La Libye aspire à devenir une puissance militaire régionale
par Mohamed Khellaf
Le général s’est rendu à Tripoli à l’invitation du secrétaire libyen de la commission populaire provisoire de Défense, le général major Aboubakeur Younes Djaber, l’équivalent du ministre de la Défense. A travers un communiqué laconique, le MDN explique que la visite du chef d’état-major est destinée, notamment, à consolider la coopération dans le domaine militaire et devrait permettre aux deux parties d’examiner les voies et moyens de renforcer les domaines d’intérêt commun.
Les relations entre les deux pays sont fragilisées par le retard pris dans le tracé des frontières ainsi que par les incursions terroristes des éléments du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), baptisé El-Qaïda du Maghreb islamique.
Il est aussi établi que les trafiquants d’armes profitent du no man’s land dans les régions frontalières pour introduire des armes en Algérie. Il y a eu, rappelons-le, la découverte de milliers de PA au début des années 1990 à Debdeb.
De son côté, Tripoli avait coopéré dans le cadre du rapatriement de l’ex-numéro 2 du GSPC, Amari Saïfi dit Abderrezak el-para, en 2004, après sa capture par le Mouvement pour la justice et la démocratie tchadien (MJDT) la même année.
En outre, la sécurisation du Grand Sahara – une des régions les plus riches en hydrocarbures dans le monde – contre les menaces d’El-Qaïda est un casse-tête pour les deux pays, auxquels se sont joints, depuis 2003, les Etats-Unis en apportant leur concours à travers des moyens militaires et financiers.
Alger et Tripoli ont également à faire face en commun à la lancinante rébellion des Touareg au nord du Mali, qui constitue elle aussi une menace permanente et non négligeable aux portes de nos frontières et une source de déstabilisation de la région.
Dernièrement, l’Algérie avait arbitré des discussions entre les rebelles du Kidal, dans le Nord malien, et le gouvernement de Bamako. Bien que la région du Maghreb ne connaisse pas de conflits majeurs, à l’exception du risque, faible, de reprise de la guerre entre le Polisario et le Maroc, faute de règlement politique, ou de tensions cycliques avec le Tchad, Tripoli a décidé, pour sa part, de renforcer ses capacités militaires, au demeurant de façon démesurée par rapport à sa population ou à l’effectif de ses forces armées.
Pétrole contre armement La Libye s’apprête ainsi à conclure un contrat de plus de 2,2 milliards de dollars avec la Russie pour l’achat de systèmes de défense contre les aéronefs (DCA), bien plus performants que ceux utilisés habituellement dans les conflits régionaux.
Il s’agit pour Tripoli de remplacer des équipements vieux de plus de 30 ans, et ce grâce aux milliards de dollars amassés avec l’exportation de ses hydrocarbures. Selon l’agence Ria Novosti et le quotidien moscovite des affaires Kommersant, citant la société d’Etat Rosoboronexport (agence russe d’exportation d’armes), la Libye projette de se doter de systèmes de DCA, à savoir 4 groupes de systèmes de missiles de DCA longue portée S-300 PMU-2 et environ 20 systèmes de missiles de DCA courte portée Tor-M1.
En outre, indiquent les mêmes sources, Tripoli a l’intention d’acheter des avions : 12 chasseurs Su-30MK2 et 12 chasseurs Mig-29SMT. Un ou deux sous-marins du projet 636 et le financement des réparations de deux patrouilleurs et d’un petit navire porte-missiles, fournis antérieurement, figurent également au programme.
Les contrats doivent être signés au cours de la visite du président russe Vladimir Poutine à Tripoli, prévue, selon les mêmes sources, avant la fin de l’année. Cette grosse commande est tributaire de l’effacement de la dette libyenne par la Russie, dont le montant est évalué différemment par les deux pays.
Moscou estime que la Libye lui doit 4,4 milliards de dollars, Tripoli ne reconnaît que 1,723 milliard de dollars. Les Occidentaux, qui ont levé l’embargo économique sur le régime de Kadafi,veulent eux aussi trouver des débouchés pour leur industrie militaire.
Selon la presse française, le gouvernement français œuvre depuis plusieurs mois à vendre 13 à 18 avions de combat Rafale pour un montant de 2,5 milliards de dollars. Si tous ces contrats se concrétisaient, la Libye pourrait réaliser son rêve, celui de devenir une puissance régionale en Afrique subsaharienne et prendre sa revanche, un jour, sur son vieil ennemi, le Tchad.
M. K.
par Mohamed Khellaf
Le général s’est rendu à Tripoli à l’invitation du secrétaire libyen de la commission populaire provisoire de Défense, le général major Aboubakeur Younes Djaber, l’équivalent du ministre de la Défense. A travers un communiqué laconique, le MDN explique que la visite du chef d’état-major est destinée, notamment, à consolider la coopération dans le domaine militaire et devrait permettre aux deux parties d’examiner les voies et moyens de renforcer les domaines d’intérêt commun.
Les relations entre les deux pays sont fragilisées par le retard pris dans le tracé des frontières ainsi que par les incursions terroristes des éléments du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), baptisé El-Qaïda du Maghreb islamique.
Il est aussi établi que les trafiquants d’armes profitent du no man’s land dans les régions frontalières pour introduire des armes en Algérie. Il y a eu, rappelons-le, la découverte de milliers de PA au début des années 1990 à Debdeb.
De son côté, Tripoli avait coopéré dans le cadre du rapatriement de l’ex-numéro 2 du GSPC, Amari Saïfi dit Abderrezak el-para, en 2004, après sa capture par le Mouvement pour la justice et la démocratie tchadien (MJDT) la même année.
En outre, la sécurisation du Grand Sahara – une des régions les plus riches en hydrocarbures dans le monde – contre les menaces d’El-Qaïda est un casse-tête pour les deux pays, auxquels se sont joints, depuis 2003, les Etats-Unis en apportant leur concours à travers des moyens militaires et financiers.
Alger et Tripoli ont également à faire face en commun à la lancinante rébellion des Touareg au nord du Mali, qui constitue elle aussi une menace permanente et non négligeable aux portes de nos frontières et une source de déstabilisation de la région.
Dernièrement, l’Algérie avait arbitré des discussions entre les rebelles du Kidal, dans le Nord malien, et le gouvernement de Bamako. Bien que la région du Maghreb ne connaisse pas de conflits majeurs, à l’exception du risque, faible, de reprise de la guerre entre le Polisario et le Maroc, faute de règlement politique, ou de tensions cycliques avec le Tchad, Tripoli a décidé, pour sa part, de renforcer ses capacités militaires, au demeurant de façon démesurée par rapport à sa population ou à l’effectif de ses forces armées.
Pétrole contre armement La Libye s’apprête ainsi à conclure un contrat de plus de 2,2 milliards de dollars avec la Russie pour l’achat de systèmes de défense contre les aéronefs (DCA), bien plus performants que ceux utilisés habituellement dans les conflits régionaux.
Il s’agit pour Tripoli de remplacer des équipements vieux de plus de 30 ans, et ce grâce aux milliards de dollars amassés avec l’exportation de ses hydrocarbures. Selon l’agence Ria Novosti et le quotidien moscovite des affaires Kommersant, citant la société d’Etat Rosoboronexport (agence russe d’exportation d’armes), la Libye projette de se doter de systèmes de DCA, à savoir 4 groupes de systèmes de missiles de DCA longue portée S-300 PMU-2 et environ 20 systèmes de missiles de DCA courte portée Tor-M1.
En outre, indiquent les mêmes sources, Tripoli a l’intention d’acheter des avions : 12 chasseurs Su-30MK2 et 12 chasseurs Mig-29SMT. Un ou deux sous-marins du projet 636 et le financement des réparations de deux patrouilleurs et d’un petit navire porte-missiles, fournis antérieurement, figurent également au programme.
Les contrats doivent être signés au cours de la visite du président russe Vladimir Poutine à Tripoli, prévue, selon les mêmes sources, avant la fin de l’année. Cette grosse commande est tributaire de l’effacement de la dette libyenne par la Russie, dont le montant est évalué différemment par les deux pays.
Moscou estime que la Libye lui doit 4,4 milliards de dollars, Tripoli ne reconnaît que 1,723 milliard de dollars. Les Occidentaux, qui ont levé l’embargo économique sur le régime de Kadafi,veulent eux aussi trouver des débouchés pour leur industrie militaire.
Selon la presse française, le gouvernement français œuvre depuis plusieurs mois à vendre 13 à 18 avions de combat Rafale pour un montant de 2,5 milliards de dollars. Si tous ces contrats se concrétisaient, la Libye pourrait réaliser son rêve, celui de devenir une puissance régionale en Afrique subsaharienne et prendre sa revanche, un jour, sur son vieil ennemi, le Tchad.
M. K.
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