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Abus sexuels sur les enfants : Un rapport accablant

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    Abus sexuels sur les enfants : Un rapport accablant

    A peu près 80% des abus envers les enfants sont d’ordre sexuel tandis que 75% des abuseurs ont une relation familiale avec les victimes. C’est ce qui ressort du premier rapport de la Coalition contre les abus sexuels sur les enfants (Cocasse). Selon le même document, qui sera bientôt présenté à la presse, la plupart des victimes sont âgées de moins de 10 ans. « La situation est alarmante, car ce phénomène est en augmentation », commente Khalid Cherkaoui Semmouni, coordinateur général de la coalition. « Plusieurs facteurs contribuent à sa propagation.


    Il y a d’abord la pauvreté, la non intégration de l’éducation sexuelle dans les programmes scolaires et son absence au sein de la famille. Il faut dire également que les médias ne jouent pas leur rôle de sensibilisation comme il faut », ajoute-il.

    En plus de ces causes, le rapport impute la prolifération de ce fléau à l’absence d’un plan d’action national pour l’enfance et à la non sévérité de la loi. En effet, un viol d’enfant n’est puni que de cinq ans de prison. Cette peine est la même pour tout le monde, qu’ils s’agisse d’Européens ou de ressortissants du Golfe. « Pourtant, dès le début des années 90, l’Organisation mondiale du tourisme a attiré l’attention sur ce phénomène. Elle a créé un plan d’action pour la protection des enfants contre l’exploitation sexuelle dans le tourisme et pour dépister les cas », lit-on dans le rapport.

    Toutefois, l’abus sexuel n’est pas l’apanage du tourisme, il sévit dans tous les domaines et dans tous les milieux sociaux. Ses répercussions sont graves, surtout si la victime n’est pas prise en charge. Elles sont plus ou moins importantes selon la nature et la durée de l’abus, l’âge et à la maturité psycho-sexuelle de l’enfant, son contexte familial, la proximité relationnelle avec l’abuseur, les réactions de son entourage et la qualité de l’aide qui lui est apportée. Pire encore, la victime risque d’en garder les séquelles pour toute la vie et de développer des troubles de comportement plus tard.

    Pour ce qui est du recours à la justice, la Cocasse remet en question la manière dont se déroulent les procès, qui sont une seconde épreuve pour les jeunes victimes. Ces dernières sont obligées de se remémorer des épisodes douloureux qu’ils s’efforcent d’oublier. Les interrogations sont effectuées par la police déléguée par le Parquet (au cours de l’enquête), le magistrat du Parquet ou le juge d’instruction lui-même et la juridiction de fond (à l’audience, lors du procès). « Il est important que les enfants soient accompagnés par une personne de leur choix lors des différentes auditions. Le projet de loi du ministre de la Justice, déposé le 3 février 1995, le prévoit expressément. De même, l’assistance d’un pédopsychiatre ou d’un psychologue, lors d’auditions délicates, peut être prévue par les autorités judiciaires », précise la Coalition.

    Par ailleurs, il n’est pas évident de fournir des preuves de la culpabilité de l’agresseur, vu que les actes d’abus se déroulent généralement dans l’intimité loin des yeux de tout témoin éventuel. D’où la nécessité pour les services de prise en charge de la victime de ne pas perdre ces preuves. « Dans la mesure du possible, les intervenants spécialisés seront appelés à expliquer à la victime les étapes et les implications de la procédure. Il faut savoir que l’enfant sera entendu éventuellement à plusieurs reprises, des examens physiques ou psychologiques pourront avoir lieu. L’auteur risque d’être incarcéré, interné, libéré ou même acquitté », préconise le rapport.

    Mais qui sont ces abuseurs qui font tant de ravage ?

    Et la Cocasse de nous apprendre qu’ils sont majoritairement de sexe masculin, que ce soit les Marocains ou les étrangers. Quant au profil type de ces personnes, il n’en existe pas. Il y a ceux qui fondent dans la masse, parce que n’offrant aucun signe de perversion et ceux qui sont en contact avec les enfants de par la nature de leur travail, ou parce qu’ils sont chargés de veiller sur eux.

    Il s’agit généralement de proches parents. Pour arriver à leurs fins, ils puisent dans toutes sortes de stratégies pour approcher leurs victimes. Séduction, persuasion, menace et violence dans les cas extrêmes sont autant de méthodes qu’ils utilisent. Pour les abuseurs, la violence qu’ils exercent sur les jeunes est une manière de se valoriser et d’avoir un pouvoir sur eux.

    D’après l’enquête, il s’est avéré que certains abuseurs souffrent de carences affectives. Faute d’avoir pu être aidés, ils commettent les agressions dont ils ont éventuellement été victimes dans l’enfance.

    Qu’est-ce qu’un abus sexuel ?

    Selon la Cocasse, un abus sexuel est toute contrainte (verbale, visuelle ou psychologique) ou tout contact physique, par lesquels une personne se sert d’un enfant, d’un adolescent ou d’un adulte, en vue d’une stimulation sexuelle, la sienne ou celle d’une tierce personne.

    Un contact physique est, certes, plus grave qu’une contrainte verbale. Mais il faut savoir que tout abus constitue une violation du caractère sacré et de l’intégrité de la personne humaine et provoque toujours un traumatisme.

    La contrainte verbale désigne : une sollicitation sexuelle directe ; l’usage de termes sexuels ; la séduction subtile ; l’insinuation. Tout cela vis-à-vis d’une personne qui ne désire pas les entendre.
    La contrainte visuelle concerne : l’emploi de matériel pornographique ; le regard insistant sur certaines parties du corps ; le fait de se dévêtir, de se montrer nu, ou de pratiquer l’acte sexuel à la vue de quelqu’un. Ici encore, sans que la personne le désire.

    La contrainte psychologique désigne : la violation de la frontière entre le relationnel et le sexuel (un intérêt excessif pour la sexualité de son enfant) ou entre le physique et le sexuel (des lavements répétés ; un intérêt trop marqué pour le développement physique d’un adolescent).

    Le contact physique peut être : assez grave (baiser, attouchement du corps à travers les vêtements, que ce soit par la force ou non, avec ou sans pression psychologique ou affective), grave (attouchement ou pénétration manuels, simulation de rapports sexuels, contact génital, tout cela avec ou sans violence physique), ou très grave (viol génital, anal ou oral, obtenu de quelque manière que ce soit, par la force ou non).

    Le Matin - Kenza Alaoui
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