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Ksentini: L’enfant en Algérie n'est pas protégé par la société

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  • Ksentini: L’enfant en Algérie n'est pas protégé par la société

    En Algérie, l'enfant est très insuffisamment protégé par la société en dépit de la présence de tout un arsenal législatif susceptible de garantir les droits du mineur. Ce constat a été prononcé par Maître Farouk Ksentini, président de la CNPPDH invité hier par la radio Chaîne III pour émettre son appréciation sur la situation que vit l’enfant en Algérie et son évaluation de l’écart qui existe entre les textes de loi et la réalité incontournable du terrain.

    Catégorique, Me Ksentini n’ira pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer l’inadaptation de certains textes juridiques à la réalité qui malheureusement se durcit davantage avec l’émergence de nouveaux dangers et l’application de la législature qualifiée de problématique et chaotique. L’hôte de la Radio réitérera en effet la nécessité de se pencher sur l’instauration de nouveaux textes plus appropriés, plus rapprochés de la réalité et qui devraient prendre en compte les mutations que subit la société algérienne de plein fouet et insistera sur l’application de ces textes en outillant la justice de tous les moyens lui permettant de mener à bien des investigations approfondies. Il expliquera cela par la délicatesse et l’extrême difficulté de trancher dans les affaires où l’enfant est victime des abus de l’adulte et plaidera pour une formation plus spécialisée des personnes chargées des affaires impliquant les enfants afin de permettre au juge des mineurs de prendre une décision opportune. Farouk Ksentini incriminera également l’école « discréditée » qui, selon lui, a failli à sa mission et n’a pu réaliser que des résultats médiocres, estimant que jusqu’à présent, il n’est pas encore satisfait le droit à l’éducation en termes de qualité. Il soulèvera le phénomène de la déperdition scolaire et invitera les responsables de l’éducation à ouvrir les voies de l’enseignement professionnel pour « récupérer » les victimes de l’échec scolaire en les initiant à des métiers gratifiants dont a besoin l’économie nationale telles la plomberie, la maçonnerie…

    Interpellé sur le fléau du travail des enfants, Me Ksentini rétorquera que bien que la législation algérienne interdise le travail aux moins de 16 ans, il n’en demeure pas moins que le travail informel échappe au contrôle et il y a de plus en plus de mineurs vendeurs sur les bords de la route. Il ajoutera que le manque de statistiques pose un véritable problème et intimera les organismes concernés de mener des enquêtes et de fournir des chiffres et les services de sécurité d’intervenir pour mettre fin à ces troubles à l’ordre public.

    La délinquance juvénile qui prospère depuis quelques années déjà engendrant des délits commis par les enfants au même rythme que ceux des adultes et la consommation de la drogue qui a envahi même le milieu scolaire ont été largement abordés par Me Ksentini. Si pour le premier, le défenseur des droits de l’Homme suggère comme meilleur investissement l’école, parade efficace à la délinquance qui ne devrait aucunement mener à l’emprisonnement ou le placement des enfants dans des centres de correction, sauf des cas exceptionnels, pour combattre la drogue, il propose des solutions radicales. Jugeant que ce problème est très délicat, Me Ksentini soutiendra qu’il faut aller dans la bonne direction et combattre le mal à sa source, à savoir le pays d’où est importé ce poison.

    Se montrant indigné par la facilité accordée aux trafiquants au niveau des frontières pour faire passer du cannabis, l’invité de la Chaîne III exigera plus de rigueur et soulignera que la solution ne pourrait être que politique à travers des négociations avec les responsables du pays concerné pour endiguer ce phénomène.

    Interrogé sur ce qu’avaient apporté les derniers amendements du code la famille aux droits de l’enfant, l’orateur dira que d’un côté l’octroi, après le divorce, de la maison conjugale à la mère quand elle a la garde des enfants protège l’enfant du danger de se trouver dans la rue, mais que d’un autre côté, la réalité rattrape le législateur et l’application du texte s’avère difficile. Il expliquera ce dilemme en prenant l’exemple d’un mari qui touche 12 000 dinars et que la loi oblige à assurer à ses enfants un loyer à 6000 dinars par mois.

    Déjà trouver un appartement à louer à ce prix est pratiquement impossible et réduire un père de famille à la mendicité en lui exigeant la moitié de son salaire rien que pour le loyer relève de l’incorrection, de l’avis du Me Ksentini. Il demandera à l’Etat d’intervenir pour apporter des subventions et trouver un dénouement à ce délicat problème de logements car les juges se heurtent à plusieurs obstacles et beaucoup reste à faire.

    Par La Dépêche de Kabylie
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