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Avec le clonage, joue-t-on aux apprentis sorciers?

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  • Avec le clonage, joue-t-on aux apprentis sorciers?

    Il y a vingt ans, le mot n'apparaissait même pas dans la plupart des ouvrages traitant de biologie. Mais il y a dix ans, le 23 février 1997, était annoncée la naissance de la brebis clonée Dolly le 5 juillet précédent. Depuis, le mot clonage et les techniques associées sont dans toutes les bouches, suscitent d'immenses espoirs et alimentent nombre de fantasmes.

    Avant Dolly, le bon génie génétique sorti de la boîte de Pandore biologique du XXe siècle régnait en maître dans les cours scientifiques. Avec Dolly, c'est le clonage qui est devenu le Saint Graal d'énormément de laboratoires et de chercheurs. Et 16 autres espèces de mammifères ont maintenant aussi donné naissance à des clones : le loup, le mouflon, le chat, le chien, le mouton, la mule, le buffle, la souris, la chèvre, le lapin, le cheval, le bison, la vache, le cochon, le rat et le furet.

    Pourtant, à la base, le clonage est un phénomène naturel. Les bactéries par exemple, ou certaines cellules végétales, se reproduisent par clonage en se « photocopiant » elles-mêmes. Le clonage est ensuite une technique mise en oeuvre par l'homme pour reproduire des cellules et, surtout des organismes. Dont le principe a d'ailleurs été exposé dès 1903 (bien trop en avance) par le Français Yves Delage.

    Et cela marche. Mais le problème est que l'on ne sait pas exactement pourquoi. Ou comment. C'est ce que souligne le chercheur Jose Cibelli dans un éditorial du magazine américain Science (18 mai 2007) : « Dolly était-elle un coup de chance ou l'une des plus grandes avancées scientifiques du XXe siècle ? »

    Pour mieux comprendre la pertinence de la question, il faut se pencher sur la technique employée. Le principe tout d'abord : il faut rendre à une cellule déjà développée, par exemple une cellule de peau de l'animal à cloner, la capacité de « redémarrer » à zéro et de se transformer en oeuf. On a longtemps cru que c'était impossible, c'était même l'un des dogmes de la biologie : une cellule « adulte » ne peut pas remonter le temps et redevenir « bébé ».

    Interrogations sans réponse

    Pour réussir cela, il faut disposer, outre de bons chercheurs et de bonnes installations, de trois éléments essentiels. D'un côté une cellule de l'animal à cloner, de l'autre un oeuf femelle non fécondé (de la même espèce) dont on a délicatement retiré le noyau. Puis il faut fusionner les deux avant de le placer dans un utérus porteur.

    C'est là qu'intervient le troisième élément essentiel. La chance. Car entre 5 et 10 % seulement des oeufs ainsi fabriqués et réimplantés donneront des clones en apparente bonne santé. Et le pire, c'est que personne ne sait pourquoi. Ou du moins, si on a une explication, c'est pour dire que la réponse se trouve dans les phénomènes de déprogrammation et de reprogrammation des cellules.

    Imaginez donc. Vous êtes une cellule, dans le cas de Dolly, une cellule de mamelle de brebis, qui fait bien son boulot. Parce qu'elle a été formée à ce travail et pas à un autre. Et là, tout à coup, on vous transplante dans une autre cellule et, en un rien de temps, vous devenez capable de tout. Comme si on avait reconfiguré complètement votre disque dur. Comme si un coup de baguette magique transformait la Belle au bois dormant en princesse Cendrillon, virevoltant sur la piste de danse.

    C'est ce coup de baguette magique que les scientifiques aimeraient expliquer. Mais nombre d'interrogations sont sans réponse. Par exemple, le fait que différentes cellules d'un même organe chez un même individu n'ont pas le même pouvoir « clonal ».

    Bien sûr, les chercheurs aimeraient disposer d'une « loupe » permettant de faire la différence. Et d'éventuellement trouver les moyens de « doper » les cellules afin de les rendre plus compétitives. Mais nul doute que ces questions seront, un jour ou l'autre, résolues. Et que, au moins dans le monde animal, le clonage deviendra une technique « comme une autre ».

    L'homme a commencé par domestiquer, puis sélectionner les animaux pour son usage. Il a appris à améliorer à sa convenance certaines espèces. À les inséminer artificiellement. Et à multiplier le nombre de veaux par la technique des embryons congelés. Le clonage trouvera sans *doute sa place dans cette panoplie. Sans compter qu'il pourrait peut-être aider à la sauvegarde d'es*pèces sauvages menacées.

    Mais avant cela, il faudra éclaircir les mystères qui subsistent. Raison de plus pour que les « apprentis sorciers » soient encadrés et n'aillent pas trop vite. Même s'il faut leur laisser des portes ouvertes.

    Le dernier ouvrage en date paru sur le sujet est : Après Dolly. Bons et mauvais usages du clonage, de Ian Wilmut (l'un des « pères » de Dolly) et Roger Highfield. Éditions Robert Laffont.

    Par Le Figaro
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