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L'OCDE met en garde contre tout envie de laxisme budgétaire

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  • L'OCDE met en garde contre tout envie de laxisme budgétaire

    Présentant hier ses prévisions semestrielles, l'Organisation de développement et de coopération économique a mis en garde ses trente pays membres contre toute tentation de laxisme budgétaire. « La forte reprise de l'activité économique a généré une montagne de recettes fiscales, mais cette manne est cyclique et non pas permanente », avertit Jean-Philippe Cotis, l'économiste en chef de l'organisation. Les gouvernements seraient très mal avisés de croire qu'ils peuvent aujourd'hui en profiter pour abaisser les impôts, ou pour relever la dépense publique, sans un minimum de précaution.

    L'avertissement s'adresse aussi bien aux États-Unis qu'au Japon et à l'Europe. Il est d'autant plus solennel que l'OCDE garde en mémoire les deux « catastrophes budgétaires » de la fin des années 1980 et de la décennie 1990. « En Europe, les deux hauts de cycles précédents ont été particulièrement mal gérés », juge Cotis. En France, par exemple, la « réhabilitation de la dépense publique » emblématique du gouvernement Rocard de 1988 à 1991 (période de très haute conjoncture), a par la suite fait plonger dans l'abîme le déficit public. Lequel a dépassé les 6 % du PIB en 1995.

    Certes, l'amélioration des comptes observée depuis trois ans est spectaculaire. Aux États-Unis, les déficits, qui représentaient 4,8 % du PIB en 2003, sont revenus à 2,3 % en 2006. Dans la zone euro, l'assainissement est également très net (de 3,1 % à 1,6 % du PIB sur la même période) ; l'Allemagne fait mieux que la moyenne (de 4 % à 1,7 %), la France un peu moins bien (de 4,1 % à 2,6 %).

    Ces bulletins de bonne santé sont pourtant en grande partie illusoires, insiste l'OCDE. La raison en est simple : les rentrées fiscales amplifient toujours les fluctuations de la conjoncture économique, rappellent les experts internationaux. C'est tout particulièrement le cas des impôts liés aux profits des sociétés. Ces recettes ont augmenté de 26 % l'an depuis 2003 aux États-Unis et de 17 % au Japon et dans les pays de la zone euro. Entre parenthèses, le capitalisme fonctionne de façon plus « sociale » que sa réputation : les profits varient en effet bien plus que la masse salariale, à la hausse mais aussi à la baisse !

    Déficits structurels supérieurs à ce qu'ils étaient en 1999

    Une chose est sûre, cette manne fiscale ne peut que se contracter de façon brutale dès que la conjoncture retombera en deçà de son rythme de croisière. L'OCDE a calculé que, si l'on fait abstraction des « variations cycliques », les déficits structurels sont aujourd'hui supérieurs (1,7 % en France en 2006) à ce qu'ils étaient lors du haut de cycle précédent (1,1 % en 1999). Ce constat vaut peu ou prou pour tous les pays. Or il s'agit d'être d'autant plus vigilant que le vieillissement de la population va inexorablement accroître les besoins de solidarité et les dépenses publiques de 3,5 % du PIB d'ici à 2025 dans la zone euro, toutes choses égales par ailleurs.

    D'où cette recommandation pratique : tout allégement de barème fiscal qui ne serait pas gagé par des réductions de dépenses permanentes, et d'ampleur équivalente, présenterait un danger. « On peut certes considérer une baisse d'impôt comme un investissement, une réforme structurelle de nature à accroître le potentiel de croissance », reconnaît Jean-Philippe Cotis, mais ces allégements impliquent d'être compensés « par des économies de dépenses qui ne tardent pas trop à se réaliser ».

    L'OCDE est d'autant plus ferme dans ses conseils de rigueur qu'elle reste optimiste sur les perspectives de croissance (voir graphique). Les économies de la zone euro devraient croître globalement de 2,7 % en 2007, dont 2,2 % en France et 2,9 % en Allemagne. Moyennant quoi, Jean-Philippe Cotis considère que la Banque centrale européenne est fondée à relever à deux reprises ses taux d'intérêt, en juin et à l'automne prochains. De même, estime-t-il que l'euro fort « reflète la force de l'économie européenne ». Voilà deux remarques qui ont un goût amer pour des Français, et en règle générale pour tous les pays de la zone euro dont le rythme de croissance est inférieur à la moyenne de l'union monétaire à laquelle ils appartiennent. C'est la loi du genre.

    Par Le Figaro
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