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Energie nucléaire : la France tête de liste

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  • Energie nucléaire : la France tête de liste

    Le ministre de l'écologie, du développement et de l'aménagement durables, Alain Juppé, a confirmé le lancement du programme EPR, réacteur nucléaire de troisième génération dont la tête de série est en cours de construction à Flamanville (Manche), et la poursuite de la recherche sur la quatrième génération de réacteurs. Tout en se déclarant hostile au "tout nucléaire" et favorable aux renouvelables (éolien, solaire, biomasse...) et aux économies d'énergie, il juge qu'"il n'y a pas de solution dans les années qui viennent sans poursuite de l'équipement de la France en centrales électronucléaires".

    Quelle est l'importance du nucléaire en France ?

    Le parc nucléaire d'EDF compte 58 réacteurs, ce qui place la France en deuxième position, derrière les Etats-Unis et devant le Japon et la Russie. En revanche, elle occupe la première place - et de loin - pour la part d'électricité d'origine nucléaire : avec 63 000 mégawatts de puissance installée, ces réacteurs assurent 79 % de sa consommation. Dans le monde, la proportion d'électronucléaire est de 16 % et la part du nucléaire dans la consommation d'énergie primaire de 7 % seulement. Très loin derrière le pétrole (41 %), le gaz et le charbon (chacun 21 %) et toutes les énergies renouvelables (10 %).

    Pourquoi la France a-t-elle fait le choix du "tout nucléaire" ?

    Dès 1958, le général de Gaulle veut développer le nucléaire civil. La société Framatome (Franco-américaine de constructions atomiques) est créée par Schneider, Empain, Merlin-Gerin et l'américain Westinghouse. En 1970, EDF lance un appel d'offres pour la construction de six chaudières nucléaires pour ses centrales de 900 MW de Fessenheim et Bugey. Framatome remporte le contrat grâce à sa technologie des réacteurs à eau pressurisée utilisant de l'uranium enrichi.

    Le premier choc pétrolier, en 1973, va décider le premier ministre Pierre Messmer à lancer un programme plus ambitieux. A l'époque, 68 % de l'électricité est produite par des centrales au fioul. Il faut réduire à tout prix la dépendance énergétique de la France, qui importe alors plus de 75 % de son énergie (50 % aujourd'hui). L'envolée des cours de l'or noir va rendre la filière électronucléaire compétitive. En 1974, EDF commande à Framatome 18 chaudières de 900 MW : pour la première fois au monde, on construit en série des réacteurs identiques, entraînant des économies d'échelle et une amélioration des performances. Suivront 10 tranches en 1976, puis 20 nouveaux réacteurs en 1978. En 1999, le dernier réacteur de la centrale de Civaux (1 450 MW) est connecté au réseau.

    Au départ, alors que la demande d'électricité explosait, le programme nucléaire prévoyait la livraison d'une centaine de réacteurs et la construction de Superphénix, un surgénérateur (réacteur à neutrons rapides) capable de produire plus de courant en utilisant moins d'uranium. Lionel Jospin décide en 1997 la fermeture de ce surgénérateur installé à Creys-Malville (Isère) et qui est en fait arrêté depuis dix ans.

    Quelle est la durée de vie d'une centrale ?

    La deuxième génération est prévue pour durer quarante ans. "D'importants travaux sont consacrés à l'étude du vieillissement des installations; ils visent notamment à démontrer l'acceptabilité d'une durée de vie de cinquante, voire soixante ans, pour les composants non remplaçables, la cuve du réacteur en premier lieu", rappelle Bernard Dupraz, le patron des centrales chez EDF. Ils permettraient d'étaler l'investissement dans la troisième génération. Aux Etats-Unis, les autorités ont accepté la prolongation de quarante à soixante ans de l'exploitation des réacteurs. En France, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) peut autoriser une prolongation de dix ans seulement.

    Qu'est-ce que la "troisième génération" ?

    La première génération a été développée dans les années 1950-1960 (filière graphite-gaz), la deuxième dans les années 1970-1990 (eau pressurisée). Lancées en 1992, les études sur la troisième générationont débouché sur l'EPR (European Pressurized Water Reactor), réacteurs en cours de construction en Finlande et à Flamanville (Manche). L'EPR n'est pas un saut technologique fondamental, mais le fruit du mariage des derniers-nés de la génération 2 exploités en France et en Allemagne, expliquent ses concepteurs. Plus puissants, d'une durée de vie plus longue, moins gourmands en uranium, ils fonctionneront jusqu'à la fin du XXIe siècle.

    L'EPR est-il plus sûr ?

    Pour ses concepteurs, cela ne fait aucun doute. "L'EPR tient compte de la philosophie de sûreté de l'après-Tchernobyl, qui jugeait inacceptable tout relâchement de radioactivité dans l'atmosphère", souligne Bertrand Barré, ex-directeur des réacteurs nucléaires du CEA, aujourd'hui conseiller d'Areva. "En cas de fonte du cœur, tout a été prévu, selon lui, pour que l'hydrogène dégagé brûle avant d'exploser. La résistance de l'enceinte de confinement a été calculée pour résister aux températures et aux pressions liées à la combustion de l'hydrogène. Un récupérateur permettrait de recevoir le corium." Les écologistes contestent cet optimisme en s'appuyant sur l'expertise du scientifique britannique John Large. Dans une étude commandée par Greenpeace, celui-ci juge que le risque est systématiquement sous-estimé et note deux pointsimportants : l'EPR est plus puissant que les réacteurs actuels et peut fonctionner au Mox, combustible combinant uranium et plutonium, qui est plus radioactif. En cas d'accident et de rejet d'éléments radioactifs dans l'atmosphère, comme à Tchernobyl, les conséquences sanitaires et environnementales seraient plus dramatiques.

    Qu'est-ce que la 4e génération ?


    Les centrales nucléaires de 4e génération, qui devraient entrer en fonctionnement vers 2040, seront des réacteurs à neutrons rapides, capables de brûler non seulement l'uranium fissile (U 235), qui ne représente que 0,7% de l'uranium naturel, mais aussi l'uranium non fissile, en le convertissant en plutonium qui, lui, est fissile. Les réserves d'uranium assureraient ainsi plusieurs milliers d'années de fonctionnement du parc nucléaire français, contre 250 années avec les centrales actuelles.

    La France a choisi de concentrer ses recherches sur un réacteur à neutrons rapides refroidi au sodium (RNR-Na) – comme l'étaient déjà Phénix et Superphénix –, dont un prototype pourrait être opérationnel en 2020. Elle étudie aussi, dans le cadre d'un partenariat européen, un réacteur à neutrons rapides refroidi au gaz (RNR-G), en l'occurrence l'hélium.

    L'un des atouts majeurs de ces nouveaux systèmes sera d'incinérer une partie de leurs déchets : les actinides mineurs, très radiotoxiques, seront recyclés, les résidus ultimes non valorisables se limitant aux produits de fission.

    Les réserves mondiales d'uranium sont-elle suffisantes ?

    Les réserves prouvées ou probables sont, selon la plupart des sources, d'environ 4,7 millions de tonnes, soit soixante-dix ans de combustible disponible au rythme de consommation actuelle (67 000 tonnes d'uranium naturel en 2006). Les experts y ajoutent environ 15 millions de tonnes possibles, ce qui porte les réserves à plus de deux siècles. Sans compter l'uranium contenu dans les phosphates, qui donnerait 20 millions de tonnes supplémentaires.

    L'arrêt de la construction de réacteurs depuis quinze ans a entraîné un arrêt de l'exploration minière, amplifié par des prix très bas de l'uranium. Il y a désormais un déséquilibre entre production et consommation. En 2006, 40% du combustible des centrales ne sortaient pas du sous-sol mais des réserves accumulées par les groupes d'électricité, des stocks militaires et du retraitement.

    Avec une demande actuelle en progression de 0,5 % à 1 % par an, la situation est sous contrôle. Mais l'épuisement des stocks excédentaires des électriciens et de la Russie va nécessiter une augmentation de la production primaire. L'exploration a repris, mais il faut au moins dix ans entre la découverte et une mise en production. De nouvelles mines devront être ouvertes dans tous les grands pays producteurs. Le prix de l'uranium naturels'est envolé : de 10 dollars en 2003, la livre est montée jusqu'à 143 dollars en mai 2007. "Compte tenu des lourds investissements qu'il faudra réaliser sur le long terme, les prix resteront probablement élevés", note t-on chez Areva.

    Si le nucléaire reste compétitif, c'est que la part du combustible dans le prix de production de l'électricité est d'environ 5 % (40 % pour les centrales au charbon et 70 % pour cycles combinés à gaz) mais aussi qu'EDF s'assure des prix stables grâce à des contrats à long terme pour la fourniture de combustible.

    Par Le Monde
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