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L’image de la femme dans le conte Africain

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  • L’image de la femme dans le conte Africain

    Les pays à longue tradition orale sont ceux qui ont une littérature populaire véhiculant des millénaires d’histoire non écrite et enrichie par l’imaginaire collectif, les mythes, récits légendaires et principes de conduite.


    Dans des contes versifiés et sélectionnés par une équipe de chercheurs en littérature, l’image de la femme dans ses relations avec le mari, les enfants et les voisins occupe une place de premier plan, et ce à la faveur de la représentation qu’on se fait d’elle, des fonctions primordiales dont elle a la charge. Elle a été et sera toujours le pilier de la famille.

    C’est pour toutes ces considérations, qu’on a fait de la femme un objet d’investigation en anthropologie, sociologie, ethnopsychologie.
    Ces travaux de recherche sont menés sous la direction des spécialistes des domaines cités : Veronika Gorog Karady, Gérard Meyer, Calame Griaule qui voient l’opposition homme-femme sous l’angle de la complémentarité à l’image de la conception dualiste du monde.

    Les récits Bambara, mythiques de nature, abondent de cette complémentarité qui se concrétise chez Dieterlen par le mariage.
    Par ailleurs, les récits mythiques dont nous parlons définissent la femme par référence aux attributs maléfiques féminins perpétués en vertu d’une culture et d’un imaginaire qui continuent de se perpétuer.

    La femme : élément assujetti depuis la nuit des temps et jusqu’à nos jours
    Quel qu’en soit l’auteur, la femme est présentée comme un être infériorisé parce que cela correspond à la vision de l’homme qui détient encore le monopole de la culture et de l’oralité.

    Ceci est vrai chez les Malinké où le droit de raconter est exclusivement réservé à l’homme. Quant aux femmes, le seul domaine de création qui leur est réservé est la chanson dont elles se sont constitué des répertoires intéressants et louables.

    Le destin de la femme chez tous ces peuples restés traditionnalistes est d’aller vivre chez les autres, la famille du mari. Elle doit s’y maintenir moyennant des qualités appréciées comme l’obéissance, la patience, l’amour du travail.

    Voilà ce que nous rapporte René Luneau, un étranger qui a vécu dans le milieu : « Etrangère dans sa propre famille dans la mesure où elle est condamnée à s’en séparer (ses enfants seront les enfants d’une autre maison), elle est aussi étrangère dans sa belle-famille. Nulle part totalement intégrée, vivant sous la tutelle de son mari, mais prête à obéir en dernier ressort aux injonctions de ses propres frères (l’éventualité d’un divorce l’obligerait à regagner la maison familiale).

    Statut de la femme des temps anciens

    Nous ne pensons pas qu’il ait pu exister tant la femme dans le monde a connu des situations tragiques, y compris dans les pays qui se disent civilisés, comme les Européens qui n’ont accordé le droit de vote à l’élément féminin que vers la fin de la première moitié du XXe siècle.

    «La création de l’homme et de la femme» est le titre d’un récit versifié qui montre comment est venu l’ordre qui régit la relation entre l’homme et la femme. Cette dernière se doit de rester pudique, ne pas faire part de ses sentiments, contrairement à l’homme qui doit être actif, dominant, affirmatif. Il décide de tout, prend la parole pour se faire écouter, entrer en action. Cela correspond en Europe à la fameuse citation qui dit : «C’est à l’homme de faire le premier pas et à la femme de feindre la résistance qui signifie : pudeur devant rendre le partenaire plus raisonnable ou plus intéressé».Cet extrait le dit d’ailleurs clairement : «C’est pour cela que c’est l’homme qui trouve la femme dans sa case. La femme fait comme si elle n’aimait pas l’homme, mais ce n’est pas ainsi.»

    Dans un autre conte, «Le village des femmes», l’auteur, anonyme ou non mentionné, parle d’une complémentarité fondée sur la domination de l’homme. Pour qu’il y ait attirance, il faut des conditions.

    Là, le conteur fait piler le couscous par les jeunes filles et par les femmes avant qu’elles n’atteignent le village des hommes. Un objet pour attirer les hommes ou pour réunir dans un même espace hommes et femmes. Il faut une autre condition : jouer de la flûte pour produire un son musical qui fait vibrer l’un et l’autre pour une union par le mariage.

    Le couscous est offert selon des rites établis pour rapprocher les uns et les autres devant constituer des couples. Ayant appris l’arrivée d’un homme dans leur village, des femmes se sont évertuées à piler du couscous. Mais l’homme se fit plus exigeant, peut-être pour sonder les femmes, obtenir d’elles des preuves de leurs qualités sans lesquelles il n’y a point de mariage.

    En voici un extrait très significatif : «Il mit le couscous dans son outre. Le couscous arriva jusqu’aux pattes de l’outre. Il dit aux gens du village : «Vous n’avez pas travaillé !» Le lendemain, on pila encore du couscous, on le pila bien, jeunes filles et femmes, toutes pilèrent. Elles lui donnèrent le couscous, cela arriva jusqu’au cou».

    Mis à part le conte mythique qui marginalise la femme en ne la considérant pas comme un complément de l’homme pour le meilleur et pour le pire, il existe des personnages féminins qui jouent des rôles déterminants dignes d’admiration. Elles accomplissent des actions qui les glorifient. De femme soumise, elle passe par la voie de la transgression d’Antigone de Sophocle.

    Un analyste de conte s’intitulant «Le roi et son fils séquestré» nous dit ceci à propos de la femme-personnage, probablement à cause d’un amour contrarié : «Le personnage féminin de ce conte rompt avec l’attitude habituelle des jeunes soumises : elle ose transgresser l’ordre du roi, de même qu’elle s’offre à la mort pour accompagner son amoureux.»
    La femme courageuse, respectable épouse, mère digne
    Il existe dans la réalité africaine des femmes capables d’accomplir des tâches des plus difficiles, même en état de grossesse : la femme a donc le sens du devoir, de l’honneur de la famille dont elle est le pilier et elle remplace dignement le mari lorsque celui-ci est absent pour des raisons majeures. Le mari sait lui rendre la réciproque à la mesure ses qualités .

    Les actes sont assez éloquents pour signifier sans paroles ce que mariage veut dire. Chez les Mango du Zaïre, il existe des contes qui mettent en scène des femmes mariées et enceintes. Comme dans la réalité qui sert de source d’inspiration, la femme enceinte, devenue capricieuse par nature, exécute avec l’aide de son mari des tâches parfois périlleuses.

    Cet extrait de conte versifié «Mari et femme ou la Panthère et l’Etoile» apporte des images fortes indicatrices d’un état d’esprit hors du commun. L’auteur nous fait rentrer dans un univers merveilleux par les qualités humaines d’une grande rareté. Ceci montre bien qu’avec rien on peut accomplir des miracles. En voici quelques vers qui méritent d’être retenus : «Voici ce que j’ai vu:/ une femme tomba enceinte,/ elle dit à son mari qu’elle n’accoucherait nulle part ailleurs / que sur une peau de panthère./ Le mari fit tout, il réussit à tuer une panthère, / il conserva la peau de cette panthère tuée./ Le jour où la femme fut prise de douleurs, il sortit cette peau. / La femme accoucha sur cette peau./ Lorsqu’elle accoucha, que fit le mari ? Il grimpa sur les feuilles d’un rônier / et s’y arrangea un endroit pour se coucher». Le texte comportant des répétitions non conformes aux règles lexicales, doit être la traduction mot à mot de la version originale. Mais il est reconnu comme bien composé syntaxiquement et d’un point de vue sémantique. Il rend bien le destin de la femme africaine, donneuse de vie, mal aimée, humiliée parfois, mais bénéficiant de l’aide et de l’estime de son mari.


    - Par la nouvelle republique
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