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Alger, capitale de la culture arabe: le flop

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  • Alger, capitale de la culture arabe: le flop

    Voilà un peu plus de six mois depuis que Alger est capitale de la culture arabe. Un titre qui a coûté des millions de dollars et quelques publicités pompeuses. Une tâche dont fut chargé le ministère le plus "sinistré" qui soit, celui prétendu être le sanctuaire de la culture et de l’évolution artistique, celui qui se laisse labelliser par l’Etat et ses caprices, celui qui, apparemment, n’a plus rien à offrir à la culture qu’il est sensé représenter.

    Une culture qui se meurt et se fait écraser sous les pieds et les sueurs des spectateurs avides de galas et de bruits stridents appelés chez-nous : "musique" ! Une culture qui, faute de diversité et de richesses variées, se trouve justement cloîtrée dans les salles exiguës envahies par des chanteurs et des fans en transe. Cela renvoie fatalement à la vision de nos grands-parents montagnards qui répondent sans hésiter lorsqu’on leur cité le mot culture : "Danser et chanter, c’est ça la culture" !

    Le premier janvier 2007, on a eu déjà une idée préconçue sur ce que va être cette fameuse "Alger, capitale de la culture arabe". L’inauguration était tout simplement désastreuse ! Entre problèmes techniques, absence des artistes conviés et organisation désorganisée, la situation était digne d’un tournage cinématographique qui a tourné au carnage ! Les gens, dans la rue, humoristes noirs de nature, commençaient aussitôt à déballer des blagues plus ou moins drôles sur cette supercherie qui a coûté l’argent qu’on n’aurait jamais dépensé pour le peuple : "Alger, capitale de la bêtise arabe" ; par exemple, "Un homme qui souffre de chômage et de mal-vivre ira certainement payer un billet à 800 DA pour assister à un concert"…, etc. Vaut mieux en rire !

    Pour maquiller l’affaire, pour déguiser tant bien que mal l’affreux échec de cette -il convient de le dire- "aventure", on diffuse à la chaîne unique un journal culturel dans lequel on voit des artistes venus de tous les coins perdus de l’Arabie célébrer ce "grand événement" et participer aux efforts désespérés du ministère de la Culture pour sauver la face, c'est-à-dire, pour montrer aux spectateurs ce qui, concrètement, n’existe pas ! Une manœuvre de dissimulation, à vrai dire ! La seule chose dans laquelle l’Etat Algérien excelle remarquablement depuis qu’il a eu son indépendance prématurée ! Une manœuvre proprement démagogique que l’on pardonnerait volontiers (par lassitude, surtout) aux députés et aux blancs-becs de la politique. Mais pousserons-nous le passivisme et le je-m’en-foutisme au point de tolérer cette politisation scandaleuse de la culture, le seul secteur censé être indépendant et apolitique ?

    Les rares fois où l’on avait repris espoir, notamment lorsque la Bibliothèque nationale avait invité le grand luthiste Irakien Nassir A’chamma, on a vite fait de nous désillusionner moins de deux mois après. Pourquoi ? Parce que ce grand artiste était sensé revenir en Algérie en mois de mai pour animer des concerts et inaugurer "La Maison du Luth arabe" à Alger et à Constantine… Mais, comme on pouvait bien s’y attendre, il s’est porté absent comme tout artiste qui se respecte ! Encore pourquoi ? Parce que tout simplement, un luthiste de sa notoriété et son engagement, ne voudrait certainement pas faire son spectacle devant une salle pouvant contenir 5 000 personnes et où ne figurent que quelque dizaines de spectateurs, entre journalistes plus ou moins intéressés et quelques civils de bon goût, survivants de la "robotisation" de la musique !

    De l’autre coté du bluff, on peut observer des semaines culturelles des différentes wilayas du pays, et de quelques pays arabes. Des récitals poétiques, des pièces de théâtre dites en hommage à nos grands écrivains disparus et des tours de chants un peu partout… à Alger ! Tout ça, (dés)organisé bien sûr par le ministère de la Culture qui, apparemment, a été atteint par la mégalomanie de l’Etat. En effet, la devise du ministère est simple : une festivité d’Etat doit être prise en charge par une institution d’Etat. Les autres, qu’elles se gardent de s’en mêler !

    Victime de cette "xénophobie interne", plusieurs institutions culturelles indépendantes ont vu décliner leurs propositions, faute de budget, disait-on ! Ainsi, l’Union des Ecrivains Algériens n’a pu intégrer ses efforts dans le projet de "Mille et un livres", simplement parce que le Président n’est pas en bons termes avec Mme. La Ministre. Trop franc avec elle, faut-il souligner !

    Donc, "Alger, capitale" n’est finalement qu’un projet brut disputé entre hommes d’affaires algériens et multinationales assoiffées et qui, faute d’accord commun entre eux, finit par demeurer à l’état pur : simple projet, simple idée balançant entre le concret et le virtuel !

    Donc, la culture n’est au bout du compte qu’une affaire de "vitrines d’Amsterdam", remise entre les mains des plus offrants et d’où, les moins disposés à monter les enchères sont expulsés !

    Après six mois du premier coup de feu, c’est le silence qui survole la scène et répond prématurément à la question la plus importante : "A-t-on réussi le défi ?"… Ce n’est pas l’avenir qui nous le dira, c’est déjà le passé et le présent terne qui le font, qui l’ont fait même avant le 1er janvier 2007 !

    Par la Dépêche de Kabylie
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