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La Chine: Palme d'Or des émissions de gaz à effet de serre

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  • La Chine: Palme d'Or des émissions de gaz à effet de serre

    Il est un trophée de champion du monde que la Chine pourrait être réticente à porter : celui de premier émetteur de gaz à effet de serre de la planète. Alors qu'elle était censée, il y a trois ans, ne pas rattraper les Etats-Unis avant 2025, puis 2010, la Chine pourrait doubler le tenant du titre dès cette année, a prévenu, il y a quelques semaines, l'Agence internationale de l'energie (AIE), estimant que les émissions de CO2 chinoises passeront de 5,6 milliards de tonnes en 2006 à 6,02 cette année, contre 5,91 pour les Etats-Unis, soit près de 22 % du total mondial.

    "Les Chinois se sont fixé des objectifs très ambitieux. Ils m'ont assuré, du plus haut de leur leadership, qu'ils étaient déterminés à les atteindre", déclarait, le 21 mai, au terme d'une visite officielle en Chine, la ministre des affaires étrangères britanniques, Margaret Beckett.

    Habitué, désormais, à voir figurer le dossier de l'environnement en bonne place lors de visites de responsables étrangers, Pékin sait donner le change lorsque passent les donneurs de leçon occidentaux. Ainsi, les dégâts provoqués par le réchauffement climatique en Chine, l'état critique des réserves en eau ou l'impact de la pollution sur la santé ont désormais une place de choix dans la presse chinoise.

    GESTICULATIONS


    Le gouvernement a amélioré les prérogatives de la SEPA, l'agence de protection de l'environnement, en matière de supervision des normes de pollution, et, pour éviter les blocages inhérents à l'administration chinoise, le premier ministre a pris la tête, depuis avril, d'un groupe de travail spécial sur les questions de l'environnement. Le marché de l'équipement propre et de l'énergie renouvelable connaît une forte croissance, autre signe que la bonne parole environnementale n'est pas sans effets concrets.

    Signataire du protocole de Kyoto, la Chine n'est pas, en tant que pays en voie développement, astreinte aux conditions imposées aux pays riches en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Désireuse de s'en tenir à un calcul d'intensité énergétique de sa croissance, elle a donc inscrit ses propres objectifs antipollution au XIe plan quinquennal, en promettant de réduire de 20 % sa consommation d'énergie par unité de PIB d'ici à 2010, et de 10 % les émissions de substances polluantes.

    Dès la première année, la Chine a failli à ses engagements puisque la consommation d'énergie par unité de PIB n'a diminué que de 1,2 %, en 2006, contre les 4 % prévus et que les émissions polluantes se sont accrues de 2 %. Un plan national contre le réchauffement climatique, toujours à l'étude, devrait spécifier de nouveaux objectifs à atteindre à plus long terme pour les émissions de CO2, essentielles en Chine où 70 % de la production d'électricité provient de centrales thermiques au charbon.

    A bien des égards, les difficultés de la Chine à influer sur des paramètres-clés du réchauffement climatique reflètent les gesticulations du gouvernement pour juguler la surchauffe économique (11,1 % de croissance au premier trimestre 2007).

    L'incapacité du gouvernement central à contraindre le développement des provinces, la boulimie énergétique imposée par l'expansion continue de la machine à exporter chinoise (quelque 800 gigawatts de capacités production énergétique seront installées d'ici à 2008, soit la capacité actuelle des 27 pays de l'Union Européenne, selon l'AIE) semblent incompatibles avec toute maîtrise "macroéconomique" de la pollution - une fuite en avant nourrie par la crainte de déstabilisation sociale en cas de ralentissement.

    Pour le reste de la planète, les conséquences sont loin d'être insignifiantes. "Si la Chine ne joue pas un rôle significatif, les efforts des autres pays ne vont pas compter pour grand-chose", dénonçait, il y a peu, Fatih Birol, l'économiste en chef de l'Agence internationale pour l'énergie.

    L'injection de CO2 dans l'atmosphère s'accélère

    Lors de la dernière décennie du XXe siècle, le volume de CO2 injecté dans l'atmosphère du fait des activités humaines augmentait de 1,1 % par an. Sur la période 2000-2004, la croissance annuelle des émissions a dépassé 3 %, selon un article paru mardi 22 mai dans la revue américaine PNAS. "Ce triplement de la vitesse de croissance des émissions est une très mauvaise surprise", indique Philippe Ciais, du laboratoire des sciences du climat et de l'environnement (CEA), cosignataire de cette étude internationale. "En 2005, on a dépassé le scénario le plus pessimiste imaginé en 2000", note-t-il. Cette "explosion" des émissions est due pour une bonne part à la suractivité industrielle chinoise, qui contribue pour 70 % à cette accélération, avec un recours massif au charbon. Tout aussi inquiétant est le constat que les pays occidentaux ne parviennent plus, désormais, à émettre moins de carbone par unité de produit intérieur brut. Pour 2006 cependant, l'Agence d'information sur l'énergie américaine (EIA) assure que les Etats-Unis ont réduit leurs émissions de 1,3 %, en raison d'un hiver doux et d'un été moins chaud qu'en 2005.


    Par Le Monde
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