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19 juin 1956: la France exécutait H'mida Zabana

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  • 19 juin 1956: la France exécutait H'mida Zabana

    Dès 1954, l'une des revendications les plus impérieuses des Européens d'Algérie est l'exécution des condamnés à mort algériens. On est loin de la revendication par la France d'aujourd'hui, du rôle positif de sa présence en Afrique du Nord, ponctuée par la loi scélérate du 23 février 2005.

    Par leurs journaux, leurs tracts, leurs déclarations, les Européens faisaient alors pression sur le gouvernement de Paris. Robert Lacoste, à peine installé à Alger, février 1956, fait sienne cette revendication. A ses yeux, l'exécution des condamnés à mort algériens a deux avantages : le premier, faire peur aux Algériens ; le second - qui est déterminant - donner satisfaction aux Européens d'Algérie. C'est ainsi qu'il ajoutera aux pressions et menaces sa propre détermination.

    Le président de la République française, René Coty, ayant demandé au gouvernement son avis sur ce problème, il se trouva cependant au début du mois de mars 1956 une majorité pour repousser les exécutions. Robert Lacoste justifie alors cette décision par l'appel qui est alors fait aux Algériens, le 29 février 1956, leur demandant de déposer les armes. Cet appel n'ayant aucune suite, les pressions se font fortes. Une nouvelle majorité, conduite par Robert Lacoste, le Secrétaire d'Etat aux Forces Armées, Max Lejeune et le ministre de la Guerre Maurice Bourgès-Maunoury, s'impose au Conseil des ministres. Les deux premières exécutions capitales, celles de H'mida Zabana et de Abdelkader Ferradji, ont lieu à Alger le 19 juin 1956.

    Âgé de 30 ans, Zabana est chef d'un groupe de l'ALN. Ancien compagnon de lutte de Ben Bella, il est fait prisonnier le 8 novembre 1954 au cours d'un engagement près de Sig. Il est grièvement blessé de deux balles, l'une à la jambe et l'autre au bras gauche. Ses hommes, ne voulant pas le laisser aux mains des Français, tentèrent de l'emmener avec eux. Zabana préféra se tirer une balle dans la tempe pour mettre fin à ses jours et éviter ainsi à ses hommes d'être capturés eux aussi en tentant de l'emmener. Le laissant pour mort, ils quittèrent les lieux, mais furent arrêtés à leur tour. Interrogés, ils le chargèrent - comme c'est la règle dans ces cas là - de tout ce qu'ils avaient fait. Conduits à Barberousse, ils furent stupéfaits de le retrouver encore en vie : la balle qu'il s'était tirée dans la tête était ressortie par l'oeil gauche. Il avait survécu à ses blessures. Condamné à mort le 21 avril 1956 selon l'acte d'accusation pour avoir participé à plusieurs actions armées, il sera guillotiné le 19 juin 1956 dans la cour de la prison civile d'Alger, dite prison de Barberousse.

    Avant de mourir, Zabana écrivit une lettre à ses parents qui a été reprise dans le journal « El Moudjahid » en fin juin 1954 et que nous reproduisons ci-après:

    Prison Civile d'Alger, le 19 juin 1956 .

    Très chers parents, chère mère,

    Je vous écris cette lettre, je ne sais si c'est la dernière. Dieu seul le sait. Toutefois, s'il m'arrive quoi que ce soit, il ne faut pas croire que c'est fini, parce que mourir pour la cause de Dieu c'est à la vie éternelle. Et mourir pour sa patrie ce n'est qu'un devoir. Et votre devoir à vous c'est celui d'avoir sacrifié l'être qui vous est le plus cher. Il ne faut pas pleurer, mais au contraire, il faut être fiers de moi. Enfin, recevez, peut-être, le dernier bonjour du fils et frère qui vous a toujours chéris. Le bonjour à toi chère mère, à papa, à mon frère Lahouari, à toi cher frère Abdelkader ainsi qu'à tous ceux qui partageront votre peine.

    Dieu est grand et seul juge.

    Votre fils et frère qui vous embrasse fort. H'mida

    Le jour même de l'exécution, le N° 7 de la revue « Conscience Maghrébine » reproduisait un rapport anonyme sur le sujet. Ce rapport disait: «Alger, le 19 juin 1956. Nous avons été avertis dans la soirée du 18. Les avocats ayant eux-mêmes été convoqués à 18 h 30 pour le lendemain. Zabana est monté à l'échafaud en héros, il a refusé le soutien des gardiens et a dit à ses camarades: «Qu'importe mon sort personnel, l'Algérie vivra libre». Aux derniers instants, il a demandé à prier, ce que les bourreaux lui refusèrent.

    Son défenseur intervint auprès du colonel et obtint l'autorisation. Zabana fit sa prière et, se tournant vers les fenêtres de la prison, il demanda pardon à ses camarades du mal qu'il avait pu commettre, selon la tradition rituelle.

    Puis il ajouta: «Je suis fier de monter le premier à l'échafaud. Avec nous ou sans nous, l'Algérie vivra». Les détenus répondirent des fenêtres en demandant pardon à leur frère et en criant: «Nous te suivrons sur l'échafaud, mais qu'importe, avec nous ou sans nous, l'Algérie vivra libre».

    Puis, il se tourna vers son Conseil et lui demanda de dire à sa mère qu'il ne mourrait pas pour rien et qu'ainsi il ne mourrait pas vraiment. Il est monté à la guillotine et le couperet est tombé à trois reprises avant de le décapiter. Ces exécutions capitales qui seront bientôt suivies par d'autres, ont eu des conséquences immédiates.

    Le soir même du 19 juin 1956, un tract est diffusé à Alger par le FLN: «Zabana et Ferradji seront vengés».

    Deux soldats français, prisonniers de l'ALN, Aurousseau et Serreau, sont exécutés en représailles. Une série d'attentats individuels, au revolver, les premiers sont accomplis sur ordre du FLN à Alger, notamment dans le quartier de BAB-EL-OUED. Ces attentats feront 47 morts ou blessés européens. Pour y répondre, un groupe d'Européens (Kovacs, Castille, Fechoz : on trouvera certains d'entre eux, comme Philippe Castille, dans l'OAS en 1962) va faire exploser à Alger, 3, Rue de Thèbes, en juillet 1956, la première bombe, au domicile d'un fidaï. Elle fera une cinquantaine de morts algériens, femmes, enfants et vieillards.

    Il y a eu aussi des exécutions capitales faites sur des aveux extorqués aux «suspects» par la torture. Ceci, dans le cadre de l'accélération de la justice. En effet, le juge d'instruction se contente le plus souvent de demander à celui qui se présente devant lui de confirmer les aveux passés sous la contrainte.

    Il n'instruit pas, il avalise, devenant plus directement complice en faisant pression sur les inculpés ou en refusant de constater l'état dans lequel ils étaient. Il ne tient pas compte du droit du prévenu d'avoir l'assistance de son avocat au cours de l'instruction. Dans la presque totalité des cas, l'accusé va se retrouver face à face avec des militaires. La justice civile était désaisie.

    En Algérie, la justice coloniale en viendra à supprimer le stade intermédiaire, celui de l'instruction. Le Tribunal Militaire juge alors sur les aveux extorqués, même si ceux-ci ont été rétractés. Et c'est pourquoi, en fin de compte, les aveux ont tant d'importance. Alors, la torture est systématiquement pratiquée et de manière odieuse et inhumaine. Ce qui a fait dire à Claude Bourdet dans son écrit paru dans France-Observateur sous le titre « Votre Gestapo d'Algérie», dans un paragraphe concernant Abdelaziz Mohamed, condamné à mort: «Le 29 décembre 1954, son avocat put voir sur son corps la trace de coups et la raclure faite par le robinet lorsqu'on le plongeait de force dans la baignoire. L'avocat voulut faire constater son état par le juge lui-même. Celui-ci refusa, accepta de commettre un médecin-légiste autre que celui qui avait « examiné » Moulay Merbah, mais un médecin de son choix et refusa une contre-expertise par un professeur de la Faculté d'Alger ».

    Mohamed Abdelaziz dira, sur les supplices qu'il a subis: «Au cours des tortures, j'ai appris que les policiers désignaient le supplice de la baignoire par des expressions telles que «brevet de natation», «le jus», «le bain de minuit», «le bain de 4 heures». Aujourd'hui, en cette date anniversaire, nous te disons: repose en paix Cher H'mida Zabana, l'Algérie est, comme tu le voulais, libre, grâce à ton sacrifice et aux sacrifices de ceux qui t'ont suivi sur l'échafaud, et aucune loi ni aucun parlement français n'arriveront à falsifier l'Histoire pour sauver l'âme de cette France et son passé colonial.

    Par le quotidien d'Oran

  • #2
    ça me rappele le poème de mofdi zakaria
    kama yakhtalo kel massihi wa'ida
    yatahada nachwan ytlo en-nachida
    ....
    Gloire à nos martyres
    ta3adadat el assbabo wal karhato wahidatton faman lam yakrah bi la routine kariha bi ssiwaha

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    • #3
      et avec tout ça Sarkozy se paye le culot de dire que la France n'a pas à rougir de son histoire.....

      heureusement que l'histoire elle, se souviendra de ces grands Hommes qui ont eu le sens du sacrifice.
      ne dépense pas deux mots, si un seul te suffit.

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      • #4
        un heros hors du commun, un grand homme, une grande figure de la resitance à l'opression etrangere

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        • #5
          La France a guillotiné des prisonniers de guerre en violation de la convention de Geneve,
          en fait c'est des assassinats.
          Gloire et éternité à nos valeureux chouhada.

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          • #6
            Prison Civile d'Alger, le 19 juin 1956 .

            Très chers parents, chère mère,

            Je vous écris cette lettre, je ne sais si c'est la dernière. Dieu seul le sait. Toutefois, s'il m'arrive quoi que ce soit, il ne faut pas croire que c'est fini, parce que mourir pour la cause de Dieu c'est à la vie éternelle. Et mourir pour sa patrie ce n'est qu'un devoir. Et votre devoir à vous c'est celui d'avoir sacrifié l'être qui vous est le plus cher. Il ne faut pas pleurer, mais au contraire, il faut être fiers de moi. Enfin, recevez, peut-être, le dernier bonjour du fils et frère qui vous a toujours chéris. Le bonjour à toi chère mère, à papa, à mon frère Lahouari, à toi cher frère Abdelkader ainsi qu'à tous ceux qui partageront votre peine.

            Dieu est grand et seul juge.

            Votre fils et frère qui vous embrasse fort. H'mida

            Trés poignant...

            Paix à leur ame, à tous...

            «Qu'importe mon sort personnel, l'Algérie vivra libre».

            Puis il ajouta: «Je suis fier de monter le premier à l'échafaud. Avec nous ou sans nous, l'Algérie vivra». Les détenus répondirent des fenêtres en demandant pardon à leur frère et en criant: «Nous te suivrons sur l'échafaud, mais qu'importe, avec nous ou sans nous, l'Algérie vivra libre».
            autres temps, autres chaines pour cette si chère Algerie.
            "Il faut avoir bcp de patience pour apprendre à être patient."

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