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La carrière internationale du chanteur Cheb Mami paraît compromise à la suite des démêlés judiciaires dans lesquels il est plongé depuis octobre 2006. Le "petit prince du raï", comparse musical de Sting, de Zucchero ou de Ziggy Marley, avait alors été mis en examen pour "violence volontaire, séquestration et menaces" par le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) à la suite d'une plainte de son ex-compagne, une photographe de presse française.
Mami, l'un des rares chanteurs algériens à avoir conquis une notoriété internationale avec son homologue Khaled, est aujourd'hui l'objet d'un mandat d'arrêt européen pour n'avoir pas répondu à une convocation de la juge d'instruction pour une confrontation le 14 mai, alors qu'il était placé sous contrôle judiciaire avec confiscation de son passeport.
Il est reproché au Franco-Algérien d'avoir séquestré en 2005 son ex-compagne, alors enceinte de lui, à son domicile d'Alger et d'avoir ordonné à des complices de procéder à un avortement sauvage après l'avoir droguée. Sans succès. Mami ne nie pas la réalité des faits. Mais il en a rejeté la responsabilité sur son manager, Michel Lévy, immédiatement mis en examen et incarcéré sous les mêmes motifs. "Cheb" (le jeune) Mami a été libéré, en février, après une période de détention provisoire à la prison de la Santé, moyennant une forte caution et l'interdiction de sortie du territoire français.
C'est pourtant depuis l'Algérie que Mami a déclaré le 4 juin, dans Le Quotidien d'Oran, avoir fui la justice française, "une justice à deux vitesses, celle qui décerne facilement et hâtivement un mandat de dépôt contre un présumé accusé arabe et qui le condamne à la prison ferme". Selon des sources judiciaires, il aurait fait usage d'un ancien passeport algérien renouvelé par le consulat d'Algérie à Madrid, et rejoint Alger via Alicante, en violation des décisions de la justice française.
Accusant son ex-compagne d'avoir voulu exercer un chantage, il poursuit : "Ce n'est pas l'Arabe ni le présumé enfant de l'Arabe qui intéressait cette femme, mais l'argent de l'Arabe." Donnée agravante à ses yeux : son ex-compagne et son ex-manager seraient tous deux "d'origine juive".
Après sa mise en examen, le chanteur avait dû annuler de nombreux concerts, ainsi que la promotion de son nouvel album, Layali, enregistré au Caire et à Beyrouth, dont la sortie était prévue le 30 octobre 2006, cinq jours après son incarcération. Des duos, avec la Française Diam's ou la star de la pop arabe Kadim El Sahir, promettaient un bel avenir commercial à Layali.
Né le 11 juillet 1966, dans les faubourgs de Saïda, à 200 kilomètres au sud d'Oran, Mohamed Khelifati (Mami) est arrivé à Paris en 1985. Il chante alors dans les cabarets communautaires, au Monseigneur, au Omar Khyyan et au Khaïma, avant d'être repéré par Michel Lévy, patron du label Horizon Music, où Khaled grave son premier vinyle, Hada Raïkoum (C'est votre loi). Révélé en janvier 1986, lors du Festival de raï de la MC93 de Bobigny, Mami ne quittera plus Michel Lévy, jusqu'en octobre 2006.
Michel Lévy est l'une des figures historiques de l'émergence du raï en France. Il fut aussi à l'origine de la redécouverte en 1990 des artistes judéo-arabes algériens (Reinette l'Oranaise, Lili Boniche), ainsi que des chanteurs kabyles (Idir, Aït Menguelet). "En tout, plus de cent cinquante artistes qui gardent majoritairement leur confiance à Michel Lévy, accusé à tort par M. Mami d'avoir organisé l'embuscade, alors qu'il a ensuite lui-même conseillé à la photographe de porter plainte", explique Me Mathieu Brochet, l'avocat du manager, qui n'exclut pas de porter plainte en diffamation contre les propos rapportés dans le Quotidien d'Oran.
C'est avec Michel Lévy que Mami conçoit en 1990 l'album Let Me Raï, enregistré à Los Angeles avec Hilton Rosenthal, producteur de Johnny Clegg. C'est encore avec lui qu'il signe un contrat chez Virgin en 1994, puisqu'il atteint en 2000 une notoriété planétaire avec Desert Rose en duo avec Sting.
L'arrivée au pouvoir d' Abdelaziz Bouteflika en avril 1999 change la donne pour Mami. Le petit garçon timide du raï devient un soutien du président de la République algérienne. A l'occasion de la Fête de l'indépendance en juillet 1999, Mami chante en libérateur devant 100 000 jeunes sur l'Esplanade des arts à Alger.
En novembre 2005 à Paris, il est l'un des très rares visiteurs à pouvoir pénétrer à l'hôpital du Val-de-Grâce où Bouteflika, lui aussi originaire de l'Ouest algérien, est hospitalisé pour des examens approfondis. Si, comme tout politicien, Abdelaziz Bouteflika n'est pas insensible à la présence d'artistes à ses côtés, il n'aura manifesté aucun soutien à Mami depuis sa mise en examen et son retour en Algérie.
En Algérie, l'entretien outrancier publié par le Quotidien d'Oran n'a pas servi la cause du chanteur. Ni les allusions antisémites, ni le rejet de la responsabilité du délit sur un tiers n'ont convaincu. Me Françoise Cotta, avocate de la plaignante, n'a pas souhaité commenter "une affaire en cours d'instruction. Je souhaite simplement aux jeunes Algériens de se trouver une idole plus digne".
Mami, qui possède la double nationalité, affirme qu'il se tiendra "à la disposition de la justice de son pays", l'Algérie, qui ne possède pas d'accords d'extradition avec la France. "Quoi qu'il arrive, à Alger ou en France, rétorque Me Cotta, la partie civile de ce dossier sera présente".
Par Le Monde
Mami, l'un des rares chanteurs algériens à avoir conquis une notoriété internationale avec son homologue Khaled, est aujourd'hui l'objet d'un mandat d'arrêt européen pour n'avoir pas répondu à une convocation de la juge d'instruction pour une confrontation le 14 mai, alors qu'il était placé sous contrôle judiciaire avec confiscation de son passeport.
Il est reproché au Franco-Algérien d'avoir séquestré en 2005 son ex-compagne, alors enceinte de lui, à son domicile d'Alger et d'avoir ordonné à des complices de procéder à un avortement sauvage après l'avoir droguée. Sans succès. Mami ne nie pas la réalité des faits. Mais il en a rejeté la responsabilité sur son manager, Michel Lévy, immédiatement mis en examen et incarcéré sous les mêmes motifs. "Cheb" (le jeune) Mami a été libéré, en février, après une période de détention provisoire à la prison de la Santé, moyennant une forte caution et l'interdiction de sortie du territoire français.
C'est pourtant depuis l'Algérie que Mami a déclaré le 4 juin, dans Le Quotidien d'Oran, avoir fui la justice française, "une justice à deux vitesses, celle qui décerne facilement et hâtivement un mandat de dépôt contre un présumé accusé arabe et qui le condamne à la prison ferme". Selon des sources judiciaires, il aurait fait usage d'un ancien passeport algérien renouvelé par le consulat d'Algérie à Madrid, et rejoint Alger via Alicante, en violation des décisions de la justice française.
Accusant son ex-compagne d'avoir voulu exercer un chantage, il poursuit : "Ce n'est pas l'Arabe ni le présumé enfant de l'Arabe qui intéressait cette femme, mais l'argent de l'Arabe." Donnée agravante à ses yeux : son ex-compagne et son ex-manager seraient tous deux "d'origine juive".
Après sa mise en examen, le chanteur avait dû annuler de nombreux concerts, ainsi que la promotion de son nouvel album, Layali, enregistré au Caire et à Beyrouth, dont la sortie était prévue le 30 octobre 2006, cinq jours après son incarcération. Des duos, avec la Française Diam's ou la star de la pop arabe Kadim El Sahir, promettaient un bel avenir commercial à Layali.
Né le 11 juillet 1966, dans les faubourgs de Saïda, à 200 kilomètres au sud d'Oran, Mohamed Khelifati (Mami) est arrivé à Paris en 1985. Il chante alors dans les cabarets communautaires, au Monseigneur, au Omar Khyyan et au Khaïma, avant d'être repéré par Michel Lévy, patron du label Horizon Music, où Khaled grave son premier vinyle, Hada Raïkoum (C'est votre loi). Révélé en janvier 1986, lors du Festival de raï de la MC93 de Bobigny, Mami ne quittera plus Michel Lévy, jusqu'en octobre 2006.
Michel Lévy est l'une des figures historiques de l'émergence du raï en France. Il fut aussi à l'origine de la redécouverte en 1990 des artistes judéo-arabes algériens (Reinette l'Oranaise, Lili Boniche), ainsi que des chanteurs kabyles (Idir, Aït Menguelet). "En tout, plus de cent cinquante artistes qui gardent majoritairement leur confiance à Michel Lévy, accusé à tort par M. Mami d'avoir organisé l'embuscade, alors qu'il a ensuite lui-même conseillé à la photographe de porter plainte", explique Me Mathieu Brochet, l'avocat du manager, qui n'exclut pas de porter plainte en diffamation contre les propos rapportés dans le Quotidien d'Oran.
C'est avec Michel Lévy que Mami conçoit en 1990 l'album Let Me Raï, enregistré à Los Angeles avec Hilton Rosenthal, producteur de Johnny Clegg. C'est encore avec lui qu'il signe un contrat chez Virgin en 1994, puisqu'il atteint en 2000 une notoriété planétaire avec Desert Rose en duo avec Sting.
L'arrivée au pouvoir d' Abdelaziz Bouteflika en avril 1999 change la donne pour Mami. Le petit garçon timide du raï devient un soutien du président de la République algérienne. A l'occasion de la Fête de l'indépendance en juillet 1999, Mami chante en libérateur devant 100 000 jeunes sur l'Esplanade des arts à Alger.
En novembre 2005 à Paris, il est l'un des très rares visiteurs à pouvoir pénétrer à l'hôpital du Val-de-Grâce où Bouteflika, lui aussi originaire de l'Ouest algérien, est hospitalisé pour des examens approfondis. Si, comme tout politicien, Abdelaziz Bouteflika n'est pas insensible à la présence d'artistes à ses côtés, il n'aura manifesté aucun soutien à Mami depuis sa mise en examen et son retour en Algérie.
En Algérie, l'entretien outrancier publié par le Quotidien d'Oran n'a pas servi la cause du chanteur. Ni les allusions antisémites, ni le rejet de la responsabilité du délit sur un tiers n'ont convaincu. Me Françoise Cotta, avocate de la plaignante, n'a pas souhaité commenter "une affaire en cours d'instruction. Je souhaite simplement aux jeunes Algériens de se trouver une idole plus digne".
Mami, qui possède la double nationalité, affirme qu'il se tiendra "à la disposition de la justice de son pays", l'Algérie, qui ne possède pas d'accords d'extradition avec la France. "Quoi qu'il arrive, à Alger ou en France, rétorque Me Cotta, la partie civile de ce dossier sera présente".
Par Le Monde
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