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La hausse du prix des légumes et des fruits en Algérie

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  • La hausse du prix des légumes et des fruits en Algérie

    La tendance à la hausse des prix des fruits proposés aux marchés de gros des fruits et légumes enregistrée ces dernières semaines peut-elle s’expliquer ou comment peut-on l’interpréter ?

    Lors d’une tournée à Bougarra et à Khemis El Khechna, deux importants centres d’approvisionnement de la capitale, l’observateur le moins averti aurait vite décelé que le rapport qualité/prix est des plus contradictoires. Les exemples les plus édifiants nous viennent de l’abricot et de la nèfle.

    Deux fruits de saison très prisés par le consommateur en cette période de l’année. Prix affiché au kilogramme :100 DA pour le premier et 60 DA le second. Des prix considérés comme exorbitants vu leur qualité. En effet, sur tous les carrés où il y avait présence d’abricot et de nèfle, la qualité de la marchandise se faisait désirer et c’est encore pire pour le cas de la nèfle. Certains des mandataires, dans un souci de garantir un minimum de gain, ont opéré un tri dans leur arrivage d’abricot.

    Le calibrage et l’aspect extérieur (sans trop de petits points noirs) : deux facteurs sur lesquels a reposé la décantations. Alors que c’est la même variété d’abricot, deux prix sont proposés : 100 et 50 DA. Mais, qui des détaillants en fruits et légumes iraient s’aventurer à prendre livraison d’abricot à 50 DA le kilogramme tant son aspect est des plus repoussants de par sa qualité très médiocre, ce qui suppose facilement que c’est là un produit guère vendable.

    Pour la nèfle, rares sont les carrés où ce fruit était exposé à la vente, au moment même où la cueillette vient tout juste de se terminer. Une rareté qui nous a poussés à en savoir un peu plus en demandant la vraie raison d’une telle situation à des propriétaires de carrés au niveau des marchés de gros de Bougara (ex-Rovigo) et de Khemis El Khechna. Ils seront unanimes dans leur réponse : «Les aléas climatiques qui se sont manifestés durant les mois de mars et avril de cette année sont la cause de la mauvaise qualité de la campagne 2007». Et de nous souligner «c’est dire que les vergers d’abricots et de nèfles ont subi de plein fouet des écarts de température durant la période citée plus haut».

    D’autres, pour plus d’explications sur la mauvaise qualité de la campagne 2007, nous ont dit : «Les mauvaises conditions climatiques ont engendré un retard de maturité du fruit.»On nous informera même que nombre de vergers d’abricots et de nèfles n’ont pas vu leur produit cueilli tant le fruit était de très mauvaise qualité.

    En somme, la campagne 2007 pour les abricots et les nèfles s’est soldée par la mauvaise qualité et le faible rendement. Voilà donc un argument qui tient la route puisque la demande dépasse l’offre et, du coup, les prix se sont envolés notamment pour l’abricot puisque la qualité n’y est pas. On se retrouve donc avec des prix de détail de 130 DA le kg quand il s’agit d’un abricot tout juste acceptable. Quant à celui vendu à un prix inférieur à 100 DA, autant dire qu’il est bon à jeter. Autre fruit de saison qui lui, contrairement aux abricots et aux nèfles, n’a pas trop subi les aléas climatiques : la pêche. Elle se vend quand elle est passable sur le plan qualité à 80 DA. Un prix considéré comme excessif car ce fruit est de saison et non un primeur.

    On a aussi remarqué, lors de notre passage sur les deux grands marchés de gros cités ci-dessus, la mise en vente, dans certains carrés, de pastèque importée de Tunisie vendue au prix de 50 DA/kg. Du melon de Bou Saada et Biskra (90 et 95 da/kg) et du cantaloup de Biskra à 60 DA le kg, des fruits écoulés respectivement sur les étals des détaillants à 70, 130 et 100 DA. Quant aux cerises locales, elles sont affichées en gros à 450 DA (variété bigarreau : 1er choix) et à 300 DA (2ème choix) . La pomme locale où là aussi la qualité est absente est cédée à Bougara à 60 DA/kg. En ce qui concerne les fruits d’importation tels que la pomme, la banane , le prix est fixe car tous les mandataires les écoulent respectivement au même prix : 130 et 100 DA/kg.

    En somme s’il fallait faire une comparaison avec les prix pratiqués les années précédentes, on s’apercevrait vite que nous allons vers une nette hausse en 2007. En témoigne le dernier rapport trimestriel de l’ONS où il ressort clairement une hausse significative des prix par rapport au même mois de l’année précédente (2006).

    L’année 2007 n’étant pas écoulée, on peut se référer à l’année 2006, où il a été enregistré une variation annuelle à 6% par rapport à 2005. Partant de ces indications sur le marché de la consommation des fruits, on peut dire que l’indice des prix des fruits est en hausse constante qu’on justifie par des conditions climatiques non favorables et qui ont grandement affecté les vergers dont la cueillette se fait en mai et en juin. Mais est-ce l’unique raison de la hausse des prix des fruits notamment de saison ? A priori et sachant sur quoi repose le circuit de distribution des fruits et légumes on ne saurait admettre que la hausse des prix des fruits serait due uniquement aux conditions climatiques qui ont prévalu lors de leur période de maturation. Il existe bien évidemment d’autres raisons et cela n’est plus un secret de Polichinelle.

    Un constat infaillible : la qualité est absente et les prix sont élevés

    Le cas de l’abricot et de la nèfle 2007 est tout à fait édifiant ce qui renvoie à dire que les niveaux des prix ne répondent généralement à aucune logique. Au mieux : une qualité inférieure suppose un prix bas mais ce n’est pas le cas. Des mandataires se défendent par le fait que l’offre est nettement inférieure à la demande (voir encadré). Et quand bien même cela serait vrai pour les cas de l’abricot et de la nèfle, comment expliquer les prix élevés des autres fruits de saison ? Sur les champs de culture on argue que «les facteurs de la production enregistrent une augmentation régulière et de plus en plus accélérée ce qui se traduit dans les prix à la consommation». Les exploitants agricoles notent : «Globalement la hausse des prix à la production suit la même tendance que celle des facteurs de production.»

    Cependant, en l’absence de données fiables, il est évident qu’il est difficile d’analyser les coûts à la production et les prix à la consommation. Et du coup, il en résulte que les écarts sont importants entre les prix de saison et ceux en hors saison, d’une part, et d’autre part les variations annuelles pour certains fruits sont très fluctuantes. Deux renseignements qui peuvent expliquer en partie la complexité des marchés des fruits et légumes.

    Le circuit de distribution sapé par de nombreux intermédiaires

    On sait pertinemment et, nul ne peut en douter, que la distribution a toujours constitué le talon d’Achille du secteur des fruits et légumes, d’où cette opacité qui règne dans les marchés de détail et de gros. Et du coup, cette absence de transparence dans les transactions commerciales qui a permis l’émergence d’une multitude d’intermédiaires.
    Autre conséquence découlant du fait du très grand nombre d’intermédiaires qui interviennent dans le circuit de la distribution, le décalage injustifié et exorbitant entre les coûts à la production et les prix à la consommation. Ce qui amène à dire que la commercialisation au stade de la production baigne dans l’obscurité totale et qui se caractérise par une règle commerciale appliquée à la lettre et sans scrupule aucun.

    La vente sur pied

    Une pratique commerciale qui consiste en la location de terres nues, la vente anticipée de la récolte juste après l’ensemencement ou au cours du cycle productif et dernière formule pratique : la vente du fruit sur l’arbre à différents stades de maturité. Les agriculteurs justifient cette pratique ou comportement par un tas de raisons : la surcharge de travail, le manque de moyens et l’incertitude du marché. Mais il reste que cette pratique a entraîné des conséquences extrêmement négatives tant sur la production que sur les marchés des fruits et légumes, en particulier au stade du commerce en gros et dont les fournisseurs sont les acheteurs sur pied, avec ou sans statut identifiant l’activité, et la multitude de collecteurs livreurs.

    Deux catégories d’acteurs dont on dit de source bien informée qu’ils contrôlent près de 95% du commerce de la production légumière et fruitière. A partir de ces éléments sur ce qui gravite autour et dans les marchés de gros, on peut en déduire que la rente prélevée aux différents stades de la distribution profite en premier lieu aux intermédiaires, et dans une moindre mesure au producteur qui commercialise sa production.

    Aujourd’hui, un constat s’impose : la forte hausse des prix à la consommation induite en grande partie par les longs circuits de distribution profite essentiellement aux différents intermédiaires qui agissent selon leur convenance . Dès lors, si nous voulons que les prix des fruits comme ceux des légumes soient plus abordables il faudra limiter leur hégémonie sur les marchés de gros. Chose qui peut se faire à moins d’une mauvaise volonté.

    Par La Tribune
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