Alors qu'il y a quelques années, le seul evénement culturel, c'était la course de chameaux.
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Pour sa quatrième édition, le Festival international de musique classique d’Abou Dhabi a revêtu ses plus beaux atours pour recevoir des invités de marque. En effet, des personnalités de la musique classique du monde entier ont afflué dans la capitale des Émirats arabes unis pour participer ou assister aux diverses manifestations qui s’y sont déroulées, prouvant ainsi que ce festival est devenu un rendez-vous international de la musique classique reconnu et apprécié.
Ce festival, qui a pris forme quatre ans auparavant suite à l’initiative de Mme Hoda Kano, fondatrice de l’Admaf (Abu Dhabi Music & Art Fondation), et a été placé sous le patronage de cheikh Mohammad ben Zayed al-Nahyan, prince héritier d’Abou Dhabi, est attendu par les habitants de la région qui affluent par centaines de tous les coins du pays. « Le festival est un forum d’échange culturel qui donne la chance aux nouveaux talents de s’exprimer », affirme Hoda Kano.
Le Liban est toujours un invité privilégié du Festival de musique classique d’Abou Dhabi, et cette année Kano n’a pas manqué à cette tradition en invitant deux personnalités de marque de la musique libanaise, à savoir Élias Rahbani et Charbel Rouhana, dont les performances ont été particulièrement appréciées.
Pour l’ouverture du festival, la salle du Emirates Palace s’est parée de tous ses atours. Somptueux, l’Orchestre philharmonique du Caire a prouvé qu’il était capable de jouer dans la cour des grands. Fondé en 1959, l’orchestre s’est installé à l’Opéra du Caire en 1990 sous la direction du maestro Ahmed el-Saedi et a développé un large répertoire de musique classique et d’opéras. La sélection choisie pour le Festival d’Abou Dhabi est riche et variée : Shostakovski, Bartok, Rossini, Brahms, Botticelli, mais aussi Atya Sharara, Jamal Salami et Abdel-Wahab. Ce mélange de musique et de cultures propres à la région est devenu presque une tradition fort appréciée, émanant des objectifs même que se sont fixés les dirigeants des Émirats arabes unis.
L’orchestre académique de l’Hermitage, venu de Saint-Pétersbourg, a ravivé les esprits et les cœurs, faisant honneur au musée célèbre d’où il puise son existence et son inspiration. Les pièces choisies pour Abou Dhabi sont : une valse de Glinka, un Concerto de violon de Mendelssohn, la Symphonie n° 83 de Haydn, la Symphonie en D major op. 25 de Prokofiev.
Place au Liban avec Élias Rahbani, qui a porté, comme à son habitude, le drapeau libanais aux plus hautes sphères de la musique internationale. Rahbani a donné le meilleur de lui-même devant un public ravi de se sentir au Liban le temps d’un concert.
« Place aux jeunes, les générations futures ne sont pas à négliger, bien au contraire, elles sont prioritaires », semble dire Hoda Kano, qui considère le jour des enfants comme le plus important du festival et y met l’énergie et les moyens suffisants pour leur permettre de présenter des performances au plus haut niveau et avec de grands professionnels. 3 000 enfants ont participé à la journée, jouant d’un instrument, chantant ou dansant. C’était un rêve pour certains, un défi pour d’autres, mais un événement pour tous.
Présence libanaise remarquée
L’invité du sixième jour du festival est un homme étonnant. Après avoir risqué sa vie à plusieurs reprises dans son pays, l’Irak, il a tourné le monde son oud sous le bras, offrant à l’Orient et à l’Occident une image de raffinement et de culture hors norme. Considéré comme l’un des plus grands « oudistes » de notre siècle, il a créé la Maison du oud au Caire et en Espagne et s’apprête à créer celle de Abou Dhabi. Nous ne parlerons pas de l’artiste mais de l’homme. Nasser el-Chamma est un être hors du commun, son cœur bat pour la musique, mais aussi pour les enfants d’Irak, victimes de la barbarie des grands.
Le défi de passer après Nasser el-Chamma est grand, mais l’artiste est de taille. Le sixième jour était consacré à Charbel Rouhana et sa troupe, en présence du ministre Marwan Hamadé, représentant le Liban. Rouhana, qui ne croit pas au conflit des civilisations mais au rassemblement des cultures, comme il le dit si bien, a fait de sa musique un outil de jonction entre les mondes. De l’occidental à l’oriental et vice versa, il a jonglé avec les notes et les tons pour créer une musique nouvelle en symbiose avec sa foi en la possibilité d’unir par la musique ce que les politiques et les religions ont désuni. Les performances de Rouhana ont ravi l’auditoire qui l’a ovationné à plusieurs reprises, ainsi que les artistes qui l’accompagnaient : Paul André Gaye au piano, Khaled Yassine sur percussion, Xavier Richard au violoncelle, Jihad Assad au qanun et Claude Chalhoub au violon, qui a étonné tous les mélomanes par son art merveilleux et sa capacité de dompter son violon le mettant au diapason de l’Orient avec une magnificence extraordinaire. Avec Charbel Rouhana et sa troupe, le Liban s’est montré à la hauteur de ses ambitions et ses capacités d’être à l’avant-garde des cultures orientale et occidentale.
Pour la soirée de clôture, un invité de marque de la musique internationale : le ténor José Carreras, accompagné d’une soprano étonnante, Angelas Blancas Gulin. La performance était à la taille des deux géants qui ont magnifiquement chanté séparément et en duo, deux heures durant, un répertoire choisi en fonction de leur talent. Quatre fois acclamés, ils sont retournés chanter à nouveau dans un élan de générosité remarquable. « C’est parce que le public nous a communiqué son enthousiasme et nous a emportés dans un élan incroyable que nous nous sommes sentis incapables de le décevoir », ont avoué les deux maîtres après la performance, et de clôturer : « La synergie de ce festival est incroyable. »
Joe MOUKARZEL
04 Juin 2007. L'Orient-Le Jour
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Pour sa quatrième édition, le Festival international de musique classique d’Abou Dhabi a revêtu ses plus beaux atours pour recevoir des invités de marque. En effet, des personnalités de la musique classique du monde entier ont afflué dans la capitale des Émirats arabes unis pour participer ou assister aux diverses manifestations qui s’y sont déroulées, prouvant ainsi que ce festival est devenu un rendez-vous international de la musique classique reconnu et apprécié.
Ce festival, qui a pris forme quatre ans auparavant suite à l’initiative de Mme Hoda Kano, fondatrice de l’Admaf (Abu Dhabi Music & Art Fondation), et a été placé sous le patronage de cheikh Mohammad ben Zayed al-Nahyan, prince héritier d’Abou Dhabi, est attendu par les habitants de la région qui affluent par centaines de tous les coins du pays. « Le festival est un forum d’échange culturel qui donne la chance aux nouveaux talents de s’exprimer », affirme Hoda Kano.
Le Liban est toujours un invité privilégié du Festival de musique classique d’Abou Dhabi, et cette année Kano n’a pas manqué à cette tradition en invitant deux personnalités de marque de la musique libanaise, à savoir Élias Rahbani et Charbel Rouhana, dont les performances ont été particulièrement appréciées.
Pour l’ouverture du festival, la salle du Emirates Palace s’est parée de tous ses atours. Somptueux, l’Orchestre philharmonique du Caire a prouvé qu’il était capable de jouer dans la cour des grands. Fondé en 1959, l’orchestre s’est installé à l’Opéra du Caire en 1990 sous la direction du maestro Ahmed el-Saedi et a développé un large répertoire de musique classique et d’opéras. La sélection choisie pour le Festival d’Abou Dhabi est riche et variée : Shostakovski, Bartok, Rossini, Brahms, Botticelli, mais aussi Atya Sharara, Jamal Salami et Abdel-Wahab. Ce mélange de musique et de cultures propres à la région est devenu presque une tradition fort appréciée, émanant des objectifs même que se sont fixés les dirigeants des Émirats arabes unis.
L’orchestre académique de l’Hermitage, venu de Saint-Pétersbourg, a ravivé les esprits et les cœurs, faisant honneur au musée célèbre d’où il puise son existence et son inspiration. Les pièces choisies pour Abou Dhabi sont : une valse de Glinka, un Concerto de violon de Mendelssohn, la Symphonie n° 83 de Haydn, la Symphonie en D major op. 25 de Prokofiev.
Place au Liban avec Élias Rahbani, qui a porté, comme à son habitude, le drapeau libanais aux plus hautes sphères de la musique internationale. Rahbani a donné le meilleur de lui-même devant un public ravi de se sentir au Liban le temps d’un concert.
« Place aux jeunes, les générations futures ne sont pas à négliger, bien au contraire, elles sont prioritaires », semble dire Hoda Kano, qui considère le jour des enfants comme le plus important du festival et y met l’énergie et les moyens suffisants pour leur permettre de présenter des performances au plus haut niveau et avec de grands professionnels. 3 000 enfants ont participé à la journée, jouant d’un instrument, chantant ou dansant. C’était un rêve pour certains, un défi pour d’autres, mais un événement pour tous.
Présence libanaise remarquée
L’invité du sixième jour du festival est un homme étonnant. Après avoir risqué sa vie à plusieurs reprises dans son pays, l’Irak, il a tourné le monde son oud sous le bras, offrant à l’Orient et à l’Occident une image de raffinement et de culture hors norme. Considéré comme l’un des plus grands « oudistes » de notre siècle, il a créé la Maison du oud au Caire et en Espagne et s’apprête à créer celle de Abou Dhabi. Nous ne parlerons pas de l’artiste mais de l’homme. Nasser el-Chamma est un être hors du commun, son cœur bat pour la musique, mais aussi pour les enfants d’Irak, victimes de la barbarie des grands.
Le défi de passer après Nasser el-Chamma est grand, mais l’artiste est de taille. Le sixième jour était consacré à Charbel Rouhana et sa troupe, en présence du ministre Marwan Hamadé, représentant le Liban. Rouhana, qui ne croit pas au conflit des civilisations mais au rassemblement des cultures, comme il le dit si bien, a fait de sa musique un outil de jonction entre les mondes. De l’occidental à l’oriental et vice versa, il a jonglé avec les notes et les tons pour créer une musique nouvelle en symbiose avec sa foi en la possibilité d’unir par la musique ce que les politiques et les religions ont désuni. Les performances de Rouhana ont ravi l’auditoire qui l’a ovationné à plusieurs reprises, ainsi que les artistes qui l’accompagnaient : Paul André Gaye au piano, Khaled Yassine sur percussion, Xavier Richard au violoncelle, Jihad Assad au qanun et Claude Chalhoub au violon, qui a étonné tous les mélomanes par son art merveilleux et sa capacité de dompter son violon le mettant au diapason de l’Orient avec une magnificence extraordinaire. Avec Charbel Rouhana et sa troupe, le Liban s’est montré à la hauteur de ses ambitions et ses capacités d’être à l’avant-garde des cultures orientale et occidentale.
Pour la soirée de clôture, un invité de marque de la musique internationale : le ténor José Carreras, accompagné d’une soprano étonnante, Angelas Blancas Gulin. La performance était à la taille des deux géants qui ont magnifiquement chanté séparément et en duo, deux heures durant, un répertoire choisi en fonction de leur talent. Quatre fois acclamés, ils sont retournés chanter à nouveau dans un élan de générosité remarquable. « C’est parce que le public nous a communiqué son enthousiasme et nous a emportés dans un élan incroyable que nous nous sommes sentis incapables de le décevoir », ont avoué les deux maîtres après la performance, et de clôturer : « La synergie de ce festival est incroyable. »
Joe MOUKARZEL
04 Juin 2007. L'Orient-Le Jour
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