En plein cœur de la capitale, à quelques mètres du tribunal et de la cour d’Alger, au vu et au su de tous, devant des milliers de passants, de policiers et d’homme de loi, à toute heure de la journée, ils sont là à compter et à recompter les liasses de billets de dinars exhibées aux mains. Sans crainte, sans inquiétude, ils regardent avec indifférence les véhicules de police de passage. Ils narguent l’Etat, ils le défient même. Que lui reste-t-il de crédibilité et d’autorité lorsque quelques individus imposent leur diktat ? Malgré ses services de sécurité, malgré ses moyens de répression, cet Etat n’arrive pas à mettre fin à cet pratique illicite d’achat et de vente de devises qui perdure depuis des années.
Certains parlent de tolérance, d’autres de complicité avec des personnalités qui superviseraient ce trafic, plus clément quelques uns montrent du doigt la législation dépassée. Mais la majorité des citoyens sont perplexes et ne s’expliquent pas cet état de faits qui porte atteinte tant à l’image de la capitale qu’à celle de la police.
En effet, celle-ci est tantôt accusée de laxisme, tantôt de négligence si ce n’est pas de passive complicité. Une sortie sur le terrain avec les groupes de la police judiciaire de la sûreté de daïra de Bab El-Oued au cours de ce reportage a permis d’en savoir plus. D’abord que les policiers sont bel et bien sur le terrain en matière d’investigation et d’interpellation de ces individus qui s’adonnent à ce trafic de devises. Ensuite qu’ils procèdent à l’interpellation et à l’arrestation de ces derniers, ensuite les présentent par devant le procureur. Et enfin qu’il n’existe pas de plaignant pour poursuivre pénalement ceux qui s’adonnent à ce commerce clandestin. Et les services du Trésor public ? C’est la grande énigme.
S’agissant d’un reportage (et non d’une enquête journalistique), nous rapportons ici un constat établi grâce au concours de la Sûreté de daïra de Bab-El-Oued qui nous a fourni, sans réticence, le bilan de ses autorités de répression en matière de délits relatifs au change clandestin de devises (janvier et mars 2007) : 25 personnes interpellées, saisie de 691 700 DA, 11 475 euros, 422 dollars, 1 125 dollars canadiens, 2 750 livres sterling, 2 500 francs suisses, etc. Infime par rapport à la masse de devises exposée au square Port-Saïd. Des opérations «coup-de-poing» sont menées par les policiers. Mais sans grand impact sur les «cambistes» qui investissent chaque jour les mêmes espaces.
«L’euro», «l’euro, l’euro…», «devises…»
En ces lieux ceinturant le square Port-Saïd ou le marché de la devise, ils sont là depuis des années. Sous les arcades, à même la chaussée pour mieux accoster les automobilistes, adossés aux voitures stationnées ou autour du revendeur de cigarettes. Ils sont là à toute heure de la journée, une trentaine d’individus — peut-être plus — parmi les plus visibles. Ils tiennent ostensiblement dans les mains des liasses de billets de dinars, leur servant d’appât. Ils comptent et recomptent. C’est ainsi toute la journée. Le passant, l’automobiliste sont apostrophés. La voie publique, les ruelles, la partie ouest des rues Abane-Ramdane et de la Liberté, et une grande partie du square Port-Saïd sont leur «propriété». Ils, ce sont les vendeurs clandestins de devises, les «cambistes» qui font la renommée de ce centre névralgique de la capitale. Des «cambistes» qui, selon certains observateurs, appartiennent à différents réseaux spécialisés dans ce genre de trafic de devises. On susurre que ces derniers sont soutenus par des personnalités influentes sans toutefois indiquer des noms.
Cependant, il n’y a jamais de fumée sans feu, et dans notre pays, rien n’est surprenant… Et pour rester dans le même registre, on peut se demander de quelle protection ou soutien bénéficie cet autre «cambiste» archiconnu à Hydra chez qui même des diplomates étrangers viennent changer leurs devises. Là, dans cette superette où tous les produits alimentaires sont «made in…», le flagrant délit est permanent. Alors…
Evidemment que le «marché de change» du square Port-Saïd est source d’interrogations qui discréditent pleinement l’Etat ; le citoyen ne choisit pas les mots pour parler carrément de complicités de «gros bonnets». Cependant, les propos du chef de la Sûreté de daïra de Bab El-Oued (territorialement responsable) tempère les accusations cultivées ici ou là. Ce dernier au cours d’un entretien qu’il nous a accordé «lire ci-contre) laisse comprendre que les policiers ont les mains et les pieds liés devant ce «crime économique» car les vendeurs clandestins interpellés et fouillés ont très rarement des devises sur eux, donc il est impossible pour ces services de police de les confondre et de prouver le délit pour ensuite les présenter au parquet.
Effectivement, lorsqu’on se propose à l’achat de quelques billets, le «cambiste», le «client» sera conduit quelque part, même dans sa propre voiture en soutenant que «c’est mieux pour vous éviter des agressions». On peut se demander pourquoi ces vendeurs ne font pas l’objet d’agression !!!
Pour en savoir plus sur la conduite adoptée par les services de police face à ce «phénomène», nous nous sommes adressés à la Sûreté urbaine sise à la place où nous avons été dirigés à un palier supérieur, celui de la Sûreté de daïra de Bab El-Oued où nous reçoit Djamel Louni, son premier responsable. Bref entretien, le commissaire nous suggère de toucher le mal du doigt en participant à une «descente» au square Port Saïd.
«Cela vous permettra de comprendre les difficultés de notre mission. Nous agissons selon la loi, donc nous devons interpeller des individus en possession de devises, en clair la main dans le sac.
Ce n’est pas le cas. Ces vendeurs clandestins opèrent, selon un mordus opérandi quasiment infaillible : n’avoir jamais sur soi des devises pour éviter l’arrestation. Les citoyens constatent que nous intervenons tous les jours mais nous ne pouvons interpeller des personnes sans preuves. Sinon cela serait un abus, un dépassement».
Rendez-vous est fixé pour le lendemain mercredi à 13h. Nous assistons au jeu du chat et de la souris à travers la vitre d’un café. Dès l’arrêt du véhicule de police, les «cambistes» ont investi les lieux publics mitoyens du square. Une heure après, les policiers quittent les lieux bredouilles. A leur tour, les vendeurs clandestins réoccupent les trottoirs et la chaussée pour s’adonner à leur commerce. Trente minutes après, les mêmes policiers reviennent une nouvelle fois, et les «cambistes» reprennent place dan s les cafés.
Sans commentaire…
Certains parlent de tolérance, d’autres de complicité avec des personnalités qui superviseraient ce trafic, plus clément quelques uns montrent du doigt la législation dépassée. Mais la majorité des citoyens sont perplexes et ne s’expliquent pas cet état de faits qui porte atteinte tant à l’image de la capitale qu’à celle de la police.
En effet, celle-ci est tantôt accusée de laxisme, tantôt de négligence si ce n’est pas de passive complicité. Une sortie sur le terrain avec les groupes de la police judiciaire de la sûreté de daïra de Bab El-Oued au cours de ce reportage a permis d’en savoir plus. D’abord que les policiers sont bel et bien sur le terrain en matière d’investigation et d’interpellation de ces individus qui s’adonnent à ce trafic de devises. Ensuite qu’ils procèdent à l’interpellation et à l’arrestation de ces derniers, ensuite les présentent par devant le procureur. Et enfin qu’il n’existe pas de plaignant pour poursuivre pénalement ceux qui s’adonnent à ce commerce clandestin. Et les services du Trésor public ? C’est la grande énigme.
S’agissant d’un reportage (et non d’une enquête journalistique), nous rapportons ici un constat établi grâce au concours de la Sûreté de daïra de Bab-El-Oued qui nous a fourni, sans réticence, le bilan de ses autorités de répression en matière de délits relatifs au change clandestin de devises (janvier et mars 2007) : 25 personnes interpellées, saisie de 691 700 DA, 11 475 euros, 422 dollars, 1 125 dollars canadiens, 2 750 livres sterling, 2 500 francs suisses, etc. Infime par rapport à la masse de devises exposée au square Port-Saïd. Des opérations «coup-de-poing» sont menées par les policiers. Mais sans grand impact sur les «cambistes» qui investissent chaque jour les mêmes espaces.
«L’euro», «l’euro, l’euro…», «devises…»
En ces lieux ceinturant le square Port-Saïd ou le marché de la devise, ils sont là depuis des années. Sous les arcades, à même la chaussée pour mieux accoster les automobilistes, adossés aux voitures stationnées ou autour du revendeur de cigarettes. Ils sont là à toute heure de la journée, une trentaine d’individus — peut-être plus — parmi les plus visibles. Ils tiennent ostensiblement dans les mains des liasses de billets de dinars, leur servant d’appât. Ils comptent et recomptent. C’est ainsi toute la journée. Le passant, l’automobiliste sont apostrophés. La voie publique, les ruelles, la partie ouest des rues Abane-Ramdane et de la Liberté, et une grande partie du square Port-Saïd sont leur «propriété». Ils, ce sont les vendeurs clandestins de devises, les «cambistes» qui font la renommée de ce centre névralgique de la capitale. Des «cambistes» qui, selon certains observateurs, appartiennent à différents réseaux spécialisés dans ce genre de trafic de devises. On susurre que ces derniers sont soutenus par des personnalités influentes sans toutefois indiquer des noms.
Cependant, il n’y a jamais de fumée sans feu, et dans notre pays, rien n’est surprenant… Et pour rester dans le même registre, on peut se demander de quelle protection ou soutien bénéficie cet autre «cambiste» archiconnu à Hydra chez qui même des diplomates étrangers viennent changer leurs devises. Là, dans cette superette où tous les produits alimentaires sont «made in…», le flagrant délit est permanent. Alors…
Evidemment que le «marché de change» du square Port-Saïd est source d’interrogations qui discréditent pleinement l’Etat ; le citoyen ne choisit pas les mots pour parler carrément de complicités de «gros bonnets». Cependant, les propos du chef de la Sûreté de daïra de Bab El-Oued (territorialement responsable) tempère les accusations cultivées ici ou là. Ce dernier au cours d’un entretien qu’il nous a accordé «lire ci-contre) laisse comprendre que les policiers ont les mains et les pieds liés devant ce «crime économique» car les vendeurs clandestins interpellés et fouillés ont très rarement des devises sur eux, donc il est impossible pour ces services de police de les confondre et de prouver le délit pour ensuite les présenter au parquet.
Effectivement, lorsqu’on se propose à l’achat de quelques billets, le «cambiste», le «client» sera conduit quelque part, même dans sa propre voiture en soutenant que «c’est mieux pour vous éviter des agressions». On peut se demander pourquoi ces vendeurs ne font pas l’objet d’agression !!!
Pour en savoir plus sur la conduite adoptée par les services de police face à ce «phénomène», nous nous sommes adressés à la Sûreté urbaine sise à la place où nous avons été dirigés à un palier supérieur, celui de la Sûreté de daïra de Bab El-Oued où nous reçoit Djamel Louni, son premier responsable. Bref entretien, le commissaire nous suggère de toucher le mal du doigt en participant à une «descente» au square Port Saïd.
«Cela vous permettra de comprendre les difficultés de notre mission. Nous agissons selon la loi, donc nous devons interpeller des individus en possession de devises, en clair la main dans le sac.
Ce n’est pas le cas. Ces vendeurs clandestins opèrent, selon un mordus opérandi quasiment infaillible : n’avoir jamais sur soi des devises pour éviter l’arrestation. Les citoyens constatent que nous intervenons tous les jours mais nous ne pouvons interpeller des personnes sans preuves. Sinon cela serait un abus, un dépassement».
Rendez-vous est fixé pour le lendemain mercredi à 13h. Nous assistons au jeu du chat et de la souris à travers la vitre d’un café. Dès l’arrêt du véhicule de police, les «cambistes» ont investi les lieux publics mitoyens du square. Une heure après, les policiers quittent les lieux bredouilles. A leur tour, les vendeurs clandestins réoccupent les trottoirs et la chaussée pour s’adonner à leur commerce. Trente minutes après, les mêmes policiers reviennent une nouvelle fois, et les «cambistes» reprennent place dan s les cafés.
Sans commentaire…
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