Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La Chine s'offre son cheval de Troie aux États-Unis

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La Chine s'offre son cheval de Troie aux États-Unis

    La Chine a choisi de mettre les États-Unis de son côté pour engager la diversification de ses énormes réserves de change : l'agence chargée de faire fructifier les actifs en devises de la banque centrale chinoise s'apprête à prendre une participation de 9,9 % dans Blackstone Group, l'un des fonds américains d'investissement en capital les plus prospères.

    La transaction, évaluée à 3 milliards de dollars (2,2 milliards d'euros), est le premier exemple concret d'un changement de politique annoncé l'an dernier. Avec son ministre des Finances Jin Renqing, la Chine veut « maximiser le rendement » du plus gros matelas de devises de la planète. L'essentiel reste libellé en dollars et en bons du Trésor américain, très liquides mais peu rentables.

    La Chine et sa Banque du Peuple ne sont pas les premières à se lancer dans le placement d'actifs d'État à l'étranger et à long terme. D'autres pays excédentaires, comme Singapour, des monarchies pétrolières du Golfe et même la Norvège ont défriché le terrain, à travers une agence gouvernementale d'investissement. Mais l'énormité du pouvoir d'achat chinois inquiète et conduit Pékin à la prudence. Avec son bas de laine, la République populaire peut théoriquement s'offrir d'un coup les trois premières compagnies pétrolières mondiales, ainsi que Microsoft, Coca-Cola, Boeing et encore General Motors... C'est aux États-Unis que ce nouvel appétit financier est jugé le plus inquiétant. Les autorités chinoises ont donc décidé de se servir de Blackstone comme d'un cheval de Troie. La Banque du Peuple n'a pas oublié que l'assaut lancé en 2005 contre la compagnie américaine Unocal (avec une offre publique d'achat de 18,5 milliards de dollars) s'était retourné contre son auteur, la firme d'État chinoise CNOOC.

    «L'usine du monde»

    L'entrée dans le capital de Blackstone semble modeste et Pékin paraît museler ses ambitions. L'agence d'État chinoise, qui reste à créer, a décidé de plafonner en dessous de 10 % sa participation dans le fonds d'investissement. Cela lui évitera d'avoir à demander le feu vert des autorités américaines. Deux précautions valant mieux qu'une, elle a dans un premier temps renoncé à exercer son droit de vote.

    Mais cette entrée en douceur déguise mal la réalité financière. Les réserves de devises chinoises explosent. Elles garantissent 18 mois d'importation, en couvrant 10 fois les dettes à court terme du pays et en gageant 20 % de la masse monétaire. Dopée par l'excédent commercial, la Banque du Peuple engrange 15 milliards de dollars de devises supplémentaires chaque mois. Si diversification des placements il y a, ce sera nécessairement dans l'ordre de grandeur. La presse chinoise a annoncé, sans être démentie officiellement, un objectif de placement étranger de 200 milliards de dollars pour la future agence d'État.

    Déjà connue comme « l'usine du monde », la Chine va-t-elle devenir le « fonds de placement de la planète » ? Pékin fait preuve d'habileté en faisant miroiter une part du gâteau à Blackstone, mais aussi à ses concurrents Kohlberg Kravis Roberts, Apollo, Bain Capital, Texas Pacific ou Carlyle. Le vice-premier ministre Wu Yi, attendu cette semaine aux États-Unis, pourra faire valoir au secrétaire au Trésor Henry Paulson que la Chine est prête à faire travailler ses réserves au profit, aussi, des professionnels de la finance.

    Mais il en faudra sans doute plus pour calmer l'inquiétude des entreprises, des actionnaires et des syndicats, en Europe comme aux États-Unis. Déjà tentés par un repli protectionniste afin de ralentir l'offensive commerciale du made in China, ils craignent d'être en plus désignés comme la cible d'un nouveau capitalisme rouge.

    Par Le Figaro
Chargement...
X