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Le "streaming", l'arme ultime pour pirater les séries sur Internet

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  • Le "streaming", l'arme ultime pour pirater les séries sur Internet

    Pour regarder des séries sur Internet, plus besoin de téléchargement grâce aux nouveaux sites de "streaming", qui déculpabilisent le piratage. Explications.

    Les chaînes de télévisions ont du souci à se faire. Depuis quelques semaines, une nouvelle méthode pour regarder leurs séries connaît un succès foudroyant sur Internet : le « streaming ». Plus besoin de lancer un programme de « peer-to-peer » et d'attendre une heure ou deux le chargement de l'épisode sur son disque dur. En quelques secondes, sur des sites qui ont pignon sur rue, la diffusion commence. De quoi suivre le plus facilement du monde les derniers épisodes de 24, Desperate Housewives, Heroes ou Lost, en version originale et souvent avec sous-titres. Et ce, plusieurs mois avant leur diffusion sur les chaînes françaises.

    Si ce mode de diffusion prospère, c'est qu'il concentre nombre d'avantages. Côté internaute, le visionnage des épisodes est instantané et ne laisse pas de trace sur le disque dur. Puisqu'il n'y a pas de passage sur les réseaux de « peer-to-peer », il n'y a pas non plus de risque d'être repéré par des systèmes automatisés. Pour sévir, les chaînes doivent exiger les informations auprès des sites ou des fournisseurs d'accès, après avoir reçu l'autorisation d'un juge. D'où un certain sentiment d'impunité et de déculpabilisation, renforcé par le caractère bien particulier des séries. La télévision est en effet associée à la notion gratuité, même si les contenus sont protégés par la propriété intellectuelle.

    Ce sentiment d'impunité se retrouve aussi sur tous les sites qui diffusent les séries en streaming. Leur astuce, c'est de ne pas stocker directement les contenus sur leurs serveurs « Toutes les vidéos sont hébergées par des sites publics et légaux tels que Dailymotion, YouTube ou Google Video. Aucune vidéo n'est hébergée sur le site », nous confirme l'administrateur de Regarder.tv. En fait, ces nouveaux sites de streaming fonctionnent comme de grands annuaires. Ils indexent tous les contenus télévisés disponibles sur Internet, et simplifient grandement la vie des internautes qui se retrouvent avec toute une vidéothèque à portée de clic.

    Pourtant, selon le code de la propriété intellectuelle, la représentation et la traduction d'une œuvre, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit, sont toutes deux punies. L'excuse d'une diffusion dans le cercle familial ne peut pas non plus tenir, puisque ces sites sont très largement visités. En ligne depuis un peu plus d'un mois, Seriesfr.net revendique 16.000 visiteurs en moyenne par jour. Pour diffuser de la musique en streaming sans la stocker, Radioblogclub s'était retrouvé en début d'année dans le viseur de la Sacem. Depuis, il a changé d'hébergeur et rouvert comme si de rien n'était.

    Les sites de streaming ont des infrastructures très légères et peuvent se reproduire à l'infini. En France, ceux qui diffusent des séries américaines s'estiment tranquilles, les actions musclées à l'étranger n'étant pas dans les habitudes des "networks" américains. Au pire, les internautes peuvent toujours aller voir à l'international. Joox.net indexe la plupart des séries stockées sur la plate-forme de vidéo en ligne Stage6, du groupe DivX. En plein écran, la qualité est saisissante. A plus long terme, il faudra aussi s'attendre à voir débarquer les grands noms du piratage. Dernièrement, le site de partage de liens BitTorrent, PirateBay, a indiqué qu'il lancerait dans les prochains mois un VideoBay.org, spécialisé dans le streaming.

    Les ayants-droits peuvent toujours essayer de se retourner contre les plates-formes de vidéo en ligne. Mais la parade est toute trouvée. « En tant que compagnie américaine, nous nous conformons à la législation DCMA, et répondons rapidement aux demandes des ayants-droits », nous explique un porte-parole de DivX, qui assure n'avoir « aucune relation » avec Joox.net. En clair, Stage6 n'est responsable de rien, tant qu'il n'a pas été prévenu, mais s'engage à retirer les contenus incriminés dès qu'il en sera informé. Même discours chez Dailymotion, qui se retranche derrière le nombre incontrôlable de vidéos chargées quotidiennement sur son site, et sur l'absence de filtre. Pourtant, des effacements ont bien lieu. « Plusieurs vidéos sont en effet effacées et nous sommes obligés d'attendre que quelqu'un les recharge pour la rajouter », nous explique le responsable de Seriesfr.net.

    Pour l'heure, les ayants-droits semblent plutôt vouloir s'attaquer au premier maillon de la chaîne. Aux Etats-Unis, un internaute de 24 ans qui avait mis en ligne les premiers épisodes de la dernière saison de 24 sur YouTube vient d'être arrêté par le FBI. Les sites de streaming risquent aussi d'attirer l'attention de l'industrie du cinéma, bien plus active dans sa lutte contre le piratage, puisque l'on y trouve déjà les troisièmes volets des Pirates des Caraïbes, de Shrek ou de Spider-man, tout juste sortis au cinéma. Le plus souvent, les films ne sont pas hébergés sur Dailymotion ou YouTube, d'où ils disparaissent beaucoup trop vite, mais sur des serveurs privés, plus exposés à des poursuites. Notamment ceux de Free. « Free est un prestataire technique et tient à disposition de tout plaignant l'identité de ces éditeurs et la fournira dès qu'un juge en aura donné l'autorisation », nous répond une porte-parole de l'opérateur.

    La traque, toutefois, ne semble pas devoir connaître de fin. Sur les serveurs BitTorrent, et malgré l'engouement pour le streaming, les épisodes des séries à succès continuent de s'échanger des millions de fois dans le monde. Selon une récente étude de Forrester Resarch, les chaînes devraient plutôt s'essayer à d'autres modes de diffusion. Aux Etats-Unis, les networks n'ont plus peur de mettre leurs séries en ligne gratuitement, encadrées par des écrans publicitaires. Ce n'est pas encore le cas en France, où TF1, M6 et Canal+ font payer les épisodes sur leurs services de vidéo à la demande.
    Benjamin Ferran
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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