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“Festin de mensonges” de Amine Zaoui

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  • “Festin de mensonges” de Amine Zaoui

    Amine Zaoui traque les travers de la société musulmane par la magie de la fiction, il s’attache aujourd’hui aux pas d’un adolescent de l’Ouest oranais avec Festin de mensonges.

    Découvrir Amine Zaoui en 2007 procure des remords. Notamment celui de ne pas l’avoir lu plus tôt. Ainsi va la vie littéraire. Raison de plus pour témoigner, aujourd’hui, de l’émouvant talent de cet écrivain très algérien, par ailleurs directeur de la Bibliothèque nationale d’Algérie. En 1955, inquiété et censuré pour ses écrits — il a échappé de justesse à un attentat à la voiture piégée en 1992 — l’essayiste-enseignant répond alors à l’invitation du Parlement international des écrivains et se réfugie en France avec sa famille. L’exil... Rien de tel pour l’écriture. Deux récits, Sommeils du mimosa porté à l’écran sous le titre Le Thé d’Ania suivi de Sonate des loups, naissent sous la plume de Zaoui. Dans ces romans métaphoriques situés à Oran, les principaux protagonistes, un croquemort et un écrivain, plongent dans le chaos mortifère de l’Algérie fantôme des années 90.

    Amine Zaoui a trouvé son tempo. Ecrivant indifféremment en arabe ou en français. “C’est ma main qui décide d’aller de droite à gauche ou de gauche à droite”, dira-t-il une fois à un journaliste — l’auteur décline sa verve au service des siens et des mots. La folie des extrémistes, la pesanteur de tabous, l’hypocrisie des traditionalistes, la soumission des femmes... De romans en essais, cet iconoclaste professeur de littérateur comparée — il a animé avec Hélène Cixous un séminaire sur “La culture du lit” à partir des Mille et une Nuits — traque les travers de la société musulmane. Une dénonciation tout en finesse, mêlant fiction et réalité, prose et poésie, dans un style incantatoire empreint de sensualité.

    En 2002, nommé à la tête de la plus importante bibliothèque du bassin méditerranéen (2 millions d’ouvrages, 91 000 adhérents, 12 bibliobus à travers le désert algérien), il délaisse sa chère Oran — “une ville de créateurs, accueillante, généreuse, fière”— pour Alger. C’est là qu’il écrit ce dernier roman, Festin de mensonges, qualifié d’“époustouflant” par Rachid Boudjedra, au terme d’une longue critique dithyrambique publiée dans El Watan. Amine Zaoui y relate les années de formation de Koussalaï, son jeune héros, surnommé Nems (sobriquet signifiant “la fouine” en français). L’action se déroule dans les années 60. Plus précisément du 19 juin 1965, jour du putsch de Houari Boumediène contre Ben Bella, à la guerre des Six-jours, en juin 1967, deux dates-clés, selon l’auteur, annonciatrices de haine et de mort. La politique, donc, mais aussi l’amour et la littérature : l’apprentissage — précoce — de Nems est complet. Tout à la fois angélique et diabolique, l’adolescent dénote dans son douar conventionnel de l’Ouest oranais. Il mange — sacrilège ! — de la main gauche, à l’instar des Roumis et des Juifs, dévore les livres des Occidentaux (Bataille, Baudelaire, Flaubert, Henry Miller) et se fait déniaiser par la belle Louloua, sa tante, sœur jumelle de sa mère tant aimée. Ses amours avec Louloua — qu’il honore tout en récitant le Coran — et son penchant pour les femmes mûres — elle l’attirent toutes dans leurs bras — le condamnent “à vivre dans l’illicite, la malédiction”. Mais n’est-ce pas là une juste réponse à “l’hypocrisie du village, où les hommes se livrent à la fornication et les femmes aux tromperies” ?Longtemps, Amine Zaoui a été censuré. Ses premiers romans en arabe, Le Hennissement du corps ou encore “Le Huitième ciel” ont été retirés des librairies, notamment à Damas. Il ne serait pas étonnant que ce roman là, tout aussi cru et dérangeant, connaisse un sort identique.

    Par la Dépêche de Kabylie

  • #2
    irrésistible!

    Je viens de m'apércevoir du message,et e n'ai pu résister à l'envie d'attester au talon d'Amin Zaoui.Je l'est acquis ce week end et j'avoue que la lécture fut entamé aujourd'hui même.
    un roman truffé de sentiments confus,un brin grinçant,avec cette manière d'aborder les thèmes les plus tus chez nous.

    Ce qui attache au premier coup d'oeil,c'est la culpabilité de l'enfant,(qu'on soubçonne être l'auteur en même temps,parcequ'il s'éxprime à la première personne,on tout cas il m'en donne l'air)puis cet attachement omniprésent au créateur,qu'il loue pour chaque péché commis,et cet aspect est très réccurent,(du moins pour les feuilles que jusque là j'ai parcouru).Je ne sais pourquoi,mais il m'est impossible de me dissocier de l'idée que ce garçon est un Jules Renard,tout comme lui,penaud,et gaffeur,guaucher aussi(je crois),mais surtout,un ésprit très alèrte,rebelle,et très touchant par sa sensibilté criarde,un gamin qu'on a envie de rassurer,de libérer,et tout compte fait,...d'aimer.
    Pour moi qui n'ai égallement jamais lu ce parfait bilingue,je fus autant prise de remords pour ne m'y être point intéréssé auparavant.
    Un joli chamboulement des coeurs,à lire absolument.

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