est pas le titre d'un western, mais plutôt d'un évènement authentique qui s'est déroulé au mois de mars 1962. La plus belle peur de la vie de Bendida Othmane, ce n'est pas une «cisaille» ou un tacle «à la tronçonneuse» d'un défenseur peu scrupuleux et décidé à casser cet virevoltant ailier qui lui fait tant de misères. Et personne n'ignore que les lois de jeu de l'époque ne protégeaient pas assez les attaquants. Bendida n'oubliera jamais cette matinée à Rio-Salado (El-Malah, Wilaya d'Aïn Témouchent) où il a vu la mort de près, lors d'un guet-apens tendu en plein centre du village par un commando de l'OAS, qui a fait d'ailleurs un blessé léger (Beddiar). C'était lors du retour d'Oujda (Maroc) où une sélection d'Oran, qui devait former l'USMO d'après l'indépendance, que la délégation des joueurs et des dirigeants a failli être victime de cette embuscade. Nous avons entendu quatre versions, toutes semblables, racontées par Serradj Lahouari (dirigeant de l'USMO), Boudjellal, Beddiar et Bendida. Ecoutons ce dernier : «Nous étions dans une «Estafette» conduite par Bouakeul Miloud, et la 403 Peugeot où Serradj Lahouari était au volant, qui nous précédait, a pu zigzaguer entre les tonneaux dressés à dessein sur la route principale. D'ailleurs, elle a essuyé un tir de mitraillette, mais a pu s'enfuir. Quant à nous, devant la tournure des événements, Bouakeul Miloud a été contraint d'emprunter la route menant à Hammam Bou-Hadjar. Un tireur du commando de l'OAS a eu cependant le temps de nous mettre en joue avec un gros revolver. Et, comme je me trouvais à l'arrière, vous pouvez imaginer ma frayeur. Finalement, nous sommes arrivés à Hammam Bou-Hadjar où nous avons été entièrement pris en charge par nos frères de la cellule FLN-Fida de cette localité. On nous a servi un délicieux dîner et nous avons passé la nuit avant de rentrer sous bonne escorte des Fidas, le lendemain matin, par Tafraoui et Es-Sénia. Je dois vous préciser que je n'ai rien pu avaler, tant cet événement m'a secoué. Si ce jour-là Bendida a connu la plus belle peur de sa vie comme il le dit lui-même, il a pu aussi mesurer l'indéfectible solidarité des Algériens à une époque charnière de notre patrie.

    Bendida et l'EN

    En dépit de sa douzaine de capes, entre l'équipe nationale et Bendida, ça n'a pas été le grand amour et ce, indépendamment de sa volonté. C'est que, d'une part, la concurrence était rude avec les Meziani, Guerrache, Bouchache et Lekkak. Sa première apparition date du 17 décembre 1964, contre le FC Toulouse où évoluaient Mahi et Soukhane Abderrahmane. Un confrère, témoin de la rencontre, attestera: «Bendida, c'était du grand art en dépit du score vierge car il a prouvé qu'il était un grand ailier qui savait aussi se rabattre vers le centre». Par la suite, 1965 fut sa meilleure année avec cinq sélections en dépit de la présence de Achour, qui avait pour lui l'avantage de faire partie de l'ossature du CR Belcourt où l'on retrouvait Lalmas, Khalem, Amar, Mattem, Hamiti, Nassou et Zitoun. Ibrir, Bentifour et Khabatou devaient tenir compte des automatismes acquis par le Chabab.

    Lucien Leduc le sollicita deux fois en 1966 contre le Maroc et l'URSS, la concurrence étant encore plus forte avec l'arrivée du Koubéen Amirouche, un authentique artiste. En 1968, il revêtira sa dernière cape contre l'URSS, à un âge (25 ans) où un athlète aussi valeureux avait beaucoup à donner.

    C'est en tous cas l'ASMO qui bénéficia de ses services, et en particulier l'inoubliable Reguieg qui s'est régalé des centres en retrait de Bendida. D'ailleurs, fidèle lieutenant de Pons, Othmane était classé deuxième buteur. Il garde toutefois de bons souvenirs de cette époque qui lui a permis de voir plusieurs pays. «Connaître des champions comme Fréha, Lalmas, Tahar, Achour, Feu Krimo, Feu Sikki, Bourrouba, Attoui, c'est quelque chose que je n'oublierai jamais. J'étais intimement lié avec Serridi qui m'apportait à chaque fois des gâteaux aux dattes de Guelma et de Essalhi, également de l'Escadron noir. En dépit de quelques petits regrets, Bendida garde de bons souvenirs de ses sélections.

    Gala d'Hervé Vilar

    A la veille d'un important match contre le MCS à Saïda, après la traditionnelle réunion au siège du club, Bendida est rentré tranquillement au domicile paternel. C'est du moins ce que l'entraîneur et les dirigeants croyaient. Or, Othmane, fan de Hervé Vilar qui se produisait au Palais des sports, était décidé à ne pas manquer ce gala. Mais, afin de tromper la vigilance des responsables asémistes, Bendida s'est, tout simplement, déguisé, en passant.

    La djellaba de son père sur ses vêtements habituels. L'astuce a fonctionné à 100%, le jeune Othmane rentrant au domicile à quatre heures du matin, le gala s'étant achevé très tard. A huit heures tapantes, le libero Feu Djillali Bouhadjar est venu le tirer de son lourd sommeil. Ce manque de repos, ajouté à la fatigue du trajet, ont rendu Othmane très irritable. Comme s'il s'était aperçu de cet état, le latéral droit saïdéen «y est allé gaiement», et tout l'arsenal de l'anti-jeu fut déployé.

    Excédé, Bendida répliqua comme... un boxeur. Résultat : expulsion et défaite de l'ASMO réduite à 10 durant toute la seconde mi-temps, et grosse colère de Pons. «Oui, Abdelkader m'a grondé, mais à Sig, il m'a réconforté en m'offrant un café crème. C'est une erreur de jeunesse que j'ai payé cher», se souvient-il.

    Les fugitifs de Relizane

    C'est la règle à laquelle chaque ancien joueur doit se plier: raconter une ou plusieurs anecdotes encore enfouies dans sa mémoire et inconnues du grand public. Bendida s'est exécuté de bonne grâce, d'autant que ces récits font partie intégrante de son riche passé de footballeur. Ecoutons-le : «J'étais avec l'équipe nationale à Alger et je devais rejoindre le groupe de l'ASMO qui devait affronter l'ESS, à Sétif. Le déplacement de l'ASMO s'est effectué un jour avant le déroulement de la partie par car. A l'arrêt de Relizane, et je ne sais pour quelle raison, deux titulaires, Bouziane et Malek, ont disparu sans crier gare. Le groupe était réduit à neuf, ce qui a obligé l'entraîneur à titulariser Naïr Kammouche et attendre mon arrivée à Sétif. Lorsque j'ai rejoint la délégation, le regretté Badsi et Habibo Benyebka ont poussé un ouf de soulagement. Je me souviens que nous avons gagné ce jour-là grâce à un but inscrit par Pons, en fin de première période. Mais, en seconde mi-temps, face au terrible pressing exercé par les Sétifiens, nous avons souffert le martyre pour conserver notre maigre avantage. A dix minutes de la fin, nous étions exténués. C'est alors que, sans se démonter, notre libero Bouhadjar Djillali.... supplia l'arbitre, Benguergoura, de... siffler la fin ! C'est que, même en cas de match nul, l'ASMO était condamnée à la descente. Nous avons serré les dents et sauvé le club d'une relégation certaine ! Ce sont des moments qu'on ne peut oublier, car ils sont ancrés dans notre subconscient. J'ignore si les deux fugitifs ont été sanctionnés, mais ce que je sais, c'est que nous avons eu très chaud !»

    Par le Quotidien d'Oran
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