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Parution. Jamel le CRS
Témoignage décapant sur la police de Sarkozy
Jamel, 25 ans, jeune beur issu d’un quartier populaire, a passé trois ans dans la police où il a été, tour à tour cadet de la police puis adjoint de sécurité et, enfin, gardien de la paix au sein des Compagnie républicaine de sécurité (CRS), l’un des corps les plus prestigieux de la police française.
Et son témoignage est des plus édifiants quant aux ravages causés par « la culture du chiffre ». Mais pas seulement. Il confirme surtout que cette institution censée garantir la paix publique et l’ordre républicain n’échappe pas aux dérapages et aux dérives de tous ordres. Mais, au-delà de son objet principal, Jamel le CRS conte, par le menu, le parcours semé d’embûches et d’obstacles que l’on doit franchir au pays des droits de l’homme, lorsqu’on cumule un double handicap : une origine ethnique (en l’occurrence maghrébine) et une origine géographique (les banlieues populaires). La singularité de Jamel réside, avant tout, au niveau des motivations qui ont été les siennes quant à opter pour le statut de policier. Vocation, que nenni, la garantie d’un emploi, encore moins, non, tout simplement « l’idée de devenir flic, comme il l’écrit lui-même, est le fruit d’un ras-le-bol. Ras-le-bol d’être contrôlé dix fois par jour pour rien, ras-le-bol d’être humilié et insulté pour rien, ras-le-bol d’assister tous les jours à des comportements délictueux de policiers à l’encontre des jeunes des cités… » Et c’est ce ras-le-bol quotidien qui fait germer en lui l’idée d’intégrer la police pour enquêter en interne, afin de porter ensuite un témoignage sur une institution autoprotectrice. Au départ, le parcours de Jamel est somme toute commun à un de ces jeunes pour lesquels tous les malheurs de la vie se sont penchés dès le berceau. Le chapitre au titre édifiant « Détruit par mon père » n’est qu’une litanie de déboires dès son plus jeune âge. Un père alcoolique et violent, une mère battue et sept enfants, dont il est le benjamin, entassés dans un appartement HLM de 30 m2, un F2, sis dans une cité de Neuilly-sur-Marne. Et il a sept ans, quand toute la famille déménage à Bagneux dans les Hauts-de-Seine. Avec l’ivresse quasi quotidienne du père et les violences familiales et conjugales, le jeune Jamel n’est pas indemne au plan psycho-affectif. Il en résulte une bascule dans la boulimie, qui plus tard, fera de lui un jeune obèse de 95 kg. Malgré le climat familial et une agressivité tournée vers les autres qu’il développera très vite, il n’est pas mauvais élève. Au point que, lors des sempiternels contrôles de police, sa maîtrise du verbe et son aplomb le laissent souvent face-à-face avec « les forces de l’ordre ». Et bien sûr, la misère et le contexte des cités aidant, Jamel plonge dans la délinquance, dealant du « shit », tout en s’interdisant (par morale) les drogues dures. Jusqu’au jour où une descente de police dans la cité le laisse à terre, victime d’un coup de « tonfa », le fameux « bâton de défense à poignée latérale ». Et ce sera le déclic. Il se décide à « intégrer cette police afin d’enquêter sur son fonctionnement ». Il commencera d’abord par une cure d’amaigrissement pour convenir aux critères de recrutement et sera reçu adjoint de sécurité (ADS). Avec étonnement et revanche, il découvrira tous les passe-droits auxquels peut donner lieu une carte plastifiée barrée de tricolore : transports gratuits, entrée en discothèques,… Par la suite, il se retrouvera en détachement auprès du Centre de rétention des étrangers sous le palais de justice de Paris. Son témoignage sur les conditions d’internement des « irréguliers » est accablant. De même, son passage au commissariat de L’Hay-les-Roses dans le 94 – durant lequel il va passer son bac avec succès– va lui « déchirer » les yeux. Le corps de police dans un commissariat est à l’image de la société. Les racistes, les alcoolos, les revanchards de la vie, les complexés du pouvoir… ils font aussi partie de la police. Ambitieux, Jamel va passer outre et intégrer les CRS après une formation de 3 mois dont les conditions – de commandement notamment (brimades et humiliations permanentes) – le laissent « cassé » et souffrant d’insomnie. Dès lors – mais c’est le lot de la majorité – dopage pour réussir les épreuves sportives et médicamentation, continuent… Il sera affecté à la CRS 7 de Deuil-la-Barre dans le 95, laquelle a défrayé la chronique suite à des abus de pouvoir (viols de prostituées et racket de taximen). Révolté par tout ce qu’il a traversé, il porte témoignage dans un hebdomadaire, à la suite duquel il est convoqué au ministère de l’Intérieur où on lui laisse entendre qu’il n’y aura pas de sanction s’il se tait. Il avait tout simplement oublié que son ministre de tutelle était candidat à la présidentielle. Et dénoncer « la culture du chiffre », à tout prix, n’a pas bonne presse et c’est le cas de le dire. Au bout du compte, il quitte le corps de la police, décidé cette fois à témoigner à travers le livre. Son brûlot n’est pas anodin. En effet, d’autres membres de la police, et Gaulois de surcroît – Erik Blondin qui dirige un syndicat de police a signé la préface – corroborent point par point l’expérience vécue par Jamel. De même, un livre non publié sur Sarkozy connaît actuellement un grand succès sur le Net (il s’agit d’un magistrat attaquant le faux bilan de l’ex-ministre de l’Intérieur). « Voilà, c’est la fin de mon histoire, conclut le jeune homme, celle d’un jeune mec de cité rebelle, qui n’a pas hésité à passer de l’autre côté de la barrière et à prouver qu’il était capable de réussir toutes les épreuves de sélection. C’est vrai, j’ai été à terre plusieurs fois, mais je me suis relevé. Et aujourd’hui je suis debout : mission accomplie ».
Témoignage décapant sur la police de Sarkozy
Jamel, 25 ans, jeune beur issu d’un quartier populaire, a passé trois ans dans la police où il a été, tour à tour cadet de la police puis adjoint de sécurité et, enfin, gardien de la paix au sein des Compagnie républicaine de sécurité (CRS), l’un des corps les plus prestigieux de la police française.
Et son témoignage est des plus édifiants quant aux ravages causés par « la culture du chiffre ». Mais pas seulement. Il confirme surtout que cette institution censée garantir la paix publique et l’ordre républicain n’échappe pas aux dérapages et aux dérives de tous ordres. Mais, au-delà de son objet principal, Jamel le CRS conte, par le menu, le parcours semé d’embûches et d’obstacles que l’on doit franchir au pays des droits de l’homme, lorsqu’on cumule un double handicap : une origine ethnique (en l’occurrence maghrébine) et une origine géographique (les banlieues populaires). La singularité de Jamel réside, avant tout, au niveau des motivations qui ont été les siennes quant à opter pour le statut de policier. Vocation, que nenni, la garantie d’un emploi, encore moins, non, tout simplement « l’idée de devenir flic, comme il l’écrit lui-même, est le fruit d’un ras-le-bol. Ras-le-bol d’être contrôlé dix fois par jour pour rien, ras-le-bol d’être humilié et insulté pour rien, ras-le-bol d’assister tous les jours à des comportements délictueux de policiers à l’encontre des jeunes des cités… » Et c’est ce ras-le-bol quotidien qui fait germer en lui l’idée d’intégrer la police pour enquêter en interne, afin de porter ensuite un témoignage sur une institution autoprotectrice. Au départ, le parcours de Jamel est somme toute commun à un de ces jeunes pour lesquels tous les malheurs de la vie se sont penchés dès le berceau. Le chapitre au titre édifiant « Détruit par mon père » n’est qu’une litanie de déboires dès son plus jeune âge. Un père alcoolique et violent, une mère battue et sept enfants, dont il est le benjamin, entassés dans un appartement HLM de 30 m2, un F2, sis dans une cité de Neuilly-sur-Marne. Et il a sept ans, quand toute la famille déménage à Bagneux dans les Hauts-de-Seine. Avec l’ivresse quasi quotidienne du père et les violences familiales et conjugales, le jeune Jamel n’est pas indemne au plan psycho-affectif. Il en résulte une bascule dans la boulimie, qui plus tard, fera de lui un jeune obèse de 95 kg. Malgré le climat familial et une agressivité tournée vers les autres qu’il développera très vite, il n’est pas mauvais élève. Au point que, lors des sempiternels contrôles de police, sa maîtrise du verbe et son aplomb le laissent souvent face-à-face avec « les forces de l’ordre ». Et bien sûr, la misère et le contexte des cités aidant, Jamel plonge dans la délinquance, dealant du « shit », tout en s’interdisant (par morale) les drogues dures. Jusqu’au jour où une descente de police dans la cité le laisse à terre, victime d’un coup de « tonfa », le fameux « bâton de défense à poignée latérale ». Et ce sera le déclic. Il se décide à « intégrer cette police afin d’enquêter sur son fonctionnement ». Il commencera d’abord par une cure d’amaigrissement pour convenir aux critères de recrutement et sera reçu adjoint de sécurité (ADS). Avec étonnement et revanche, il découvrira tous les passe-droits auxquels peut donner lieu une carte plastifiée barrée de tricolore : transports gratuits, entrée en discothèques,… Par la suite, il se retrouvera en détachement auprès du Centre de rétention des étrangers sous le palais de justice de Paris. Son témoignage sur les conditions d’internement des « irréguliers » est accablant. De même, son passage au commissariat de L’Hay-les-Roses dans le 94 – durant lequel il va passer son bac avec succès– va lui « déchirer » les yeux. Le corps de police dans un commissariat est à l’image de la société. Les racistes, les alcoolos, les revanchards de la vie, les complexés du pouvoir… ils font aussi partie de la police. Ambitieux, Jamel va passer outre et intégrer les CRS après une formation de 3 mois dont les conditions – de commandement notamment (brimades et humiliations permanentes) – le laissent « cassé » et souffrant d’insomnie. Dès lors – mais c’est le lot de la majorité – dopage pour réussir les épreuves sportives et médicamentation, continuent… Il sera affecté à la CRS 7 de Deuil-la-Barre dans le 95, laquelle a défrayé la chronique suite à des abus de pouvoir (viols de prostituées et racket de taximen). Révolté par tout ce qu’il a traversé, il porte témoignage dans un hebdomadaire, à la suite duquel il est convoqué au ministère de l’Intérieur où on lui laisse entendre qu’il n’y aura pas de sanction s’il se tait. Il avait tout simplement oublié que son ministre de tutelle était candidat à la présidentielle. Et dénoncer « la culture du chiffre », à tout prix, n’a pas bonne presse et c’est le cas de le dire. Au bout du compte, il quitte le corps de la police, décidé cette fois à témoigner à travers le livre. Son brûlot n’est pas anodin. En effet, d’autres membres de la police, et Gaulois de surcroît – Erik Blondin qui dirige un syndicat de police a signé la préface – corroborent point par point l’expérience vécue par Jamel. De même, un livre non publié sur Sarkozy connaît actuellement un grand succès sur le Net (il s’agit d’un magistrat attaquant le faux bilan de l’ex-ministre de l’Intérieur). « Voilà, c’est la fin de mon histoire, conclut le jeune homme, celle d’un jeune mec de cité rebelle, qui n’a pas hésité à passer de l’autre côté de la barrière et à prouver qu’il était capable de réussir toutes les épreuves de sélection. C’est vrai, j’ai été à terre plusieurs fois, mais je me suis relevé. Et aujourd’hui je suis debout : mission accomplie ».
<span style="color:#0000ff"><b>Moulo...oun</b></span> (El Watan)
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