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Chine: Le baiser du dragon

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  • Chine: Le baiser du dragon

    Faut-il regretter le temps où la Chine était endormie ? Quand elle est éveillée, elle fait preuve d'un appétit qui a de quoi inquiéter. La société étatique chinoise SIE, chargée de gérer une partie des immenses réserves de change du pays (1 200 milliards de dollars), vient d'annoncer qu'elle allait investir pas moins de 3 milliards de dollars dans le plus gros fonds d'investissement américain, Blackstone. Une façon inattendue de diversifier ses avoirs de change et surtout un tournant majeur dans l'équilibre géo-politico-financier de ce début de millénaire.

    Jusqu'à présent, l'image de la Chine était souvent cantonnée à celle d'atelier de fabrication du monde, attirant comme un aimant, grâce à son gisement quasi infini de main-d'oeuvre à très bon marché, la production de biens de consommation à faible valeur ajoutée. Une voracité commerciale régulièrement dénoncée en Occident - sauf par les consommateurs ! -, mais finalement tolérée dans la mesure où Pékin acceptait de financer en contrepartie, avec ses propres excédents, le gigantesque déficit américain. La banque centrale de Chine achetait les tombereaux d'emprunts émis par le Trésor des Etats-Unis pour combler ses trous. Vos T-shirts contre mes T-Bonds.

    C'est cet équilibre implicite de la terreur économique et monétaire que la décision de Pékin vient de briser. En entrant dans le capital de Blackstone - dont le métier consiste à prendre des participations dans des entreprises considérées comme sous-valorisées et mal gérées, telles Deutsche Telekom ou Cadbury Schweppes -, la Chine est en train de passer du statut de banquier des Etats-Unis à celui de propriétaire. Le travail s'est métamorphosé en capital.

    De quoi effrayer les Américains. Car, comme l'avait observé dans nos colonnes l'ancien patron de PSA Peugeot Citroën, Jacques Calvet, le montant des réserves de la banque centrale chinoise équivaut à la capitalisation boursière des trois premières sociétés américaines : Exxon, General Electric et Microsoft. A lui seul, le surplus de réserves attendu, en 2007 et 2008, pourrait permettre à la Chine de s'offrir les deux géants bancaires américains que sont Citigroup et Bank of America.

    Dans le sillage de son arrivée chez Blackstone, la Chine est-elle décidée à lancer une OPA sur Wall Street ? Et comment réagirait Washington dans le cas où Pékin déciderait de partir, par exemple, à l'assaut de Microsoft ? Pourrait-on éviter outre-Atlantique une hystérie nationaliste et protectionniste, catastrophique pour l'économie mondiale, sans compter le risque de crise monétaire gravissime, avec un effondrement du dollar ?

    La Chine fait aussi peur aujourd'hui aux Américains que le Japon il y a vingt ans, quand Sony s'offrait Columbia. Après l'étreinte du samouraï, c'est maintenant le baiser du dragon qu'il faut craindre.

    Par Le Monde
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