par Ibrahim Alabi Oridota*
En Afrique, très peu de pays justifient des mêmes atouts touristiques que l'Algérie. Cependant, plus que n'importe quel autre pays africain, l'Algérie doit élargir le débat sur l'avenir du tourisme à sa société civile. C'est à cette condition que le pays pourra tirer avantage de ce secteur et s'épargner les malheurs inhérents à ce phénomène économique et social sans comparaison parce que l'état du tourisme mondial est extrêmement favorable à l'Algérie. Aux plans national et international, cette situation exige que ce pays fasse particulièrement attention au miroir aux alouettes. Sur le plan international, l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), l'instance des Nations unies qui veille sur la marche du tourisme dans le monde, s'est déjà trompée par le passé. Rien ne dit qu'elle ne puisse pas se tromper dans l'avenir. Quand nous étions étudiants, l'Omt nous enseignait que «le tourisme international était la seule forme de tourisme digne d'être définie». C'était inexact. Il ne peut avoir de tourisme international sans développement efficace des secteurs touristiques nationaux. De plus, aucun pays au monde ne s'est développé en investissant d'abord dans l'infrastructure destinée au tourisme international. Tous ceux qui prétendent le contraire pour l'Algérie ont l'obligation d'expliquer pourquoi. Bien sûr, l'Omt a déjà beaucoup changé, mais c'est seulement face à un monde mieux organisé que l'Omt a rectifié ses erreurs. Il appartient à des pays comme l'Algérie d'aider cet organisme mondial à prendre en compte les intérêts des pays en voie de développement dans la formulation de sa politique. Aujourd'hui, l'impulsion donnée par l'Omt est centrée sur «le développement durable du tourisme». Qui peut garantir que ce n'est pas une erreur ? Que ce soit aux Nations unies ou à l'Université, au sens universel du terme, le développement «durable» reste un concept controversé et instable. Le temps et l'espace de cet article seront insuffisants pour soumettre la notion de développement durable à l'analyse critique nécessaire à l'éclairage de son impact sur les politiques de tourisme des pays en voie de développement.
Sur le plan national, on peut s'appuyer sur le triptyque de l'évidente volonté politique, du regard légitimement critique des médias nationaux et de l'attente avisée de la société civile pour évaluer les atouts touristiques de l'Algérie. Premièrement, la dernière édition du Sitev (Salon international du tourisme et des voyages, 20 au 24 mai 2007 à Alger) a mis en évidence la volonté des pouvoirs publics à faire participer le tourisme à l'indispensable effort de diversification de l'économie nationale. Les chiffres clés qui en ressortent sont là pour en témoigner : 16 pays étrangers, 190 exposants dont 58 organismes de voyages, 30 offices locaux et 20 associations de tourisme, 12 administrations d'Etat, sans compter hôteliers, entreprises de gestion, sociétés commerciales, de transport et d'études et organismes de formations qui ont considéré leur présence comme un atout pour leur propre essor. L'Office National du Tourisme a d'abord inscrit son action dans le prolongement du thème de «Culture touristique au service du développement durable» impulsé par l'article 1 de la charte du tourisme durable adoptée par l'Omt en 1995. L'Office national a aussi communiqué sur les objectifs gouvernementaux à l'horizon 2015. Ces objectifs sont regroupés en projets d'investissement pour accroître la capacité d'accueil et augmenter le flux touristique par les différents types de tourisme qui révèlent une diversité considérable de sites et de potentiel d'animation, le tout avec un objectif final de réaliser un bénéfice de 2 milliards de dollars américains en 2015.
Deuxièmement, le regard critique que la presse algérienne porte sur l'effort gouvernemental est un atout qui éclaire les politiques annoncées. Il faut dire en passant que la presse a été partout combattue. Ce fut le cas en France au cours du XVIIème siècle. Néanmoins, l'essor du monde industrialisé a été possible parce que le développement économique fut indissociable d'une certaine culture de l'information. Les interrogations de la presse algérienne sur la finalité de l'hôtel El Safir devenu «résidence secondaire» des députés algériens, ou sur le caractère de «résidence d'Etat», des résidences des Pins et Moretti, sont des questionnements économiques qui visent l'efficacité de l'action de l'Etat. Ces interrogations procèdent d'une distinctive culture de l'information qu'il y a lieu d'encourager.
...
Commentaire