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Les avocats dénoncent le massacre de la Justice en Algérie

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  • Les avocats dénoncent le massacre de la Justice en Algérie

    Après les blouses blanches, les robes noires se rebiffent. Les avocats d’Alger ont décidé de boycotter la session criminelle, dont l’ouverture est prévue au nouveau Palais de justice du Ruisseau, tandis qu’une grève nationale est décidée pour la journée du 10 juin.

    Lors d’un point de presse tenu, hier, à la cour Abane-Ramdane, Abdelmadjid Silini, bâtonnier et président de l’Union nationale des barreaux d’Algérie, a dénoncé, d’une voix grave, ce qu’il qualifie «la déformation et le massacre de la Justice». La situation est sur le fil du rasoir. Les robes noires saisissent le premier magistrat du pays pour un arbitrage qu’ils espèrent «urgent». «Il n’existe pas de justice indépendante en Algérie, arrêtez de tromper le peuple», lance encore haut et fort le bâtonnier Abdelmadjid Silini, devant un parterre important d’avocats et de journalistes. 39 avocats sont poursuivis en justice pour atteinte au règlement intérieur des établissements pénitentiaires, à en croire le conférencier.

    Pis encore, le courrier envoyé par des prisonniers présumés est ouvert avant qu’il n’atterrisse chez les avocats. «C’est une atteinte pure et simple aux droits des citoyens et de la défense», estime l’orateur. Il demande, «au nom de tous les avocats, la cessation de toutes les poursuites judiciaires décidées à l’encontre des avocats».

    Il précise, sur sa lancée, que ces mêmes poursuites «sont utilisées comme moyen de pression sur les avocats». Soutenu par un nombre important de collègues, Abdelmadjid Silini a décidé de vider son coeur et livrer à l’opinion publique «la réalité de la justice algérienne». Plus de 200 dossiers sont, parfois, réglés en une journée par un seul juge, s’étonne-t-il, avant de laisser la question à la réflexion des assistants. Son «réquisitoire» ne s’arrête pas là. Le 27 avril dernier, le président de la Cour suprême «a instruit les greffiers de ne plus recevoir et fournir des renseignements aux avocats au niveau des chambres et des sessions».

    Les contrevenants, lit-on dans la missive du président de la Cour suprême envoyée aux greffiers, feront l’objet de licenciement sur-le-champ. «C’est ce que j’ai qualifié, il y a de cela deux ans, de privatisation de la justice», clame encore le conférencier. Le procédé a sérieusement ébranlé le Palais de justice. Les avocats sont carrément désorientés, pris en tenaille entre l’obligation de défendre les droits des citoyens et la difficulté d’accès aux informations. En un mot, «les droits de la défense sont bafoués».
    De ce fait, et eu égard à cette situation, Abdelmadjid Silini lâche le morceau: «Rares sont les jugements crédibles, car les avocats n’ont ni le temps d’étudier les pièces des prévenus, encore moins le droit d’accès à l’information».

    Abdelmadjid Silini et les siens exigent des comptes à la commission chargée de la réforme de la justice. «Nous demandons une évaluation de ce projet.»
    Les autorités sont interpellées pour mettre en place une cellule autonome d’évaluation du projet de réforme, se référant à la requête faite par le représentant des robes noires. Ce réquisitoire, manifestement d’une rare virulence, vient conclure un long processus de conciliabules qui n’a pas donné ses fruits. Le dernier cahier des doléances, ainsi que le projet de statut remis au ministère de la Justice sont restés lettre morte.

    Le ministre de la Justice, à entendre l’orateur, campait sur ses positions et proposait diverses formules sans pour autant accepter celle des concernés. «On veut rétrécir et marginaliser les droits des avocats», tempête le bâtonnier, soulignant que «même la commission nationale de recours, qui a -jusqu’ici- fonctionné normalement, est aujourd’hui remise en cause».
    Contacté, hier, par nos soins, maître Farouk Ksentini, avocat et président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme (Cncppdh), a qualifié les revendications des robes noires de légitimes et se dit «concerné et solidaire avec la famille des avocats».
    Quant à l’affaire des avocats poursuivis en justice, notre interlocuteur a affirmé que ces derniers ont été relaxés du fait qu’ils n’ont commis «aucune irrégularité». Le métier d’avocat est extrêmement difficile, conclut Farouk Ksentini.

    Par L'Expression
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