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Le textile chinois prêt à déferler sur l'Union Européenne

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  • Le textile chinois prêt à déferler sur l'Union Européenne

    Deux ans après la réintroduction des quotas sur le textile chinois, instauré le 10 juin 2005 par l'Union européenne (UE), les exportations vers les vingt-sept Etats membres ont connu un sérieux coup de frein. Elles avaient augmenté de 47 % en 2005, dans le secteur de l'habillement. Elles ont "seulement" progressé de 11 % en 2006.

    Ces contingents, qui portent sur dix articles précis (robes, pantalons, tee-shirts...) - leurs volumes exportés ne peuvent excéder de 8 % à 12 % ceux atteints au cours des douze mois précédents - ont donc pleinement joué leur rôle : contenir l'invasion de produits chinois après un premier démantèlement des quotas qui était survenu le 1er janvier 2005. A cette époque, les industriels du textile et de l'habillement, et plusieurs pays, dont la France et l'Italie, avaient réclamé la réinstauration temporaire de quotas face à cette déferlante.

    Cet accord signé entre Peter Mandelson, le commissaire européen au commerce, et son homologue chinois Bo Xilai a conduit donneurs d'ordres et distributeurs à se fournir dans d'autres pays d'Asie. " Ils n'ont plus mis leurs oeufs dans le même panier", résume François-Marie Grau, délégué adjoint de l'Union française des industries de l'habillement (UFIH).

    Les donneurs d'ordres ont en effet ouvert des usines dans différents pays afin d'éviter de dépendre d'un seul Etat qui serait confronté à une crise politique, voire à une épidémie. Et cette stratégie de diversification du "sourcing" leur a permis, aussi, de mieux valoriser les savoir-faire des différents pays.

    Du coup, si les exportations asiatiques vers l'UE continuent de progresser au même rythme (+ 17 % en 2005, + 16 % en 2006), elles se ventilent de façon différente à l'intérieur de la zone. Les grands gagnants des importations françaises en 2006 ont donc été le Vietnam (+ 58 %) ou encore Hongkong (+ 47 %, contre - 13 % en 2005). Certains donneurs d'ordres ont même effectué "un détournement de quotas" en continuant à produire en Chine continentale, mais en se servant d'Hongkong comme base d'exportation, la ville n'étant pas concernée par les contingents.

    "Finalement, la baisse des exportations chinoises a été largement compensée par les autres pays d'Asie", commente Gildas Minvielle, responsable de l'Observatoire économique à l'Institut français de la mode (IFM), qui parle de "système de vase communicant".

    "UN SURSIS" POUR LE MAGHREB


    Dans le même temps, les quotas chinois ont permis d'épargner les fournisseurs traditionnels de l'UE, comme les pays du pourtour méditerranéen ou d'Europe de l'Est, qui ont regagné quelques parts de marché. Le Maroc a vu ses exportations d'habillement passer de - 7 % en 2005 à + 5 % en 2006. Celles de l'Egypte ont explosé, de - 3 % à + 14 %. Idem dans les Balkans : les exportations bulgares, qui progressaient de 2 % en 2005, ont bondi de 11 % en 2006.

    "Ces quotas nous ont permis d'avoir un répit, une sorte de sursis pour mieux évoluer", constate Néjib Karafi, directeur général du Centre technique du textile de Tunisie. Les pays du Maghreb en ont profité pour faire plus de valeur ajoutée en promouvant par exemple le textile technique ou en créant des collections plus haut de gamme. "Nous ne voulons pas seulement être de simples sous-traitants, ajoute M. Karafi. Nous avons dû monter en gamme en confectionnant des articles avec une forte valeur ajoutée."

    Pour contrer la déferlante asiatique, ils ont, entre autre, développé le "fast-fashion", qui permet de répondre rapidement aux changements de tendance de la mode, en produisant notamment de petites séries. Par ailleurs, selon la Fédération du prêt-à-porter féminin, le Maroc et la Tunisie ont tiré partie ces derniers mois "du retour en vogue du jean".

    Mais ces quotas, selon M. Grau, ont fait aussi prendre conscience aux Chinois "à quel point leurs productions étaient trop bas de gamme". Xiaoguang Liu, responsable de la Chambre de commerce de la province du Jiangsu, explique ainsi que "certains fabricants chinois prennent des mesures pour créer leurs propres collections". "Ils font un pas de plus en investissant sur des technologies de pointe afin d'améliorer leurs produits, réagir et coller aux attentes des marchés internationaux", ajoute-t-il.

    Aussi, malgré la réinstauration des quotas, les importations françaises en provenance de Chine ont dépassé en 2006, pour la première fois, le milliard d'euros (+ 10,2% par rapport à 2005), alors que les volumes, eux, étaient en baisse (- 3 %).

    Mais les donneurs d'ordres anticipent déjà la fin des quotas, qui seront démantelés le 1er janvier 2008. "Ils rebasculent une partie de leur approvisionnement en Chine", constate M. Minvielle. Les importations françaises en provenance de Chine ont déjà progressé respectivement de 46 % et de 43 % en janvier et février par rapport aux mêmes mois de 2006.

    "On observe une recomposition en Asie", explique M. Minvielle. En effet, les autres pays d'Asie qui, hier, voyaient leurs exportations vers la France s'envoler, sont aujourd'hui en perte de vitesse. La Thaïlande (- 13 %), l'Indonésie (- 23 %) ou encore le Vietnam (- 6 %) sont les principales victimes de ce retour de balancier.

    Le Cambodge anticipe en baissant les salaires de nuit

    L'Assemblée nationale du Cambodge a amendé, vendredi 8 juin, la législation du travail afin de réduire de 70 % la rémunération des ouvriers - actuellement, en moyenne, de 50 dollars par mois - de l'industrie du vêtement travaillant la nuit. Cette mesure vise à améliorer "la compétitivité du Cambodge sur le marché international", a affirmé le ministre du travail, Vong Soth, dans la perspective de la fin des quotas d'importation vers l'Union européenne en provenance du voisin chinois. L'opposition a boycotté le vote, estimant que les revenus allaient baisser dans des usines où les ouvriers sont déjà traités comme "des animaux". L'industrie du vêtement emploie 330 000 personnes au Cambodge, et espère, grâce à cette mesure, 200 000 postes nouveaux.

    Par Le Monde
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