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Par Pierre Haski (Rue89) 01H25 14/06/2007
Le Spa Evian àpour les nouveaux riches de Shanghaï (P.Haski/Rue89)
La Chine faisait partie des success stories du groupe Danone, qui y réalise 10% de son chiffre d'affaires mondial. L'Empire du Milieu est en train de devenir son cauchemar le plus sombre, avec des relents de révolution culturelle à la mode maoïste là où l'on pensait que les règles du capitalisme avaient pris racine...
Le groupe Danone contrôle 51% du numéro un chinois de l'eau minérale, Wahaha. Mais en Chine, 51% ne suffit pas à dicter sa loi. Depuis des semaines, maintenant, une partie de bras de fer est engagée entre le groupe de Franck Riboud et le PDG -démissionnaire depuis quelques jours- de Wahaha, le richissime et très influent homme d'affaires et député du parti communiste chinois, Zong Qinghou. Cette semaine, l'affaire a pris une nouvelle ampleur avec une descente de salariés de Wahaha au siège de Danone à Shanghaï pour dénoncer les méthodes "prédatrices" de la société française, et une conférence de presse de treize cadres chinois de la filiale de Danone prenant fait et cause pour leur patron démissionné et menaçant de créer une société rivale.
Pour faire court, Danone accuse son ex-partenaire d'avoir monté derrière son dos des sociétés qui captaient une partie des activités commerciales de Wahaha. Le groupe français a alors tenté de prendre le contrôle intégral de ses filiales, mais s'est heurté à la vive réaction de Zong Qinghou, qui, jouant sur la fibre nationaliste, a tenté de mobiliser contre les "barbares" occidentaux qui tentent de dépecer la Chine comme au XIX° siècle... Dans sa lettre de démission, en fin de semaine dernière, Zong qualifiait l'attitude de Danone d'"indigne et ridicule". Ambiance.
Danone a porté l'affaire un cran plus haut, portant plainte contre Zong ... en Californie. Une des sociétés parallèles de Zong Qinghou est en effet enregistrée aux îles Vierges, un paradis fiscal, et domiciliée aux Etats-Unis, dirigée par la propre fille du député communiste chinois, elle-même citoyenne américaine. Une autre société concernée contre laquelle Danone porte plainte est dirigée par l'épouse de Zong, qui a une carte verte américaine...
La riposte chinoise est venue d'abord de manière oblique, fin mai, lorsque les autorités sanitaires chinoises (dont le patron vient d'être condamné à mort pour corruption) ont bloqué l'entrée en Chine de 118000 bouteilles d'Evian en raison d'un "taux anormal de bactéries". Evian, qui vaut deux ou trois fois plus cher qu'une eau chinoise, était devenu l'eau préférée des nouveaux riches chinois, qui n'ont pas confiance dans celle du robinet, ni dans l'eau minérale nationale, pas même Wahaha. Des nouveaux riches qui fréquentent aussi le Spa Evian, un centre de soins de la peau traitée aux produits de la marque française, installé dans un immeuble très branché de Shanghaï, entre la boutique Armani et une galerie d'art contemporain.
La contre attaque se poursuit désormais avec ce vent de révolte parmi les cadres et les employés de Wahaha incités à soutenir leur PDG démissionnaire. Pour Danone l'affaire est des plus embarrassante. Le groupe français sait qu'il aura le plus grand mal à se faire entendre dans l'opinion publique, tant les relents nationalistes sont forts dans cette affaire. Et il risque de voir onze ans d'efforts réduits à néant pas les dégats collatéraux de cette querelle sur son image de marque. Et il n'a guère plus de chances d'obtenir justice devant les tribunaux chinois contre un membre de l'Assemblée nationale populaire et du Parti. Dans un communiqué publié sur son site internet, Franck Riboud déclarait mardi que: "avec l'appui des autorités chinoises, le Groupe Danone continue de penser qu'un réglement amiable peut être possible". Un appel direct aux autorités qui montre que l'issue ne pourra être que politique.
L'affaire est évidemment suivie de près par toute la communauté d'affaires étrangère en Chine, qui sent bien que ce type de crise menace tous les investisseurs passés par le système des coentreprises (Joint Ventures) avec un partenaire chinois. Les cas de mariage ratés sont légion, même si peu d'entre eux se terminent par un divorce aussi fracassant que celui de Danone et du fondateur de Wahaha. Il reste à la multinationale française à limiter la casse.
Le Spa Evian àpour les nouveaux riches de Shanghaï (P.Haski/Rue89)
La Chine faisait partie des success stories du groupe Danone, qui y réalise 10% de son chiffre d'affaires mondial. L'Empire du Milieu est en train de devenir son cauchemar le plus sombre, avec des relents de révolution culturelle à la mode maoïste là où l'on pensait que les règles du capitalisme avaient pris racine...
Le groupe Danone contrôle 51% du numéro un chinois de l'eau minérale, Wahaha. Mais en Chine, 51% ne suffit pas à dicter sa loi. Depuis des semaines, maintenant, une partie de bras de fer est engagée entre le groupe de Franck Riboud et le PDG -démissionnaire depuis quelques jours- de Wahaha, le richissime et très influent homme d'affaires et député du parti communiste chinois, Zong Qinghou. Cette semaine, l'affaire a pris une nouvelle ampleur avec une descente de salariés de Wahaha au siège de Danone à Shanghaï pour dénoncer les méthodes "prédatrices" de la société française, et une conférence de presse de treize cadres chinois de la filiale de Danone prenant fait et cause pour leur patron démissionné et menaçant de créer une société rivale.
Pour faire court, Danone accuse son ex-partenaire d'avoir monté derrière son dos des sociétés qui captaient une partie des activités commerciales de Wahaha. Le groupe français a alors tenté de prendre le contrôle intégral de ses filiales, mais s'est heurté à la vive réaction de Zong Qinghou, qui, jouant sur la fibre nationaliste, a tenté de mobiliser contre les "barbares" occidentaux qui tentent de dépecer la Chine comme au XIX° siècle... Dans sa lettre de démission, en fin de semaine dernière, Zong qualifiait l'attitude de Danone d'"indigne et ridicule". Ambiance.
Danone a porté l'affaire un cran plus haut, portant plainte contre Zong ... en Californie. Une des sociétés parallèles de Zong Qinghou est en effet enregistrée aux îles Vierges, un paradis fiscal, et domiciliée aux Etats-Unis, dirigée par la propre fille du député communiste chinois, elle-même citoyenne américaine. Une autre société concernée contre laquelle Danone porte plainte est dirigée par l'épouse de Zong, qui a une carte verte américaine...
La riposte chinoise est venue d'abord de manière oblique, fin mai, lorsque les autorités sanitaires chinoises (dont le patron vient d'être condamné à mort pour corruption) ont bloqué l'entrée en Chine de 118000 bouteilles d'Evian en raison d'un "taux anormal de bactéries". Evian, qui vaut deux ou trois fois plus cher qu'une eau chinoise, était devenu l'eau préférée des nouveaux riches chinois, qui n'ont pas confiance dans celle du robinet, ni dans l'eau minérale nationale, pas même Wahaha. Des nouveaux riches qui fréquentent aussi le Spa Evian, un centre de soins de la peau traitée aux produits de la marque française, installé dans un immeuble très branché de Shanghaï, entre la boutique Armani et une galerie d'art contemporain.
La contre attaque se poursuit désormais avec ce vent de révolte parmi les cadres et les employés de Wahaha incités à soutenir leur PDG démissionnaire. Pour Danone l'affaire est des plus embarrassante. Le groupe français sait qu'il aura le plus grand mal à se faire entendre dans l'opinion publique, tant les relents nationalistes sont forts dans cette affaire. Et il risque de voir onze ans d'efforts réduits à néant pas les dégats collatéraux de cette querelle sur son image de marque. Et il n'a guère plus de chances d'obtenir justice devant les tribunaux chinois contre un membre de l'Assemblée nationale populaire et du Parti. Dans un communiqué publié sur son site internet, Franck Riboud déclarait mardi que: "avec l'appui des autorités chinoises, le Groupe Danone continue de penser qu'un réglement amiable peut être possible". Un appel direct aux autorités qui montre que l'issue ne pourra être que politique.
L'affaire est évidemment suivie de près par toute la communauté d'affaires étrangère en Chine, qui sent bien que ce type de crise menace tous les investisseurs passés par le système des coentreprises (Joint Ventures) avec un partenaire chinois. Les cas de mariage ratés sont légion, même si peu d'entre eux se terminent par un divorce aussi fracassant que celui de Danone et du fondateur de Wahaha. Il reste à la multinationale française à limiter la casse.
...et il n'e s'agit que d'agroalimentaire alors j'imagine même pas quand ça se produira dans le hi-tech par exemple...la chine est vraiment la puissance de demain...
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