Annonce

Réduire
Aucune annonce.

«L'Occident a fait de Gaza une cocotte-minute»

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • «L'Occident a fait de Gaza une cocotte-minute»

    Tout a fait d'accord avec cette analyse, en ne respectant pas le choix des élécteurs palestiniens, C'est comme si, ils avaient mis de l'huile sur le feu. C'est pas l'Orient qui est compliqué, c'est l'Occident.
    -------------------------------------------------------------------------

    PROCHE-ORIENT. Membre de la délégation palestinienne à la conférence de Madrid en 1991,
    Rashid Khalidi explique la lutte fratricide entre le Fatah et le Hamas. Et parle des erreurs commises.

    Depuis quelques semaines, les combats fratricides entre le Hamas et le Fatah à Gaza laissent perplexes. Membre de la délégation palestinienne lors de la Conférence de Madrid en 1991 initiant le processus de paix israélo-arabe, détenteur de la chaire Edward Said de l'Université de Columbia à New York, Rashid Khalidi était jeudi de passage à Genève. Il livre au Temps ses réflexions sur la question palestinienne.

    Le Temps: Gaza s'enfonce dans la guerre civile. Le Fatah et le Hamas se livrent une guerre fratricide. Comment en est-on arrivé là?

    Rashid Khalidi: Depuis les élections palestiniennes de 2006, les conditions de vie à Gaza se sont considérablement détériorées. En ne respectant pas le choix démocratique des Palestiniens, la communauté internationale, Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne en tête, ont assiégé Gaza et en ont fait une prison, une cocotte-minute prête à exploser à tout moment.

    – Qu'en est-il de l'attitude des responsables palestiniens?

    – La majorité des dirigeants palestiniens ont été irresponsables. Le Fatah n'a jamais été prêt à reconnaître sa défaite électorale. Quant au Hamas, il a voulu gouverner seul. Les élections ne lui ont pourtant pas donné les pleins pouvoirs. Enfin, le Fatah a conspiré avec les Etats-Unis pour s'opposer militairement au Hamas.

    – Et la politique israélienne?

    – L'Etat d'Israël exerce une pression terrible sur Gaza. Il exige qu'y règne un cessez-le-feu, mais n'est pas prêt à l'étendre à la Cisjordanie. Les Israéliens souhaiteraient que Gaza reste sage et tranquille alors que des maisons sont détruites, des gens tués en Cisjordanie.

    – Selon vous qui avez participé à

    la Conférence de Madrid de 1991 qui a initié le processus de paix,

    où a-t-on commis des erreurs?

    – Il ne fallait pas commencer par des accords intermédiaires imposés par Washington. Nous avons ainsi perdu neuf ans. Deuxième erreur: le gel des colonies juives en Cisjordanie n'a jamais été appliqué malgré les assurances données par les Etats-Unis dans un courrier d'octobre 1991. Pourtant, les Américains disaient qu'il fallait interdire toute action qui porterait préjudice à un accord final. Depuis le début des années1990, la population de colons dans les Territoires a plus que doublé. Enfin, l'Autorité palestinienne n'a pas saisi qu'il fallait insister sur certains points. Elle a toujours donné l'impression aux Palestiniens qu'elle avait gagné quelque chose. Ce n'était pas le cas.

    – On a souvent dit qu'Arafat avait raté une occasion historique à Camp David en juillet 2000

    en refusant tout accord.

    – Le refus d'Arafat était logique. Il ne pouvait accepter ce qu'on lui proposait. Il ne voulait d'ailleurs pas aller à Camp David. Il y est finalement allé sans préparation. Il n'a même jamais pensé présenter un plan palestinien. Ce fut une grave erreur. En fin de compte, il n'y a jamais eu de négociation directe. Bill Clinton et Denis Ross se sont chargés de gérer les choses. Avec le processus d'Oslo, les Palestiniens ont commis la même erreur. Ils y ont participé pour modifier un plan israélien. C'est là la différence. Face à des Israéliens qui viennent avec des experts très pointus, l'OLP à Tunis n'a jamais pris les choses au sérieux. Elle a fait preuve d'amateurisme.

    – La non-résolution du problème palestinien semble pourrir

    la situation de tout le Moyen-Orient. On le voit à travers

    le Fatah al-Islam au Liban.

    – Il y a vingt ans, certaines crises de régime dans le Golfe pouvaient survenir sans qu'elles soient liées au problème palestinien. Aujourd'hui, tous ces problèmes avec l'Irak, l'Afghanistan ou le Fatah al-Islam au Liban sont interconnectés.

    – Comment sortir de l'impasse?

    – Il faut déjà en finir avec les néoconservateurs américains qui ont infantilisé la politique étrangère de Washington. Celle-ci doit être celle prônée par des gens comme James Baker et Lee Hamilton. Ainsi, des négociations entre Israël et les Palestiniens ou entre la Syrie, le Liban ou l'Iran seront possibles rapidement. Sans cela, on risque d'assister à une conflagration de la région. Et si les Américains attaquent l'Iran, la catastrophe sera pire qu'en Irak.

    Stéphane Bussard
    4 juin 2007. Le Temps
    Dernière modification par zek, 05 juin 2007, 04h17.
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
Chargement...
X