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La Chine s'attaque aux marques étrangères

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  • La Chine s'attaque aux marques étrangères

    Alors que Pékin se fait taper sur les doigts pour avoir laissé ses entreprises exporter du dentifrice contenant de l'antigel et de la nourriture pour animaux domestiques altérée avec de fausses protéines, c'est au tour des marques étrangères en Chine de sentir le vent du boulet.

    Dans ce qui pourrait avoir toutes les apparences d'une riposte, la presse chinoise faisait état, vendredi 1er juin, d'un test de qualité, dans le Fujian (sud-est du pays), ayant révélé qu'un quart des bouteilles de lait pour enfants et des tétines importées n'étaient pas conformes à la réglementation chinoise. "Croyez-vous que les marques étrangères sont synonymes de haute qualité ?", interroge le rapport.

    Le 30 mai, la télévision centrale annonçait que 30 tonnes de fruits de mer importés d'Australie contenaient un niveau trop élevé en cadmium et en plomb. Quelques jours plus tôt, la presse chinoise révélait que 118 tonnes d'eau minérale Evian (groupe Danone) avaient été bloquées, en février, en douane à Shanghaï en raison d'un taux excessif de bactéries. Sur Internet, des consommateurs moquèrent le fait que l'eau la plus chère de Chine n'était même pas propre à la consommation.

    Ce qui n'est peut-être pas sans rapport, Danone connaît un sérieux différend avec son partenaire local Wahaha, premier fabricant chinois de boissons dont il détient 51 %. A tel point que le groupe français a déposé plainte aux Etats-Unis contre des entreprises liées au patron de Wahaha, Zong Qinghou.

    Sur Evian, Danone met en avant les différences entre les normes chinoises et internationales. "Les normes chinoises se fondent sur des eaux traitées et non sur les eaux minérales naturelles, telles que définies par la réglementation de l'Organisation mondiale de la santé. Or l'eau chinoise est traitée et n'a pas les bactéries des eaux minérales naturelles, riches d'une flore naturelle issue de la filtration", indique une porte-parole du groupe.

    A Shanghaï chez Ogilvy, le groupe américain qui gère la communication de Danone en Chine, on admet qu'"il y a eu beaucoup d'incidents impliquant des marques étrangères en Chine depuis un an et demi".

    Les nombreux spécialistes des relations publiques établis à Shanghaï ont l'habitude de jouer les pompiers quand leurs clients ont maille à partir avec l'opinion chinoise. En septembre 2006, SK-II, une marque de cosmétiques japonaise appartenant à Procter & Gamble, fut l'objet d'une virulente campagne de dénigrement après que les autorités eurent détecté dans ses produits du chrome et du néodyme.

    CONSOMMATEURS EXIGEANTS


    Les clientes en colère firent le siège des comptoirs de la marque dans les grands magasins pour se faire rembourser, et SK-II dut fermer ses points de vente. La marque se réinstalle peu à peu en Chine depuis décembre 2006, les autorités ayant admis que la présence de ces substances à l'état de traces était commune dans les cosmétiques et ne présentait pas de risques.

    En 2005, une inspection du lait en poudre Nestlé pour bébés révéla que ce produit avait un taux en iode supérieur à celui autorisé par les normes chinoises. Cette mauvaise publicité intervenait quelques mois après la mort de nourrissons empoisonnés par un lait en poudre local, et Nestlé, qui a d'abord très mal réagi aux accusations de la presse chinoise, dut s'excuser.

    Pour les spécialistes en marketing, le consommateur chinois est d'autant plus exigeant avec les marques étrangères qu'il s'attend à ce qu'elles soient infaillibles : la publicité met en avant l'expérience des grandes marques, et leur prix est souvent supérieur aux produits locaux.

    Il y a quelques jours, c'est la photo d'une Buick tirée par deux chevaux qui circulait dans la presse : le propriétaire demandait justice au concessionnaire du véhicule. En mars, celle d'une Citroën à l'avant cabossé fut diffusée par son conducteur dans la presse lors de la journée des "droits du consommateur". PSA Peugeot-Citroën a pu toutefois désamorcer cette mini crise après avoir découvert que le propriétaire avait, sans le savoir, fait monter des phares de contrefaçon, lesquels avaient explosé.

    La mise au pilori des marques étrangères n'est pas tant le résultat d'une vendetta pilotée d'en haut que d'une combinaison de facteurs : "La Chine a montré une telle capacité d'ouverture qu'il y a un effet de contrepoids. Mais donner l'image de tactiques protectionnistes serait simplificateur", analyse Marie-Chantal Piques, spécialiste des biens de consommation à la Mission économique de Shanghaï.

    "Vous avez des bureaucrates qui regardent de plus en plus près, parce qu'il y a une grande attention portée à la consommation. Ils sont sûrs de trouver quelque chose car les réglementations sont souvent contradictoires, poursuit Mme Piques. Après, on ne peut plus les arrêter, et ça ne déplaît pas en haut lieu. Il n'est pourtant pas rare que les réglementations soient alors modifiées."

    L'exaspération vis-à-vis des donneurs de leçons étrangers fait le reste.

    Par le Monde
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