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Le Grand Oral de Sciences-Po

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    Le Grand Oral de Sciences-Po

    Les élections de septembre approchent à grands pas. En association avec TelQuel et Al Ahdath Al Maghribiya, l’Association marocaine des anciens de Sciences-Po organise une série de conférences-débats avec les chefs des principaux partis politiques du royaume. C’est au tour d’un vrai-faux nouveau venu, Abdelkrim Benatik, ancien secrétaire d’Etat, aujourd’hui secrétaire général du très jeune Parti travailliste, de se prêter au jeu des questions-réponses.



    Abdelkrim Benatik. "Au Maroc, il n’y a pas de centre !"


    Abdelkrim Benatik, secrétaire
    général du Parti travailliste.
    (TNIOUNI / NICHANE)

    Abdelkrim Benatik est très bon communicateur. Banquier et syndicaliste à l’origine, il en a gardé le sens du contact et un côté “réponse à tout” qui fait son charme, mais aussi ses limites. Résultat : son poids médiatique est de loin supérieur à son poids politique. à moins que les élections de septembre n’établissent le contraire.Etes-vous un parti de gauche ?
    Le Parti travailliste n’est pas fait que de travailleurs, mais aussi de capitalistes, de représentants de la classe moyenne, etc. Notre souci
    est de partager des valeurs avec plusieurs couches de la société marocaine. Nous sommes un parti de centre-gauche. Mais le plus important, c’est d’être présent sur le terrain, de rester à l’écoute, le tout dans le cadre d’une démocratie participative.

    Qu’avez-vous retenu de votre passage au gouvernement, en tant que secrétaire d’Etat (2000-2002) ?
    Mon passage a été bref, mais j’ai surtout appris au niveau politique. Je connais mieux les rouages du Pouvoir. J’ai appris, par exemple, que de l’autre côté, ils ne sont pas tous forcément méchants (ndlr : Benatik cible les hommes gravitant dans l’entourage du roi, ce que l’on appelle communément “le gouvernement de l’ombre”). J’ai compris que certains parmi ces personnes sont là pour maintenir les grands équilibres du pays, que d’autres font du bon travail, même si c’est un travail de l’ombre… Tout cela était nouveau pour moi, moi qui ai grandi avec l’idée que l’ennemi s’appelait la monarchie et qu’il fallait l’abattre à tout prix.

    Aviez-vous une marge de manœuvre, en tant que secrétaire d’Etat ?
    Mon patron s’appelait Abderrahmane Youssoufi, à l’époque premier ministre. Personne ne m’a jamais contacté pour intervenir en quoi que ce soit… Mais il est vrai que je n’avais jamais de dossier sensible entre les mains (ndlr : Benatik était en charge du Commerce extérieur).

    Vous êtes de ceux qui soutiennent que Youssoufi a eu raison ?
    Oui, complètement. Le plus important c’est le pays, pas le parti. C’était cela la pensée de Youssoufi, dont tout le monde n’a pas mesuré l’exacte portée à l’époque. La transition entre deux règnes n’est pas si évidente et Youssoufi fait partie des gens qui l’ont rendue possible, contribuant à la stabilité du pays.

    Quels sont vos objectifs pour les élections 2007 ?
    Nous sommes un parti jeune, prétendre que l’on vise un raz-de-marée électoral serait du non-sens. On ne veut pas de triche, pas de “dopage” des scores des uns et des autres. Ce qui nous intéresse pour commencer, c’est de connaître notre poids réel, et pour cela, le véritable baromètre reste les élections (honnêtes, s’entend). Nos vraies ambitions sont donc décalées de cinq ans, pour les consultations de 2012.

    Vous n’avez pas l’ambition d’entrer au gouvernement ? De constituer, éventuellement, un groupe parlementaire ?
    Ma conviction est que la meilleure école de formation et de maturation pour un parti politique reste l’exercice de l’opposition. Mais une opposition concrète, sur le terrain. Le Maroc, à l’avenir, aura surtout besoin d’un pôle de centre-gauche qui pourrait focaliser les revendications sociales et les adapter aux réalités du pays. Le Parti travailliste a pour ambition de s’adresser aux hommes d’entreprises, aux jeunes, aux défavorisés des quartiers chauds…

    Vous envisagez des alliances avec des partis de gauche (USFP, PPS, PSU), voire du centre (RNI) ?
    On peut soutenir les partis de gauche, qui appartiennent à notre famille politique. Quant au centre, il n’existe pas, il est en construction !

    Et les islamistes (PJD) ?
    Je préfère ceux qui, parmi eux, acceptent de s’impliquer directement dans le jeu démocratique. Et si je veux les combattre, c’est seulement par les urnes, dans le but d’éviter un raz-de-marée islamiste. Et cela passe, je le répète, par un travail de terrain. Il faut aller vers les gens, leur parler, les écouter, au lieu de s’enfermer dans des réunions doctrinaires sans fin.

    Que répondez-vous à ceux, parmi vos anciens camarades (de l’USFP), qui laissent entendre que le Parti travailliste a été créé pour “parasiter” l’USFP, que son exposition médiatique est sans rapport avec son poids véritable ?
    Nous avons réagi en interpellant les auteurs de ces insinuations qui ne reposent sur aucun fondement. Nous avons dit : messieurs, si vous pensez que c’est le roi qui est derrière un quelconque “dopage” du Parti travailliste, dites-le. Et allez jusqu’au bout de votre logique : démissionnez du gouvernement ! Si ces gens pensent que c’est le ministre de l’Intérieur qui nous “dope”, ils n’ont qu’à demander son renvoi. Soyons sérieux : de quel dopage parle-t-on ? Si notre parti est visible dans les médias, c’est parce qu’il prend des initiatives sur le terrain et qu’il apprend à communiquer. Personnellement, j’enchaîne les week-ends de travail toujours en déplacement sur le terrain, au lieu de rester chez moi comme le font certains…

    Pourquoi a-t-on, parfois, l’impression que le Parti travailliste n’existe que par vous ?
    C’est une fausse impression. Elle est peut-être due au fait que nous avons fait le choix de confier le rôle de porte-parole au secrétaire général (ndlr : Abdelkrim Benatik !).

    Il vous est arrivé de critiquer la démarche d’une association comme 2007 Daba. Est-ce à dire que le rôle d’encadrement et d’incitation ne revient qu’aux partis politiques ?
    Nous sommes contre la démarche qui consiste à appeler les partis politiques pour leur dire : on vous prépare des cadres, à vous de les motiver pour les recruter et faire de la politique. Ce n’est pas très sain. C’est aux partis de recruter les élites et par leurs propres moyens. Mais nous applaudissons, en revanche, quand l’association encourage les jeunes et les Marocains en général à participer aux élections et à l’action politique. Pour le reste, nous n’avons aucun problème, ni avec 2007 Daba, ni avec Noureddine Ayouch, que l’on a d’ailleurs invité à l’un de nos meetings.

    La réforme constitutionnelle fait-elle partie de votre credo politique ?
    Oui, mais elle n’est pas prioritaire. Le plus important aujourd’hui est de crédibiliser le Parlement et, en amont, les élections.

    Vous n’avez pas peur, par moments, de dire la même chose que tous les autres ?
    Non, parce que nous sommes foncièrement différents. Je le répète : pour nous, la priorité n’est pas de participer au gouvernement, ni de réformer la Constitution. Nos élections ne sont pas encore crédibles, et je ne crois pas que beaucoup soient prêts à le dire aussi clairement.



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