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LONDRES - L'absorption d'alcools non destinés à être bus, comme l'eau de Cologne et les antiseptiques, pourrait être à l'origine de près de la moitié des décès des hommes russes en âge de travailler.
«C'est une découverte étonnante», souligne Sir Richard Peto, professeur de statistiques médicales et d'épidémiologie à l'université d'Oxford. Les chercheurs ont limité l'étude à la ville d'Ijevsk, mais les experts estiment que le cas de cette localité n'est probablement pas isolé, les alcools non buvables étant disponibles dans toute la Russie. «Des indices indiquent que c'est un problème national», affirme M. Peto, qui n'a pas participé à l'étude.
Ces recherches montrent que malgré un décollage économique au cours de la dernière décennie, la Russie est toujours confrontée à de graves problèmes sanitaires et sociaux, surtout dans les provinces éloignées de Moscou et de Saint-Pétersbourg.
Le Dr David Leon de l'Ecole d'hygiène et de médecine tropicale de Londres et ses collègues ont analysé tous les décès des hommes russes âgés de 25 et 54 ans à Ijevsk, dans l'Oural, entre 2003 et 2005. Ils ont établi une comparaison avec des hommes d'un âge similaire toujours en vie et ont interrogé des proches des décédés pour déterminer quel était leur état de santé, leurs habitudes de consommation d'alcool et leur niveau socio-économique.
Les chercheurs ont conclu que 43% des décès avaient été causés par une consommation d'alcools dangereux. Ils ne disposaient pas de statistiques sur le nombre de décès causés par les alcools classiques, mais selon des données de 2002, la consommation de tout type d'alcool représente 19% de la mortalité masculine dans la zone géographique incluant la Russie. En Europe de l'Ouest, ce chiffre est de 3%.
Le prix et l'accessibilité sont des facteurs majeurs pour expliquer la popularité de la consommation d'alcools comme l'eau de Cologne en Russie. Ces prétendus alcools «de substitution» ne coûtent qu'une fraction du prix de la vodka et sont vendus partout dans le pays. «Ils sont vendus d'une façon qui les fait apparaître comme des produits à boire», précise le Dr Leon.
L'absorption de petites quantités suffit à causer de graves lésions en raison de la concentration d'éthanol dans ces produits. L'eau de Cologne et les teintures médicamenteuses en contiennent par exemple jusqu'à 97% au lieu de 43% dans la vodka russe. «Boire un alcool de substitution est un moyen très rapide de s'achever», souligne le Dr Leon. Selon l'étude, les hommes buvant des alcools dangereux avaient un taux de mortalité multiplié par six.
Face au problème, les experts recommandent des taxes plus élevées sur l'alcool et une réglementation plus stricte sur l'utilisation de l'éthanol dans les produits non destinés à être bus.
L'espérance de vie des hommes en Russie était de 59 ans en 2004, soit moins par exemple qu'au Bangladesh (62 ans). Les femmes russes, qui ne boivent pas autant, vivent en moyenne une dizaine d'années de plus que les hommes. «Cette mortalité est probablement davantage liée à un alcoolisme extrême» qu'aux substances dangereuses dans les alcools non destinés à être bus, selon M. Peto.
Véritable phénomène de société en Russie, l'alcoolisme est depuis longtemps considéré comme lié à la mortalité dans le pays. Combattre ce fléau nécessitera un changement radical de mentalité qui prendra sans doute des années. «Interdire les alcools de substitution ne signifie pas que l'on va avoir soudain une population sobre», note le Dr Leon. «Ce que l'on aura, c'est une population qui se tue moins vite.»
Source: AP
LONDRES - L'absorption d'alcools non destinés à être bus, comme l'eau de Cologne et les antiseptiques, pourrait être à l'origine de près de la moitié des décès des hommes russes en âge de travailler.
«C'est une découverte étonnante», souligne Sir Richard Peto, professeur de statistiques médicales et d'épidémiologie à l'université d'Oxford. Les chercheurs ont limité l'étude à la ville d'Ijevsk, mais les experts estiment que le cas de cette localité n'est probablement pas isolé, les alcools non buvables étant disponibles dans toute la Russie. «Des indices indiquent que c'est un problème national», affirme M. Peto, qui n'a pas participé à l'étude.
Ces recherches montrent que malgré un décollage économique au cours de la dernière décennie, la Russie est toujours confrontée à de graves problèmes sanitaires et sociaux, surtout dans les provinces éloignées de Moscou et de Saint-Pétersbourg.
Le Dr David Leon de l'Ecole d'hygiène et de médecine tropicale de Londres et ses collègues ont analysé tous les décès des hommes russes âgés de 25 et 54 ans à Ijevsk, dans l'Oural, entre 2003 et 2005. Ils ont établi une comparaison avec des hommes d'un âge similaire toujours en vie et ont interrogé des proches des décédés pour déterminer quel était leur état de santé, leurs habitudes de consommation d'alcool et leur niveau socio-économique.
Les chercheurs ont conclu que 43% des décès avaient été causés par une consommation d'alcools dangereux. Ils ne disposaient pas de statistiques sur le nombre de décès causés par les alcools classiques, mais selon des données de 2002, la consommation de tout type d'alcool représente 19% de la mortalité masculine dans la zone géographique incluant la Russie. En Europe de l'Ouest, ce chiffre est de 3%.
Le prix et l'accessibilité sont des facteurs majeurs pour expliquer la popularité de la consommation d'alcools comme l'eau de Cologne en Russie. Ces prétendus alcools «de substitution» ne coûtent qu'une fraction du prix de la vodka et sont vendus partout dans le pays. «Ils sont vendus d'une façon qui les fait apparaître comme des produits à boire», précise le Dr Leon.
L'absorption de petites quantités suffit à causer de graves lésions en raison de la concentration d'éthanol dans ces produits. L'eau de Cologne et les teintures médicamenteuses en contiennent par exemple jusqu'à 97% au lieu de 43% dans la vodka russe. «Boire un alcool de substitution est un moyen très rapide de s'achever», souligne le Dr Leon. Selon l'étude, les hommes buvant des alcools dangereux avaient un taux de mortalité multiplié par six.
Face au problème, les experts recommandent des taxes plus élevées sur l'alcool et une réglementation plus stricte sur l'utilisation de l'éthanol dans les produits non destinés à être bus.
L'espérance de vie des hommes en Russie était de 59 ans en 2004, soit moins par exemple qu'au Bangladesh (62 ans). Les femmes russes, qui ne boivent pas autant, vivent en moyenne une dizaine d'années de plus que les hommes. «Cette mortalité est probablement davantage liée à un alcoolisme extrême» qu'aux substances dangereuses dans les alcools non destinés à être bus, selon M. Peto.
Véritable phénomène de société en Russie, l'alcoolisme est depuis longtemps considéré comme lié à la mortalité dans le pays. Combattre ce fléau nécessitera un changement radical de mentalité qui prendra sans doute des années. «Interdire les alcools de substitution ne signifie pas que l'on va avoir soudain une population sobre», note le Dr Leon. «Ce que l'on aura, c'est une population qui se tue moins vite.»
Source: AP
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