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L'Algérie entre remède et linceul

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  • L'Algérie entre remède et linceul

    Malgré les efforts et les sacrifices de milliers de ses enfants, l’Algérie n’est apparemment pas encore sortie de ce fatidique choix que résume Aït Menguellet dans un poème datant du début de l’aventure du terrorisme islamiste : “ Certains cherchent remède à son mal, d’autres lui cousent un linceul ”.

    Le drame qui vient de frapper la ville de Tizi Ouzou, outre le fait qu’il constitue une réponse sans délai à la condamnation du chef de l’ex-GSPC à perpétuité par le tribunal de la ville des Genêts, a eu lieu dans des circonstances politiques pour le moins brumeuses. Au lendemain des élections législatives du 17 mai où les deux ‘’courants’’ victorieux ont été l’abstention et l’islamo-conservatisme, un climat de morosité hante toute la société et finit par pousser le courant républicain — très peu représenté dans la nouvelle Chambre basse — à s’interroger sérieusement sur les raisons de la déconvenue.

    À cette occasion, la ‘’Coordination républicaine pour un changement démocratique moderne’’, lors de sa réunion de mardi dernier, n’a pas hésité, en plus des responsabilités qu’elle fait incomber au pouvoir, à faire son autocritique pour n’avoir pas ‘’su capter l’attention des électeurs’’. Cependant, dans le contexte social, culturel, éducatif et économique de l’Algérie de 2007 — caractérisé par un recul de la conscience politique, la poursuite de la gestion clientéliste de la rente, l’échec patent de l’école républicaine et la montée en puissance d’un mysticisme faisant plonger la société dans une espèce de déréliction humaine —, il serait sans doute maladroit de s’autoflageller.

    Les défis sont à la mesure de ces handicaps historiques qui grèvent les structures de la société. Le besoin de libération culturelle et politique, les impératifs d’une justice sociale par laquelle seraient équitablement répartis les fruits non pas de la rente, mais de la plus-value sociale issue d’une économie de production, bref, toutes ces nécessités matérielles et spirituelles qui fondent la citoyenneté sont confusément ressenties par les populations et revendiquées parfois dans l’anarchie des barricades et des sièges d’APC fermés par les insurgés. C’est à canaliser ces énergies, à leur conférer pertinence et prolongement politique que devront s’employer les démocrates et républicains du pays. Pour de si nobles objectifs, ni les obstacles qui viendraient du pouvoir ou de ses superstructures idéologiques anachroniques, ni les réticences ou les lourdeurs qui apparaîtraient dans les structures de la société, ne seront insurmontables.

    En cherchant remède aux maux du pays, les démocrates et républicains se heurteront assurément à ceux qui préparent un linceul pour ce même pays. Ces liberticides se recrutent aussi bien dans les sphères idéologiques du conservatisme du FLN et de l’islamisme politique que dans l’action nihiliste et antinationale du terrorisme. L’État, dans sa stratégie de lutte contre les groupes armés, n’a fait montre d’aucun recul ou inflexion. C’est vers l’élimination de la matrice idéologique de la subversion terroriste que les appareils de l’État montrent de la tiédeur ou une volonté insuffisamment armée. Les séminaires sur le dialogue des cultures, comme celui qui se prépare pour les prochaines semaines à Crans Montana (Suisse), n’y changeront rien si le combat n’est pas mené ici même, dans les structures sociales, culturelles et administratives du pays (école, administration, mosquée…).

    Certains spécialistes du terrorisme international conseillent d’assécher d’abord les ressources financières des groupes armés. Néanmoins, tant qu’au nom d’un idéal de justice messianique, de revanche sociale ou de fumeuse mystique, demeure cette possibilité de mobiliser les ‘’ressources humaines’’- que sont les jeunes désemparés, déscolarisés, analphabètes, à qui les rentiers de tout bords font constamment la nique et que les nouveaux prophètes se proposent charitablement de repêcher-, l’entreprise terroriste risque de se régénérer et de perdurer.

    Les franges les plus lucides et les plus engagées de la classe politique algérienne en formation ont une responsabilité historique dans la réalisation de la jonction entre les secteurs de l’État engagés dans la lutte contre la subversion islamiste et les énergies modernistes de la société qui n’ont pas encore trouvé leur voie d’expression et qui n’ont pas encore voix au chapitre. C’est indubitablement à ce prix que ‘’ceux qui cousent le linceul’’ au pays seront défaits.

    Par la Dépêche de Kabylie
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