La majorité des stress proviendrait d'une mauvaise communication.
"Soyez moins stressé, communiquez !", écrit Isé Denis, consultante....L'auteur propose des exercices pour mieux se connaître.
Entretien :
Soyez moins stressé, communiquez ! : c'est ce que prône, tout bonnement, Isé Denis, psychomotricienne, consultante et animatrice de séminaires, qui vient de sortir un ouvrage ainsi intitulé ("Les Editions de l'Homme").
Existe-t-il d'heureuses personnes sur lesquelles le stress n'a absolument aucune emprise ?
Oui, certainement, Bouddha. Plus sérieusement, il existe peut-être des gens sur lesquels tout glisse et qui ne rencontrent jamais la moindre contrariété. Mais personnellement, je n'en connais pas.
Dans la société africaine, par exemple, on a l'impression que le stress est moins présent.
Il ne faut pas faire d'amalgame entre quelqu'un qui n'est pas stressé et quelqu'un qui est fataliste. Je pense que les Africains ont un comportement quelque peu fataliste. Cela dit, c'est vrai, globalement, ils sont moins stressés que nous. Ils sont plus positifs et heureusement pour eux, car ils auraient de quoi stresser cent fois plus que nous si l'on considère leurs conditions de vie. Mais s'ils sont moins stressés, cela les empêche peut-être aussi parfois d'avancer.
Donc, selon vous, dans nos sociétés, tout le monde est soumis au stress, à des degrés divers ?
Absolument, et un même stress ne va pas faire réagir de la même façon chez deux personnes, car nous sommes tous différents par rapport au stress. En plus, un même stress peut être bien vécu par une personne un jour et très mal un autre jour parce qu'elle se trouve dans un état d'esprit différent. C'est donc très variable d'une personne à l'autre et chez une même personne d'un moment à l'autre.
D'après votre expérience, les sources de stress identifiées sont quasiment toujours les mêmes. Quelles sont-elles ?
En effet, je rédige souvent des questionnaires pour mes stagiaires et, en quinze ans d'expérience professionnelle, je me suis aperçue que c'était presque toujours, soit entre 75 et 80 pc des cas, les mêmes causes de stress qui revenaient, à savoir mauvaises relations avec les autres, que ce soit au niveau familial ou professionnel. En deuxième position, on trouve la relation à soi : s'apercevoir que l'on est timide, que l'on a du mal à s'affirmer, à dire non... C'est toute une gestion de soi-même qui manque pour pouvoir aller au-delà d'un certain stress. Après cela, viennent la pollution, le bruit,...
Comment peut-on se protéger contre ces agressions quotidiennes ?
Je préconise différentes approches pour essayer de gérer le stress et de l'éviter. Le premier point consiste à comprendre le principe du stress. Lorsque l'on comprend ce que cela peut avoir comme impact au niveau de l'organisme, on doit forcément faire attention. Au niveau du stress négatif, le concept de durabilité est important. Nous sommes faits pour affronter des choses difficiles dans notre vie, mais de façon ponctuelle. En principe, cela ne pose pas de problème. Par contre, lorsqu'il s'agit de petits stress qui reviennent sans arrêt au quotidien, c'est épuisant, usant, et cela crée le vrai stress qui peut entraîner des maladies parfois graves. C'est pourquoi il est essentiel de comprendre ce qui se passe au niveau de notre organisme.
Ensuite, il faut travailler sur soi et se connaître. Puis, il faut savoir comment l'on réagit dans diverses circonstances, quelles sont les émotions, négatives mais aussi positives, qui reviennent souvent dans notre vie. Dans le livre, on propose une trentaine d'exercices pour mieux se connaître, c'est très important pour mieux gérer le stress. Il s'agit de prévenir et de gérer le stress au niveau psycho-corporel, que ce soit par la colère, le rire ou la relaxation. (Voir encadré)
Sachant que 80 pc des stress proviennent d'une mauvaise communication, il est essentiel d'apprendre à communiquer en se positionnant, en osant s'affirmer, en changeant son système de communication et en instaurant pour soi-même et envers les autres une véritable hygiène relationnelle.
Quels sont les systèmes de communications stressants ?
Tout ce qui est humiliations, jugements, dévalorisations, menaces, mensonges, trahisons, non-dits... Si cela ne se passait qu'une seule fois, ce ne serait pas grave, mais cela le devient lorsque c'est distillé au cours de toute la journée, aussi bien dans la famille que dans le milieu professionnel. Les gens sont blessés par ce qu'ils entendent et la façon dont on s'adresse à eux et c'est ce qui les stresse le plus. On se dispute avec les collègues, on rentre à la maison et l'on se sent mal, on est à son tour agressif avec la famille. Un véritable cercle vicieux.
Comment remédier à cette situation ?
Avant tout essayer d'être authentique, retrouver une authenticité dans la communication avec soi-même déjà, mais aussi avec les autres. Par ailleurs, pour bien communiquer, il ne faut pas hésiter à utiliser tous les canaux sensoriels, et principalement la vision et l'audition. Il est aussi indispensable de savoir ce que l'on veut faire passer. Il faut oser faire des demandes. Nous vivons dans une ère où l'on s'imagine que l'autre doit deviner ce que l'on souhaite, aussi bien dans le couple que dans l'entreprise. Il faut aussi s'assurer que l'on a bien compris. Il faut mettre en place dans l'entreprise une politique de bonne hygiène relationnelle. Aujourd'hui, les gens qui travaillent à dix mètres l'un de l'autre s'envoient un mail plutôt que se parler en face à face. Non pas que je sois contre le progrès, mais à certains moments, il faut passer par le face à face pour retrouver une chaleur humaine indispensable. L'utilisation que l'on a fait de la technologie a certainement généré certains stress.
Il faut aussi se sentir responsable dans une communication. Quand une relation est mauvaise, les torts sont souvent partagés. Si tout le monde s'attache à regarder quelle peut être sa part de responsabilité et agir en conséquent, cela pourra déjà améliorer la relation avec l'autre. Il faut oser tout dire, mais le dire avec la forme, sans agressivité, sans entretenir le cercle vicieux de la violence verbale. Il faut aussi parler clairement, les gens ne se rendent pas toujours compte qu'ils n'articulent pas suffisamment ou qu'ils ne parlent pas assez fort. Il y a une responsabilité en tant que récepteur, mais aussi en tant qu'émetteur.
- La Libre
"Soyez moins stressé, communiquez !", écrit Isé Denis, consultante....L'auteur propose des exercices pour mieux se connaître.
Entretien :
Soyez moins stressé, communiquez ! : c'est ce que prône, tout bonnement, Isé Denis, psychomotricienne, consultante et animatrice de séminaires, qui vient de sortir un ouvrage ainsi intitulé ("Les Editions de l'Homme").
Existe-t-il d'heureuses personnes sur lesquelles le stress n'a absolument aucune emprise ?
Oui, certainement, Bouddha. Plus sérieusement, il existe peut-être des gens sur lesquels tout glisse et qui ne rencontrent jamais la moindre contrariété. Mais personnellement, je n'en connais pas.
Dans la société africaine, par exemple, on a l'impression que le stress est moins présent.
Il ne faut pas faire d'amalgame entre quelqu'un qui n'est pas stressé et quelqu'un qui est fataliste. Je pense que les Africains ont un comportement quelque peu fataliste. Cela dit, c'est vrai, globalement, ils sont moins stressés que nous. Ils sont plus positifs et heureusement pour eux, car ils auraient de quoi stresser cent fois plus que nous si l'on considère leurs conditions de vie. Mais s'ils sont moins stressés, cela les empêche peut-être aussi parfois d'avancer.
Donc, selon vous, dans nos sociétés, tout le monde est soumis au stress, à des degrés divers ?
Absolument, et un même stress ne va pas faire réagir de la même façon chez deux personnes, car nous sommes tous différents par rapport au stress. En plus, un même stress peut être bien vécu par une personne un jour et très mal un autre jour parce qu'elle se trouve dans un état d'esprit différent. C'est donc très variable d'une personne à l'autre et chez une même personne d'un moment à l'autre.
D'après votre expérience, les sources de stress identifiées sont quasiment toujours les mêmes. Quelles sont-elles ?
En effet, je rédige souvent des questionnaires pour mes stagiaires et, en quinze ans d'expérience professionnelle, je me suis aperçue que c'était presque toujours, soit entre 75 et 80 pc des cas, les mêmes causes de stress qui revenaient, à savoir mauvaises relations avec les autres, que ce soit au niveau familial ou professionnel. En deuxième position, on trouve la relation à soi : s'apercevoir que l'on est timide, que l'on a du mal à s'affirmer, à dire non... C'est toute une gestion de soi-même qui manque pour pouvoir aller au-delà d'un certain stress. Après cela, viennent la pollution, le bruit,...
Comment peut-on se protéger contre ces agressions quotidiennes ?
Je préconise différentes approches pour essayer de gérer le stress et de l'éviter. Le premier point consiste à comprendre le principe du stress. Lorsque l'on comprend ce que cela peut avoir comme impact au niveau de l'organisme, on doit forcément faire attention. Au niveau du stress négatif, le concept de durabilité est important. Nous sommes faits pour affronter des choses difficiles dans notre vie, mais de façon ponctuelle. En principe, cela ne pose pas de problème. Par contre, lorsqu'il s'agit de petits stress qui reviennent sans arrêt au quotidien, c'est épuisant, usant, et cela crée le vrai stress qui peut entraîner des maladies parfois graves. C'est pourquoi il est essentiel de comprendre ce qui se passe au niveau de notre organisme.
Ensuite, il faut travailler sur soi et se connaître. Puis, il faut savoir comment l'on réagit dans diverses circonstances, quelles sont les émotions, négatives mais aussi positives, qui reviennent souvent dans notre vie. Dans le livre, on propose une trentaine d'exercices pour mieux se connaître, c'est très important pour mieux gérer le stress. Il s'agit de prévenir et de gérer le stress au niveau psycho-corporel, que ce soit par la colère, le rire ou la relaxation. (Voir encadré)
Sachant que 80 pc des stress proviennent d'une mauvaise communication, il est essentiel d'apprendre à communiquer en se positionnant, en osant s'affirmer, en changeant son système de communication et en instaurant pour soi-même et envers les autres une véritable hygiène relationnelle.
Quels sont les systèmes de communications stressants ?
Tout ce qui est humiliations, jugements, dévalorisations, menaces, mensonges, trahisons, non-dits... Si cela ne se passait qu'une seule fois, ce ne serait pas grave, mais cela le devient lorsque c'est distillé au cours de toute la journée, aussi bien dans la famille que dans le milieu professionnel. Les gens sont blessés par ce qu'ils entendent et la façon dont on s'adresse à eux et c'est ce qui les stresse le plus. On se dispute avec les collègues, on rentre à la maison et l'on se sent mal, on est à son tour agressif avec la famille. Un véritable cercle vicieux.
Comment remédier à cette situation ?
Avant tout essayer d'être authentique, retrouver une authenticité dans la communication avec soi-même déjà, mais aussi avec les autres. Par ailleurs, pour bien communiquer, il ne faut pas hésiter à utiliser tous les canaux sensoriels, et principalement la vision et l'audition. Il est aussi indispensable de savoir ce que l'on veut faire passer. Il faut oser faire des demandes. Nous vivons dans une ère où l'on s'imagine que l'autre doit deviner ce que l'on souhaite, aussi bien dans le couple que dans l'entreprise. Il faut aussi s'assurer que l'on a bien compris. Il faut mettre en place dans l'entreprise une politique de bonne hygiène relationnelle. Aujourd'hui, les gens qui travaillent à dix mètres l'un de l'autre s'envoient un mail plutôt que se parler en face à face. Non pas que je sois contre le progrès, mais à certains moments, il faut passer par le face à face pour retrouver une chaleur humaine indispensable. L'utilisation que l'on a fait de la technologie a certainement généré certains stress.
Il faut aussi se sentir responsable dans une communication. Quand une relation est mauvaise, les torts sont souvent partagés. Si tout le monde s'attache à regarder quelle peut être sa part de responsabilité et agir en conséquent, cela pourra déjà améliorer la relation avec l'autre. Il faut oser tout dire, mais le dire avec la forme, sans agressivité, sans entretenir le cercle vicieux de la violence verbale. Il faut aussi parler clairement, les gens ne se rendent pas toujours compte qu'ils n'articulent pas suffisamment ou qu'ils ne parlent pas assez fort. Il y a une responsabilité en tant que récepteur, mais aussi en tant qu'émetteur.
- La Libre
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