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G8: Ce sommet des riches a-t-il encore un sens?

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  • G8: Ce sommet des riches a-t-il encore un sens?

    Voilà résumé d´une façon élégante l´état des lieux de la Terre, notre Terre à tous. Il manque seulement la référence aux changements climatiques. Les grands responsables sont les pays industrialisés avec notamment la pollution "automobile": 600 millions de voitures sur un total de 700.

    Dans le même temps, la Chine ne possède que 28 millions de voitures [autant que la France] soit une voiture pour 60 personnes contre 2 voitures pour 3 personnes aux Etats-Unis. Il est vrai que le développement de la Chine repose à 60% sur le charbon très grand pollueur. Cependant, ce n´est pas parce que la Chine n´est pas dans le Protocole de Kyoto, qu´elle peut polluer allègrement. Elle annonce, à la veille du G8, son intention de réduire de 50 millions de tonnes de CO2 d´ici à 2010.

    C´est, tout de même, se moquer du monde car cela représente moins de 2%! La Chine pourrait doubler les États-Unis comme premier pollueur de la planète dès 2009.(Le Chinois polluera cependant 4 fois moins que l´Américain). En attendant, la balle est dans le camp des pays riches. Enfin, une étude du WWF montre qu´aucun des pays du G8 n´a pris des mesures suffisantes pour limiter le réchauffement à moins de 2°C. Les pires étant...les Etats-Unis, le Canada et la Russie. Le G8, est lui-même un sommet polluant. Entre les transports des nombreuses délégations et la noria de policiers et journalistes, le Sommet du G8 s´annonce très polluant, révèle une étude publiée par Der Spiegel du Lundi 3 juin. Au total, 30.000 tonnes de gaz carbonique seront déversées dans l´atmosphère.

    Trop de bruit pour un si faible signal


    Le Sommet du G8 s´est donc ouvert le 6 juin sur fond de querelles au sujet du réchauffement climatique et de polémiques aux relents de guerre froide entre Américains et Russes à propos du réarmement et de la démocratie.

    Au même moment......à l´extérieur de l´hôtel, le contre-sommet fait rage: une "ultraprésence policière" encadre depuis sept jours le contre-sommet du G8, qui réunit, pêle-mêle, tous les contestataires de gauche, d´extrême gauche et d´extrême droite. La barrière de protection aurait coûté 12 millions d´euros Pour rendre le G8 plus égalitaire et offrir à des intervenants extérieurs, Angela Merkel a invité cette année les dirigeants de quelques PVD d´Afrique dont l´Algérie et d´institutions à faire figuration sans droit de parole. Deux points spécifiques de l´actualité internationale: l´Afrique et le réchauffement climatique. L´APP (Africa Progress Panel), dirigé par Kofi Annan, l´ancien secrétaire général de l´ONU, a pour vocation de suivre et faire appliquer les promesses des huit dirigeants qui concernent le continent africain. Selon l´AFP "le 24 avril 2007 à Berlin, devant Tony Blair et Angela Merkel, L´APP "dénonce que"deux ans après le sommet, l´objectif de doubler l´aide au développement de l´Afrique d´ici 2010 n´est rempli qu´à 10%". Enfin, d´après des révélations d´IPS international "les autorités allemandes n´ont pas caché le fait que l´intérêt du G8 en Afrique se focalise également sur les ressources naturelles abondantes sur le continent, et les avancées des pays en développement émergents comme l´Inde et la Chine dans l´exploitation de ces ressources." "Nous devons prendre place en Afrique´´, a déclaré Merkel à une conférence sur le développement urbain à Berlin en novembre 2006 moins d´une semaine après un sommet Afrique-Chine à Beijing."Voilà qui est clair, juste retour des choses, d´une certaine façon, Angela Merkel ressuscite la fameuse conférence de Berlin en 1880, où l´on vit l´Europe se mettre d´accord pour se partager l´Afrique.

    Le premier point discuté fut le changement climatique. Après les déclarations enthousiastes de la chancelière allemande, Angela Merkel, saluant comme un "grand succès" un accord "fructueux" entre les pays du G8, la lecture de la déclaration commune faite à l´issue de la réunion oblige à plus de nuances. Le point 49, consacré à la "lutte contre le changement climatique", présente des engagements imprécis et peu contraignants: "Dans la mise en place d´un objectif mondial pour la réduction des émissions [de gaz à effet de serre], nous sommes tombés d´accord aujourd´hui entre émetteurs majeurs. Nous allons considérer sérieusement les dispositions prises par l´Union européenne, le Canada et le Japon, notamment celle de réduire de moitié les émissions mondiales d´ici à 2050. Nous nous engageons à réaliser ces objectifs et invitons les pays émergents à nous rejoindre dans notre démarche." L´année par rapport à laquelle serait calculée la réduction des émissions mondiales n´a cependant pas été précisée. Les organisations écologistes, elles, sont déçues. Greenpeace, par exemple, constate un échec. Selon Jörg Feddern, expert de l´organisation sur les questions climatiques, "c´est absolument trop peu". "Ce dont nous avons besoin, affirme-t-il, c´est d´objectifs contraignants. Toute autre chose (...) revient à repousser les problèmes à demain." Le président français, Nicolas Sarkozy, a revu ses certitudes à la baisse, il s´estime cependant satisfait de cet accord à minima. "J´ai tenu à ce qu´il y ait un chiffre, c´est celui de 2050. J´aurais préféré que ce soit un objectif impératif, mais regardons d´où nous partons". Le G8 s´est également mis d´accord pour achever la négociation de Bali "en 2009". Sous l´égide de l´ONU(1).

    Pour le New York Times, c´est Schwarzenegger qu´il fallait inviter, Acquis à la cause de la protection de l´environnement, le gouverneur de Californie aurait permis de donner une autre image des Etats-Unis, estime The New York Times. Au Sommet du G8, à Heiligendamm, le dirigeant d´une grande puissance industrielle manquait à l´appel: Arnold Schwarzenegger, le gouverneur de Californie. En dépit des formidables pressions exercées par les constructeurs automobiles, le gouverneur est même allé plus loin, en signant la loi par laquelle la Californie s´engage à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 25% d´ici à 2020. Visitez n´importe quel labo universitaire californien et vous serez témoin d´une véritable frénésie de recherche expérimentale de nouveaux moyens de s´éclairer, de se chauffer, de se rafraîchir et de se déplacer sans ravager la terre. Le Governator lui-même est un hybride fascinant.(2).

  • #2
    Le deuxième dossier fut l´Afrique et là, pas de surprise. Le G8 renonce à ses ambitions concernant le sida. Selon le Financial Times, les plus industrialisés envisagent d´aider "dans les prochaines années approximativement 5 millions de personnes" touchées par le sida, "un recul important par rapport à l´objectif, défini lors du Sommet de Gleneagles en 2005, de prendre en charge 10 millions de victimes d´ici 2010". Il y a deux ans, au Sommet de Gleneagles (2005), le G8 avait promis d´augmenter son aide de 50 milliards de dollars à l´horizon de 2010. Sur ce montant, 25 milliards étaient destinés au continent africain. Deux ans après, les membres du G8 sont bien loin du compte. Cette année le G8 décide de porter le montant à 60 milliards de dollars. Pour fixer les idées, le budget américain de la défense est de 600 milliards de dollars et le budget de la publicité aux Etats-Unis de 300 milliards de dollars. Enfin, il faut s´avoir que cette obole représente 5% du budget des armes vendues chaque année dans le monde. Voilà pour l´aumône en souhaitant qu´elle soit distribuée à temps.

    La réalité de la planète

    La participation comme faire-valoir de quelques pays émergents et de pays africains ne saurait faire illusion. Cela a amené le président brésilien Lula da Silva à proposer une écoute plus attentive des doléances du Sud: "La tenue d´un nouveau sommet élargi du G8 offre une nouvelle occasion aux dirigeants d´Afrique du Sud, du Brésil, de la Chine, de l´Inde et du Mexique d´approfondir le dialogue avec les principales puissances industrielles. Je suis convaincu que le changement climatique, le développement durable, les sources nouvelles et renouvelables d´énergie et le financement pour le développement sont des thèmes sur lesquels les principaux pays émergents devront être davantage écoutés... Pour atteindre les objectifs de développements du Millénaire, il sera aussi nécessaire de multiplier des mécanismes financiers innovants capables d´assurer les ressources nécessaires à la transformation des conditions de vie de millions de personnes marginalisées...Il n´y aura pas de développement durable, d´harmonie environnementale ni de sécurité pérenne si nous ne parvenons pas à éliminer la faim et l´extrême inégalité sociale...La constitution d´un forum permanent entre les pays en voie de développement et les pays développés pour traiter des questions essentielles du monde d´aujourd´hui aidera à rendre la globalisation moins asymétrique et plus solidaire.(3).

    En fait, ce qui se passe dans le G8 est une farce tragique. Une caricature plus éloquente que cent discours montre les effigies des sept pays les plus riches, en train de jouer avec l´effigie de l´Afrique au poker en détenant, on l´aura compris, les meilleures cartes. Ce que résume le journal britannique The Guardian "Les nations du G8 poursuivront les objectifs établis, seulement tant que ceux-ci ne se heurtent pas à leurs propres intérêts. Loin des sommets sentimentaux, ils détruiront tout ce qu´ils affirment construire". "Le G8 exige de l´action sur le changement climatique; la Banque mondiale, contrôlée par les pays du G8, subventionne des centrales au charbon et des projets de déforestation. Le G8 demande de meilleures conditions pour les échanges commerciaux avec l´Afrique; l´Europe et les Etats-Unis utilisent les pourparlers commerciaux mondiaux pour s´assurer que cela n´arrive pas. Les dirigeants du G8 appellent à une réduction de la dette; le Fonds monétaire international (FMI) exige que les nations pauvres retirent les barrières aux flux de capitaux qui les endettent. Simultanément, les dirigeants du G8 se lavent les mains. (...)."(4).

    Quel bilan tirer de ces kermesses et de ce luxe ostentatoire qui est une insulte à la face du monde? Pendant que des milliers d´enfants meurent chaque jour, de faim ou de la guerre imposée d´une façon ou d´une autre pour de sordides intérêts commerciaux, le G8 est l´autre face de la misère du G188 qui regroupe le reste de la planète. Pendant qu´on enterrait une vingtaine d´hommes, de femmes et d´enfants morts en mer près de l´Ile de Malte, digne héritière des "Chevaliers de Malte" en jetant à la mer des épaves humaines coupables de demander de l´aide, le Sommet s´ouvrait avec l´ostentation du Palais de Versailles, siège du premier G7, il y a plus de trente ans. Trois décennies, la pollution sans retenue, l´adoration du Dieu croissance débridée, nous amène à des inégalités plus atroces que jamais avec en prime le sida et la colère de la Terre à travers les changements climatiques qui, on l´aura compris, atteindront en "priorité" les pays en développement qui n´ont pas les moyens de la parade. Dans le journal Les Echos (France), Valéry Giscard d´Estaing, se demande si, 32 ans après sa création, le G8 est encore représentatif. "Oui, sans doute, car le poids économique de ses membres représente 63% du PNB mondial, et environ 50% du commerce international de marchandises....Lorsque le PIB de la Chine et celui de l´Inde auront dépassé les niveaux de tous les membres du G8, à l´exception des Etats-Unis et peut-être du Japon, ce qui ne saurait beaucoup tarder, il sera bon de rechercher une forme plus adaptée de gouvernance économique mondiale."Courrier International (5).

    Pour Eric Frey, Der Standard (Autriche): "le Sommet du G8 est devenu un" spectacle politique et médiatique vide de sens: l´informalité qui était celle du sommet à ses débuts s´est aujourd´hui volatilisée. Les communiqués finaux regorgent de lieux communs, et s´ils contiennent par le plus grand des hasards des résultats concrets -tel l´effacement de la dette de l´Afrique l´an passé- ils sont bien vite oubliés" (5).

    Enfin pour le journal finlandais Hufvudstadsbladet: "Le G8 est censé rassembler les huit pays les plus riches du monde. Toutefois, ce n´est pas tout à fait le cas. Selon la liste dressée en 2005 par le FMI, qui prend en compte le produit intérieur brut, les Etats-Unis se classent certes, en tête. Le numéro deux (la Chine) et le numéro quatre (l´Inde) sont absents du G8. Le Sommet réunit encore moins les huit pays les plus riches du monde en vertu du PIB par habitant. Sinon, le groupe aurait été composé du Luxembourg, de la Norvège, de la Suisse, du Danemark, de l´Islande, des Etats-Unis, des Bermudes et de la Suède."(5).

    Le salut viendrait d´une prise de conscience planétaire que les hommes sont égaux en droit, qu´il n´y a pas d´hommes plus égaux que d´autres. Il est exact, écrit le professeur Claude Béland que la mondialisation a permis d´accroître le Produit intérieur brut, mais le "Bonheur intérieur brut" n´en profite pas. Le fait est que l´on est impuissant à redistribuer équitablement la richesse...La finance impose maintenant sa loi aux gouvernements et elle a réussi à vendre l´idée que c´est la seule manière de faire". De plus, la situation climatique est inédite. Nous jouons aux apprentis sorciers avec les forces de la nature, en étant nous-mêmes dans l´éprouvette! Il y a, de ce fait, urgence à définir une politique environnementale planétaire. Ce n´est pas, il faut le craindre, la mentalité actuelle des grands de ce monde qui y contribuera à moins d´un miracle ou d´un avant-goût de ce que sera le déluge, prévu par les textes anciens.

    1.Aline Leclerc: Les pays du G8 d´accord pour envisager un objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre, Le Monde 07.06.07.
    2.Timothy Egan: "C´est Schwarzenegger qu´il fallait inviter" The New York Times dans Courrier international du 5 juin 2007.
    3.Lula da Silva: G8, les pays émergents doivent être entendus, Le Monde du 8.06.2007.
    4.The Gardian: repris par Courrier international 606 2007
    5.Le vrai visage du G8: Articles repris par Courrier international 6.06.2007

    Par L'Expression

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    • #3
      Ce sommet de riches a-t-il encore un sens? OUI!
      Comment s'enrichir plus.
      Le G8 n’est pas crédible ! Cela fait longtemps qu’il fait des propositions au niveau du Club de Paris. La Banque mondiale peut bien peser de tout son poids pour dire tout simplement : « Annulez la dette. » Nous ne croyons pas à ce que dit Bush. Nous ne croyons pas à ce que l’ensemble des pays du G8 disent. Nous disons qu’aujourd’hui le G8 n’a plus de nécessité. Il ne doit plus parler des problèmes de développement en Afrique. Le G8 ne doit pas parler à la place de nos présidents. Ces pays qui nous dictent les règles de bonne gouvernance ont tout à apprendre de nous. Nous avons participé à développer l’Europe et l’Amérique avec notre force physique et nos ressources naturelles. Alors, aujourd’hui, ce sont eux qui nous doivent quelque chose, nous ne devons rien ! EL WATAN - Edition du 10 juin 2007
      Et voilà ce qu'ajoute, Mme Barry Aminata Touré. Présidente de la Coalition des alternatives africaines dette et développement (CAD-Mali)
      « Il faut fermer la Banque mondiale et le FMI »
      Et parmi les jeunes on entendait: "Chavez nous montre comment faire."
      Puisque la plupart des pays africains n'ont pas changé depuis leur indépendance, d'autres s'appauvrissent, il est souhaitable d'essayer autre chose. Qu'importe, s'il y a adhésion du peuple!

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