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Radio France Internationale _ RFI
Depuis ce lundi, la Pologne connaît une situation sans précédent : les frères jumeaux Jaroslaw et Lech Kaczynski occupent les deux postes-clefs de l’Etat. Jaroslaw, 57 ans, l’aîné de 45 minutes, vient d’être nommé Premier ministre au terme d’une semaine pleine de confusion
A l’automne dernier, juste après la victoire des conservateurs aux législatives, Jaroslaw avait pourtant juré ses grands dieux qu’il ne briguerait pas le poste de chef du gouvernement. Une stratégie pour mettre toutes les chances du côté de son frère, candidat au fauteuil présidentiel. Les sondages à l’époque étaient en effet unanimes : les Polonais ne voulaient pas que le pouvoir soit concentré entre les mains des jumeaux. Les raisons de ce changement d’avis de la part de Jaroslaw Kaczynski ne sont pas claires. Lui-même a été sibyllin : « Je ne veux pas être premier ministre mais je le dois », a-t-il déclaré.
L’annonce de la démission du Premier ministre Kazimierz Marcinkiewicz, vendredi soir, a provoqué une surprise totale en Pologne. Des rumeurs sur le conflit grandissant entre Kazimierz Marcinkiewicz et le tout-puissant frère jumeau du président polonais Jaroslaw Kaczynki, leader du Parti du Droit et de la Justice, couraient depuis quelques jours mais elles avaient été démenties vendredi par le chef du gouvernement. Deux heures plus tard Marcinkiewicz annulait son voyage officiel en Croatie et revenait au siège du Parti du Droit et de la Justice (PIS). Pour expliquer cette démission intempestive les commentateurs se perdent en conjectures : on évoque la popularité grandissante de Kazimierz Marcinkiewicz. Une popularité qui commençait à faire de l’ombre au leader du PIS.
D’après un sondage publié lundi par l’institut PBS, seulement 7% des Polonais souhaitent que Kaczynski devienne Premier ministre, contre 52% qui préféreraient voir Marcinkiewicz poursuivre sa mission. 66% pensent que l’ex-premier ministre devrait jouer un rôle plus important sur la scène politique. Le même pourcentage des personnes interrogées se déclare opposé à voir Jaroslaw Kaczynski jouer un rôle plus important. Marcinkiewicz manifestait en effet de plus en plus d’indépendance. Il n’a pas consulté lors de la nomination, la semaine dernière, du nouveau ministre des Finances. Mais la goutte qui a fait déborder le vase est peut-être sa rencontre jeudi dernier avec le leader des libéraux Donald Tusk. « Marcinkiewicz aurait-il été tenté de passer dans l’opposition ? », se demande Marek Zalewski de l’hebdomadaire Wprost. Le ministre limogé nie, mais il n’en est pas à un démenti près.
Rendre à la Pologne sa position de nation puissante
D’après le nouveau Premier ministre, il n’y aura pas de remaniement important : seul le tout fraîchement nommé ministre des Finances doit partir. Ce sera Stanislaw Kluza, actuel vice-ministre, qui prendra la relève. Kaczynski veut rassurer les marchés financiers et les investisseurs en promettant qu’il ne s’agit pas d’une révolution mais d’une continuation. Mais, en même temps, il ajoute à la confusion en déclarant que la meilleure candidate pour ce fauteuil demeurait Zyta Gilowska, la ministre qui a été limogée par Marcinkiewicz il y a deux semaines.
Le Premier ministre sortant reçoit pour sa part un lot de consolation : il sera le candidat des conservateurs au fauteuil du maire de Varsovie lors des élections de novembre prochain. D’ores et déjà il sera maire par intérim car le poste a été rendu vacant après l’élection de Lech Kaczynski à la présidentielle. L’opposition fulmine : « Marcinkiewicz n’est qu’un jouet entre les mains de deux frères capricieux », commente Jan Rokita de la Plate-forme citoyenne. « On ne devrait pas se laisser déplacer tel un meuble », répond en écho son collègue du parti Bronislaw Komorowski.
Pour le Gazeta Wyborcza, le plus grand quotidien du pays, cela consacre un état de fait puisque Jaroslaw Kaczynski était l’éminence grise de ce gouvernement. La coalition sulfureuse passée avec l’extrême droite (la Ligue des familles polonaises) et le parti paysan l’Autodéfense n’est pas remise en cause. Que va devenir la Pologne sous la conduite des deux frères ? Lech et Jaroslaw ont fait place nette pour réaliser ce qui leur tient le plus à cœur : la rupture avec le passé communiste et la lutte contre la corruption. Ils ont déjà montré leurs points faibles : l’économie et la politique extérieure. Jaroslaw compte changer cela et annone qu’il veut rendre à la Pologne sa position de nation puissante sur la scène internationale. Après l’annulation le 3 juillet de la rencontre du triangle de Weimar par son frère Lech, à cause de petits problèmes de santé, cela reste à voir.
par Maya Szymanowska
Article publié le 10/07/2006
Depuis ce lundi, la Pologne connaît une situation sans précédent : les frères jumeaux Jaroslaw et Lech Kaczynski occupent les deux postes-clefs de l’Etat. Jaroslaw, 57 ans, l’aîné de 45 minutes, vient d’être nommé Premier ministre au terme d’une semaine pleine de confusion
A l’automne dernier, juste après la victoire des conservateurs aux législatives, Jaroslaw avait pourtant juré ses grands dieux qu’il ne briguerait pas le poste de chef du gouvernement. Une stratégie pour mettre toutes les chances du côté de son frère, candidat au fauteuil présidentiel. Les sondages à l’époque étaient en effet unanimes : les Polonais ne voulaient pas que le pouvoir soit concentré entre les mains des jumeaux. Les raisons de ce changement d’avis de la part de Jaroslaw Kaczynski ne sont pas claires. Lui-même a été sibyllin : « Je ne veux pas être premier ministre mais je le dois », a-t-il déclaré.
L’annonce de la démission du Premier ministre Kazimierz Marcinkiewicz, vendredi soir, a provoqué une surprise totale en Pologne. Des rumeurs sur le conflit grandissant entre Kazimierz Marcinkiewicz et le tout-puissant frère jumeau du président polonais Jaroslaw Kaczynki, leader du Parti du Droit et de la Justice, couraient depuis quelques jours mais elles avaient été démenties vendredi par le chef du gouvernement. Deux heures plus tard Marcinkiewicz annulait son voyage officiel en Croatie et revenait au siège du Parti du Droit et de la Justice (PIS). Pour expliquer cette démission intempestive les commentateurs se perdent en conjectures : on évoque la popularité grandissante de Kazimierz Marcinkiewicz. Une popularité qui commençait à faire de l’ombre au leader du PIS.
D’après un sondage publié lundi par l’institut PBS, seulement 7% des Polonais souhaitent que Kaczynski devienne Premier ministre, contre 52% qui préféreraient voir Marcinkiewicz poursuivre sa mission. 66% pensent que l’ex-premier ministre devrait jouer un rôle plus important sur la scène politique. Le même pourcentage des personnes interrogées se déclare opposé à voir Jaroslaw Kaczynski jouer un rôle plus important. Marcinkiewicz manifestait en effet de plus en plus d’indépendance. Il n’a pas consulté lors de la nomination, la semaine dernière, du nouveau ministre des Finances. Mais la goutte qui a fait déborder le vase est peut-être sa rencontre jeudi dernier avec le leader des libéraux Donald Tusk. « Marcinkiewicz aurait-il été tenté de passer dans l’opposition ? », se demande Marek Zalewski de l’hebdomadaire Wprost. Le ministre limogé nie, mais il n’en est pas à un démenti près.
Rendre à la Pologne sa position de nation puissante
D’après le nouveau Premier ministre, il n’y aura pas de remaniement important : seul le tout fraîchement nommé ministre des Finances doit partir. Ce sera Stanislaw Kluza, actuel vice-ministre, qui prendra la relève. Kaczynski veut rassurer les marchés financiers et les investisseurs en promettant qu’il ne s’agit pas d’une révolution mais d’une continuation. Mais, en même temps, il ajoute à la confusion en déclarant que la meilleure candidate pour ce fauteuil demeurait Zyta Gilowska, la ministre qui a été limogée par Marcinkiewicz il y a deux semaines.
Le Premier ministre sortant reçoit pour sa part un lot de consolation : il sera le candidat des conservateurs au fauteuil du maire de Varsovie lors des élections de novembre prochain. D’ores et déjà il sera maire par intérim car le poste a été rendu vacant après l’élection de Lech Kaczynski à la présidentielle. L’opposition fulmine : « Marcinkiewicz n’est qu’un jouet entre les mains de deux frères capricieux », commente Jan Rokita de la Plate-forme citoyenne. « On ne devrait pas se laisser déplacer tel un meuble », répond en écho son collègue du parti Bronislaw Komorowski.
Pour le Gazeta Wyborcza, le plus grand quotidien du pays, cela consacre un état de fait puisque Jaroslaw Kaczynski était l’éminence grise de ce gouvernement. La coalition sulfureuse passée avec l’extrême droite (la Ligue des familles polonaises) et le parti paysan l’Autodéfense n’est pas remise en cause. Que va devenir la Pologne sous la conduite des deux frères ? Lech et Jaroslaw ont fait place nette pour réaliser ce qui leur tient le plus à cœur : la rupture avec le passé communiste et la lutte contre la corruption. Ils ont déjà montré leurs points faibles : l’économie et la politique extérieure. Jaroslaw compte changer cela et annone qu’il veut rendre à la Pologne sa position de nation puissante sur la scène internationale. Après l’annulation le 3 juillet de la rencontre du triangle de Weimar par son frère Lech, à cause de petits problèmes de santé, cela reste à voir.
par Maya Szymanowska
Article publié le 10/07/2006