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impostures , procès croisés Beur/blédard

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  • impostures , procès croisés Beur/blédard

    Le vrai beur et le faux

    .
    Mon ami Abdelghafour, un ingénieur qui vit aujourd’hui sur la côte ouest des Etats-Unis, est fâché contre moi. Il est d’ailleurs fâché en permanence. Contre les autres, la vie, les gens, la France qu’il a quittée et qu’il continue de détester mais d’aimer à des milliers de kilomètres de distance. C’est un beur, un vrai de vrai.

    Né à Sochaux il y a quarante ans, aîné d’une fratrie de neuf enfants engendrée par un ouvrier originaire du Rif marocain qui a travaillé toute sa vie chez Peugeot, il m’en veut pour ma chronique de la semaine dernière. «Tu récidives !», m’a-t-il simplement écrit dans un courriel sans salutations ni adieux. Il y a quelques années, nous nous étions sérieusement empoignés à propos d’un point de vue que j’avais publié dans le quotidien Libération au lendemain du fameux match France—Algérie au stade de Saint-Denis, quelques semaines après les attentats du 11 septembre 2001. Dans le papier en question, je traitais de «voyous» les abrutis qui avaient sifflé la Marseillaise et envahi le terrain, faisant honte du coup à l’Algérie et aux Algériens. «Ce n’est pas à vous de parler des beurs», m’avait reproché alors Abdelghafour. Le «vous» désignait les bledards. A l’entendre aujourd’hui encore, les critiques que les nouveaux débarqués ou ceux du bled peuvent formuler à l’encontre des beurs sont autant de coups de poignard supplémentaires que ces derniers reçoivent dans le dos. «Tout le monde nous trahit», dit-il souvent sans donner d’autres précisions.


    Il n’a pas tout à fait tort. La liste des traîtres est en effet très longue. Il y a d’abord le pays d’origine qui, par son chaos et son non-développement, a transformé le rêve du retour en mythe décrépi. Il y a ensuite la «République» qui a fermé l’oeil sur les bidonvilles et les ratonnades et qui aujourd’hui s’indigne qu’on puisse l’accuser de ségrégationnisme, alors que l’égalité des chances et le discours sur le «modèle universel français» ne sont que slogans creux et verbiages qui ne trompent personne. Il y aussi la gauche qui n’a jamais fait son aggiornamento à propos de sa position ambiguë durant la colonisation, puis la Guerre d’indépendance algérienne, et qui, elle aussi, s’est bien moquée des aspirations des Maghrébins de France. Je n’oublie pas les opportunistes, les beurs intrigants qui ont su chevaucher toutes les bonnes vagues et qui crachent désormais sur leurs frères à chaque passage à la télévision. Alors oui, peut-être: quand les enfants du bled s’y mettent eux aussi, il est logique que les épaules des beurs s’affaissent un peu plus.

    Mais ce que Abdelghafour supporte le moins, c’est les usurpateurs, ceux qui disent une souffrance qui n’est pas la leur. Dans la précédente chronique, j’ai déjà évoqué le fait que le bledard refuse presque toujours d’être assimilé à un beur. En France, les «Gaulois» font, de prime abord, rarement la distinction, à moins d’y être encouragés et il arrive parfois que cette confusion arrange le bledard. C’est le cas par exemple lorsqu’il s’agit de prendre une parole médiatisée à propos de l’intégration et de tous les thèmes qui y affèrent. Il n’est pas rare de voir s’exprimer, dans les colonnes des journaux ou à la télévision, des beurs qui n’en sont pas. Mieux, pour être sûrs de trouver une oreille attentive dans les maisons d’édition et donc pour être sûrs de bien «être vendus» par l’attachée de presse, des bledards, parfois à peine débarqués, endossent sans honte ni scrupules l’habit de la cité et de la galère, clichés incontournables pour faire vendre, à condition bien sûr d’y ajouter la réussite obtenue grâce à la République et - pour les filles - la lutte valeureuse contre les traditions, les hommes de la famille et, si cela s’avère insuffisant, les barbus qui, comme chacun le sait, pullulent désormais dans toute la France et la Navarre.





    Prenez l’exemple de Mlle N., arrivée en France il y a moins de trois ans. Famille algéroise super tchitchi: pas besoin de bourse. Etudiante à Paris-Dauphine, faculté - je le signale au passage pour celles que cela intéresse -, où viennent souvent traîner des responsables de castings, elle rêve désormais de télévision. Si l’émission pour laquelle elle a été approchée voit le jour à la rentrée, elle animera une rubrique où elle devra raconter sa vie de beurette à la fois «émancipée» mais tiraillée par, encore une fois, «la tradition, les hommes...». Problème: Mlle N., qui habite dans le septième arrondissement, n’a jamais mis les pieds dans une cité, et les rares fois où elle a pris le RER, c’était pour aller à l’aéroport de Roissy ou d’Orly.

    On le voit, la frontière entre l’usurpation d’identité et l’imposture est très floue et je n’insisterai pas sur ce chanteur de raï, acteur à ses heures perdues, qui, dans son plan média, joue à fond la carte du beur que l’on peut citer en exemple pour sa réussite, alors qu’il a passé une grande partie de sa jeunesse en Algérie.

    En tous les cas, cette imposture met en rogne les beurs qui n’admettent pas que des bledards s’emparent de leur vécu, sans pour autant les comprendre ou les respecter, voire sans même chercher à appréhender la profondeur de leurs souffrances.

    Dans un livre passionnant qui vient de paraître (1), les journalistes Dominique Vidal et Karim Bourtel évoquent d’ailleurs le ressentiment à l’égard des bledards, ces Maghrébins, citent-ils, «fraîchement débarqués qui, souvent, s’arrogent le droit de parler au nom des beurs en dépit d’histoires et de trajectoires très différentes».

    Il faut bien reconnaître que cette critique est loin d’être infondée. Il ne s’agit pas simplement d’habiter Juvisy ou Sarcelles pour comprendre «l’âme beur». Ce qu’il faut, c’est une véritable plongée dans le vécu et le passé des beurs. En somme, une analyse, un voyage en terre inconnue où c’est peut-être le non-Maghrébin qui aura le plus de chances de réussir.




    C’est la conclusion que l’on tire de la lecture du livre du sociologue Stéphane Beaud, lequel a publié la correspondance électronique entretenue avec Younès Amrani, un jeune de cité (2). Aucun parti pris, aucun sentiment de supériorité et surtout, surtout, le partage implicite d’une même colère à l’encontre d’une société inégalitaire. En septembre dernier, l’auteur de cette chronique a ressenti une mauvaise conscience inattendue à la lecture de ce livre. C’était une véritable douleur physique qui surgissait et s’amplifiait au fil des pages. Et c’est le souvenir de cette sensation cuisante qui me rend d’ailleurs aussi peu susceptible vis-à-vis des colères d’Abdelghafour. Il peut vraiment se fâcher: il y a de quoi.



    (1) Le Mal-Etre Arabe. Enfants De La Colonisation. Agone, 233 Pages, 15 Euros.

    (2) Pays De Malheur. Un Jeune De Cité Ecrit

    A Un Sociologue. La Découverte. 231 Pages,16 Euros.



    Dialogue des profondeurs.

    Le bledard au petit beur agité ....'' Tu me fais honte'' ton attitude en France me fait honte, je ne suis pas un beurk (sauf si le Beur est Zidane).

    Le beur au bledard débarqué recent en France même avec bac + 20.et à fortiori avec un oncle miltaire gradé ou haut fonctionnaire algerien .....
    '' Et toi tu es la honte de l'Algerie '' mon image d'une Algerie qui avance et à laquelle je m'accrochais , c'est toi qui la brise .

  • #2
    excellent le sioux! très éclairant et très fun ton pote

    et moi qui connaissait pas le terme "blédard" ya 1 mois! lol

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    • #3
      salut
      bon constat sur les beurs et les bledards ça donne une idee genrales sur les rapports qui les caracterisent
      j'aimerais bien transgresser ce probleme dans sa dimension sociologqiue juridque que chac'un de ces sujets, peut se situer vis a vis des donnees politiques sociologiques pour bien determiner les elements qui nous separent et qui devraient etre traites selon l'envoronnement politique et juridque de chaque sujet come aspects actif (derrangeant ou intrus ) dans la meme societe d'acceuil .
      cordialement

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      • #4
        Notre ami le sioux berbère a oublié de citer l'auteur du texte. Article signé Akram Belkaïd du QO : http://www.algerie-dz.com/article2163.html

        Sinon, à ce rythme, on va finir par instaurer une carte électronique et sécurisée de BEUR, histoire que nos amis les beurs ne se fassent pas voler leur "image" par des bledards conquérants!

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        • #5
          Merci Nassim,

          le problème c'est que j'ai pris connaissance de ce boulot grace à Ben de K..C qui l'avait posté.

          Y avait pas les références sur le post de Ben

          Merci

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          • #6
            le quotidien d'oran!!!!!!!!

            j'ai deja lu cela dans le journale le quotidien d'oran est c'est un article de AKRAM BELGAID la suite d'un 1er article parus dans le meme journale la semaine derniere Qu’on se le dise, le blédard n’est pas beur !

            Paris : Akram Belkaïd

            Blédard... C’est dans le RER, il y a dix ans, que j’ai entendu prononcer ce mot pour la première fois. Des lycéens - beurs en majorité - chahutaient. Casquettes, vêtements et baskets de marque. Hurlements, bousculades, crachats au sol et insultes faciles: le smir façon banlieue parisienne. Triste mais habituel spectacle sur la partie nord de la ligne D abonnée aux retards et aux «incidents voyageurs» pour reprendre l’expression pudique de la SNCF. Je lisais La Nation et le bruit m’indisposait. Peut-être ai-je laissé s’échapper un soupir bruyant ou risqué un regard désapprobateur. De quoi, en tous les cas, provoquer la réaction immédiate de l’un des yôs - terme adopté par votre serviteur pour désigner les énergumènes nourris aux clips de rappeurs mythomanes, machistes et indécents. «J’en vois un qu’est pas content !», a crié l’un d’eux. «Laisse-le tranquille. T’as vu son journal ? C’est un blédard», lui a conseillé un autre à mon grand soulagement. Soulagement ? Ceux qui, installés dans une rame quasiment déserte, ont fait un jour l’expérience de voir soudain débouler une horde de yôs me comprendront...
            Je venais donc d’être classé - et à raison - dans cette catégorie que les médias français ont toujours du mal à appréhender quand il s’agit d’évoquer les sempiternelles questions liées à «l’intégration», à «l’immigration», au «malaise des banlieues» ou encore à «l’islam des cités», etc. Le blédard, c’est le nouveau débarqué. Nouveau en comparaison de ceux qui furent transportés en France au siècle dernier et dont l’ancienneté a en quelque sorte été transmise à leurs enfants. Des enfants de nationalité française mais dont on parle encore comme des «fils d’immigrés» voire des «immigrés de la nouvelle génération» ou mieux encore comme des «immigrés français».
            Blédard... Longtemps, ce terme a désigné, non sans un certain mépris, les cousins du bled. Ceux qui vivaient de «l’autre côté» et qui parfois, l’espace d’un visa ou d’une allocation de devises (qui se souvient de «ss’hâb trente-deux mille» ?), arrivaient en France pour quelques jours ou semaines. Mais aujourd’hui, le blédard, c’est avant tout celui qui vit depuis peu en France. Il n’y est pas né et s’il y a fait ses études, c’est souvent après le baccalauréat. Surtout, il parle l’arabe, du moins la darja, sans difficulté et ne dit pas «ouala» ou «sur le Coran» quand il doit jurer. En un mot, c’est l’Arabe de France, ou mieux, le Maghrébin de France qui n’est pas beur.
            Le plus souvent, le blédard refuse absolument d’être confondu avec un beur. Dans ses rapports avec les «Français de souche» ou les «Gaulois» voire les «BBR» (bleu-blanc-rouge), il s’arrange rapidement pour mettre les choses au point. En un mot, son message c’est: «Je viens de ‘là-bas’. La cité, SOS Racisme et le reste, je ne connais pas ou peu. Et si c’est possible, je préfère ne pas connaître».
            L’auteur de cette chronique n’échappe pas à la règle. Il y a quelques années, je faisais remarquer à une consoeur parisienne que je trouvais symptomatique le fait qu’aucun journaliste de notre rédaction n’était beur ou encore moins d’origine antillaise ou d’Afrique noire. C’était en 2002, quelques semaines après l’arrivée de Le Pen au second tour et l’on parlait alors beaucoup de l’intégration et de l’absence de progrès en la matière. J’ajoutais même que notre journal n’était absolument pas une exception puisque la situation était identique dans toutes les chaînes de télévision et même dans d’autres quotidiens à commencer par celui «du soir de référence» toujours prompt à moraliser le monde via ses éditoriaux mais incapable de regarder sa propre réalité discriminatoire.
            «Mais... et toi ?», m’a alors demandé ma consoeur. J’ai répondu sans réfléchir mais avec beaucoup d’irritation que ce n’était pas la même chose. Que j’étais tout sauf «le beur de service». J’étais un migrant, un étranger empli d’une autre réalité - celle de son pays d’origine - qui avait cherché du travail ailleurs que chez lui; un Algérien qui aurait très bien pu atterrir à Doha ou à Montréal. A l’inverse, les stagiaires beurs que l’on voyait parfois passer dans la rédaction sans être jamais retenus - ils venaient pourtant des meilleures écoles de journalisme - étaient bel et bien de nationalité française. «Tu exagères !», a insisté ma collègue en digne représentante de la bien «penseance» socialiste. «Il y a quand même des gens comme Rachid Arhab. Les choses avancent», a-t-elle ajouté. «Arhab est l’arbre qui ne cache aucune forêt», ai-je répondu pour clore cette discussion qui ne menait nulle part et qui reste encore d’actualité malgré les beaux discours et les promesses d’une télévision un peu plus bleu-blanc-beur.
            Le premier observateur un tant soit peu attentif remarquera que le blédard et le beur ont des attitudes souvent différentes au quotidien. La relation que le premier entretient avec la France diffère en effet de celle qui, disons-le, oppose le second à ce même pays. Bien sûr, il y a le visa, les tracasseries à la préfecture et les obstacles - énormes, il ne faut pas se leurrer - pour l’emploi et le domicile. Mais le blédard est un optimiste. Inconscient peut-être mais optimiste ce qui le fait monter à l’assaut de citadelles dont il ignore tout de leurs défenses. Inconscience et absence de complexe qui, paradoxalement, lui ouvrent souvent des portes qui demeurent désespérément closes pour le beur. Le fait est que le blédard ne ressent pas sur son dos toute cette chape de rancoeur et même de révolte que nombre de beurs peuvent éprouver à l’égard de leur propre pays. Un pays qu’ils ne cessent d’accuser de les avoir privés du minimum de chances pour réussir. Le blédard est déjà dans un rapport post-colonial avec la France tandis que le beur demeure - à tort ou à raison - englué dans ce «continuum colonial» que dénoncent les associations qui veulent faire de la journée du 8 mai, l’occasion de manifester au nom des «indigènes de la République». Dans le regard, dans le discours du beur, il y a souvent un désir de revanche, une volonté exacerbée de se voir enfin reconnaître sa place dans la société française. Cela influe sur son attitude, sa manière d’appréhender les événements les plus insignifiants de la vie courante. La «beur attitude», c’est un mélange de fierté, de colère et de susceptibilité. C’est une souffrance que l’on devine mais qui ne rend pas pour autant sympathique celui qu’elle torture.
            zinoo

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            • #7
              à lire !

              d'habitude je ne prends pas le temps de lire les longs articles mais celui-ci m'a beaucoup ému..
              je vous conseille de le lire, vous vous retrouverez certainement quelque part (je parle aux maghrébins en général)
              en tout cas , bel article
              Lilia

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